•  

    - Haruna ! Pourquoi est-ce que tu traînes ?!

    - Ne nous précipitons pas, répliqua la mangaka. Si on part tous en masse, on se fera repérer.

    - Effectivement, confirma Gira. Mais nous devrions nous dépêcher.

    - Laissez-moi faire.

     

    Gira, pour une fois, ne chercha pas à comprendre. Elle sentait quelque chose dans l'air, une tension qu'elle n'aimait pas, synonyme de catastrophe. Mais qu'elle aille au diable, si elle savait ce que cela cachait. Son attention détournée par cette menace, elle fut donc très surprise d'entendre soudain une voix masculine leur hurler de se rendre. Ils se retournèrent d'un seul mouvement : une escouade de Megalomesembria les cernait !

     

    - C'était à prévoir, fit Haruna en souriant.

     

    À son signal, le Great Paru sortit de sa cachette et s'arrêta derrière elle. Sur son dos, Sayo se tenait aux commande d'une espèce de mitraillette à sagitta magica, et tira immédiatement sur les gardes. Ces derniers, peu impressionnés malgré quelques blessés, répliquèrent avec un sort de flamme destiné à les capturer. Ils visaient la pauvre Natsumi, qui n'en menait pas large ! Aussitôt, Kotarô se plaça devant elle pour la protéger.

    Ce fut inutile. Kaede avait appelé son artefact, et sa grande cape était venue se dresser devant eux, pour envoyer les flammes se perdre dans la dimension qu'elle abritait. La ninja, Gira et Setsuna attaquèrent à leur tour. À elles trois, elles mirent en échec l'escouade entière. Pour la petite histoire, celui qui voulut prendre Konoka en otage pour stopper une Setsuna déchaînée le regretta amèrement. Son armure et ses vêtements aussi - seul son caleçon fut épargné !

     

    - Adeat ! hurla-t-elle pendant que les trois équipières allaient achever les adversaires.

     

    Une épée blanche apparut entre ses mains, une épée à double tranchant dont la garde était séparée de la lame par une sphère lumineuse qui lévitait.

     

    - Un nouvel artefact ? s'étonna Illonya.

    - Yep, répondit Camo, visiblement fier de lui. Un pactio avec la miss Konoka !

     

    L'ala alba aurait gagné sans soucis, si un énorme vaisseau de guerre n'était pas arrivé en renforts, avec un puissant tir de semonce. Ils furent à nouveau invités à se rendre.


     

    - Kaede, appela Haruna, peux-tu utiliser ta cape et nous faire monter à bord du Great Paru ?

     

    La ninja hocha la tête. Et poussa une exclamation catastrophée.

     

    - Quoi encore ... ?! gémit Illonya, excédée.

     

    De gigantesques tentacules noirs venaient de surgir des nuages sous Ostia pour piéger les vaisseaux ennemis. Des tentacules dont suintait une aura menaçante, la même que Gira avait perçue.

     

    - C'est pas moi ! se défendit Haruna. Je n'invoque pas ce genre d'horreurs !

    - Et j'ai une mauvaise nouvelle ... murmura Ren en fixant d'un regard effaré quelque chose au-dessus de leur tête.

     

    Une énorme main noire et griffue suivit les tentacules, et détruisit la terrasse où se tenait l'ala alba, les obligeant à se séparer. Makie, Yûna, Ako et Akira tombèrent, parachutées dans le vide, mais Kaede parvint à les rattraper avec sa cape et les déposa sur une terrasse en contre-bas.
    C'est alors qu'ils aperçurent le propriétaire des tentacules et de la main. Un énorme monstre, affreux, pourvu de deux paires de bras, de dents aussi grandes qu'Haruna, et de dizaines de tentacules qui balayaient l'air comme des fouets. Il rangeait les vaisseaux de guerre d'Ostia au rang de jouets pour chat, et le chat en question, ce soir-là, était très, très énervé …

     

    - C'est quoi, ça ?! hurla Asuna. Paru !

    - Aucune idée ! Fuyez ! On va passer au plan B ! Je vous récupère au point de rendez-vous numéro deux !

     

    Le Great Paru s'envola à toute vitesse, laissant la ninja et ses quatre amies.

     

    - J'ai encore une mauvaise nouvelle ... murmura Ren, sur le pont. La salle de bal est attaquée !

    - Théodora ! hurla Xyn, affolée, qui savait que la jeune princesse y était.

    - Yue y est aussi, lança Haruna. Gira, on fait quoi ?

     

    La démone réfléchit trois ou quatre secondes.

     

    - Je n'aime pas ça, mais on va devoir larguer trois ou quatre personnes qui nous rejoindront au point de rendez-vous ... peut-être qu'ils pourront aussi comprendre ce qui nous arrive !

     

    Xyn et Ren se portèrent immédiatement volontaires. Illonya et Asuna les suivirent aussi, laissant à Gira un second familier à surveiller, avec Kyura.



    ***

     

    Dans la salle de réception, la panique régna presque instantanément, lorsque les invités virent le géant. Mais ce n'était pas la seule menace. Des dizaines de démons apparurent, et se mirent à attaquer les convives. Pour une raison inconnue, les munitions magiques des gardes de Megalomesembria n'avaient aucun effet. Voyant une petite fille en danger, Emily et Colette, deux des amies de Yue, se lancèrent à l'attaque. Elles n'eurent pas plus de succès.

    Les deux semi-humaines ne durent la vie sauve qu'à un sort de Yue, aidée par Beatrix, la quatrième du groupe. Pour une raison inconnue, leur magie fonctionnait …

    À l'abri derrière un sort de protection, Yue invoqua son artefact, son encyclopédie.

     

    - Ce ne sont pas des démons, découvrit-elle avec, mais des ombres crées à partir des ténèbres ! C'est une magie rare ... et l'invocateur, pour autant d'ombres, doit être extrêmement puissant ! Et il y a autre chose ... ce géant noir ... il a déjà été utilisé il y a vingt ans !

    - Ce serait ... le "monde parfait " ... ? comprit Emily. Cosmo Entelecheia ?

     

    Les ombres faisaient des ravages parmi l'armée. Mais celle-ci eut des renforts, efficaces et inespérés. Une barrière invisible vint protéger un groupe, dans lequel se trouvait Théodora, et des flèches d'eau vinrent transpercer des ombres.

     

    - Xyn ? s'étonna la princesse. Illonya ?

     

    À leur côtés se tenait Ren, mais ses invocations étaient exceptionnellement fragiles. Certainement pour la même raison que les sorts de la plus part des combattants étaient inutiles …

    D'autres renforts arrivèrent, en détruisant de nombreuses ombres. Quatre filles, qu'Illonya reconnut très vite : des magiciennes de Mahora, qu'ils avaient revues dans l'arène ! Takane, la manieuse d'ombres, Mei la jeune magicienne du feu, Kokone, une petite religieuse et Misora, sa partenaire !

    Asuna arriva sur ces entrefaites, plus lente car non initiée au quick move.

     

    - Venez ! On doit fuir !

     

    Mais Takane refusa, voulant sauver les invités. Alors, Asuna se lança à l'assaut d'un monstre avec son épée anti-magie, dans l'optique d'en finir au plus vite

    Le monstre ne disparut pas. Et en profita pour mettre Asuna K-O. Mais elle fut sauvée par un dernier renfort : une blonde, semi-humaine, une arme à feu à la main, qu'elle ne reconnaissait absolument pas. Jusqu'à ce que la fille enlève son déguisement.

     

    - Mana ! Mais ... que fais-tu ici ?

    - Je menais l'enquête sur l'attaque terroriste, puis j'ai été convoquée ici. Jack Rakan m'a embauchée pour veiller sur toi. Mais on reparlera de tout ça après. Éloignons-nous.

    - Mais ... les monstres !

    - Pas mon contrat …

    - Et la petite fille, là-bas !

    - Ma mission, c'est de veiller sur toi.

    - Alors je t'engage !

     

    La sniper sembla surprise, mais para quelques attaques, comme si de rien n'était.

     

    - Mes tarifs vont te sembler un peu élevés, princesse ! s'amusa Mana.

    - T'occupe ! Je te paierai quand je serai riche ! s'exclama Asuna, sans même s'étonner du "princesse".

    - Soit.

     

    Aussitôt, Mana se déchaîna, tel une démone, ravageant les ennemis avec ses armes, qu'elle sortait d'une dimension de stockage. Pas une seule fois, elle fut menacée, ou même approchée, par une ombre démoniaque !

     

    - Ils sont assez faibles ... je te ferai une réduction !

    - Faibles, rien que ça, ironisa Ren.



    ***

     

     

    - C'est quoi, ces tremblements de terre ... marmonna Chisame, anxieuse, en courant dans le couloir avec les autres.

    - Aucune idée, mais ça me donne la chair de poule, répondit Lya en frissonnant

    - Chisame, as-tu pu établir le contact ? demanda Kazumi.

    - La carte ne fonctionne pas, la télépathie est brouillée, déplora la cracker.

     

    Kazumi n'avait aucune réponse de la part de Sayo non plus. Il faudrait faire sans.
    Seulement, la situation était des plus inquiétantes. Negi, consumé peu à peu par la magia erebea, avait besoin du soutien de Kû pour courir, et son état empirait à vue d’œil.

     

    - Attendez ! Je reçois une communication de Paru ! s'exclama Chisame, sa carte de pactio à la main. C'est bien ce que je pensais, ça mal tourné, on se retrouve au point de rendez-vous numéro deux. C'est dans la partie inférieure de l'île, une centaine d'étages sous nos pieds.

     

    La jeune rousse jeta un coup d'oeil à Lya et Yoru, pensive.

     

    - Avec Negi dans cet état, on aurait besoin d'éclaireurs pour nous ouvrir le chemin en cas de problème.

    - Tu veux qu'on le fasse ? devina l'élémentale.

     

    Lya consulta Negi du regard, et voyant qu'il donnait son accord, magistra et minister magi accélérèrent la cadence, non sans les conseiller de faire quand même attention.

     

    Kû et les autres s'arrêtèrent quelques secondes, pour que Negi puisse reprendre son souffle. Il semblait de plus en plus épuisé ... Nodoka en profita pour jeter un coup d'oeil aux pensées du gouverneur, dans son journal, pour y découvrir la réponse qu'elle attendait. Elle lut les quelques lignes, et pâlit à en paraître morte.

    Mais au moment où elle allait en parler à Negi, un tremblement plus violent que les autres secoua le couloir, et la pierre se fracassa avec un vacarme de fin du monde, le couloir se séparant en deux parties ! Kû, Negi et Chisame retrouvèrent leur équilibre sur la première, Nodoka sur la seconde. Kazumi fut projetée dans le vide.

    Elle fut sauvée par les nouveaux réflexes de Nodoka, qui la rattrapa. Malheureusement, le couloir, autre fois suspendu sur un pont, était instable, et il perdit le peu d'équilibre qu'il avait. Les deux jeunes filles tombèrent en chute libre dans un cri.

    Elles seraient probablement mortes si le couloir ne s'était pas miraculeusement mit à léviter.

     

    - Aisha ! s'exclama Nodoka, ravie. Kraig !

     

    Les deux compagnons de Nodoka les avaient sauvées, Kraig en attrapant la main de Nodoka, et Aisha en utilisant une magie de lévitation - fallait-il qu'elle soit forte pour soulever un tel poids. Kraig s'adressa ensuite à Negi, pour le rassurer.

     

    - J'escorte la miss et son amie jusqu'au point de rendez-vous !

    - Mais …

    - Laisse-nous faire, Miss Nodoka fait partie du groupe, et nous autres chasseurs de trésor sommes solidaires ! On va s'en occuper ! N'est-ce pas, la miss ?

    - Oui, confirma Nodoka avec un sourire radieux.

     

    Kraig rougit, ce qui fit râler Aisha qui était tout simplement dingue de lui, et fit sourire Kazumi.
    Ils se remirent à courir lorsqu'un énorme tentacule fracassa une partie du mur.

     

    - Jamais je n'aurais cru courir à nouveau comme ça avec toi, plaisanta Kraig.

    - Moi non plus, répondit le rat de bibliothèque.

    - Comme on est partis, pourquoi ne pas l'accompagner jusqu'au port-portail ? proposa Aisha.

     

    Kraig accepta, malgré le protestations de Nodoka, qui trouvait cela dangereux.
    Soudain, elle poussa un cri.

     

    - Attendez ! s'exclama-t-elle en pointant du doigt une silhouette drapée de noir au bout du couloir.

    - Chris nous a contactés, avant que la télépathie ne soit brouillée, chuchota Kraig en faisant apparaître son épée. Il a parlé d'un attentat terroriste. Peut-être que cet homme ... ?

     

    Nodoka le reconnut tout de suite, effrayée. C'était le mage noir qui avait vaincu Kaede au port-portail ! Derrière lui flottait une longue clé surmontée du globe martien …

     

    - Nodoka Miyazaki ... tu représenterais un danger ... je vais devoir t'éliminer, annonça-t-il d'une voix monotone.

    - Tu rêves ! répliqua Kraig. Comme si on allait te laisser faire !

    - Les marionnettes ne devraient pas se rebeller contre leur maître ... Rewrite.

     

    Kraig n'eut aucune chance. Il fut pulvérisé, dissous des centaines de pétales blancs. Il avait simplement cessé d'exister.

     

     




     


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  •  

    - Attendez, il vient de dire quoi, là ? s'exclama Fumika.

    - Que ma sœur, dans l'époque d'Alsia, a été ... tuée ... par Ragnarök, répondit Xyn dans un souffle.

    - Ils sont si forts que ça ? s'étonna Ren. Je veux dire, pour passer les défenses d'Andrew Aemilia et les autres ?

    - Oh oui, soupira Gira. Ne t'y méprends pas, nous avons seulement eu beaucoup de chance quand nous avons sorti Lya de là. Ukyo serait intervenu avant, Invidia aurait été là, nous n'en serions pas ressortis vivants.

    - En plus, l'ala rubra était diminuée, je te rappelle, ajouta Kotarô.



    ***
     

     

    - Je ne vois pas en quoi ma vie aurait changé quoi que ce soit dans l'histoire, objecta Lya, sa voix légèrement tremblotante.

    - C'était un pari risqué, en effet, répondit le gouverneur. Ils ont tous placé beaucoup d'espoirs en toi.

     

    À ce moment, Nodoka jeta un regard alarmant à Lya. Cet échange, ignoré de tous, eut vite fait de conforter la jeune magicienne dans ce qu'elle pensait. Le gouverneur occultait une partie de la vérité, le rat de bibliothèque le percevait nettement avec son artefact. Restait à savoir sur quoi exactement il mentait ... Nodoka lui adressa un autre regard, le même que lorsque Lya avait cherché à savoir ce que le gouverneur savait sur Yoru. D'accord, Nodoka lui expliquerait après l'entrevue ... Lya fit donc comme si elle n'avait rien compris et attendit la suite.

     

    - Ils espéraient que tu saurais, comme Nagi et Negi, rassembler des compagnons, des partenaires de combat, et que tu saurais vaincre au moins un Averruncus. Tu t'es déjà légèrement engagée sur cette voie-là puisque tu es devenue une élémentale, parmi les seuls qui existent aujourd'hui.

     

    Il attendit quelques secondes, puis reprit, d'un ton solennel :

     

    - Alors, veux-tu te joindre à moi pour réaliser et ta vengeance envers ceux qui t'ont volé quatre ans de ta vie, et la mission qui t'a été confiée ?

     

    Lya jeta un regard légèrement perdu et indécis à Negi. Malgré le fait que le gouverneur mentait, ce qu'il disait était tentant …

    Le gouverneur vit qu'il aurait besoin de convaincre Negi aussi.

     

    - Et toi, qu'en as-tu pensé, Negi ? Des crimes du sénat ... et de tout ce que tes parents ont fait pour ce monde ?

    - Venez-en au fait, répliqua Kazumi.

    - Au fait ? Je veux simplement que Negi prenne connaissance de tout cela ... pour qu'il puisse prendre la suite de ses parents ! Negi, combats avec moi ! C'est la conclusion logique de ton voyage !

     

    Negi sembla pensif un moment. Gödel en profita pour continuer son travail de manipulation.
     

     

    - Allons, pourquoi hésiter, Negi ? Le sénat est un ennemi naturel, pour toi ... avec ce qu'ils on fait à mademoiselle Arica, simplement pour annexer Ostia et obtenir le pouvoir de la princesse du crépuscule ... Et ils t'ont visé toi, son orphelin, après leur échec ... tu pourrais te venger et rétablir l'honneur de ta mère ! Mais tu pourras aussi construire un nouvel avenir, poursuivre un idéal ... Rejoins-moi, pour le bien de ce monde !

     


    ***
     

     

    Pendant ce temps, le reste de l'ala rubra discutait de la fin du film. Ils avaient été rejoints par Yue, toujours aussi amnésique, et ses trois amies d'Ariadne, la déléguée Emily, Beatrix la fidèle équipière de cette dernière, et Collette, la première amie de Yue.

    La jeune amnésique réfléchissait d'ailleurs au statut de Negi :

     

    - Si ce film raconte la vérité, alors monsieur Negi1 est un personnage très important de ce monde …

    - Explique-toi, Yue, lui demanda Haruna.

    - Déjà, c'est le fils du grand héros, Nagi, et de la reine du malheur, Arica ... Mais on dit que la première reine du royaume de Vespertatia, de la famille royale la plus ancienne du monde, était Amateru, la magicienne des contes de fées. Vous savez, c'est la magicienne représentée sur la statue qui illustre le pactio. Mais selon la légende, c'était la fille du dieu créateur. De par son sang, elle aurait possédé un pouvoir étrange, la magie des temps immémoriaux ... Mais c'est aussi le cas de ses héritiers.

    - La fille d'un dieu ? objecta Ren, perplexe.

    - Oui. Lors de la dernière guerre, la légende s'est avérée vraie, puisque Cosmo Entelecheia a utilisé le pouvoir de cette lignée, celui de la princesse du crépuscule, comme une arme. Donc, si monsieur Negi est le dernier descendant de cette lignée, cela lui donne certainement une importance capitale.

     

    Soudain, Sayo apparut sous sa forme d'esprit, traversant le sol de la terrasse. Ayant assuré la liaison entre le groupe de Negi et l'ala rubra, elle s'enquit de la qualité de la transmission.
    Puis elle expliqua ce qu'il se passait maintenant avec le gouverneur. Sayo avait stoppé la communication, car Kazumi sentait que bientôt, la situation changerait, d'une manière ou d'une autre, et qu'il faudrait se préparer à quitter l'endroit en vitesse au cas où. Le fantôme leur apprit la possibilité d'une alliance avec Kurt Gödel, nouvelle qu'Asuna n'aima pas.

     

    - Une alliance avec ce pervers à lunettes ? Et puis quoi encore ?!

    - Je ne suis pas certaine que cet homme soit si mauvais que ça ... objecta Konoka d'un air rêveur. Il avait l'air de beaucoup aimer mademoiselle Arica !

    - Qand même !

    - Moi, intervint Haruna, je pense que c'était un type honnête mais que la société l'a corrompu, ça expliquerait le changement. Mais, quoi qu'il en soit, nous devons nous préparer à fuir, au cas où les négociations n'aboutissent pas. Toi aussi, Yue, tu viens avec nous !



    ***
     

     

    Rakan menait. Oui, il avait pris un avantage indéniable, contre cet Averruncus de la Terre qui avait été créé pour être un combattant invincible.

    Il menait. Ou, plutôt, cela avait été vrai une seconde auparavant. Car la suivante, son adversaire quasi vaincu l'attendait, assis à l'abri du soleil sous un kiosque, un tasse de café à la main, dans son complet blanc impeccable, le tout dans une prairie idyllique. Pas de blessures, rien. Aucune trace d'épuisement.

    Rakan ne comprenait pas, et il détestait la tournure que prenait la situation. Il sentait que la prairie, ni quoi que ce soit d'autres, n'était pas une illusion. Mais il n'avait pas senti de téléportation.

     

    - Je vous souhaite la bienvenue, Jack Rakan, annonça Fate. Voudriez-vous un café ?

     

    L'Averruncus fit une légère pause. Il savait exactement ce à quoi son adversaire pensait ... Il ménagea son petit effet, faisant apparaître un objet de la taille du bâton de Negi ou de celui de Lya. Il s'agissait d'une clé ocre en métal, surmontée du globe martien.

     

    - Vous avez raison, reconnut-il, cet espace est réel ... enfin, non, pour être précis, il s'agit d'une illusion, au même titre que ce monde …

     

    Il parla ensuite du paysage, de la guerre qui l'avait détruit, et de la vie de gladiateur de Rakan.
    Celui-ci tenta d'attaquer. Et se retrouva assis, une tasse de café dans les main, indemne. Comme si leur combat n'avait jamais eu lieu.

     

    - Notre affrontement était amusant, déclara Fate. Mais le fait est que j'ai une mission à remplir ... Donc je me suis permis d'utiliser la seule chose contre laquelle vous êtes impuissant : la magie du commencement ... et celle de la fin du monde. La Réécriture. Je suis peut-être une marionnette ... mais vous ne valez pas mieux, et les marionnettes ne peuvent aller à l'encontre de leur créateur !

     

    Soudain, une silhouette noire, encapuchonnée, apparut derrière la clé de Fate. Une puissance infinie en émanait, et Rakan lui-même se surprit à trembler. Il la reconnut instantanément, comme il reconnut le pouvoir de Fate. La loi du créateur, initiée par le magicien du commencement.
    Mais c'était impossible. Ce pouvoir aurait dû être scellé, depuis des années ... Sauf si ... la petite princesse …

    Il attaqua. En vain.

     

     

    ***

     

     

    - Alors, Negi ... As-tu pris ta décision ? T'allieras-tu avec moi ?

     

    Chisame grinçait des dents, angoissée. Negi marchait dans son jeu. De plus, elle avait pensé que Lya saurait peut-être empêcher le jeune garçon de tomber dans le piège, mais l'élémentale l'avait déçue, en s'y jetant presque tête la première.

     

    - Oui, répondit Negi. Je me joins à vous.

     

    Lya, le cœur battant à tout va, essayait de résister à la tentation de faire de même, mais elle n'y parvenait pas. Le gouverneur avait trouvé les bons mots pour la mettre dans sa poche ... Car oui, avec lui, elle pourrait débusquer Ragnarök !

    Elle inclina la tête en signe d'accord.

     

    - Oh ? fit le gouverneur, sincèrement surpris. Tous les deux ?

    - Hey ! Vous deux ! s'exclama Chisame. Attendez !

     

    Negi l'ignora, et posa ses conditions :

     

    - En échange, promettez-moi que mes amis ne seront pas mis en danger, et que nos avis de recherche seront annulés.

    - Bien sûr, répondit le gouverneur, trop heureux de les avoir convaincus pour refuser. Je peux même te l'assurer par un contrat ! En revanche ... désormais, vous devrez agir ici, donc il vaudrait mieux que vous restiez dans ce monde …

    - Negi ! Il veut profiter de toi ! Lya, dis quelque chose ! s'écria Chisame, excédée.

     

    Lya ne répondit pas. D'un côté, elle se sentait honteuse, mais de l'autre, elle avait ses raisons ... restait à le faire comprendre à Yoru. Rien que cela la faisait hésiter, mais elle rangea ce problème dans un coin de sa tête.

     

    - Je sais, Chisame. Mais mon but, c'est que tout le monde retourne à Mahora sain et sauf ... et si c'est le seul moyen …

     

    Chisame protesta à nouveau. Rien n'y fit.

     

    - Monsieur le gouverneur, nous laisseriez-vous rentrer à Mahora, brièvement ?

    - Bien sûr. Faire vos adieux est très important, je ne suis pas inhumain.

     

    Lya tressauta à la mention des adieux, mais elle s'obligea à ne pas le montrer. Elle faisait ce qu'elle avait à faire - du moins voulait-elle s'en convaincre.

     

    - Vous avez pris la bonne décision, je n'en attendez pas moins de vous, enfants de l'ala rubra.



    ***

     

     

    - Ils ont accepté ?! s'écria Camo, ahuri.

     

    Sayo, sentant que quelque chose n'allait pas, avait rétabli le système vidéo qui leur montrait le bureau du gouverneur. L'ala alba au grand complet avait donc entendu Negi.

     

    - Il faut les en empêcher ! protestèrent Asuna et Yoru en chœur, catastrophés.

    - Attendez, les tempéra Haruna. On peut voir les choses sous un autre angle. Pour Negi, c'est l'occasion de nous protéger.

    - Mais …

     

    Ils n'eurent pas le temps de débattre plus longtemps : sur l'écran, les deux jeunes magiciens s'apprêtaient à sceller l'accord.



    ***
     

     

    - Bien, fit le gouverneur en préparant le contrat. Ce soir je vous présenterai comme "l'homme aux mille incantations", le fils de Thousand Master, et comme la dernière élémentale, la fille d'Andrew Aemilia. Pour l'identité de vos mères, je l'annoncerai aussi, mais à un meilleur moment …

     

    Un bureau apparut au milieu de la prairie, le décor du village de Negi étant réapparu après le film.

     

    - Il vous suffi de signer ici, les invita Gödel.

     

    Negi s'avança en premier et s'empara d'une plume. Il fit mine de commencer à signer, puis s'interrompit et reprit la parole avec un grand sourire :

     

    - Pourrais-je poser une dernière question ? Puisque nous allons nous associer, je suppose que ce n'est pas un problème ?

    - Vas-y.

    - J'aimerais connaître ... votre but.

    - Mon but ? répéta Gödel, étonné. Je te l'ai dit, je veux que vous nous rejoignez et …

    - Je ne parle pas de ça, l'interrompit Negi. Je parle de votre véritable but. Vous avez parlé de sauver le monde, tout à l'heure.

    - Je vois ... Tu veux connaître la vérité sur notre monde ? Et bien, je vais te l'apprendre ! La vérité, c'est que …

     

    Negi le coupa à nouveau, en cessant la comédie. Son grand sourire fondit comme neige au soleil, et il asséna la suite avec la plus grande conviction dont il pouvait faire preuve :

     

    - C'est que le Mundus magicus, ce monde artificiel construit sur Mars, s'apprête à disparaître !

     

    Le gouverneur, eut un mouvement de recul, ahuri.

     

    - Comment peux tu ... ?! s'exclama-t-il sans comprendre. J'ai veillé a garder cette information secrète ! Qui te l'a dit ? Albireo Imma ?!

    - Non, j'ai ma propre source d'information, répliqua Negi.

     

    Lya comprit immédiatement. Chao ... celle qui se disait martienne, qui venait du futur pour empêcher une tragédie !

    Le gouverneur, malgré son trouble, sembla se reprendre.

     

    - Très bien ! Puisque tu es au courant, tu ne devrais pas hésiter ! Signe donc !

    - Pardon ? Mais, monsieur ... je n'ai pas encore posé ma question …

    - Mmh ?

    - Quand vous avez évoqué cette crise, tout à l'heure ... vous avez parlé de sauver soixante-sept millions d'êtres humains. Pourquoi pas tout le monde ?

     

    Negi expliqua ensuite que la population humaine s'élevait à cinq cent millions d'individus, dans ce monde, et qu'en rajoutant les semi-humains de l'empire, on arrivait à un virgule deux milliards d'habitants.

     

    - Soixante-sept millions, c'est ce que représente votre pays, Megalomesembria. Pourquoi cette distinction ? Mon père …

     

    Il adressa un coup d’œil entendu à Lya, et reprit.

     

    - Nos parents, eux, auraient certainement répliqué, en riant, qu'il fallait sauver tout le monde ! s'exclama-t-il, déterminé.

    - Je confirme, continua Lya en se souvenant de sa vision. Mes parents, Arianna, Alsia ... tous pensaient que ce monde pouvait être sauvé ! Alors pourquoi ?

    - Il y a bien une raison, répondit le gouverneur, ennuyé. Mais vous risqueriez de ne pas comprendre.

    - Non, aucune raison n'est valable ! rétorqua Negi. Vous nous avez demandé de suivre les traces de nos parents ... Mais jamais ils n'accepteraient votre solution !

    - Ils n'abandonneraient jamais ce monde ! l'appuya son amie élémentale.

    - Et le garçon que vous étiez il y a vingt ans non plus, asséna le fils de Nagi. Que s'est-il passé, qu'avez-vous appris ?

     

    Le gouverneur perdit son calme.

     

    - Je crois que les mots ont leur limite ... je vais devoir vous faire comprendre par la force …




    ***
     

     

    - Les négociations ont échoué, constata Haruna avec un certain plaisir. On va devoir décampé ! Kû, Yoru, Kotarô ! Comme prévu, vous vous occupez de Negi et des autres !

    - Attendez, fit une voix derrière eux. Le gouverneur est un vieil ami à moi ... Kotarô, permets-moi de te remplacer.



    ***
     

     

    Negi s'excusa brièvement auprès de Chisame, qui préconisait la méthode douce, puis appela à lui sa magia erebea, se transformant en foudre. Lya, elle, se plaça en retrait aux côtés des filles.

     

    - Je suis incapable de faire équipe avec lui, chuchota-t-elle pour toute explication, la différence de niveau est trop grande. Je le gênerais.

     

    Le gouverneur tenta de transpercer Negi. Sous sa forme de démon, celui-ci serait mis en danger par les arcanes shinmei. Mais il ne trancha qu'un leurre. Bientôt, ce fut même une armée de clones qui l'attaqua. Mais, maniant un sang-froid et une technique impressionnants, Gödel s'en débarrassa sans grand soucis.

     

    Après une énième explosion, la poussière disparut, laissant voir Negi sous forme humaine, qui maîtrisait son adversaire, le menaçant d'une lame de foudre. Il avait utilisé son seul avantage contre l'épéiste shinmei, sa puissance magique.

     

    - Désolé, mais je ne m'associerai pas à vous.

    - Moi non plus, renchérit Lya.

    - Pourtant, pour accomplir vos vengeances …

    - Nous avons déjà nos camarades, rétorqua Negi. Et la vengeance n'a jamais été mon objectif, pas plus que celui de Lya ... du moins pas le principal.

    - Vraiment ?

     

    Negi faiblit à ces mots, et la magia erebea reprit le dessus, continuant de le consumer. Gödel fit mine d'attaquer. Lya réagit, et fusa pour protéger son ami. Elle était rapide. Malheureusement, pas assez pour son adversaire, qui lui tordit le bras dans le dos et la menaça avec sa lame, l'empêchant de bouger. Il raffermit sa prise, conscient qu'elle était peut-être capable de s'échapper.

     

    - Il n'est jamais bon de se mentir à soi-même ... Et tu dis que ton père ne renoncerait pas ? continua-t-il comme si de rien n'était. Alors pourquoi n'est-il pas là, maintenant ? Pourquoi es-tu seul ?!

    -  Lâchez Lya !

    - Réponds.

    - Je ne suis pas seul ... murmura Negi, luttant contre la possession. J'ai des amis, des alliés ... et je crois en mon père …

    - Nagi a échoué ! s'écria Gödel, la patience à bout. Regarde la vérité en face !

    - Alors je terminerai ce qu'il a commencé !

    - Dans ton état ? Regarde-toi ! Tu ne peux pas te protéger, ni protéger tes camarades ! Ton amie est là, sous tes yeux, et tu es incapable de me la reprendre !

     

    À ces mots, Lya gronda, détestant le rôle de l'otage stupide. Le gouverneur la sous-estimait, elle pouvait s'échapper et son labyrinthe, par incantation à retardement, était prêt, mais elle était loin d'être sûre qu'elle aurait l'avantage.

     

    - Tu ne peux même pas d'échapper de l'illusion que j'ai créée ! Alors, comment …

     

    À peine eut-il parlé que le ciel illusoire commença à se craqueler. Le paysage entier s'effondra, laissant apparaître le gigantesque bureau de Gödel.

     

    - Seul ? Vraiment ? ironisa Chisame, son artefact et ses esprits électroniques flottant autour d'elle.

     

    Elle venait de cracker la magie informatique sophistiquée du gouverneur ! Il s'en servait pour l'illusion, comme pour différents barrières, ce qui laissait le bureau sans défense.

     

    - Comme il vous a dit, continua le génie de l'informatique, il a des amis, des équipiers !

    - La vérité, enchaîna Kazumi, c'est que nos compagnons nous observent depuis tout à l'heure …

    - Yoru, maintenant ! appela Lya par télépathie.

     

    Le plafond se craquela, attirant l'attention du gouverneur. Lya en profita pour s'échapper d'un brusque pivot, déviant la lame d'un kunaï – Gira n'était plus la seule à s'armer. Yoru bondit de l'étage supérieur, et le gouverneur n'évita le coup que de justesse.

     

    - Kû, à quinze mètres de ma position ! s'exclama Kazumi.

     

    Un mur s'effondra à son tour, et un énorme bâton, de deux mètres de diamètre, fusa vers leur adversaire pour le heurter violemment. Gêné par Yoru, il ne put esquiver. Le bâton rapetissa jusqu'à faire la taille de celui de Lya, et Kû apparut. Il s'agissait de son artefact, un bâton de métal qui changeait de taille à volonté. Lya lui jeta un regard ahuri : quand avait-elle trouvé le temps de conclure un pactio ?

    Passablement énervé, le gouverneur voulut repasser à l'attaque. Il reçut un coup de pur ki, et un nouveau combattant se joignit à l'affrontement.

     

    - Takamichi ?! s'exclama-t-il, effaré.

     

    Car c'était bien Takamichi T. Takahata, le professeur de Mahora, proche de Negi ! Il avait dû traverser le port-portail à la dernière minute …

     

    - Ça faisait longtemps ... dit l'intéressé pour toute réponse, avant de s'adresser à Negi et Lya. Comme ça, vous comptez succéder à vos parents ? Ça fait naître en moi des sentiments contradictoires ... mais je suis heureux de l'apprendre.

     

    Puis il leur ordonna de battre en retraite.

     

    - Comme vous le savez, je le connais bien. Ne vous en faites pas.

     

    Ils acceptèrent, mais avant de partir, Nodoka voulut poser une dernière question, son artefact à la main.

     

    - Monsieur Kurt Gödel ! Révélez-nous le secret de ce monde, la raison pour laquelle on ne peut pas sauver tout le monde ! Je vous en prie !

     

    Puis, sans prendre la peine de voir la réponse dans son journal, elle courut à la suite des autres.


     

     

     

     

     

    1 Yue étant très formelle, de base, et amnésique de surcroît, elle l'appelle monsieur …


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  •  

    - Votre majesté, vous êtes en état d'arrestation, prononça le sénateur.

    - Et pourquoi donc, je vous prie ? demanda Arica, avec son sang froid légendaire.

    - Vous êtes rendue coupable de l'homicide du roi votre père. Vous êtes aussi suspectée de complicité avec Cosmo Entelecheia, de diverses falsifications …

    - Quelle impertinence … gronda l'accusée. Honte à vous !

     

    Mais la jeune reine n'eut pas l'occasion de se défendre. Elle fut condamnée à mort, sentence qui serait appliquée deux ans plus tard, et fut emprisonnée en attendant. Arica était parfaite pour jouer le rôle de bouc émissaire. Elle représentait la haine du peuple, et cela en faisait la victime parfaite pour les complots du sénat de Megalomesembria. On la surnomma reine du malheur, l'accusant, non seulement d'avoir tué son père et d'avoir condamné son pays, mais aussi d'avoir voulu causer l'instabilité sociale chez les pays voisins en utilisant les réfugiés, et d'avoir légalisé l'esclavage …

     

    - Pourtant, elle a bien sauvé le monde, ajouta Kurt Gödel.

     

    Les mois passaient, et la date fatidique approchait. Un sénateur entra dans la cellule de la reine déchue. Arica faisait peine à voir, gisant contre le mur du fond, affaiblie, à demi inconsciente. Elle n'avait pratiquement pas mangé, une fois de plus.

     

    - La date de votre exécution a été décidé. Elle aura lieux dans dix jours. Je me permet de vous reposer la question, encore une fois. Dites-moi comment accéder à la partie la plus profonde du tombeau, scellée à l'aide de la princesse du crépuscule …

     

    Pas de réponse.

     

    - Ne voulez-vous pas sauver votre princesse Asuna bien-aimée ?

     

    Aucun son ne sortit de la bouche d'Arica, mais il était facile de voir dans ses yeux tout le mépris qu'elle éprouvait envers le sénateur.

     

    - Tsss … Il n'y a rien à en tirer. Quoique … Dans dix jours, votre mort elle-même sera utile au monde magique. Elle est nécessaire pour ramener la paix.

     

    Pendant dans ce temps, l'ala rubra officiait dans une zone de conflit du sub-continent Syrtis. La guerre qui divisait le monde entier avait beau être finie depuis deux ans, tous les conflits armés n'étaient pas terminés, loin de là, et il y avait toujours des victimes à sauver, ce dont l'ala rubra faisait son affaire personnelle.

    Nagi tenait une jeune fille mal en point dans les bras, et la soigna par magie. Il était accompagné par Eishun et Andrew, et les autres étaient un peu plus loin, pour s'occuper d'autres victimes.

    Soudain, Takamichi courut vers eux en les appelant. Il venait de recevoir un message de Kurt, qui restait pour le moment à Megalomesembria. Le futur gouverneur leur annonçait la date d'exécution de la jeune reine.

     

    - Je crois qu'elle regrette ses décisions, mais …

     

    Il montra une vidéo d'Arica, avec laquelle il avait certainement pu parler quelques minutes. Celle-ci acceptait son sort, s'il permettait d'apaiser le monde et la haine des habitants. En clair, elle refusait d'être secourue.

     

    - Je vois, fit Nagi. Ça lui ressemble bien, à cette idiote …

    - « Je vois » ?! Vous n'allez rien faire ?!

    - Une fois, elle m'a dit … « si tu as le temps de sauver une femme, alors prends plutôt le temps de sauver les innocents … Sauve le monde. ».

    - Mais elle n'a plus aucun espoir ! Elle porte sur ses épaules le poids de crimes qu'elle n'a pas commis ! Si vous n'y allez pas, personne ne le fera ! À quoi bon sauver le monde si vous ne pouvez pas sauver celle que vous aimez ?! Vous devez faire éclater la vérité !

     

    Kurt continua de vitupérer dans son coin, mais rien n'y fit.

     

    La date fatidique arriva. Arica, seule, se tenait sur une étroite planche qui s'avançait au-dessus d'un immense gouffre. D'énormes monstres reptiliens aux innombrables rangées de dents aiguisées s'agitaient au fond, ne laissant aucun doute quand au chances de survie de la jeune reine : nulles.

    D'une démarche fière et altière qui ne l'avait jamais quittée, elle s'avança, fixant l'horizon.

    Et elle se laissa tomber. Droit dans la gueule de l'un de ces monstres enragés.

     

    Même si elle se doutait bien de l'issue, Lya ne put s'empêcher de trembler discrètement, les mains moites. Mais le gouverneur semblait avoir envie de les laisser mijoter un moment puisque le film changea de point de vue.

     

    Mitsuki, visiblement mal en point, s'assit lourdement, aidée par Andrew. Elle semblait dans tous ses états : la jeune espionne n'était pas sans ignorer le sort d'Arica. L'exécution devait se dérouler en ce moment-même.

     

    - Ne t'inquiète pas, la rassurait Andrew. Je suis sûr que tout se passe bien.

    - Désolée … je sais que tu aurais aimé y être pour aider Nagi … si seulement tu n'avais pas à t'occuper de moi. Moi-même, je serais rassurée si tu y étais …

    - Allons, les autres s'en sortent très bien sans moi, et au cas où, ils ont les foudres impériales d'Arianna, s'ils sont débordés, répliqua-t-il en l'embrassant brièvement. Tu es blessée, je m'occupe de toi, c'est aussi simple que ça.

     

    Cette scène laissa une impression étrange aux jeunes gens. Pourquoi ? Impossible de le savoir. Mais quelque chose clochait, et Lya espérait bien en avoir la raison très vite. La scène avait été rapide, et la qualité semblait détériorée … Seulement, elle n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps : l'avant-dernière scène apparaissait à leurs yeux.

     

    Une gueule garnie de trois rangées de crocs gros, chacun long comme une jambe, claqua. Les quelques sénateurs qui observaient la mise à mort arboraient un sourire satisfait et définitivement corrompu : ils venaient de se débarrasser d'une dangereuse ennemie. Enfin.

    Ils furent donc très moyennement heureux de découvrir Jack Rakan enlever une armure de soldat, tandis que les autres membres de l'ala rubra prenaient place autour d'eux, prêts à combattre.

    L'angle de vue changea, pour montrer Arica. Celle-ci attendait la mort, les yeux fermés. Elle attendait une mort qui ne venait pas. Et pour cause : quelqu'un la tenait dans ses bras, aux milieux des monstres. Nagi.

     

    - Na...gi ? Qu'est-ce que … tu fais là ?

    - Idiote, je suis venu te sauver … Arica.

    - Hein ? Pourquoi ?

     

    Bon. Arica avait beau être une reine, très fière, très altière, là elle semblait juste … comment dire ? pas très dégourdie.

    Pendant ce temps, un sénateur, qui venait de l'apercevoir, tentait de comprendre. Pour lui, personne ne pouvait survivre au fond de ce gouffre. Thousand Master allait mourir, bêtement. Bah, ce n'est pas comme si ça le dérangeait, ça lui ôterait une épine du pied, mais le politique était stupéfait. Au fond de la vallée de Cerberas, ni ki, ni magie n'était utilisable.

    Et pourtant, Nagi esquiva sans problème la première attaque. Emporté par son élan, l'espèce de serpent monstrueux prit le sol de plein fouet. Le magicien en profita pour sauter sur la tête de la bête, puis se servit de l'élan pour éviter les suivantes.

     

    - Nagi ! hurla la jeune reine. Pourquoi faire ça ? Répond-moi, idiot ! Même pour toi, c'est du suicide !

    - C'est peut-être vrai. Mais si tu es le prix qu'on obtient à la fin, ça vaut le coup ! répondit le jeune homme en évitant de justesse des crocs qui claquèrent au-dessus de sa tête. Tu as oublié, c'est ça ? Je te l'ai dit, je t'emmènerai où tu voudras !

     

    Cela eut le mérite de la faire taire. Quelques secondes. Puis elle continua à protester, avançant qu'elle était la reine du malheur, qu'il ne devait pas partager son destin, qu'elle n'était plus son maître … Nagi dut en avoir marre car, ses bras étant occupés à porter Arica, il la fit taire avec un joli coup de boule.

    Cette fois, elle resta silencieuse plus longtemps. Suffisamment pour qu'il puisse en placer une.

     

    - Bon sang, tu n'as vraiment pas compris ? Bah, il fallait s'y attendre de ta part … déclara-t-il en bondissant une dernière fois vers le ciel, parvenant à la limite anti-magie. Je fais ça parce que … je t'aime ! C'est évident, non ?

     

    Il appela silencieusement son bâton, celui qu'il confierait à Negi douze ans plus tard, lequel vint docilement se placer sous ses pieds pour les soutenir tous les deux.

     

    - Eh bien, ça n'a pas l'air de te faire plaisir, c'est vexant, plaisanta Nagi. Tu me parles de sauver le monde ? Mais est-ce que je peux seulement le faire, si je ne peux pas protéger celle que j'aime ? … Et toi ? Qu'est-ce que tu ressens ?

     

    Lya étouffa un rire discret en souvenir de la déclaration de Yoru. Le jeune homme avait été clairement moins direct … et beaucoup plus patient pour la réponse !

     

    Arica bredouilla quelques mots, à propos d'être la reine d'Ostia, d'avoir un devoir – ce qu'elle venait de contredire même pas deux minutes auparavant.

     

    - Arica, tu es libre. La reine du malheur, elle est morte au fond de cette vallée. Tu n'es plus qu'Arica, un simple être humain. C'est à cette Arica que je pose la question.

     

    La reine déchue marmonna quelque chose du genre : « Disons que … je … je ne te déteste pas … ». Devant l'expression de totale incompréhension que Nagi faisait semblant de prendre, la jeune femme parut excédée. À vrai dire, c'était difficile de voir si c'était contre sa propre difficulté à avouer ses sentiments, ou contre Nagi. Un peu des deux, sûrement …

     

    - D'accord, j'ai compris ! s'exclama Arica. Pendant ces deux dernières années, il ne s'est pas passé un jour sans que je ne pense à toi ! Ça te dérange ?!

    - Non, pas du tout, murmura-t-il en l'attirant à lui.

     

    À ce moment précis, il n'existait plus qu'eux. L'ala rubra combattait plus loin, mais cela n'avait pas d'importance. Dans ce crépuscule rougeoyant, rien d'autre n'avait d'importance. Rien d'autre qu'eux, leurs sentiments et ce baiser.

    Arica se mit à sangloter, finalement, en relâchant tout sa peur et sa solitude qui ne l'avaient pas quittée pendant ces deux ans. Nagi tâcha de la consoler. Évidemment, comme on pouvait s'y attendre de sa part, il tourna la situation en dérision, comme seul lui savait le faire. Et, cette fois, cela fonctionna. Oh, il avait réussi à s'en prendre une, mais Arica se remit à sourire.

     

    - Dis, Arica …

    - Oui ?

    - Et si on se mariait ? proposa Nagi. Tes regrets, tes angoisses … je t'aiderai à les surmonter. Tu ne seras plus seule …

     

    Le silence se fit entre les deux amants. Puis le visage d'Arica se fendit d'un sourire merveilleux, le premier depuis des années.

     

    - D'accord !

     

    Les jeunes de l'ala alba virent l'écran disparaître, émus. Mais les collégiennes ne s'y trompaient pas, si le gouverneur leur avait montré ce film, c'est qu'il avait quelque chose à en tirer.

     

    Gödel se tourna alors vers Lya.

     

    - Alors, peut-être comprends-tu ce que j'attends de toi ? Tu es consciente d'avoir des responsabilités, je pense. Tu es douée ... tu pourrais progresser encore plus. Tu pourrais sauver Arianna ! Et bien plus …

     

    Chisame tiqua. Il avait trouvé le point faible de la jeune magicienne, qui risquait bien de se laisser manipuler sans problème.

     

    - N'as-tu pas envie de réaliser ce pourquoi tu as été sauvée, il y a six ans ? Vaincre Ragnarök. Protéger notre monde, ton monde, de Cosmo Entelecheia.

     

    Il ménagea un silence, laissant la jeune fille intégrer ses paroles. Des paroles qui ne la laissaient pas indifférente. Elle répéta d'un air mi-hébété, mi-songeur. Puis elle secoua la tête comme pour se réveiller.

     

    - Je crois qu'on va avoir un petit problème, pointa la magicienne.

    - Pardon ?

    - Je n'ai jamais été sauvée pour combattre Ragnarök ou Cosmo Enetelecheia. Alsia s'est sacrifiée pour que je vive ! clama Lya d'une voix forte.

     

    Le gouverneur semblait contrarié, mais elle n'avait pas fini.

     

    - Et je pense que vous n'avez pas tout dit.

    - Pas tout dit ? Je doute que le quotidien de l'ala rubra dans ses moindres détails vous intéresse, se moqua le gouverneur.

    - La blessure de Mitsuki. Pendant la libération d'Arica. Mitsuki n'a pas été blessée.

     

    C'était quelque chose qu'elle avait remarqué dans le film, et elle n'était certainement pas la seule. Normalement, ce genre de films étaient constitués de souvenirs, mais le gouverneur avait certainement réussi à manipuler la scène : il devait certainement être possible de soumettre son imagination, mais celle-ci était moins précise que sa mémoire ... d'où l'impression d'irréel qu'ils avaient ressentie.

     

    - Effectivement, reconnut Kurt Gödel. La vérité, c'est que …

    - C'est qu'il y a dix-huit ans, Mitsuki s'apprêtait à mettre un enfant au monde, le coupa Lya en espérant le surprendre.

    - Tu as compris. Mais, je suis curieux, qui penses-tu être l'enfant ?

     

    La voix de la jeune fille retentit, claire. Sans aucune hésitation, sans aucune crainte.

     

     

    ***

     

     

    Yoru accueillit la réponse avec stupeur. Il ne reconnaissait presque plus sa frêle magistra, timide, qui n'aimait pas attirer l'attention sur elle. Devant Gödel, la jeune fille semblait refuser de montrer le moindre doute, et passées les quelques surprises que le gouverneur leur avait réservées, elle s'était composée un masque d'assurance - factice tout de même, il le savait.

    Seulement, il ne s'attendait pas à ce qu'elle tente de prendre Gödel à son propre jeu. Et au passage, sa réponse venait de jeter un silence abasourdi sur le groupe qui regardait avec attention la retransmission de Sayo. Xyn, en premier lieu, dévisageait sa sœur d'un air ahuri.

     

    - Elle a un problème définitif avec les maths, murmura Haruna.


     

    ***
     


     

    - Moi, répondit Lya d'une voix claire empreinte de sûreté.

     

    Gödel ne fut pas surpris. Contrarié, oui, car il pensait lui dévoiler cette information plus tard pour la pousser à affronter Ragnarök, mais pas surpris. Après tout, il savait qu'elle retrouvait peu à peu ses souvenirs. Mais, cela voulait dire que le sceau était plus fragile que prévu ... ou que l'aînée des sœurs Aemilia était plus perspicace que ce qu'il avait cru.

     

    - Et sais-tu pourquoi tu as l'air d'une jeune fille de quatorze ans ?

     

    Un instant, cette fois, Lya hésita. La raison qu'elle avait trouvé lui semblait tellement farfelue ... et impossible.

     

    - On m'a ... ou plutôt, Alsia m'a emmenée dans le futur. De quatre ans, répondit Lya, moins assurée. Pour me soustraire à Ragnarök.

     

    Lors de ses recherches sur la magie élémentale, Lya avait consulté de nombreux livres sur les magies rares et oubliées. Un court chapitre avait alors attiré son attention : il évoquait la magie du temps. Si dangereuse pour le monde qu'elle était soumise à de nombreuses règles et tabous, elle n'était maîtrisée que par un magicien à la fois. Celui-ci était surnommé "gardien du temps", car il était chargé de veiller à ce que cette magie perdure tout en restant entre de bonnes mains. Il paraissait incroyable qu'Alsia ait été la précédente gardienne, mais c'était la seule explication que la jeune magicienne de glace avait pu trouver pour le tunnel de lumière de sa vision et toutes les incohérences qu'elle avait relevées. Pourtant, il restait une zone d'ombre : si le voyage dans le passé semblait, d'après les vieux traités de magie, possible bien que tabou, ce n'était pas le cas du futur.

     

    - Je vois que quelque chose te perturbe, remarqua le gouverneur, qui voyait là le moyen de reprendre l'avantage.

    - Le voyage dans le futur ... le futur n'est pas immuable. Il n'est pas tracé. Alors comment Alsia, à supposer qu'elle soit la gardienne du temps, a-t-elle pu le réaliser ? Ce serait comme emprunter une route inexistante ...

    - Et si, répliqua le gouverneur, ce que tu appelles "futur" n'en était pas un pour elle ?

     

    Lya ne répondit pas. Elle n'avait pas envisagé ce cas de figure ... si, en effet, Alsia était venue dans le passé puis avait ensuite rejoint un passé simplement moins lointain …

     

    - C'est bien gentil, intervint Kazumi, mais pourquoi serait-elle venue dans le passé ? Ni elle ni son père n'étaient vraiment forts, et l'ala rubra n'a pas recouru si souvent que cela à ses pouvoirs ... si peu que nous n'avions pas compris qu'elle maîtrisait le temps et les prémonitions.

    - Et si je vous disais que ... fit le gouverneur, lentement ... qu'il ne s'agissait pas de changer ... le cours de la guerre ?

     

    Ils attendirent en silence, perplexes. Le gouverneur les manipulait à sa guise, mais pour l'instant, il était difficile de réagir.

     

    - Il s'agissait plutôt de protéger le futur. La vérité, c'est que dans l'époque d'Alsia et Drexan, Cosmo Entelecheia était revenu, et ses membres étaient en train de parvenir peu à peu à leur fins. La moitié de l'ala rubra disparue, ils ont rencontré peu d'opposition. Negi, tu t'es opposé à eux, avec tes camarades, ainsi qu'Arianna et Takahata, mais ils étaient trop forts.

    - Sauf qu'Alsia et Drexan n'ont rien pu faire pour changer ce futur, visiblement, l'interrompit Chisame. Nous sommes bien en train de les affronter et l'ala rubra ne peut plus faire grand-chose.

    - Pas tout à fait.

     

    Le gouverneur toisa Lya, ménagea un léger silence puis reprit.

     

    - Il y avait une différence avec notre époque. Drexan nous l'a expliqué peu après ta naissance. À vrai dire, Andrew et Mitsuki avaient échoué dans une tâche, et non des moindres. Ils avaient échoué face à Ragnarök.

     

    Lya, agacée, faillit lui hurler d'arrêter de tourner autour du pot. Il allait avoir raison de ses nerfs, et visiblement, c'était ce qu'il cherchait.

     

    - Oui, dans cette époque-là, Ragnarök avait rempli un de ses objectifs, Lya. Tu n'étais plus de ce monde.

     

    _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

    Voilà, j'ai réussi à tuer Lya avant la fic, puis la faire vivre sur plus de 50 chapitres, sans passer par une résurrection !

    Alors ? qu'en pensez-vous ?

     


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  •  

    Nagi tenta de la retenir. Elle se dégagea. Il était évident qu'elle maintenait la distance contre son gré, mais pourquoi ?

     

    - Que s'est-il passé, princesse ? Tu n'as pas oublié notre promesse, n'est-ce pas ? Mes ailes t'appartiennent toujours. Je t'emmènerai où tu voudras, déclara le magicien en la tenant dans ses bras pour l'obliger à le regarder en face.

     

    Mais encore une fois, elle se défit de son étreinte. À la manière bourrin, comme aurait dit Mitsuki.

     

    - Tu me caches quelque chose ! se plaignit Nagi. Il se passe quoi, au juste, aujourd'hui ?

    - Tu comprendras plus tard. Et je peux en dire autant sur toi.

     

    Le film opta alors pour un flash back. Il montra la dernière bataille que l'ala alba avait déjà vu chez Rakan, mais depuis la flotte d'Arica, une vingtaine d'heures auparavant. La sphère blanche qui devait, on ne savait comment, détruire le monde, grossissait de seconde en seconde. Aux côtés de la princesse, dans le cockpit du vaisseau principal de Megalomesembria, Kurt Gödel tentait de comprendre ce qu'il se passait, et Arianna, affaiblie par sa lutte contre les invocations, se rongeait les ongles, inquiète.

     

    - Arica, dis … ils … ils n'ont pas pu échouer, hein ?

    - Je l'ignore …

     

    Puis, d'une voix ferme et altière, elle s'adressa à l'équipage et au reste de la flotte.

     

    - Que tous les navires cernent la sphère ! Nous allons la sceller ! C'est notre seule chance, que tout le monde donne le maximum !

    - Votre Altesse, est-ce que cela va fonctionner ? demanda Gâto à voix basse.

    - Comment veux tu que … je le sache ? répliqua la princesse dans un souffle en se mordant la lèvre, laissant un minuscule filet de sang couler. Si Mitsuki a échoué à le retenir …

     

    Un silence suivit. Alsia et Drexan, discrets, attendaient dans le fond, mais la jeune fille n'était pas inquiète. Au contraire, son visage s'éclairait d'un sourire qui on disait long sur ses pensées : elle était convaincue de leur victoire.

    Puis la sphère sembla réagir, alors même qu'elle n'était pas encore encerclée et que la magie de scellage n'était pas encore déployée.

     

    - Regardez ! s'exclama Arianna. La sphère a perdu de son éclat !

     

    Le visage d'Arica se fendit d'un fugitif sourire. Mitsuki luttait encore avec eux. Mais aussitôt revint l'inquiétude. Sa protectrice allait-elle survivre ? Non, plutôt … Allaient-ils survivre ? Était-il seulement possible de sceller cette chose ?

    Les cercles magiques se déployèrent, immense, et commencèrent leur œuvre.

     

    Puis Nagi apparut à l'écran, blessé mais vivant. Face à lui le surplombait … Zect. Le jeune garçon mystérieux qu'il appelait maître.

     

    - Réfléchis bien … même un héros ne peut choisir le futur … Tu ne peux rien faire, disait Zect. Est-ce que l'humanité mérite ton sacrifice ? Mais cela ne me concerne plus . Mes deux mille six cent ans de désespoir prennent fin. Adieu …

     

    Puis il devint comme poussière, désagrégé, au gré du vent.

     

    - MAÎÎÎÎTRE !!!

     

    Lya jeta un coup d’œil entendu à Negi. Il faudrait faire toute la lumière sur cette scène incompréhensible. Zect, un ennemi ? Il ne semblait pas lui-même, pourtant. Alors que s'effaçait la scène du magicien du commencement vaincu, un sous-titre annonça la suivante : "Pendant ce temps …"

     

    Andrew, Mitsuki, Albireo, Rakan et Eishun attendaient avec inquiétude.
    Soudain, une forme noire fusa vers eux ! Les plus valides aidèrent Eishun, à demi-inconscient, à esquiver l'attaque, et en cherchèrent l'origine. Un démon se posa devant eux. Il réitéra son attaque, mais il ne semblait s'intéresser qu'à Mitsuki.

     

    Lya reconnut sans peine leur ennemi : c'était Ukyo, le chef de Ragnarök.

     

    Andrew se leva en titubant.

     

    - Celui-là, je me le fais, marmonna-t-il entre ses dents.

    - Non ! s'exclama Mitsuki par télépathie. Tu es blessé !

    - Comme chacun d'entre nous, et tu dois absolument garder ton énergie. De plus je ne compte pas le laisser te faire du mal !

     

    Le magicien bondit, et des flèches de pierre le suivirent pour s'écraser sur la barrière d'Ukyo.
     

    - Flagrantia rubricans ! hurla Andrew.

     

    Les flammes eurent plus d'effet, alimentées par la colère de leur maître. Mais le démon n'avait pratiquement rien. À cette époque-là, déjà, il était d'une puissance de combat aberrante. Heureusement, lui aussi semblait avoir déjà combattu, et n'était pas au meilleur de sa forme. Le combat dura de longues minutes, et, lentement, un écart se creusait entre les deux belligérants. Andrew perdait du terrain.

    Mais soudain, une lance de foudre fusa et transperça le démon ! Grièvement blessé, ce dernier battit en retraite, couvert par un de ses sbires.

     

    - Tssss ... Nagi ... haleta Andrew en titubant. Tu n'aimes pas qu'on s'immisce ... dans tes combats, mais toi ... tu te gênes pas …

     

    Car Thousand master n'était pas encore revenu, mais c'était bien sa lance qui avait sauvé Andrew.

     

    Le gouverneur jeta un regard entendu à Lya. Oui, ce qu'elle venait de voir la concernait grandement, elle l'avait compris toute seule, elle n'était pas si stupide ! Et il avait clairement un but en lui montrant cela, mais si elle savait lequel, elle voulait bien mettre sa main au feu.

     

    Le film reprit sur la foule en liesse, au lendemain de la victoire. Les héros étaient médaillés, représentés par Rakan, Eishun et Nagi. La scène s'effaça immédiatement pour retourner à Nagi, qui tentait de tirer les vers du nez d'Arica. Sans succès, et avec une trace de claque en plus … Il était facile de comprendre que la princesse, ou plutôt la reine comme elle l'avait annoncé, couvait quelque chose. Mais quoi ?

    Nagi ne le comprit que quelques heures plus tard. Trop tard, malheureusement. Il entra dans une taverne pleine à craquer, où des dizaines d'habitants fêtaient les héros de guerre. Il rejoignit, soucieux, l'ala rubra. Mitsuki et Andrew manquaient à l'appel … Il apprit par Arianna que la jeune femme était partie, l'air totalement déprimée, et qu'Andrew l'avait suivie. La jeune fille avait l'air dépitée, car elle avait voulu les accompagner et le magicien avait refusé.

    Drexan lui fit une place, tandis qu'Alsia et Arianna reprenaient joyeusement leur conversation en riant comme d'innocentes adolescentes.

    L'équipe leva leurs verres en hommage aux victime de la guerre, à commencer par Zect. Arianna, elle, eut une pensée émue, bien sûr pour son coéquipier, mais aussi pour ses parents et son petit frère, qui n'avaient pas pu voir la fin de cette guerre. Une larme nostalgique commença à perler, elle la chassa d'un battement de cil en souriant, puis elle éclata de rire quand Rakan se mit à taquiner Nagi sur ses histoires de « cœur ». Son béguin pour la princesse Arica n'avait évidemment échappé à personne.

     

    - C'est pas ça ! protesta Nagi. C'est juste que … cette femme … elle a réussi à s'en tirer dans ce palais plein de complots, sans jamais se plaindre. Et maintenant, on la sacre reine ? Ça doit être dur …

    - De quoi tu parles ? s'étonna Rakan. Cette femme ? Reine ?

    - Tu n'es pas au courant ? fit Albireo. On a découvert que le roi, son père, était manipulé par Cosmo Entelecheia. Alors son altesse a pris le trône après un coup d'état. Tout le monde l'ignore, pour l'instant.

     

    Nagi resta pensif un moment, ce qui ne lui ressemblait pas trop, puis il ajouta :

     

    - Je ne sais pas si elle s'en souvient, mais un jour je lui ai fait un promesse … Celle de l'emmener visiter Kyoto, ensemble. Avec la petite princesse, bien sûr.

    - Avec la gosse ? Mais c'est pas un rencart amoureux, ça ! se moqua son rival.

    - J'ai jamais pensé à ça ! répliqua le père de Negi.

    - Elle s'en souvient, j'en suis certaine, dit Alsia avec un sourire bienveillant.

     

     

    La taverne disparut pour faire place à Arica, seule sur un balcon de son palais. Elle pensait à Nagi et à sa promesse, mais elle fut interrompue. Gatô et Kurt venaient à elle, extrêmement soucieux. Ils s'inclinèrent en vitesse, puis l'ancien agent de Megalomesembria prit la parole.

     

    - C'est l'heure, annonça Gatô. On peut lancer la première étape de l'effondrement.

    - Où en sommes-nous ?

    - Nous déployons toutes nos forces. Nous en sommes à trente-sept pour cent. Nous avons suivi vos instructions, les citoyens sont évacués vers l'île-villa avec pour prétexte la cérémonie, mais … Votre altesse, le sauvetage de tous les habitants va être extrêmement difficile …

    - J'ai compris. Je vais commander l'opération directement !

     

     

    La figure soucieuse de la jeune reine disparut sans laisser le temps aux spectateurs de comprendre. À la place, on voyait un coin de ruelle, non loin de la taverne où l'ala rubra fêtait sa victoire.

    Mitsuki tremblait, adossée contre un mur, les larmes aux yeux. Andrew semblait totalement désarmé face à la détresse de la jeune femme, bafouillant et gesticulant. Cette vue aurait pu être drôle, si seulement la jeune espionne ne semblait pas si désespérée.

     

    - Andrew … son altesse … elle m'a demandé … de vivre avec vous …

     

    Le jeune homme posa une main sur son épaule, dans une vaine tentative de la réconforter.

     

    - Allons … chuchota-t-il à son oreille. Est-ce si terrible, d'être avec nous ?

     

    Lya tressauta légèrement, surprise. C'était exactement ce qu'elle avait dit à Yoru ! Elle sourit à la pensée que son père et elle s'étaient bien trouvés.

     

    - Ce … ce n'est pas ça … sanglota Mitsuki en bégayant. Elle m'exclut … d-du p-palais … Elle … je ne … je ne p-peux plus la … protéger …

     

    Andrew la prit dans ses bras, comme pour la bercer.

     

    - C'est vrai qu'elle agit étrangement depuis qu'elle a pris le trône de son père. Est-ce que tu sais si elle a prévu quoi que ce soit ?

    - Non, répondit la magicienne dans un souffle. Mais j'ai le … le sentiment qu'elle prépare quelque chose … quelque chose de dangereux …

    - Elle essaie peut-être de te protéger.

    - Mais je ne le veux pas ! s'écria Mitsuki, en larmes. Je veux la protéger ! Ça n'a aucun sens, si elle m'éloigne ! Je … Je ne veux pas la perdre ! Il faut l'arrêter, Andrew !!

     

    Si le jeune homme fut surpris par cet éclat, il n'en montra rien.

     

    - On va essayer, Mitsuki. Je vais t'aider. Mais tu sais très bien qu'elle est trop têtue … Je ne sais même pas si Nagi saurait l'arrêter …

     

    Sur ces mots, il sa serra tout contre lui, caressant doucement ses cheveux pour la calmer. La jeune femme se dégagea doucement, et planta son regard baigné de pleurs dans les yeux d'Andrew.

     

    - Merci … dit-elle dans un souffle.

     

    Elle se hissa sur la pointe des pieds. Leurs visages s'approchèrent, lentement. Puis elle ferma les yeux. Et l'embrassa avec douceur.

    Lorsqu'elle s'écarta, Andrew était d'une intéressante couleur rouge. Jusqu'aux oreilles.

     

    - C-C-C-C'était … M-Mitsuki … qu'est-ce q-que … bafouilla-t-il en gesticulant.

    - C'est ma façon de te remercier, gros bêta, glissa-t-elle à son oreille en souriant.

     

    - Fais gaffe, chuchota Chisame à Lya d'un ton moqueur, ferme la bouche ou tu vas finir par baver.

     

    Lya lui jeta un regard noir, mais faillit éclater de rire. Enfin, elle venait de voir ce qui était peut-être le premier baiser de ses parents, ce qui avait de quoi la faire rêver …

    Tout à coup, elle sursauta, surprise par le tapage soudain du film.

     

    L'écran offrait une véritable scène de cataclysme. Les rochers volants d'Ostia s'écroulaient, les îles se disloquaient dans un vacarme assourdissant qui couvrait les cris des habitants effrayés. L'infanterie de Megalomesembria se précipitait à leur secours, mais la surface à couvrir était tout simplement gigantesque, et le temps manquait. La magie avait cessé de fonctionner.

    Tout une flotte traversait cette pluie de rochers pour accueillir les réfugiés. À l'intérieur de l'un d'eux, Arica commandait l'opération de sauvetage en criant, angoissée.

     

    - Déployez tous les navires ! Ne laissez rien au hasard ! Nous devons sauver tout le monde, ce n'est pas négociable !

     

    Derrière elle, le futur gouverneur l'assistait de son mieux.

     

    - L'opération progresse difficilement ! indiquait Kurt.

    - Pourquoi ?!

    - L'architecture de la ville est compliquée, et … il est impossible d'évaluer le nombre de clandestins !

    - Je vois … Occupe-toi de la flotte ! Je vais participer moi-même à l'évacuation. Ma magie ne sera pas neutralisée.

     

    Soudain, une voix retentit dans le vaisseau. Elle provenait d'un écran de communications, sur lequel s'affichait le visage furieux de Nagi.

     

    - Idiote de princesse !! Arica, tu vas m'expliquer ce qu'il se passe, oui ?!

    - Est-ce que tu as vraiment besoin de le demander ? Comme tu vois, je détruis mon propre pays pour sauver notre monde. Ne t'inquiète pas. L'enfer m'attends.

    - Comment tu veux qu'on ne s'inquiète pas ?! hurla Mitsuki en apparaissant à l'écran.

    - Tu n'en as jamais parlé ! renchérit Thousand Master.

    - Comment aurais-tu pu m'aider ? rétorqua Arica.

    - Tsss … Bouge pas ! s'exclama Nagi, hors de lui. J'arrive tout de suite !

    - Non ! Si tu veux vraiment aider, détruis les rochers qui tombent sur les réfugiés ! Occupe-toi des quartiers qui ne s'effondrent pas encore ! Mais je te préviens, l'anti-magie t'empêchera de voler correctement … sauf que le vieux navire que nous avons utilisé pendant la guerre doit être suffisamment résistant, et …

    - On est déjà dedans !

    - Très bien ! Fais ce que tu peux pour l'évacuation, et ensuite, pars. Ne reviens … Ne revenez jamais.

    - Pardon ?! glapit Mitsuki, stupéfaite. Non, je refuse ! Je resterai à tes côtés !

    - Mitsuki, c'est mon ultime volonté. Merci pour toutes ces années.

     

    Nagi voulut répliquer, mais Arica répliqua que le temps leur manquait et que son peuple payait le prix fort pour cette conversation. Elle s'en alla, à pas décidés.

     

    - Albireo Imma, m'entendez-vous ? Ici Kurt ! s'exclama le jeune futur gouverneur.

     

    Le magicien apparut à l'écran, égal à lui-même, c'est-à-dire tout sourire.

     

    - La princesse a raison, continua Kurt, vous êtes encore des fugitifs pour Megalomesembria … vous risqueriez d'être arrêtés ! Après l'évacuation, cachez-vous, ça devrait s'améliorer …

    - Compris. Je m'occupe de Nagi. Pour Mitsuki, on dirait que c'est en cours, assura Albireo en jetant un coup d’œil derrière.

     

    En effet, pendant que Rakan et Eishun s'efforçaient de maîtriser Nagi qui pestait avec force hurlements, Andrew retenait la jeune espionne. Drexan et sa fille observaient le tout. Ils ne semblaient ni surpris, ni désespéré, mais c'était une apparence très courante chez eux, même pendant la guerre qui venait de se terminer.

     

    - Andrew, s'écriait la jeune espionne , tu m'as promis ! Tu as promis de m'aider !!!

    - Mitsuki, j'ai dit que je ferais mon possible et c'est ce que je fais, rétorqua le jeune homme en l'enfermant dans ses bras. Mais on ne peut plus arrêter Arica, même toi tu le sais. Surtout toi.

     

    Elle se tut, acceptant difficilement cette vérité, puis se dégagea lentement. Comme elle semblait avoir compris, Andrew la laissa faire.

     

    - Allons-y. Allons l'aider. Et après, on partira, promit-elle en tremblant.

    - Tu l'acceptes ?! éructa Nagi en se précipitant sur le pont du vaisseau, pour hurler sa colère.

     

     

    C'est ainsi que le grand effondrement eut lieu. Ce n'était pas un phénomène naturel ; il résultait du scellage de la princesse du crépuscule au palais des gardiens du tombeau. L'anti-magie de la petite princesse s'était répandue sur une zone de cinquante kilomètres à la ronde autour d'Ostia, jadis la capitales aux mille tours réputée pour sa beauté. Cette zone était devenue un champs de ruines stériles où la magie ne pourrait plus être utilisée, pendant les vingt années à venir. En scellant la princesse de la sorte, Arica empêchait la tragédie de la grande guerre de se reproduire à jamais, mais elle venait de condamner des millions d'habitants.

    Le royaume fut annexé par Megalomesembria, qui avait envoyé son armée sous prétexte d'apporter son soutien aux réfugiés et à la reconstruction du pays. Certains affirmaient avoir vu la jeune reine les protéger, d'autres ne ressentaient plus que haine envers elle, forcés à devenir esclaves ou gladiateurs pour gagner leur vie.

     

    Deux mois plus tard, Arica plaidait la cause de son pays au sénat de Megalomesembria, réclamant de l'aide pour reconstruire son pays et aider ses réfugiés.

     

    - Je vois … fit un sénateur. Mais … cette destruction, n'est-elle pas de votre fait ? De plus, vous me voyez obligé de vous préciser une chose. Ce n'est plus votre peuple.

     

    Des soldats s'approchèrent, tandis que le sénateur continuait de parler, un sourire satisfait se dessinant sur ses lèvres parcheminées.

     

    - Votre majesté, vous êtes en état d'arrestation.


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    - Eh bien … murmura Lya. Cosmo Entelecheia prévoyait de repasser à l'attaque sur le long terme, après la défaite contre l'ala rubra, mais l'échec risquait de se reproduire. Alors, ils ont voulu essayer quelque chose. Je ne comprends pas encore pourquoi, et j'espère l'apprendre assez vite, mais il y a quinze ans, sur un principe légèrement différent des Averruncus, ils ont créé un êt... un humain, au stade de nouveau-né. Un enfant qui grandirait comme un humain et mettrait ses capacités au service de l'organisation. Tu sais que le ki et la magie s'opposent, et généralement, se gênent, sauf en cas d'une extrême maîtrise. Et bien, pour optimiser ses capacités, ils ont fait en sorte de nullifier son potentiel magique et l'ont doté...

    - D'une réserve de ki gigantesque, compléta Yoru, horrifié. Non ... Alors ... c'est pour ça que je n'ai pas d'âme ? Parce que je suis un être créé par magie ?

    - Ça reste à voir, répondit Lya. Toujours est-il que l'ala rubra a souvent affronté Cosmo Entelecheia, et qu'ils ont découvert ton existence. Ils ont décidé de te sortir de là et de te confier à des humains de la ville de Mahora, où vivait, et vit encore, le beau-père d'Eishun. Le directeur et grand-père de Konoka, autrement dit.

    - Ça ne peut pas être vrai, murmura Yoru en s'écroulant, ses jambes refusant de le porter plus longtemps.

     

    Lya s'accroupit à côté de lui, et le serra dans ses bars, lui prodiguant tout le réconfort qu'elle pouvait. Pour la première fois, les rôles s'étaient échangés, et elle craignait de ne pas pouvoir l'apaiser.

     

    - Tu me permets d'essayer quelque chose ? murmura la jeune magicienne à l'oreille de Yoru.

     

    Il ne répondit pas, alors Lya prit sa décision. Étrangement, elle savait exactement comment arriver à ses fins. C'était instinctif.

     

    - Kyura ? appela-t-elle doucement.

     

    La netsugi sortit de sa cachette, se plaça à côté d'eux et un cercle magique apparut sous les deux jeunes gens.

    L'énergie dégagée par le pactio sembla réveiller Yoru, qui regarda Lya avec un air incrédule. Il pensa à se dégager, ne voulant pas revivre l'échec et l'humiliation de la fois précédente, mais il n'en eut pas le temps.

     

    - Aie confiance, murmura la jeune fille tendrement.

     

    Les lèvres de la jeune fille se posèrent doucement sur les siennes, et aussitôt il sentit comme une vague chaleureuse le submerger. La lumière s'intensifia jusqu'à devenir aveuglante, les enveloppant, telle une bénédiction envoyée par les astres. Puis elle disparut, laissant la lueur de la lune et des étoiles régner sur la nuit. Un silence s'installa entre les deux jeunes gens.

    Un silence complice entre un minister magi et sa magistra.

     

    - Tu vois ? fit Lya en lui tendant sa carte de pactio. Je savais bien que tu avais une âme …

    - Tu ... tu y croyais encore ? Et comment as-tu fait ?

    - Bien sûr que j'y croyais. Faire autrement aurait été au-dessus de mes forces. Quand au pourquoi du comment ... j'en sais trop rien. Tu sais, ça fait partie des intuitions bizarres que j'ai parfois, je savais exactement ce que je devais faire. Tout ce que je sais moi-même, c'est que le pactio est un contrat entre deux âmes, et que je me suis ... frayé un chemin jusqu'à la tienne avec ma magie. Mais j'ignore comment j'ai fait.

     

    Yoru observa attentivement sa carte. Il y était représenté debout, le poing tendu vers l'avant, arborant un sourire déterminé et plein de confiance. Il portait son uniforme de Mahora : un T-Shirt blanc et un pantalon noir ; et par-dessus un long manteau beige bordé de tissu bordeaux. La carte portait le numéro un, et les deux lunes martiennes, qui brillaient de leur éclat argenté sur les deux jeunes gens comme pour les protéger, étaient devenues le signe de la carte, Luna. Lya sourit en voyant que la vertu indiquée par l'objet était audacia, le courage. En effet, le courage du jeune homme l'avait sauvée, et ce plusieurs fois.

     

    - Rien de ce que je pourrais faire serait suffisant pour te remercier, déclara le jeune homme dans un souffle en l'étreignant.

     

    Lya se dégagea gentiment en secouant la tête. Elle se leva puis lui tendit la main pour l'aider à se relever à son tour.

     

    - Tu sais bien qu'il n'y pas de ça entre nous, répondit-elle. Et pour cette histoire de création, ne t'inquiète pas. Pour moi, tu restes le même Yoru.

     

    Il fit la moue, mais il était bien trop heureux pour s'inquiéter maintenant de son identité. Et Lya, fille d'Andrew et de Mitsuki, n'avait apparemment aucune difficulté à accepter un être créé par ses ennemis … Mais ce qui le gênait le plus, pour l'instant, c'était de ne pas être le fils des Yamashita.

    Mais il interrompit ses pensées en voyant Lya. Elle avait l'air heureuse, et en même temps, inquiète.

     

    - Il y a un problème ?

    - Un peu. Je … je crois qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond avec moi, soupira la jeune magicienne.

    - Raconte-moi.

    - Oui … euh … ou pas, en fait, répliqua Lya en arborant un sourire forcé, jetant un regard derrière l'épaule de Yoru.

     

    Chisame les attendait patiemment à l'entrée du balcon.

     

    - Désolée si je vous dérange. Mais le gouverneur ne devrait pas tarder.

     

    Les deux partenaires la suivirent, tendus. L'instant de vérité était proche … Qu'allaient-ils apprendre ? Qu'allait faire le gouverneur ? Avaient-ils eu raison de venir ?

    Sauf que rien n'arrivait. Le gouverneur ne se montrait pas, et avait fait parvenir un message, comme quoi il avait un empêchement et arriverait en retard. Et puis quoi encore … Excédé par l'attente, Yoru finit par inviter Lya à danser, en espérant que ça lui changerait les idées et la distrairait de ses ennuis, quels qu'ils soient. Il se sentit rasséréné quand il vit l'expression radieuse de la jeune fille.

    Aussi fut-il extrêmement frustré quand Negi les rappela au beau milieu de la danse sans se douter de rien. Un jeune homme au service de Gödel était arrivé.

     

    - Le sort s'acharne contre nous, on dirait … soupira Yoru.

    - On devrait être habitués aux interruptions, maintenant ! répliqua Lya en riant. Allons-y.

     

    Ils se rapprochèrent du reste de l'ala alba.

     

    - Monsieur Nagi, mademoiselle Lya, le gouverneur vous attends dans son bureau, annonça le jeune assistant. Vous pouvez emmener avec vous trois personnes.

    - Seulement trois ? Pourquoi ? demanda Negi.

    - C'est la coutume.

     

    La coutume, bien sûr … Asuna voulut se présenter, mais Negi refusa. Il voulait à tout prix garder la jeune fille en sécurité, et Gödel s'intéressait peut-être de très près à la princesse du crépuscule.

    Il choisit d'abord Kazumi. Negi n'expliqua pas pourquoi, mais tout le monde dans l'ala alba était au courant : Sayo avait gagné un nouveau corps temporaire grâce à l'artefact d'Haruna. Kazumi pourrait se servir du lien entre Sayo et sa petite poupée, ainsi que d'un « fil spirituel » pour retransmettre la conversation à l'équipe entière. Et, journaliste dans l'âme, elle avait de quoi tout enregistrer.

    Puis vint Nodoka. Évidemment, avec son diarium ejus, elle serait plus qu'utile. Il n'était pas dit que le gouverneur n'essaierait pas de mentir. Enfin, Negi choisit Chisame, qui protesta mais finit par accepter. C'était à prévoir, ils avaient fait la quasi totalité du chemin jusqu'à Ostia ensemble, et le jeune magicien avait une confiance inébranlable dans ses jugements.

     

    - Désolé, Lya, si tu voulais emmener quelqu'un d'autre … s'excusa Negi, se rendant compte que la jeune fille n'avait rien dit.

    - Non, je te fais confiance. Gira, s'il-te-plaît, je te confie Kyura. Yoru, je t'en prie, protège tout le monde en cas de soucis.

    - Bien sûr.

     

    Puis les cinq invités suivirent l'assistant du gouverneur. Celui-ci, sur le chemin, glissa une légère allusion au village détruit de Negi, ajoutant qu'il enviait le jeune magicien puisqu'il avait réussi à surmonter cette tragédie et à s'entourer d'amis fidèle. Lya ne comprit pas cette allusion, ni comment le jeune homme pouvait être au courant pour ça, jusqu'à ce que celui-ci pousse la porte du gouverneur.

    Aussitôt, les jeunes gens furent plongés dans un paysage de désolation. Un village, anéanti par les flammes, envahi par les démons. Un village aux défenses annihilées. Aux habitants transformés en pierre.

     

     

    ***

     

     

    Xyn regarda en arrière, vers la salle de bal, Ren à ses côtés, tandis que l'ala alba rejoignait une terrasse déserte.

     

    - Vous venez ? firent les jumelles, qui l'attendaient. Tout le monde sort pour la retransmission.

    - On arrive, on arrive.

    - Vous voulez lui dire au revoir ? demanda Illonya. Allez parler à Theodora, on vous racontera ce que vous raterez, tant que vous arrivez avant la fin …

     

    Xyn secoua la tête en souriant.

     

    - Non, non. Elle comprendra. Nous appartenons à l'ala alba, maintenant. On ne peut pas se permettre de s'éparpiller comme ça avant une mission si importante. Après tout, dès que c'est fini, on affronte Cosmo Entelecheia.

     

    Bien sûr, elle ignorait que tout ne se passerait pas comme prévu …

     

     

    ***

     

     

    - Le village natal de monsieur Negi ?! s'exclama Nodoka, stupéfaite.

    - Qu'est-ce que ça veut dire ?! s'écria Chisame.

    - Allons, ne vous inquiétez pas, répondit Kurt Gödel. Ce n'est qu'une projection, rien d'autre.

    - C'est ça, rien d'autre, murmura Lya entre ses dents.

    - Bienvenue, Negi Springfield, Lya Aemilia.

     

    Le gouverneur semblait fier et sûr de son coup. Il préparait quelque chose, forcément, mais quoi ?

     

    - J'ai voulu clarifier notre sujet de discussion. Tu es venu, Negi, pour avoir des réponses, mais … lesquelles ? Les secrets du monde magique ? Les buts de Cosmo Entelecheia ? Qu'est devenue ta mère ? Et ton père ?

     

    « Ce type maîtrise totalement la situation, songea Chisame en grinçant des dents, ils nous mène à la baguette ! ». En effet, à chaque question, Negi tiquait. Légèrement, mais il réagissait. Gödel les dominait, et il le faisait savoir.

     

    - Non, ce n'est rien de tout cela ! Tu veux connaître ton véritable ennemi. Qui donc a lâché ces hordes de démons déchaînés et sanguinaires sur ton village ?! C'est ça, ce qui t'intéresse véritablement. Tu veux accomplir ta vengeance !

     

    Lya faillit répliquer. Mais le gouverneur la prit de court. Une autre scène se superposa au village, sur le côté. Une rue déserte, un tunnel de lumière. Deux jeunes voyageuses, un inconnu qui les attendait. Puis les flammes, noires, destructrices. Le gouverneur leur montrait l'assassinat d'Alsia.

    Alsia disparut pour réapparaître devant le démon.

     

    - NON !!! hurla Lya, totalement subjuguée par la scène.

     

    Le dos d'Alsia se teinta de rouge, transpercé par une épée. Elle tomba mollement au sol.

    Lya sembla alors se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'une projection. Elle gronda, prête à parcourir les quelques mètres qui la séparaient de Gödel pour lui sauter à la gorge.

     

    - Attends ! s'écria une voix dans sa tête. Ne rentre pas dans son jeu, il n'attend que ça ! Je t'en prie, calme-toi !

     

    Yoru. Il se servait de leur pactio pour la contacter. Malheureusement, le contact cessa, interrompu par des barrières que Gödel avait mises en places, et qu'il renforça d'un signe. Mais c'était suffisant. La jeune fille sentit ses muscles se détendre. Elle se força à respirer calmement, à imposer à son esprit l'image de l'ala alba, qui les regardait, et qui les soutenait.

     

    - Lya, pour toi, n'est-ce pas la même chose, au fond ? Plus que de retrouver tes parents, ne veux-tu pas te venger de Ragnarök ?

    - Fichez-moi la paix avec eux ! grogna Lya, se retenant de bondir.

     

    Le gouverneur dut voir qu'il n'avait pas assez de prise chez elle, car il retourna à Negi, plus jeune, encore plus impressionnable.

     

    - Cet ennemi … serait-ce Fate Averruncus ? Les démons ? Le magicien du commencement ? Ce serait logique, pourtant la vérité est plus complexe.

     

    Il tournait autour du pot. Jouait avec leurs nerfs. À la longue, Negi n'allait pas tenir.

     

    - Le vrai coupable … C'est nous. Nous, le sénat de Megalomesembria.

     

    Negi perdit le contrôle. Ses yeux devinrent fous. Et il bondit sur le gouverneur, l'envoyant valser à plusieurs mètres. La scène sembla devenir un véritable cataclysme, des parties du sol volaient, brisées et projetées par la magie de Negi. La magia erebea décuplait ses forces, au fur et à mesure que la douleur de la perte de ses proches s'insinuer dans son esprit.

    Nodoka vérifiait les pensées du jeune magicien. Ce n'était pas beau à voir. Les pages du journal se remplissaient de mots haineux d'un noir insidieux dont l'encre semblait couler, pleine de malice.

    Du côté de la projection, un Negi de quatre ans apparut, cerné par des démons. Même si ce n'était qu'une projection, les fille s'inquiétaient. Pourtant, il y avait suffisamment à faire avec le vrai Negi. Une espèce de brouillard noir lugubre commençait à entourer le jeune magicien. Puis disparut progressivement.

    Une vision d'horreur s'imposa alors aux jeunes filles. À la place des pieds de Negi se trouvaient des pattes noires griffues. Le symbole aux arabesques tortueuses de la magia erebea luisait au-dessus de bras bestiaux, se terminant par une mains pourvue de grosses griffes. Une épaisse et longue queue s'agita, et les cheveux de Negi s'allongèrent soudainement, comme doués d'une vie propre, ondulant tel un serpent.

    Negi était devenu un démon. Un monstrueux démon entièrement noir. La magie du chaos avait pris l'ascendant.

    Gödel continuait sa provocation, comme pris par la folie. «Il veut vraiment mourir ou quoi ?! », songea Lya, horrifiée. Les pensées de Negi continuaient d'envahir le journal de Nodoka, coulant le long des pages comme un magma visqueux de lettres et de haine.

    Nodoka hurla. Le démon se prépara à bondir. Et sur la projection, un homme apparut : Nagi Springfield.

     

    - Incroyable … murmura Lya.

     

    Ce n'était qu'une projection, mais cela restait impressionnant : Nagi avait arrêté le poing d'un démon quatre ou cinq fois plus grand que lui, défendant son fils de quatre ans, d'une seul main. Cette scène semblait avoir interpellé le démon de la magia erebea, qui hésita. Les filles en profitèrent, et l'attrapèrent à bras-le-corps pour l'arrêter. Toutes les quatre. Enfin presque. Il manquait Chisame, qui, quand le démon sembla retrouver une partie de ses esprits et reconnaître ses amies, lui asséna une formidable claque.

    La couleur de la peau de Negi s'éclaircit légèrement, signe qu'il retrouvait ses esprits et repoussait la magie du chaos.

     

    - C'est quoi, cette mentalité ?! le rabrouait Chisame. OK, on ne peut pas comprendre ce que tu as ressenti ce jour-là, ni les semaines et les mois suivants. Mais je refuse de croire que tu n'as été habité que par la vengeance !

    - Negi, regarde-toi, renchérit doucement Lya. Tu es manipulé, comme il a tenté de le faire avec moi. Seulement, il s'est moins acharné sur moi. Ne m'aurais-tu pas arrêtée s'il m'avait eue ?

     

    Leur attention fut attirée par l'illusion de Nagi. Il confiait son bâton à son fils, accroupi près de lui et caressant ses cheveux avec affection. Ce Nagi-là n'était ni impulsif, ni immature. C'était un père aimant. Déchiré par la distance qui le séparait de son fils.

    Nagi disparut dans le ciel, et quelques mots en blanc apparurent sur les pages entièrement noires de Nodoka. « Papa … un jour … toi et moi … ». Ces mots résonnaient comme une promesse, et dans son cœur, Lya faisait le même serment.

     

    - Vous êtes dignes d'être ses partenaires, retentit la voix de Gödel. Vous venez de contrecarrer mon plan.

    - Et que cherchez-vous, au final ? demanda Kazumi, d'une voix calme mais d'où pointait une colère froide.

    - Hé hé … C'est bien simple. Je veux que Negi deviennent notre allié.

    - Vous êtes mal barré, ne put s'empêcher de répliquer Lya.

     

    Le gouverneur claqua des doigts, et aussitôt le décor changea pour devenir l'espace. Puis changea, encore et encore, tandis qu'ils flottaient dans le vide.

     

    - Voici la puissance militaire la plus importante du monde magique : Megalomesembria. Et son organe suprême, le Sénat. Voici nos ennemis. Le magicien du commencement, qui serait anéanti … lui aussi est notre ennemi, à nous tous les êtres humains. Et avec lui ses héritiers, Cosmo Entelecheia. Hellas est aussi un obstacle à notre projet. Et nous devons vaincre chacune de ses puissances. Ainsi, nous pourrons sauver les soixante-sept millions d'humains de ce monde.

    - Hey, mais vos ennemis … l'interrompit Chisame. C'est le monde entier !

    - Oh, non, railla Lya, il manque Ariadne !

     

    Mais Nodoka, fidèle à sa réputation, remarqua quelque chose :

     

    - Vous avez parlé du Sénat de Megalomesembria … pourtant, vous en faites partie, non ?

    - En fait, nous n'avez rien à voir avec ce qu'il s'est passé au village de Negi, si ? devina Kazumi.

    - Qui sait ?

     

    Mais Kazumi avait raison, comme le découvrit Nodoka. Lya crut enfin comprendre le gouverneur. C'était un plan extrêmement dangereux, mais plutôt bien pensé. Avec la première projection, Gödel avait attisé la haine de Negi envers le Sénat, l'avait provoqué, inlassablement. Puis lui avait proposé de s'allier en lui désignant le Sénat comme un ennemi commun.

    Soudain, le décor changea à nouveau. Il représentait un bâtiment flottant dans le ciel, un bâtiment qu'Haruna avait déjà repéré dans les ruines d'Ostia : le palais des gardiens du tombeau. Celui-ci était parcouru d'explosions. Il y eut comme un zoom, et ils virent le magicien du commencement, une espèce de silhouette encapuchonnée, combattu par Nagi.

     

    - Je me doutais que ce ne serait pas facile, j'ai donc préparé ce petit film à votre intention. Il a toute les chances de vous intéresser, tous les deux, annonça-t-il à Negi et Lya.

     

    Nagi avait beaucoup de difficultés. Le magicien du commencement ne semblait pas faiblir, mais il n'avait pas l'air de pouvoir répliquer correctement non plus. Il se contentait de parler, de pointer la faiblesse des humains et de parler du seul salut des âmes selon lui. Nagi, lui, hurlait et lui ordonnait de se taire.

     

    - Ne … sous-estime pas … les êtres humains !!! s'époumona Thousand Master en projetant sa lance de foudre.

     

    Le sort toucha sa cible avec célérité et force, et le magicien du commencement se dissipa dans un ultime éclair.

     

    Le paysage changea. Il montra la vaste terrasse sur laquelle attendait l'ala alba en ce moment-même. Nagi y observait la ville d'Ostia en liesse. Cela devait se passer quelques heures à peine après son combat, car il lui restait une légère blessure au coin de l’œil gauche. Arica s'approcha derrière lui. La princesse semblait soucieuse … pourtant la paix était revenue. Nagi commença à lui faire la discussion, en riant, mais elle ne répondait pas, ne faisant que l'écouter. Puis elle l'interrompit.

    Et fit quelque chose qui surprit Nagi, autant que les jeunes qui assistaient au film. Elle l'étreignit par derrière, elle la princesse froide et distante qui érigeait sans cesse des barrières autour de son cœur.

     

    - Nagi, je t'en prie … murmura-t-elle, une larme discrète coulant le long de sa joue. Reste encore un peu auprès de moi …

     

    Comme à son habitude, Nagi tourna la situation en dérision, espérant la faire sourire, mais la tentative était vouée à l'échec. Au contraire, la princesse se renferma sur elle-même.

     

    - Fais comme si je n'avais rien dit. Je ne peux plus me laisser aller maintenant. Je vivrai seule.

    - … Hein ? Eh ! Princesse !

    - Je ne suis plus une princesse.

    - Attends, princesse !

    - Ne te l'ai-je pas dit ? Je suis la reine de Vespertatia, maintenant.

     


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