•  

    C'était un beau début d'après-midi d'été. Le soleil, bien haut dans le ciel, diffusait sa chaleur apaisante, adoucie par la brise, et les grillons crissaient, produisant une agréable musique. Sur les hauteurs de Mahora, à l'écart de l'académie vidée par les vacances d'été, se dressait le cimetière de la ville. Encadré par la verdure, rien ne venait perturber la paix et le silence sacré qui y régnait.

    Pensif, un homme se tenait devant l'une des tombes.

     

    - Yo, Akashi !

     

    Le professeur leva la tête vers le collègue qui le hélait amicalement. Affublé des lunettes de soleil qui ne le quittaient jamais, une barbe soigneusement entretenue mangeant le bas son visage, et habillé de son habituel complet noir, un magicien de Mahora le rejoignit pour discuter.

     

    - Tiens, Kataragi ...

    - Déjà dix ans, hein , murmura Kataragi. Yûna a beaucoup grandi depuis. J'ai pu voir à quel point elle s'est investie lors du festival. Son entrain, elle l'a hérité de Yûko, sans aucun doute. Enfin, tu n'es pas tranquille, n'est-ce pas ?

    - Quand je vois ce qu'il se passe en ce moment au monde magique, répondit le professeur Akashi, je me dis que lui apprendre la magie aurait été une meilleure idée. Avec l'état des ports-portails, impossible de connaître la situation ... En plus, lorsque les deux mondes sont séparés, l'écart temporel se creuse. Ici, cela fait deux semaines qu'ils sont partis, mais là-bas, c'est certainement deux mois ou plus qui se sont écoulés. Tout peut arriver dans ce laps de temps.

    - Ne t'inquiète pas, le rassura son ami. Même si elle n'a pas appris la magie, Yûna reste ta fille. Elle est plus vaillante que tu ne l'imagines ... Et Negi, Setsuna, Yoru et les autres y sont aussi. Ça ira.

    - Je l'espère.

     

    Soudain, la sonnerie de son portable sonna, coupant court à la conversation. Le professeur Akashi le sortit de sa poche, curieux : un appel du directeur ? Il décrocha immédiatement.

     

    - Kataragi ! C'est une urgence, s'exclama-t-il après quelques secondes, son regard se faisant inquiet au fur et à mesure que le directeur parlait. On rassemble tout le monde au bureau !

     

    Les deux magiciens décollèrent, Akashi sur son balais, alors que son ami lévitait. Sur le chemin, le directeur donna quelques détails.

     

    - L'Arbre-Monde ?! Il émet de la lumière ?! Impossible ! Son prochain scintillement doit avoir lieu dans vingt-deux ans ! s'écria Akashi, incrédule.

     

    Ils s'arrêtèrent tout à coup devant l'arbre en question, stupéfaits. Le site sacré irradiait de la magie, et avec une telle puissance ! Même les non-magiciens sauraient le voir, dès la nuit tombée !

    Le directeur avait une explication, une seule : il devait se passer quelque chose de l'autre côté, au monde magique. À l'ancienne Ostia.

     

    - Impossible ... Le portail qui relie les souterrains de Mahora et Ostia est scellé, inutilisable !

     

    Mais s'il avait été abandonné, il n'avait pas été détruit …

    Quelques minutes plus tard, l'intégralité des magiciens restés à Mahora était rassemblée dans le grand bureau de leur supérieurs.

     

    - Bien ! Personne ici ne l'ignore, les onze ports-portails du Monde magique ont été victimes d'attentats ! Depuis deux semaines, nous n'avons pu établir aucun contact avec l'autre côté. Nous ignorons tout de ce qu'il se passe … Mais le scintillement anormal de l'Arbre-Monde nous oblige à penser que les survivants de Cosmo Entelecheia sont derrière tout cela ! exposa le vieux magicien d'une voix forte.

    - Les ennemis de Thousand Master … murmura une voix.

    - Le monde parfait …

    - Monsieur le directeur, intervint Gandolfini, un magicien à la peau mate. Êtes-vous certain de cela ? Takahata et ses collègues étaient censés nous en avoir débarrassés il y a dix ans.

    - Les faits sont là, répliqua Konoemon Konoe. Nous aurions dû nous méfier. Nous pensions que les attentats visaient à isoler les deux mondes … Mais ils voulaient certainement mettre la main sur une quantité aberrante de magie !

     

    Effectivement, en détruisant les autres ports-portails, il devait être capable de rediriger toute la magie qu'ils contenaient vers le dernier des passages, celui que la plupart des administrations croyaient condamné, voire irrécupérable, et qui se trouvait à Ostia. Lequel était, manque de chance, relié aux souterrains de Mahora !

     

    - Ils ne peuvent avoir qu'une raison d'agir ainsi : reproduire les événements d'il y a vingt ans. S'ils y parvenaient, qui sait ce qu'il arriverait au campus via le portail … Nous devons nous préparer au pire. Il faut éviter d'être mêlé aux conflits du Monde magique ! Examinons toutes les possibilités, et préparons-nous au combat ! Nijûin, tu dirigeras une équipe d'investigation dans les sous-sols de l'Île Bibliothèque ! Akashi, prépare-toi à évacuer les habitants s'il le faut ! N'importe quel prétexte ira ! Gandolfini, tu contacteras les organisations magiques de chaque pays ! Tôko, explique la situation le plus clairement possible à l'association magique du Kansai !

    - Compris !

     

    Les magiciens se dispersèrent immédiatement pour remplir leurs missions respectives.

     

    - Mais si nos ennemis sont bien de Cosmo Entelecheia … murmura Gandolfini.

    - C'est un problème, continua pour lui Seruhiko d'une voix grave. Takahata n'est pas là, et sans lui, notre potentiel militaire s'effondre …

     

     

    ***

     

     

    Pendant ce temps, en Angleterre, Ayaka, soucieuse, épluchait quelques dossiers. Elle les avait faits pour Asuna et Negi avant de partir : toutes les informations accessibles aux non-magiciens sur Nagi Springlfield et sa disparition y étaient rassemblées. Évidemment, elle ignorait la véritable identité de Negi et son père, mais elle commençait à se douter de quelque chose. Certains détails ne tournaient pas rond, notamment des histoire d'astronomie et de Mars …

    Elle fut interrompue par Sakurako, qui lui tendait un téléphone : un appel du Japon, d'Evanveline plus précisément. Il était difficile d'imaginer sa taciturne camarade l'appeler, mais elle prit immédiatement l'appel.

     

    - Eh bien, Evangeline, que me vaut cet appel ? Pardon ? Rentrer ? Mais … monsieur Negi et la moitié de la classe sont partis il y a deux semaines et ne sont toujours pas revenus …

     

    Evangeline répondit immédiatement que le jeune professeur et ses camarades rentreraient directement au Japon. Inutile de les attendre.

    Ayaka renonça à comprendre ce mystère et accepta de rentrer immédiatement.

     

     

    ***

     

     

    C'était un endroit sombre. Parcouru de volutes de fumée noire, il était empli de sentiments négatifs. De haine. De bestialité.

    Negi soupira, presque malgré lui. Combien de fois s'était-il retrouvé ici, dans les abîmes de sa conscience, depuis le début de cet entraînement ? Il devait maîtriser la bête. Se laisser enfermer ici n'était pas une option. Il se concentra, sur son corps, sur ses sensations. Il avait déjà réussi à sortir de lui-même une ou deux fois. Il y arriverait encore cette fois-ci ! Mais ce n'était pas suffisant. Il devait contrôler son corps, dominer la magia erebea.

    Il n'avait pas le droit d'échouer. Une lueur apparut, lentement. Sans hésitation, il avança d'un pas décidé et s'en saisit fermement. Aussitôt, tout s'éclaira. Un peu.

    Negi était sorti. Mais il ne contrôlait pas plus son corps.

    Seulement, il n'avait plus le temps. C'était le dernier entraînement, les six dernières heures. Après, hors de la diorama, le Great Paru serait arrivé à niveau de la perturbation magique qui entourait le port-portail d'Ostia.

    Il se concentra encore. Il ne pouvait pas laisser passer cette dernière chance. Makie, Yûna, Akira et Ako, ses chères élèves et amies, avaient tout fait pour le sortir de ses ténèbres. Elles avaient fait plus que leur part. Il ne pouvait pas laisser leurs efforts être vains.

    Car, oui, pendant quatre jours, elles s'étaient relayées auprès de lui. Et elles avaient fait bien plus que le veiller. L'une après l'autre, pendant les trois soirs de son entraînement, elles étaient allées jusqu'au pactio, sauf Akira qui n'en avait pas eu l'occasion. D'abord, ce fut Ako, qui avait surpassé le fait que le Nagi qu'elle connaissait et aimait n'était qu'une illusion, Negi sous sa forme adolescente. Puis, ce fut le tour de Yûna, et enfin, Makie. Il avait d'ailleurs appris, avec beaucoup de surprise, que Makie l'aimait, bien plus sincèrement que ce que présageaient ses airs juvéniles.

    Voilà pourquoi il ne pouvait pas abandonner. Au fur et à mesure, les paroles de ses camarades lui revinrent à l'esprit comme pour l'encourager.

    Il avait beau avoir parfois honte de son côté sombre, il avait foi en les paroles de Satsuki. « Cela n'en reste pas moins votre force », lui avait-elle dit un jour.

    Même s'il était traîné dans la boue, il devait toujours aller de l'avant. C'était l'enseignement d'Evangeline, celle-là même qui le combattait pour lui permettre de trouver la réponse à son problème.

    Ne pas regarder en arrière. Rakan avait raison.

    Ako elle-même, pleine de confiance, lui avait déclaré ceci : « Si tu es la personne que j'ai adorée … tu seras capable de tout ! Et surtout de rester toi-même ! ». La jeune fille le rassurait, alors qu'elle-même venait de découvrir que son amour était une illusion, une forme d'emprunt de Negi. Oui, il devait avoir confiance. Et s'il n'était pas le héros qu'il aspirait à être … il n'avait qu'à le devenir. Dès maintenant. C'était ce que Makie lui avait dit, après leur pactio.

    « Deviens celui que tu dois être ». Une douce chaleur envahit Negi. Jamais il n'oublierait la voix de son père.

     

    Evangeline frappa le monstre de sa lame de glace, l'ensis exequens. Cependant, contrairement à ce qu'elle imaginait, il ne s'effondra pas. Il fit demi-tour d'un seul mouvement, arma sa patte griffue de la même lame, et fondit sur la vampire avec un regard décidé.

    Un regard humain, dénué de folie. Le petit s'était entièrement éveillé.

    Une énorme explosion eut lieu.

    Lorsque la poussière se dissipa, les deux combattants s'étaient arrêtés. Le démon était touché à la main, empalée par la lame de la vampire. Evangeline, elle, était touchée à l'abdomen. Une première.

     

    - Bravo, petit … Mais c'est très inachevé. Tu as encore à faire, et on peut croire que la magia erebea peut reprendre le contrôle à tout moment.

    - Je sais, reconnut Negi. Visiblement, je ne peux pas le contrôler seul. Donc j'irai de l'avant. Je sais qu'au moment venu je pourrai compter sur mes amis. L'ala alba trouvera certainement une solution pour m'aider !

     

    Evangeline éclata de rire, surprise que son disciple ait enfin décidé de ne plus tout porter sur ses épaules.

     

    - Aniki, ça s'appelle se décharger sur les autres, commenta Camo, qui observait avec Chisame de loin.

     

    Negi continua sur sa lancée :

     

    - Et puis, même si mon organisme finissait par se modifier pour de vrai, ce ne serait pas une si mauvaise chose. Je vous ressemblerais, maître, non ? Après tout, je vous apprécie beaucoup, continua-t-il en toute innocence sans se douter de ce qu'il disait.

     

    La copie d'Evangeline rougit soudainement, avant d'invoquer à nouveau son ensis exsequens. Et elle se lança à l'attaque de Negi, en hurlant :

     

    - Tu es quatre cent ans trop jeune pour prononcer ces paroles !!! Ne t'avise pas de répéter ça à la vraie moi !!

     

     

    ***

     

     

    Lya sentit le vent jouer avec ses cheveux, mais pour une fois elle n'en tira aucune sensation de bien-être. Elle était trop inquiète pour Negi pour ressentir ce genre de choses.

    Assis sur un tronc d'arbre à côté d'elle, conscient de l'état de sa dulcinée, Yoru l'attira contre lui. Il passa sa main dans ses mèches dorées, geste qui avait pour habitude de la calmer. Il fut très frustré de voir que pour une fois, cela ne fonctionnait pas vraiment !

    Soudain, Lya se redressa vivement, un grand sourire étalé sur le visage. Elle attrapa sa carte de pactio et la porta à son front avec empressement.

     

    - C'est vrai, Chisame ?! s'exclama la jeune fille d'une voix enjouée. Tu es sérieuse ?

     

    Elle marqua un temps d'arrêt, surprise, avant de reprendre en pouffant :

     

    - Après réflexion, ça ne m'étonne pas de sa part ! … Pardon ? … Euh … D'accord … Oui, moi aussi je suis curieuse de voir ça ! Mais bon, c'est du Negi tout craché, ça. Oui, à tout à l'heure. On sort dans une demi-heure ? C'est noté, on sera là à temps.

     

    Elle fit disparaître sa carte avant de prendre la main de Yoru en souriant, et de lui expliquer que Chisame l'avait appelée par télépathie, avec leurs cartes de pactio.

     

    - Negi a vaincu la magia erebea, apparemment. Ou du moins, il a réussi à retrouver le contrôle une fois, ce qui laisse présager qu'il peut s'en sortir correctement. Pour la petite histoire, raconta-t-elle en riant, Negi vient de se faire attaquer par Evangeline parce qu'il a dit qu'il l'appréciait beaucoup, je vais finir par croire que notre vampire préférée en pince pour lui mais refuse de l'admettre !

    - Et ce qui t'a surprise à la fin ? demanda Yoru, curieux.

    - Ah, ça ! Negi a dit qu'il voulait devenir ami avec Fate. Étonnant, hein ! Le pire c'est que si ça arrive, finalement, je ne serais pas si étonnée que ça. Negi a un don pour attirer les autres et les rallier à sa cause.

     

    Yoru la dévisagea d'un regard ahuri, avant d'éclater de rire.

     

    - Oui, effectivement, j'ai hâte de voir ça !

     

    Il jeta un regard au ciel, pensif, puis reprit :

     

    - Dis, maintenant qu'on est rassurés pour Negi, je voulais te poser une question …

    - Mmh ?

    - Tu sais, pour cette histoire de voyage dans le temps, je suis curieux de savoir comment tu as deviné, en fait.

    - Oh, tu sais, j'avais pas mal d'indices, répondit Lya. En fait, j'aurais peut-être dû le voir venir plus tôt. Déjà, Arianna paraît toujours plus jeune qu'elle n'aurait dû l'être dans mes visions. Ensuite, il y a eu mes visions avec Alsia et ce tunnel de lumière. Aussi, on a la naissance de Xyn. Si j'étais vraiment née il y a quatorze ans, elle serait née à mes quatre ans et j'aurais forcément eu des souvenirs d'elle. Et bien sûr, ce que j'ai lu sur la magie du temps.

    - C'est tout ? s'étonna Yoru d'un air dubitatif. Je ne vois pas trop de quoi penser à un voyage dans le temps …

    - Non, il y a trois autres choses. Tu te souviens de la projection de Nagi créée par Albireo, au tournoi de Mahora ? Il m'a dit que mes parents étaient, je cite, sûrement encore en vie. Pourtant cette projection datait d'il y a dix ans, et si mes parents et moi nous étions séparés il y a seulement six ans, alors il n'y aurait eu aucun moyen pour qu'il soit au courant. Ensuite, le souvenir de Sayo. Tu te souviens ? Elle m'avait vue il y a dix ans, à Mahora, sauf que j'avais l'air d'une petite fille de huit ans. Ce n'était pas une erreur de sa part comme nous le croyions ! Même si j'aimerais bien savoir ce que je faisais à Mahora.

    - Et la dernière chose ?

    - Toi, déclara l'élémentale d'un ton affectueux. Avant le bal, j'ai eu une vision de quand j'avais trois ans. Mes parents revenaient d'un raid contre Cosmo Entelecheia, même si à l'époque j'étais trop petite pour le comprendre. Ils avaient ramené avec eux un tout petit nouveau-né, et disaient que malgré la réalité, qui faisait que la majorité des habitants de ce monde étaient illusoires, ils avaient encore espoir, pour ce monde comme pour cet enfant. Yoru, ça s'est passé il y a quinze ans, et c'est exactement ton âge. Je suis certaine que ce bébé, c'était toi ! Ça a achevé de me convaincre.

    - Wow, quand j'y pense, ça fait bizarre de me dire qu'en vérité tu es censée avoir trois ans de plus que moi ! s'exclama Yoru en riant.

     

    Lya éclata de rire et posa sa tête contre l'épaule de Yoru.

     

    - Raté, je suis la plus jeune.

     

    Ils restèrent un petit moment, comme cela, à discuter. Lya lui parla de sa mère et de son pouvoir, mais très vite la conversation dériva. Tous deux, pour les quelques minutes qui leur restaient, voulaient parler de tout et de rien, comme les adolescents qu'ils étaient, avec une insouciance qu'ils regrettaient un peu.

    Yoru regarda sa montre avec un soupir résigné.

     

    - C'est l'heure, on doit sortir …

     

    Ils se levèrent et se dirigèrent vers le cercle de téléportation, désormais inquiets et graves. La contre-attaque allait commencer.

     

    Illonya les regarda partir, de loin. Il abordaient une mine grave mais déterminée. Comment faisaient-ils ? Elle-même était terrorisée, par sa malédiction comme par Cosmo Entelecheia.

    À peine eut-elle cette pensée qu'elle secoua la tête comme pour la chasser, fermant son poing tremblant. Inspirée par Arianna et Lya, elle avait dépoussiéré de vieilles techniques offensives de longue distance qu'elle avait remaniées et mêlées, s'entraînant sans relâche depuis la rencontre de l'ala alba avec Theodora. Comme Lya, elle avait ajouté une nouvelle approche à sa façon de combattre.

    Elle réussirait à tirer son épingle du jeu, elle serait utile à ses camarades. Et seulement lorsque tout serait fini pour elle, elle disparaîtrait. Avant que la prophétie ne se réalise.


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    La bête s'esquiva, harcelée par cet être puissant qui s'entêtait à le geler, un être qui lui ressemblait, étrangement. S'enfonça dans la forêt, vers l'intérieur des terres. Il se sentait mieux dans cette forêt. C'était un parfait territoire de chasse.

    Il tendit l'oreille, et avisa quatre créatures qui marchaient dans la forêt. Des ennemis ? Il n'avait plus qu'à les abattre, avant que l'autre démone, ou quelle créature que ce soit, ne revienne.

     

     

    ***

     

     

    - Il se déplace, constata Lya, inquiète. Il va vers la forêt.

    - Tu le sens aussi ? s'enquit Kaede, tout aussi perturbée.

     

    Kaede n'était pas très étonnée. Sa petite protégée avait bien grandi et progressé, comme le petit Negi …

     

    - Il vaudrait mieux le suivre, avança Setsuna. De loin, au cas où. Lya, Yoru et Xyn pourraient bien ne pas être les seuls à avoir eu l'idée de s'entraîner ici.

     

    Le petit groupe se dirigea vers la forêt en question. Le démon ne cachait pas du tout son écrasante aura, et cela le rendait plutôt facile à tracer.

     

     

    ***

     

     

    - Negiiii ! appela Makie, aussitôt relayée par Yûna.

     

    Les deux jeunes filles s'étaient mis en tête de trouver le garçon, avec Akira et Ako, ignorant tout de la situation.

     

    - Dîtes, c'est pas un peu dangereux, ici ? s'inquiétait Ako.

    - Bof, tu sais, Negi est ici, Setsuna et Kaede aussi … on ne risque rien, répondit Yûna.

     

    Elle ignorait justement que Negi était le danger principal … à peine eut-elle terminé sa phrase qu'une explosion retentit juste à côté d'elles, et qu'un démon noir apparut, l'air furieux ! Il ressemblait vaguement à Negi, et il ne leur fallut que quelques secondes pour comprendre l'identité de leur agresseur.

    Il bondit vers la proie la plus proche, Ako.

     

    - Ako ! hurla Yûna d'une voix paniquée.

     

    Yûna ferma les yeux en tremblant, impuissante. Elle n'avait aucun moyen d'arrêter la bête qui s'apprêtait à tuer son amie !

    Ako ne put rien faire pour se protéger, mais elle n'en avait pas besoin. Comme par miracle, le démon s'arrêta de lui-même, ses griffes à quelques centimètres du visage de la future infirmière. Cette dernière tremblait comme une feuille, mais elle n'avait rien … Le démon, maintenant, semblait en proie à la confusion. Sa part humaine, Negi, devait tout faire pour le retenir, mais le démon était bien trop fort pour être submergé. Seule la crainte de perdre Ako avait pu permettre à Negi de contrôler son corps, l'espace d'un instant.

    Un cercle de magie apparut sous lui.

     

    - Hin … Ako Izumi, éloigne-toi, ordonna la voix d'Evangeline.

     

    La vampire claqua des doigts. Aussitôt, les griffes de Negi se mirent à geler, et bientôt, ce fut tout son corps qui fut emprisonné par la glace, dans un énorme pilier.

     

    - Petit, c'est fini pour aujourd'hui, annonça-t-elle. Il te reste peu de temps … Tu dois trouver ta réponse …

    - Evangeline, combien de temps lui reste-t-il ?

     

    La vampire se tourna vers l'origine de la voix : Lya, qui suivait Kaede et Setsuna, et accompagnée de sa sœur et de son partenaire.

     

    - Trois jours. Pas plus. Après, il sera irrécupérable pour de bon, et de toute façon vous serez arrivés à destination.

     

    À l'intérieur du pilier de glace, le démon reprit lentement forme humaine. Sa queue disparut, en même temps que les sinistre volutes noires qui s'échappaient de son corps. Mais sa peau resta d'un sombre malsain, ses griffes ne laissèrent pas la place à ses ongles humains, et ses cheveux, qui s'allongeaient quand la magie du chaos prenait le contrôle, ne raccourcirent pas, signe que la conscience de Negi était toujours aussi affaiblie face à la magia erebea.

    Makie et ses trois meilleures amies le ramenèrent au bâtiment principal pour qu'il se repose, accompagnées par Evangeline et Lya. Cette dernière avait dit devoir parler à la vampire, et avait laissé Kaede et les autres s'entraîner seuls.

    Negi semblait très affaibli. Il ne reprit pas conscience, et l'intoxication magique semblait s'étendre encore et encore. Pourtant, ce fut Makie qui trouva une solution, du moins temporaire. Elle s'assit à côté de lui pour le veiller, et, sans aucune crainte, posa les mains sur celle, griffue, de Negi.

    Lya écarquilla les yeux, ahurie. En quelques secondes, les griffes avaient disparu, et sa peau retrouvait sa couleur normale ! Voyant cela, Evangeline leur permit de s'occuper de Negi, en précisant que l'entraînement reprendrait le lendemain matin à quatre heure et demi.

     

    - Et toi, qu'est-ce que tu veux ? demanda Evangeline de son ton « amical », avisant Lya qui ne rejoignait pas les quatre filles.

    - Te poser une ou deux questions. C'est important, ça concerne nos prochains combats.

     

    La vampire haussa les épaules et l'invita à la suivre avec sa « gentillesse » habituelle. Elles s'assirent dans une pièce plus loin.

     

    - Alors ?

    - C'est à propos de ma mère.

     

    Evangeline lui jeta un regard agacé, du genre « accouche, j'ai pas qu'ça à faire », et Lya passa la vitesse supérieure.

     

    - Elle possède un pouvoir étrange, non ? Pouvoir qu'elle utilisé pour ralentir le danger qui menaçait le monde vingt ans auparavant, en risquant sa vie. Qu'est-ce que c'était?

    - L'anti-réécriture.

    - Pardon ?

    - L'anti-réécriture, répéta la vampire comme si son interlocutrice était sourde.

    - Mais encore ?

    - Tu as intérêt à écouter, parce que je n'ai pas l'intention de me répéter.

     

    Lya acquiesça vivement, ignorant la mauvaise humeur de la vampire.

     

    - La magie que nous utilisons vient de la magie du Créateur, la forme la plus ancienne de magie. Cette forme ancienne, la Loi du Créateur, est la seule à pouvoir rivaliser avec l'anti-magie d'Asuna Kagurazaka. Logique, c'est le Créateur qui est à l'origine de cette lignée et qui a créé ce pouvoir. Sa forme la plus puissance est la Réécriture, la cérémonie qui permettra à Cosmo Entelecheia de faire disparaître tout ce qui a été créé par le Créateur si rien n'est fait. Mais il y a soixante ans, Cosmo Entelecheia a tenté de détruire ce monde, même si Hel les en a empêché avant de continuer ses massacres.

    - Hel ? répéta Lya, étonnée. Qui est-ce ?

    - Trop long et pas intéressant pour toi. Tu demanderas à ton amie Illonya si tu veux le savoir, répliqua la vampire, pas dupe du comportement de la norvégienne. Bref, il y a une trentaine d'années, en prévision d'une nouvelle attaque, la royauté de Vespertatia a décidé de créer une nouvelle magie.

    - C'est possible ?

    - Avec beaucoup d'expériences, et de solides appuis, visiblement. Tu as fini de m'interrompre ?

    - Désolée, s'excusa Lya d'un ton désabusé. Vas-y, je t'écoute …

    - Il s'agit de l'anti-réécriture. Elle est « ancrée » à un objet, comme ma magia erebea avec mon parchemin. Ta mère a été choisie, dès la fin de l'élaboration, pour la maîtriser, d'après ses compétences et sa fidélité envers la lignée Vesperina.

    - Et cet objet, où est-il ?

    - L'écrin de l'anti-réécriture se trouve dans un petit bâtiment non loin du palais des gardiens du tombeau. Mais il faut un membre de la lignée royale pour l'activer. Peut-être que le petit fera l'affaire. S'il revient de son entraînement. Pourquoi ?

    - Nous n'avons plus ma mère avec nous. Si cette chose, la cérémonie de Réécriture, devait s'enclencher …

    - Il vous faudra faire sans, répliqua Evangeline, impitoyable. Ce pouvoir s'intègre entièrement au corps de la personne choisie, c'est comme ta magie d'élémentale. Tu as dû attendre que les pierres soient entièrement intégrées sous ta peau. L'écrin met du temps à intégrer cette magie au porteur, quelques jours.

     

    Lya reçut cette phrase comme un coup de poing. Elle avait pensé que Negi pourrait obtenir ce pouvoir, et utiliser la quantité de magie dont il disposait avec la magia erebea pour ne pas manquer d'énergie, mais son plan tombait à l'eau.

     

    - La seule solution serait d'utiliser directement l'écrin. Mais il est impossible de dire s'il résistera à la cérémonie.

     

     

    ***

     

     

    Quelques minutes plus tard, Lya se dirigea vers la plage, maussade. En gros, il faudrait régler l'affaire avant que Cosmo Entelecheia n'active la cérémonie et fasse apparaître cette étrange boule de lumière blanche qui détruirait le monde … Malheureusement, vu la masse d'énergie qui se déployait dehors, autour du palais des gardiens du tombeau, ils s'apprêtaient certainement à le faire. Jamais l'ala alba ne pourrait arriver avant. Il faudrait trouver un moyen de l'interrompre …

     

    - Et bien, tu as l'air déprimée, miss Lya ! s'exclama soudain une voix trop connue. Tu veux faire un pactio, toi aussi ? Je peux t'en arranger un avec Kotaro, si tu veux !

     

    Elle avisa, d'un air désolé, Camo qui se tenait sur l'épaule de Chisame. Enfin, qui s'y tenait avant que la rousse ne le jette par terre, la patience à bout. Derrière eux, Makie, Yûna et Akira, qui avait visiblement quitté leur « poste » pour un temps pouffaient très peu discrètement, et Mei et Takane les avait rejoints.

     

    - Camo, tais-toi veux-tu ! râla la jeune fille. Surtout que je n'ai aucune intention de me faire étriper par Natsumi, ça crève les yeux, elle est dingue de lui et tu le sais très bien.

    - Vraiment, tu es sûre ?

    - Tu veux passer par une fenêtre, peut-être ?

    - Il n'y en a pas ici, on est sur la plage.

    - On peut s'arranger, gronda Lya en faisant mine de le menacer.

    - Mais tu sais, en parlant de pactio, reprit Camo, miss Natsumi en a passé un avec Kotarô, justement ! Setsuna avec Konoka, mais tu dois déjà le savoir, et les miss Kû et Chachamaru avec Negi ! Alors ne te gêne pas !

     

    Il arborait son sourire spécial je-suis-un-pervers-et-un-obsédé-de-pactio-quel-est-le-problème, ce qui avait le don d'énerver Lya.

     

    - Quand ça ?!

    - Pendant le bal, répondit Makie à la place de l'hermine. Enfin, à part Konoka et Setsuna qui l'ont fait avant, je crois.

     

    Camo jeta un regard narquois à Lya et reprit la parole :

     

    - Ah, j'ai trouvé le problème ! J'aurais dû m'en douter, il n'y a qu'une personne avec laquelle tu veux passer un pactio … les filles, on devrait aller chercher Yoru !

     

    Au tour de Lya de se parer d'un sourire narquois. Voire triomphant.

     

    - Oh ? Tu ne le savais pas ? fit-elle d'une voix faussement étonnée. Yoru est déjà mon minister magi !

    - Quoi ?! manqua s'étouffer Camo. Et comment ?

    - Heureuse de voir que tu as oublié l'existence de Kyura !

     

    Camo parut l'air dépité sur le coup, ce qui fit rire le groupe aux éclats. Lya, toute coincée qu'elle était sur ce genre de sujets, avait rarement le dessus sur Camo !

     

    - Bref, fit Takane, que cette conversation avait l'air de lasser, pourquoi aviez-vous l'air si défaitiste tout à l'heure ?

     

    Lya soupira, pour ce qui devait être, au bas mot, la cinquante-troisième fois de la soirée. Takane pouvait être si distante ! Elle qui n'aimait pas le vouvoiement de la part de ses équipiers, c'était mal parti …

     

    - Rien, je pensais juste que lutter contre Cosmo Entelecheia s’avérerait difficile.

    - Ce n'est pas nouveau.

    - Je sais, soupira Lya. Mais ça m'use à force.

    - Justement, Lya, en parlant d'usure …

     

    Lya se tourna vers Yûna, curieuse. Son amie, toujours optimiste d'habitude, semblait un peu inquiète.

     

    - Negi n'en fait-il pas trop ? Même moi qui ne connais pas bien ce monde, je me rends bien compte qu'il fait trop d'efforts.

    - Il faut dire qu'avec un tel objectif, renchérit Chisame, il y a forcément un prix à payer. Il a tout de même choisi de suivre les pas d'un père qui a sauvé le monde !

    - Effectivement, répondit Lya. Mais si c'est son choix, on peut difficilement l'arrêter.

    - Il devrait faire attention … et toi aussi.

     

    Lya la dévisagea un instant, perturbée.

     

    - Pardon ? Que je sache, je n'ai pas un but aussi noble, plaisanta la jeune magicienne. Si je veux l'aider, c'est aussi parce que je veux protéger ce que j'aime, à savoir les montagnes où j'ai passé mon enfance, et ceux qui ont pris soin de nous tous pendant le voyage.

    - Tu as oublié ce que tu nous a dit quand Kaede a parlé de rentrer, parce que nous ne pouvions peut-être rien faire ?

     

    Lya soupira. Effectivement, elle avait dû dire quelque chose dans le genre …

     

    - C'est plus subjectif que tu ne le crois, se défendit-elle.

    - Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

    - Je l'ignore encore, soupira l'élémentale. J'ai simplement l'impression … que quelque chose m'appelle, depuis quelques heures. Mais je ne comprends pas.

    - Le devoir des magister magi ? essaya Takane, qui admirait ce genre de choses.

    - Je ne pense pas, réfuta Lya avec un pauvre sourire. J'espère que je le comprendrai bientôt.

    - Quelque soit la raison, je pense que vous en faites trop. Surtout Negi, affirma Yûna.

    - Moi, je l'admire, répliqua Takane. Se consacrer à faire le bien, en sacrifiant sa propre vie, c'est ce qui permet de distinguer les véritables magister magi. Il me semble d'ailleurs que c'est le cas de vos parents, Yûna Akashi.

     

    Un silence stupéfait s'abattit immédiatement sur la plage. C'était bien connu, Yûna faisait partie la petite moitié « normale » de la 3-A. Elle n'avait rien à voir avec la magie, et ne s'était retrouvée dans ce monde que par curiosité, comme Ako, Akira, Makie et Natsumi. Elles avaient juste suivi Negi. Alors pourquoi la manieuse d'ombres désignait-elle ses parents comme des magister magi ?

     

    - Un instant, Takane ?! s'exclama Chisame. Qu'est-ce que tu viens de dire, là ?!

     

    Ah, oui … Chisame était très ancrée à sa « réalité », aimait le « normal », ce que Lya avait tendance à oublier. En même temps, le génie de l'informatique n'avait pas vraiment choisi le bon voyage pour ça. Mais bon, elle avait bien failli ne pas venir, aussi.

     

    - Vous avez très bien entendu, reprit Takane, impitoyable. Yûna Akashi, vos parents sont des magiciens.

    - Gr... grande sœur1 ! Monsieur Akashi nous a demandé ne pas en parler !

    - J'en prends la responsabilité. Maintenant qu'on en est là, il pourrait être dangereux pour elle de ne pas connaître la vérité.

    - Attends, attends ! s'exclama Chisame, au bord de la panique. Akashi et les autres du club de sport sont censées être normales ! C'est très précieux dans une classe avec autant de dingues ! C'est la seule chose qui me permet de tenir face à ces...

    - C'est la vérité, l'interrompit Takane.

    - Au passage, très heureuse d'être dingue … marmonna Lya, faussement vexée.

    - Nous autres les magiciens, continua la manieuse d'ombres sur sa lancée, avons fondé l'école Mahora. Est-il vraiment étonnant qu'elle compte des magiciens parmi ses professeurs et élèves ? Votre père semble juste vous l'avoir caché pour votre bien.

     

    Akira jeta un coup d’œil inquiet à Yûna. Comment son amie allait-elle réagir ?

     

    - Bah, je m'en doutais en fait, lança la jeune fille avec un clin d'oeil. C'est logique, quand on y pense. Mademoiselle Donet McGuinness, l'amie de mon père, nous a conduits dans ce monde. Je ne suis pas très futée mais quand même !

    - Dis donc, tu prends ça bien, commenta Chisame, impressionnée.

    - Ouais, je devrais prendre des cours avec toi, confirma Lya d'un ton blasé.

     

    Yûna éclata de rire, et demanda immédiatement une baguette à Takane, qui lui en fournit une. La jeune basketteuse inspira longuement.

     

    - Practe bigi nar … Ardescat.

     

    Une flamme apparut immédiatement. Yûna, sourit d'un air enjoué, sereine. Faisant appel à sa magie longtemps enfouie en elle, elle avait l'impression de sentir la présence de sa mère derrière elle, qui veillait affectueusement sur sa fille. Elle renouait avec ses origines, origines qu'elle n'avait jamais connues. D'un côté, elle comprenait ce que ressentait Lya, maintenant que celle-ci retrouvait une voie qu'elle n'aurait jamais dû quitter, et qu'elle l'arpentait avec toujours plus d'ardeur et de soif d'appendre.

     

    - Super, Yûna ! s'exclama Akira, admirative.

    - Bah, ce genre de sorts, Makie en est capable aussi … En tout cas … tout concorde maintenant. Takane, puis-je vous poser une question ? On m'a dit que ma mère est morte dans un accident à l'étranger quand j'avais cinq ans. Cette information, est-elle fausse aussi ?

    - Ha, la bonne vieille excuse de l'accident … marmonna Lya en levant les yeux au ciel.

     

    Takane ne répondit pas immédiatement. Elle devait peser le pour et le contre, car comme le reste, elle n'avait peut-être pas le droit de répondre.

     

    - S'il-vous-plaît, crut bon d'ajouter Yûna en inclinant le buste brièvement. Je suis prête à faire face.

    - D'accord. Normalement, je ne devrais pas répondre, mais au vu de la situation, il pourrait être dangereux de ne pas connaître la vérité. J'ai cru comprendre que votre mère, Yûko Akashi, est morte lors d'une mission pour le gouvernement. Il est probable que cela ait un rapport avec nos problèmes.

    - E-Eh ? Une … Une mission pour le gouvernement ?

    - Je ne connais pas les détails, mais votre mère était un agent de Mahora, envoyé à Megalomesembria. 

    - Et pourquoi un rapport avec nos problèmes ?

    - Les rapports mentionneraient Cosmo Entelecheia, je crois, répondit Mei. De plus, c'est à peu près à cette époque-là que Nagi Springfield et les parents de Lya sont dits avoir disparu.

     

    Cette fois, Lya le perçut nettement. Yûna réagit de manière enjouée, arguant qu'avoir un agent pour parent était plutôt cool, mais son discours sonnait faux. La jeune élémentale était bien placée pour comprendre l'impact de telles révélations. Elle en eut la confirmation quelques secondes après.

     

    - Bon sang, murmura Yûna pour elle-même. Idiot de papa … Tu aurais pu m'en parler …

     

     


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  •  

    - Allons-y, Yoru.

     

    Lya et le jeune homme s'engagèrent dans les coursives du Fly manta. Ce vaisseau possédait un cercle de téléportation, connecté au Great Paru. La jeune magicienne devait rejoindre Gira pour récupérer Kyura, voir sa sœur pour s'assurer qu'elle allait bien, et elle souhaitait s'entraîner. Elle avait donc besoin de la sphère diorama de Theodora, sphère qui se trouvait dans le vaisseau d'Haruna.

    Empruntant le même passage que Nodoka, une ou deux minutes plus tard, ils apparurent dans le vaisseau d'Haruna. Kyura sauta immédiatement dans les bras de Lya sans lui laisser le temps de souffler, forte de ses trois kilos, la faisant reculer pour garder son équilibre.

    Xyn, elle, la fit tomber en arrière.

     

    - Tu aurais pu prévenir avant de sauter, Xyn ! s'exclama Lya alors que Yoru succombait à son fou rire un peu plus loin.

    - Je l'ai fait, répliqua la petite magicienne en riant.

    - Elle a crié « grande sœur », je suis témoin, confirma Kyura en toute innocence.

     

    Lya les considéra un moment, faussement désolée. Xyn s'amusait bien, mais Kyura arborait un grand regard étonné, cherchant ce qui les faisait rire. La petite netsugi avait encore du mal avec certaines tendances humaines … dont celle de se f... moquer des autres.

     

    - Yoru et moi allons nous entraîner, annonça Lya. Vous voulez venir ?

     

    Xyn hocha vivement de la tête, et Kyura, pour toute réponse, se percha sur l'épaule de sa maîtresse.

     

    - D'abord, par contre, on va passer voir Negi, fit Yoru tandis qu'ils se plaçaient devant la sphère diorama. Pour savoir combien de temps on dispose.

     

    Pendant qu'il parlait, la magie de la sphère les fit disparaître du Great Paru pour les matérialiser sur la plage. Arrivée, Lya ferma les yeux et chercha l'aura de Negi, la plus forte à cause de la magia erebea. Il se trouvait dans le bâtiment principal, une grande villa avec étage, larges fenêtres et vue sur la mer. Oui, cette sphère avait beau avoir été conçue pour l'entraînement, la vie ne devait pas y être très pénible …

    Ils y entrèrent, gravirent un escalier de bois blanc et avisèrent une porte, d'où leur parvenaient des voix. Ils s'arrêtèrent, immédiatement après avoir pénétré la grande pièce meublée de confortable canapés, stupéfaits. Setsuna, Kaede, Mana, Chisame, Negi et Camo y discutaient. Avec une fille que ni les sœurs Aemilia, ni Yoru ou Kyura ne connaissaient. Blonde, les cheveux courts et ondulés retenus par un ruban rouge, elle possédait de beaux yeux émeraude et des oreilles pointues. Elle avait sur ses genoux le journal de Nodoka, que Negi avait gardé avec lui depuis le bal, et portait la robe de soirée d'Asuna …

     

    - Yoru ? Les filles ? s'étonna Negi. Que faites-vous ici ?

     

    Voyant que Lya ne réagissait pas, Yoru répondit de lui-même :

     

    - Pas grand-chose d'important. Qui est-elle ?

    - Ah, ça, intervint Mana avec dédain. Voici l'imposteur qui a pris l'apparence d'Asuna depuis votre seconde altercation avec Fate, Skoll et leurs acolytes. Elle est disposée à collaborer.

     

    Lya n'aurait pas aimé se trouver à la place de la jeune fille, que Mana ne semblait pas aimer. Il valait mieux avoir la froide sniper de son côté que dans ses ennemis ! Et visiblement, aucune des deux ne portait l'autre dans son cœur. Il fallait dire que Mana avait parfois des méthode un peu expéditives et que la découverte d'un imposteur devait avoir abouti à pas mal d'action et beaucoup de hurlements en tout genre …

     

    - Et on le sait depuis quand ? soupira Lya, qui se rendait compte que pas mal de secrets couvaient parmi l'ala alba.

    - Nous venons tout juste de surprendre Shiori, ou Luna de son vrai nom, répondit Negi. Vous vouliez quelque chose ?

    - Oui, mais vu la situation, on va dire que ça va attendre. Continuez …

     

    Le petit magicien acquiesça et se retourna vers Luna pour s'adresser à elle.

     

    - Alors, que disais-tu, Luna ?

    - Tout ce que dit ce journal est vrai.

     

    Devant le regard interrogateur des nouveaux venus, Chisame leur résuma la réponse du gouverneur :

     

    - En fait, à part les soixante-sept millions d'habitants originaires de Megalomesembria, les gens de ce monde ne sont qu'une … illusion. Comme ce monde, lui-même, apparemment. Ils ne peuvent pas rejoindre notre monde, et comme celui-ci est prêt à disparaître …

     

    Ils accueillirent la réponse avec stupéfaction.

     

    - Mais alors … la … la princesse, balbutia Xyn. Elle …

     

    Chisame confirma, compatissante.

     

    - Elle n'est pas réelle.

    - Du moins son corps, objecta Lya. Puisqu'elle a réussi à conclure un pactio avec Negi.

    - C'est ce qu'on pense, fit Negi. Seuls leurs corps doivent être une illusion. Mais ça ne change rien au problème.

    - Tiens, étonnant que tu y aies pensé, Lya, commenta Mana.

    - Merci de dire que je suis stupide …

    - Bref, les ignora Chisame. Tu peux nous en parler aussi ouvertement ? Je veux dire, ça ne te pose pas de problème ?

    - Mon seul rôle était de gagner du temps, répondit Luna. Maintenant …

     

    Mana l'interrompit, du mépris perçant dans sa voix :

     

    - Ils t'abandonnent. Classique !

     

    Luna réagit immédiatement, piquée au vif. Pour elle, Fate n'était pas ce genre de personne, et son objectif était noble …

     

    - Ah oui, effectivement, ironisa la sniper, détruire le monde est une noble tâche !

    - C'est le seul moyen de sauver les âmes de ce monde ! Les envoyer dans le Monde Parfait !

    - Écœurant.

     

    La joute verbale se poursuivit, acerbe, jusqu'à ce que Negi ne les arrête. Il était inutile de s'en prendre à Luna, qui ne pouvait rien tenter contre eux – elle était seulement capable d'imiter l'apparence et les souvenirs d'une personne avec son artefact. Puis il demanda à Chisame, Setsuna et Kaede de le suivre pour qu'ils se concertent, tandis que Mana restait surveiller Shiori. À leur grand dam à toutes les deux.

    Il jeta un regard pensif à Lya et Xyn.

     

    - Vous pouvez venir, après tout vous êtes concernées, c'est votre monde …

    - Je viens aussi, objecta Yoru.

     

    Negi accepta, et les conduisit à la plage.

     

    - Dire qu'Asuna est entre leurs mains … marmonna Setsuna en grinçant presque des dents.

    - On prévient l'ala alba ? Je ne pense pas que ce soit si judicieux pour le moment … réfléchit Chisame, hésitante. Je viens de mettre Kazumi au courant, c'est tout.

    - Non, restons discret, répondit Camo.

    - Le plus urgent, ce n'est pas ça, dit Chisame, inquiète. Il faut te soigner, Negi. La magia erebea devient trop dangereuse, tu dois trouver le moyen pour la maîtriser sans qu'elle t'empoisonne.

     

    Negi hocha de la tête, tandis que Setsuna sortait un parchemin : celui de la magia erebea, qui contenait une copie d'Evangeline. L'épéiste l'ouvrit, et automatiquement, la vampire apparut. Sur un canapé, avec peu de vêtements – en fait pas du tout – grignotant des chips et jouant à un jeu vidéo …

    Elle semblait très surprise de les voir … quelques minutes après, le temps de s'habiller et renvoyer le canapé et tout le reste dans la petite dimension du parchemin, elle écouta leur problème. Ils l'avaient mise au courant des derniers événements et de la disparition de Rakan, qui ne l'avaient pas plus troublée que cela.

     

    - Alors tu veux contrôler les effets de la magia erebea ? Tss … je ne pensais pas que toi, un simple humain, développerait une telle compatibilité … toujours est-il que si tu ne la maîtrise pas …

    - Qu'est-ce qui lui arrivera ? s'inquiéta Chisame. Il ne va pas mourir, quand même ?

    - C'est une possibilité. Mais surtout, ton corps et ton esprit pourraient être consumés, te transformant en un véritable monstre. Plus d'humanité, rien. Hin, vu tes problèmes, ce ne serait pas plus mal, tu serais plus puissant …

    - C'est même pas la peine d'y penser, répliqua Chisame à Negi.

    - De toute façon, juste après cette transformation, tu serais vulnérable parce que réagissant par pur instinct. Tu dois éviter ça.

    - Maître ! s'exclama Negi. Je dois réussir ! Je dois maîtriser cette magie et ces effets !

     

    Evangeline le considéra un moment, songeuse, puis répliqua :

     

    - Bien. Mais ce sera nouveau pour moi aussi. Ce sera très risqué, et le succès n'est pas garanti. De plus, après cela, le parchemin ne se régénérera plus et cette copie de moi disparaîtra. Tu en es certain ? Tu ne pourras pas reculer.

    - Oui, maître !

    - Bonne réponse !

     

    Sans crier gare, elle s'approcha de lui, et plaça vivement sa main sur le front de son disciple. Força sa création, la magie des ténèbres, à s'activer et prendre le pas sur Negi. Ce dernier prit immédiatement sa forme de démon, submergé.

     

    - Que … ?! s'exclama Setsuna, alarmée.

     

    Evangeline ignora sa question muette et leur proposa de l'aider. Tandis qu'elle observerait, les quatre combattants tenterait de le retenir, protégé par Xyn dans la mesure de ses capacités. Puis elle expliqua, pendant que Negi achevait sa transformation monstrueuse, que la part des ténèbres et de doutes chez lui était trop importante, et qu'il ne devait pas seulement l'accepter pour maîtriser la magie du chaos, mais en faire sa force. Mais seul lui pouvait le faire …

     

    - Allez-y !

     

    Le démon leur bondit dessus, ne leur laissant de toute façon pas le choix. Il dévia une pluie de kunaïs, para la lame d'un sabre. Le nivisa casus n'eut pas plus d'effet.

     

    - Ton artefact, Yoru ! s'exclama Lya.

     

    Yoru hocha de la tête, et l'invoqua. Un anneau d'argent vint se placer à son annulaire droit. Lya lui avait expliqué le rôle de cet anneau : réduire la force, la vitesse et les défense de l'ennemi. Ils ignoraient si cela fonctionnerait sur un adversaire aussi puissant, mais il fallait essayer.

    Kaede essaya de se rapprocher pour distraire le démon. Ses seize clones apparurent autour d'elle. Mais malgré ses capacités, elle fut contrée et projetée une dizaine de mètres plus loin. Setsuna en profita pour se glisser au près de Negi, adressant un signe discret à Lya et Yoru. Son sabre-artefact ne lui fut d'aucun secours quand le démon la percuta de plein fouet. Mais déjà, Lya était dans son angle mort, et tentait de lui asséner un coup de genou. Ce fut le moment que choisit la bête pour revêtir son Raiten taisô et devenir foudre. Negi para le coup, et la projeta vers le ciel.

    Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que Yoru suivait Lya de près, et que le jeune homme apparaîtrait immédiatement devant lui. Yoru put abattre son poing avant de subir le même sort que les trois filles.

    Tous les quatre se relevèrent sans problème. Xyn avait sous-estimé la puissance du monstre, n'ayant jamais fait face à une telle puissance auparavant, mais ses protections avaient tout de même atténué les coups.Ils repassèrent à l'attaque, en espérant que le contact avec l'anneau ait au moins légèrement affaibli le monstre.

    Lya détestait ce combat. Pendant ce temps, des bribes de mémoire lui revenaient. Elle se souvenait du moment où Arica, enceinte, était venue avec Nagi pour vivre avec les Aemilia le temps de la grossesse. Mitsuki attendait Xyn, et la petite Lya était aux anges. « Xyn arrivera bientôt ? », demandait-elle souvent. « Dis, dis, est-ce que Negi et ses parents vivront ici ? ».

    « C'est décidé, Negi sera mon petit frère ! ».

    « Arianna ! Je veux apprendre, encore et encore ! Comme ça, je pourrai les protéger, tous les deux ! »

    Les protéger ... Alors, pourquoi cette situation ? Pourquoi devait elle se battre contre ce "petit frère", et demander l'aide de sa sœur ?

    La jeune élémentale soupira. Pour le moment, elle ne pouvait pas céder à la colère et à ses regrets. Elle avait un démon à affronter, et accessoirement, il valait mieux éviter de trop épuiser Xyn en l'obligeant à la protéger de coups trop puissants.

    Soudain, le démon apparut devant elle. La jeune magicienne réalisa avec horreur qu'elle n'avait pas le temps d'esquiver, et se prépara à parer le coup monstrueux qui ne tarderait pas à venir.
    Elle fut donc très surprise de voir l'antérieur du monstre riper sur quelque chose d'invisible. « C'est vrai, Xyn me protège. ». Derrière, la petite magicienne brandissait sa clé, longue d'une trentaine de centimètres. Lya pouvait lui faire confiance ... Alors elle se mit à incanter.

     

    - Glacie et lux alas rubras protegant ... Glacies, veni at me ! In tuam purissimam formam, mihi surge, et hunc mundum cum aeterna pruina cooperi … hae lapides ducant …
     

    Soudain, Lya se jeta à terre pour éviter un coup de griffe. Elle ne voulait pas éprouver sa sœur en se laissant à découvert trop longtemps. Et surtout, il était temps de bouger. Oui, l'élémentale en elle était de sortie.

    Elle fondit sur le démon. Deux traits de glace la suivirent. Elle changea de direction au dernier moment, pivota pour attraper le poignet de Negi. Deux arcs de glace se formèrent immédiatement autour d'eux. Negi se dégagea, mais elle bondit et concentra une partie de sa magie sur son pied droit, lequel percuta le démon. Un troisième arc croisa les deux autres.

    La glace suivait ses moindres gestes. Lya virevoltait autour du monstre, aussitôt des arabesques de glace infranchissables se dressaient autour des deux combattants. Mais l'élémentale n'avait pas fini, loin de là.

     

    - Ego, Lya Aemilia, te evocavi !

     

    Une barrière de Xyn arrêta un coup, et Lya répliqua. Un trait de glace vint effleurer le démon.

     

    - Me accipe, in tibi conflabo. Me protege, te sum … Glacialis labyrinthus, infinitatis ostiae !

     

    Il était temps d'utiliser son nouveau sort …

     

     

    ***

     

     

    Illonya s'assit sur le sable, en sueur. Elle venait de s'entraîner.

    La jeune norvégienne remonta la manche de son manteau de magicienne, avisant une cicatrice à moitié disparue. Konoka l'avait soignée, mais il restait quelques traces.

    Ce n'était pas passé loin. Elle se voyait, encore, à la salle de réception, abattant invocation après invocation. Elle avait bien senti l'ombre qui s'était approchée par derrière, mais trop tard, et surtout, alors qu'elle lançait un sort. Illonya voyait encore ses griffes se rapprocher d'elle, prêtes à arracher son bras. Et elle, réagir à la dernière seconde, invoquant une courte lame d'eau qu'elle avait empoignée avant de dévier la patte griffue et de transpercer le monstre.

    C'était Gira qui lui avait appris cette parade au poignard. Gira qui, indirectement, avait sauvé son bras et certainement sa vie.

    Soudain, en même temps que son don l'avertissait d'une présence, une voix retentit.

     

    - Alors, as-tu pris une décision ?

     

     

    ***

     

     

    - J'espère qu'il retrouvera ses esprits ... soupira Lya en poussant doucement sa sœur devant elle.

     

    Les cinq jeunes n'étaient pas arrivés à grand-chose avec le démon. Les capacités de chacun leur avait juste évité de se faire découper en rondelles, et l'affrontement n'avait servi pour Evangeline qu'à jauger sa force et vérifier ses réactions. Sa première conclusion n'était pas optimiste, et a vampire avait décidé de l'affronter elle-même, en les congédiant de sa ''gentillesse'' habituelle.

     

    - J'en suis certaine, répondit Xyn.

     

    Lya toisa sa sœur un moment, surprise, tandis qu'elles s'éloignaient prudemment avec Kaede et Setsuna. Xyn n'avait pas pour habitude d'assurer quelque chose lorsqu'elle n'était pas certaine que la chose en question allait vraiment se produire. Sa sœur était du genre raisonnable ... contrairement à elle, parfois. C'était à se demander laquelle était réellement l'aînée.

     

    - Alors, c'est ça ta nouvelle technique ? s'enquit Kaede, impressionnée, une fois qu'ils furent à l'abri, de retour dans une autre pièce de la villa de Theodora.

     

    Lya acquiesça, et leur expliqua en détail en quoi le glacialis labyrinthus, infinitatis ostiae consistait.

     

    - Le « Hit and run » ... commenta Setsuna. Ça te convient bien.

     

    Lya sourit, penaude. Son style de combat avait toujours été très sournois, elle profitait toujours des angles morts de ses cibles. Yoru, pendant les entraînements programmés par Gira, en avait fait les frais …

     

    - Et toi, Xyn ? s'enquit Lya. J'ai l'impression que tu sais faire beaucoup plus que ce que j'ai vu …

    - Oh que oui, répliqua Ren en pénétrant dans la pièce. Tu verras ça à l'entraînement !

    - Je n'ai pas l'intention d'affronter ma sœur, objecta Xyn. J'ai déjà décidé de ce que je veux faire pour le moment et dans les combats à venir.

     

    Ah, oui, autre chose sur Xyn : la jeune fille pouvait être incroyablement butée quand elle voulait.
     

    - Ma sœur a besoin d'un peu de temps avant de construire son labyrinthe, pour incanter, et Yoru a l'intention d'apprendre à combattre au sein du labyrinthe. Je compte bien leur offrir toute la protection dont ils auront besoin.

    - À nous trois, on devrait bien réussir à quelque chose, renchérit Lya en souriant. Alors, on s'y attellera à chaque entraînement.

     

     

    ***

     

     

    - Alors, as-tu pris une décision ?

     

    Illonya se retourna vivement, surprise. Adossée à un affleurement rocheux, les bras croisés, Gira la contemplait avec tout le sérieux dont elle savait faire preuve – c'est à dire beaucoup.

     

    - … Peut-être. Et toi, que ferais-tu dans mon cas ?

    - Je ne sais pas, avoua la démone. Mais sois sûre d'une chose. Pour l'instant, je ne fais rien. Par contre, le jour où tu représentes une menace pour Lya, sache que je n'hésiterai pas.

     

    Gira dévisagea la jeune norvégienne en passant une main faussement distraite sur l'un de ses poignards. Illonya déglutit : elle avait parfaitement compris le message. La démone risquait bien de régler le problème à sa racine …

     

    - Juste une question, objecta-t-elle tout de même. Si je suis un danger potentiel, pourquoi m'avoir appris cette parade ? Celle qui m'a sauvé la vie, il y a à peine quelques heures ?

    - Ne te méprends pas. Je ne t'aime pas, je n'éprouve pour toi que le respect envers une adversaire qui m'a courageusement tenu tête, et envers une magicienne qui se bat contre sa malédiction.

    - Et ?

    - Pour l'instant, tu sembles aider Lya de ton mieux, donc je m'arrange pour que tu puisses le faire correctement.

    - Bref, tu … euh …

    - Tu peux le dire sans hésiter, répliqua la démone en haussant les épaules. Je t'utilise.

    - Ben ne t'inquiète pas, répliqua Illonya d'un ton amer et résigné. Tu n'auras pas à m'utiliser longtemps.

     

    Gira ne réagit pas, gardant le silence. Elle ne le lui dit pas, mais elle ressentait peut-être aussi une pointe de pitié envers cette jeune fille, frappée de cette malédiction qui la minait de l'intérieur, la transformant en bombe à retardement. Envers cette jeune fille qui aurait pu avoir toute la vie devant elle pour être heureuse, et qui déciderait probablement de s'exiler. Si ce n'était pas déjà fait.

     

    _ _ _ _ _ _ _

    Alors ? Vous avez failli avoir le 61 à la place de ce chapitre ... Je l'avais corrigé à la place du 60 (moi, ou comment faire le boulet avec ses chapitres !)


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  •  

    La jeune fille gisait à genoux, sans comprendre, anéantie par la peur et la douleur. Ses doigts balayèrent le sol, saisirent au passage ces étranges pétales blancs, seuls restes de ses deux amis pulvérisés dont elle murmurait les noms d'une voix brisée. Très vite, les morceaux de corolles se désagrégèrent sans laisser aucune trace. Leur disparition sembla la réveiller légèrement. Leur disparition, et les cris de son amie.

     

    - Nodoka ! Enfuis-toi ! hurlait Kazumi.

     

    Nodoka ne bougea pas. Le mage noir qui lui avait pris Kraig et Aisha s'approcha d'elle, tout en reprenant la parole.

     

    - Ne t'inquiète pas, jeune fille, tu n'es pas destinée à mourir ici. Tu ne feras que rejoindre un doux monde éternel, comme l'ont fait les autres avant toi. Simplement, en tant qu'humaine, tu devras laisser ton corps derrière toi. Rassure-toi … et laisse-toi faire. Tu les retrouveras.

     

    Seuls ses mots parvinrent à la faire réagir. Elle déglutit, tandis que Kazumi fermait les yeux en tremblant, incapable d'aider son amie. Nodoka leva les yeux, et fixa le mage noir.

    D'un regard déterminé.

    Elle se leva.

     

    - Vous m'avez sous-estimée, monsieur le mage …

     

    La jeune fille le pointa du doigt ; d'un doigt qui arborait un long bijou d'argent. La comptina daemona, l'anneau qui dévoilait les identités.

     

    - Quel est votre nom ?! s'exclama Nodoka d'une voix forte.

     

    Quelque chose s'écrivit devant ses yeux : Dynamis. Le mage noir, comprenant le danger qu'elle représentait soudain, voulut l'attraper.

    Elle esquiva. Oui, la frêle et timide Nodoka, la Nodoka qui ne savait pas combattre, qui se sous-estimait, venait d'esquiver. Elle n'était plus si fragile. Quasi deux mois, passés avec Kraig, Chris, Lin et Aisha en tant que chasseuse de trésors, l'avaient rendue bien plus forte qu'elle ne l'était avant. Ses amis lui avaient enseigné le plus possible, et maintenant, elle se servirait de ces aptitudes pour renverser la situation.

    Nodoka évita – peut-être par chance – le sort qui avait valu à Kaede sa défaite contre Dynamis. Et elle réussit l'improbable. Prendre son catalyseur, la grande clé qui flottait près de lui, au mage noir.

     

    - Je me présente. Nodoka Miyazaki, élève de la 3-A et chasseuse de trésors. Je me permets de contre-attaquer ! Monsieur Dynamis, à quoi sert cette clé, et comment puis-je l'utiliser ?

     

    Grâce à son artefact et à une oreillette, la réponse lui vint directement par télépathie. Elle prépara un sort ; Dynamis voulut l'en empêcher. Des tentacules et une énorme main armée d'une épée surgirent du sol ; elle créa une barrière magique, qui résista quelques secondes à l'épée. Et ces quelques secondes suffisaient largement.

     

    - Que feriez-vous pour vous sortir de là ? demanda Nodoka, sentant sa barrière prête à lâcher.

     

    Encore une fois, elle reçut immédiatement la réponse.

     

    - Relocate – Nodoka Miyazaki, Kazumi Asakura !

     

    Un cercle magique apparut sous leur pied, et elles disparurent. Les deux jeunes filles furent téléportées directement aux hangars, le point de rendez-vous. Heureusement, une partie de l'ala alba y était déjà : Kaede, les quatre sportives et Lya et son partenaire.

     

    - Kaede ! s'exclama Nodoka, maintenant proche de la panique. C'est … C'est le mage noir ! Nous avons réussi à nous enfuir … mais … il pourrait nous avoir suivi ! Cette clé …

     

    Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Une main noire et griffue apparut derrière sa tête, et le reste du corps suivit : Dynamis était beaucoup plus rapide que prévu ! Il tenait Nodoka à sa merci, prêt à lui tordre le cou en cas de résistance de la part des autres.

     

    - Jeune liseuse de pensées … C'était admirable ! Tertium avait raison lorsqu'il te trouvait dangereuse … Il serait plus prudent de te faire disparaître !

     

    Kaede fit mine d'intervenir, une courte lame cachée dans son dos, et Lya, pendant son discours, s'était comme inclinée, paumes contre le sol, jambe droite tendue derrière elle, prête à lancer son labyrinthe. Mais Dynamis vit clair dans leur jeu.

     

    - Ne bougez pas ! Il nous est interdit de tuer les humains, mais je peux toujours envoyer son âme au jardin éternel … le monde parfait, Cosmo Entelecheia ! Jeune fille, que ton âme repose en paix …

     

    Il s'apprêtait à mettre sa menace à exécution, quand il surprit une lueur satisfaite dans les yeux de Kaede. Elle semblait le narguer, et il ne comprit pas.

    Jusqu'à ce que sa main soit tranchée, libérant Nodoka.

    Setsuna apparut sa lame à la main, suivie par sa nouvelle magistra magi, Konoka. L'épéiste trancha Dynamis en deux, fit apparaître son artefact, sa nouvelle lame blanche, et demanda de sa force à Konoka. La guérisseuse lui envoya son pouvoir magique, et l'épée grossit.

    Dynamis, imperturbable, lévitait … du moins la partie supérieure. Il semblait littéralement fait d'ombres. Face à lui, quatre adversaires se dressaient maintenant : la jeune élémentale de glace, son partenaire, la ninja et l'épéiste. Il ne les craignait pas vraiment, mais il choisit la retraite, et disparut.

     

     

    ***

     

     

    Lya, encore sous le choc, s'affaissa, alors que les effets de l'adrénaline disparaissaient. Face à Dynamis, le combat aurait été rude … Et les pertes avaient été lourdes. Tôsaka, l'ancien maître de Natsumi, Ako et Akira, avait été tué, comme les deux compagnons de Nodoka. Kumama, sa « mère », avait subi le même sort, comme Kotarô et Natsumi le leur apprit en arrivant, quelques minutes plus tard. De nombreux citoyens avaient été effacés, eux aussi.

     

    - Je n'en peux plus, sanglotait Natsumi, alors que Kotarô tentait de la consoler. Rentrons … rentrons …

     

    Kaede rélféchit quelques secondes, examinant la situation. Ce n'était pas brillant, et Lya, qui avait suivi le même cheminement, savait ce que la ninja allait dire.

     

    - Je suis d'accord. Ils ne semblent pas avoir le droit de nous tuer, et nous devrions en profiter pour fuir, récupérer Anya et rentrer.

     

    Un silence défait suivit sa déclaration. La ninja leur proposait la solution la plus raisonnable pour eux, qui n'étaient en majorité que de banals collégiens.

     

    - Attendez ! s'exclama Yûna, ulcérée. Comment ça ?! On devrait laisser tout laisser tomber ?! Toutes ces personnes qui nous ont aidées et qui ont été tuées … on devrait les oublier, et s'enfuir, comme ça ?!

    - C'est vrai, mais … murmura Kazumi.

    - Non, je suis d'accord avec elle, affirma Lya, soudainement. Kaede, j'ai pensé à la même chose … mais, décidément … je ne peux pas abandonner ce monde. J'y suis née, mes parents se sont battus pour le sauver … Je ne peux pas faire ça. Je suis une magicienne, et j'appartiens, en quelque sorte, à ce monde. Drexan, Thelis, ils me font confiance … ils nous font confiance, à Negi et moi … et aux autres combattants de ce monde.

     

    Son visage se fendit d'un pauvre sourire, alors qu'elle luttait contre les larmes en pensant à la perte qu'avait subie ses amies.

     

    - Mais je, ou plutôt nous, les magiciens, ne pouvons pas vous demander de vous battre … je resterai ici. Nous irons sauver Anya, et …

    - Nous nous assurerons que celles qui veulent rentrer le pourront, continua Yoru. Nous venons de ce monde, mais vous, vous ne lui devez rien …

     

    Ils fixèrent Yoru, étonnés. Depuis quand était-il « martien » ? Mais Nodoka ne leur laissa pas le temps de se poser des questions, et à vrai dire, ils n'avaient pas la tête à ça.

     

    - Un instant, objecta le rat de bibliothèque. Je crois … qu'il est encore trop tôt pour se résigner.

    - Nodoka … ? s'étonna Ako, les larmes aux yeux.

    - Ako, Natsumi, si j'ai raison … non, j'ai raison, il existe un moyen pour faire revenir les personnes effacées ! Mais pour cela, nous devons obtenir la Clé maîtresse unique de ce monde !

     

     

    ***

     

    Sayo hurla pour se donner du courage, et fit feu. Le Great Paru tentait d'échapper aux gigantesque monstre et à ses tentacules, en prenant de l'altitude, et ici, les ombres démoniaques pullulaient.

    Dans le cockpit, Haruna dirigeait tant bien que mal le vaisseau, aidée par Chachamaru, Camo sur son épaule. Elle clamait quelque chose sur une ambiance de film d'action hollywoodien, et à vrai dire, il était difficile de savoir si elle pestait ou si elle était absolument ravie.

     

    - J'ai toujours rêvé de vivre ça un jour !

     

    Ah, ben non, en fait elle était aux anges … « Seule » tâche au tableau, elle ne parvenait pas à rejoindre le point de rendez-vous.

     

    - Apparemment, annonça Chachamaru en vérifiant des écrans de contrôle, c'est le dragon saint de Hellas, Vrixas Nagasha, qui affronte ce monstre …

    - Sérieux?! Mais c'est épique !

    - Haruna ! Fais attention à la route, tu veux ?! s'écria Camo. Les tentacules nous bloquent le passage !

    - Bah, ce ne sont que des tentacules ! Chachamaru, les torpilles ! répliqua Paru d'une voix enjouée.

     

    Les torpilles en question eurent raison de l'obstacle. Soudain, une ombre démoniaque apparut devant le vaisseau, avec la ferme intention de détruire la vitre du cockpit. Un éclair le frappa, suivi de Gira qui protégeait le vaisseau de l'extérieur.

     

    - Haruna, sois un peu concentrée, veux-tu ?

    - C'est toi qui es coincée ! répliqua Haruna avec un sourire mi-enjoué, mi-provocateur.

    - Pardon ?! s'exclama Gira, ahurie, manquant s'étouffer.

     

    La démone reporta sa vengeance sur une pauvre invocation qui passait par là, avant de marmonner quelque-chose d'incompréhensible, du genre « amies de Lya … malades … ».

     

    - Quelque chose arrive à droite ! s'alarma Chachamaru.

     

    Le vaisseau évita de justesse le poing du gigantesque monstre noir, poing qui s'écrasa violemment sur le poitrail de Vrixas Nagasha. Le dragon légendaire, la bête gardienne de Hellas, s'effaça.

     

    - Je rêve ! s'écria Camo. Le dragon vient d'être vaincu ?!

     

    La flotte de Hellas, qui épaulait le dragon disparu, ne pouvait rien faire. Theodora avait beau ordonner de faire feu, le monstre semblait ne rien sentir !

     

    - Miss Paru, avec ce dragon sacré vaincu en un coup, on devrait décamper vite fait ! la conseilla Camo.

    - Je sais, mais je me demande si c'est la bonne solution ici …

    - Haruna, vous avez raison, confirma Chachamaru. La princesse Theodora a su prendre soin de monsieur Negi, on ne peux pas s'enfuir décemment !

     

    Le robot rejoignit le pont, sa carte de pactio à la main. Elle invoqua son artefact, pour la première fois. Elle avait été très inquiète de savoir si elle pouvait l'utiliser, étant donné sa puissance de feu … mais c'était le bon moment.

    Une espèce de viseur en forme de chat apparut dans sa main : un dispositif de pointage laser. Chachamaru visa le monstre. Et soudain, depuis l'espace, un puissant tir de magie s'abattit sur le monstre, le pulvérisant !

     

    - Un canon-satellite ?! glapit Haruna. Je le veux !

     

    Dans l'un des vaisseaux, Theodora soupira de soulagement, comme Seras et Ricardo, dans leur propres navires.

     

    - Le vaisseau de Negi … voilà donc l'étendue du pouvoir des « enfants de Nagi » ? constata-t-elle, admirative.

    - Impressionnant, murmura Ricardo.

    - Ils se font appeler ala alba … continua Seras. Peut-être ont-ils réellement le potentiel pour sauver le monde …

     

     

    ***

     

     

    Negi ouvrit les yeux. Sa vision floue lui renvoya l'image d'une cabine, et il mit quelques secondes à comprendre qu'il était à nouveau dans le Great Paru, dans sa couchette.

    Il ouvrit son poing, qui était resté fermé pendant son sommeil. Il contenait un unique pétale, qui se désagrégea, et il se souvint de Rakan, les larmes aux yeux. Il pleura quelques instants, laissant libre-cours à sa peine, mais il se rappelait les derniers mots de son ancien mentor. Ne jamais regarder en arrière, aller de l'avant.

    C'était ce qu'il devait faire. Il s'essuya les yeux d'un geste déterminé.

     

    On toqua à sa porte, et Mana et Chisame entrèrent dans sa cabine. La pro de l'informatique lui expliqua brièvement qu'il avait perdu le contrôle après la disparition de Rakan, et qu'il s'était écroulé, puis que le Great Paru les avait survolés et récupérés.

    Mana prit la main de Negi pour l'inspecter minutieusement. Sa peau était légèrement noircie par la magia erebea.

     

    - On dirait une intoxication magique, diagnostiqua-t-elle. On doit traiter ça, sinon tu cours un grand danger.

    - Mana, intervint Chisame, est-ce que tu peux faire quelque chose pour ça ? On doit encore avoir la sphère diorama de la princesse, qui a servi à nous entraîner …

    - On pourra gagner du temps et chercher une solution.

     

    Mais Negi coupa court à la discussion, pour demander des nouvelles de l'ala alba.

     

    - Tous nos camarades sont saufs et se dirigent vers les ruines d'Ostia. On a juste deux vaisseaux au lieu d'un …

    - Deux ?

    - Oui, nos camarades qui attendaient aux hangars ont été aidées par un conducteur qui connaissait Yûna et les autres. Il s'appelle John, et apparemment il les avait déjà amenées à la Nouvelle Ostia.

    - Seulement, fit Mana, de nombreuses personnes ont disparu, en incluant des personnes qui vous ont été chères.

    - Dont Tôsaka, qui a été tué en protégeant Ako, précisa Chisame.

    - Tôsa...

    - Mais j'ai de bonnes nouvelles, le coupa-t-elle. Selon Nodoka, qui a failli perdre la vie pour cette information, il est possible de ramener tout le monde … ce bon vieux Rakan compris …

     

     

    ***

     

     

    Lya attendait, trépignante, dans la pièce principale du Fly manta, entourée des autres. Une communication était arrivée du Great Paru, et apparemment, Negi était réveillé … Alors ils attendaient tous les nouvelles directives. De plus, John lui avait dit que Xyn se trouvait sur le Great Paru, et elle était impatiente de vérifier que sa sœur allait bien. Celle-ci se montra sur l'écran de la communications, comme les autres jeunes du Great Paru, ce qui acheva de rassurer Lya.

    Negi finit par apparaître à l'écran. Il fut rassuré en voyant que tous ses compagnons étaient sains et saufs, puis s'adressa directement à Nodoka, pour qu'elle puisse donner ses explications. Après l'avoir chaudement félicitée, ce qui la fit rougir et presque pleurer de joie …

     

    - J'ai lu les pensées de Dynamis, le mage noir. Au cours des derniers jours, ils ont obtenu un pouvoir lié au secret de ce monde, la Loi du créateur. C'est un pouvoir ultime, qui permet d'utiliser la magie du créateur du monde magique. La Loi du créateur adopte trois formes différentes, en gros. Ce sont toutes des clés. D'abord, il y a les « Clés maîtresses », les plus simples, et les plus nombreuses, possédées par certaines ombres démoniaques. Ensuite, il y a les « Grandes clés maîtresses », au nombre de sept. Dynamis et Fate en possèdent chacun une … Et, pour finir, il existe la « Clé maîtresse unique ». En théorie, son pouvoir égale celui du créateur. En l'utilisant, on devrait pouvoir ramener les disparus !

     

    La déclaration laissa l'ala alba ahurie. Nodoka avait bien changé … Prenant ces nouvelles en considération, Negi décida, comme prévu, de s'attaquer à Cosmo Entelecheia, de sauver Anya, et rajouta la Clé aîtresse unique comme objectif. Puis il annonça qu'il devait « se soigner ».

     

    - Haruna, il nous reste du temps avant de rejoindre les ruines d'Ostia, non ? vérifia-t-il.

    - Oui, Negi. On n'avance pas bien. Si tu montes sur le pont, tu verras pourquoi …

     

    Une intense lumière régnait tout autour d'une partie des ruines … elle englobait d'ailleurs leur cible, le port-portail d'Ostia, et formait un gigantesque dôme, surmonté d'une colonne de lumière. Selon Haruna, il s'agissait d'un puissant pouvoir magique dont le port était justement l'origine.

     

    - La magie est censée être nullifiée dans cette région, et pourtant, une partie des îles s'est remise à flotter, constata la mangaka. Et ça s'est passé pendant les dernières heures.

    - Tu veux dire …

    - Que c'est certainement l’œuvre de Cosmo Entelecheia, le « Monde parfait ».


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  •  

    - Kraig ! hurla Aisha

     

    Le mage noir murmura d'incompréhensibles paroles. Puis s'attaqua à Nodoka, qui, choquée, ne réagit pas. Heureusement, Aisha se reprit, l'empoigna à bras-le-corps et lança un sort pour les couvrir, tandis que Kazumi les suivait.

     

    - Fuyons ! s'exclama la semi-humaine pour la faire réagir.

     

    Malheureusement, son sort n'eut aucun effet. Le mage noir tendit la main vers elle. Et la semi-humaine disparut, pulvérisée.

     

     

    ***

     

     

    Lya et Yoru sortirent d'un couloir, s'engouffrèrent dans un escalier. Passèrent au-dessus de la rambarde, atterrissant un étage plus bas. Des créatures semblables à des démons leur barrèrent la la route. Enfin presque. Ils furent pulvérisés avant d'être une menace. Lya accéléra, projeta ses kunaïs sur le suivant.

     

    - On devrait ralentir, l'arrêta Yoru. Si on va trop vite, d'autres invocations pourraient apparaître après notre passage, et partir en éclaireurs ne servirait à rien.

    - Tu as raison. Désolée.

    - Toi, tu es frustrée, soupira le jeune homme.

    - Frustrée et honteuse, rectifia Lya, plus brutalement qu'elle ne l'aurait voulu.

    - Explique, demanda Yoru en reprenant sa course, plus modérée.

    - Pour une simple vengeance, j'ai ... j'ai failli ... Bon sang, tu ne dis rien, mais je t'ai déçu, je le sais bien ! Et j'ai honte, non seulement je n'ai pensé qu'à ma vengeance, mais j'ai failli trahir mes parents, et je n'ai servi à rien !

     

    Yoru soupira. Il allait répondre, quand il avisa une invocation. Il la détruisit d'un coup de pied armé de ki, puis répliqua :

     

    - D'abord, tu n'as pas servi à rien. Tu as secondé Negi de ton mieux, et tu n'as pas à en être embarrassée. Ensuite, tes parents n'ont rien à faire avec ça, tu es libre te faire tes choix, puisque tu as vécu tant de temps sans eux. Et ta vengeance ... je suppose qu'à ta place, moi aussi je voudrais la peau de Ragnarök à n'importe quel prix.

     

    Ils passèrent une nouvelle porte, avisèrent des ennemis.

     

    - Sagitta magica, series glacialis ! s'exclama Lya.

     

    Les créatures, transpercées, s'effritèrent pour disparaître complètement.

     

    - Et tu ne m'as pas déçu, continua Yoru. En colère, ça, oui, j'étais ... mais pas déçu. Alors, à l'avenir, j'aimerais que tu m'en parles si tu dois prendre ce genre de décisions. Car je suis ton minister magi, je dois, et veux, t'aider. Donc tes décisions me concernent, d'un côté.

     

    Lya acquiesça en silence. Elle était touchée par sa patience et sa fidélité, mais, consciente du fait qu'elle avait une mission, elle dut se résoudre à arrêter cette conversation.

    Ils débouchèrent sur une large place, éloignée de la salle de réception. Personne. La panique avait poussé les habitants à fuir bien plus loin, et les combats faisaient rage près de la salle de bal.
    Seules quelques invocations se trouvaient là. Les deux partenaires firent le ménage, mais s'arrêtèrent pour se repérer.

     

    - Le point de rendez-vous se trouve encore loin en-dessous de nous, annonça Lya.

    - Regarde, la sortie des hangars est dans ce bâtiment. Qu'est-ce qu'on fait ? On attend Negi et les autres ?

    - Non. Cette place est à découvert, tout ennemi sera repéré par Kû ou les drones de Kazumi trop tôt pour constituer une menace. Kû saura les détruire facilement. Je pense qu'il vaut mieux sécuriser les hangars …

     

    Ils se remirent en route.

     

     

     

    ***

     

     

    La situation, dans la salle de réception, avait peu changé, malgré l'arrivée de Mana. Certaines ombres démoniaques apparaissaient avec une sorte de catalyseur arborant le globe de Mars, et constituaient un danger monstre. Un tir de magie de leur part pouvait réduire à néant, désintégrer, une dizaine de soldats.

    Voulant protéger Yue, Emily fut touchée. Heureusement, elle ne disparut pas, le tir ayant seulement touché superficiellement son bras.

     

    - Déléguée ! s'exclama Yue en s'agenouillant pour la retenir de tomber.

     

    Beatrix se plaça devant elles dans une tentative de protection, et Mana détruisit l'ombre responsable d'une balle bien placée.

     

    - Pourquoi m'avoir protégée ?!

    - Tu es si maladroite … sérieusement, que vais-je faire de toi ?

    - Déléguée … murmura Yue sans comprendre.

     

    Un rayon traversa l'air. Les transperça, transformant Emily en une pluie de pétales. Laissant Yue indemne.

     


    ***
     

     

    Ils étaient trois, avançant vers la salle de bal en détruisant ombre après ombre. Ils avaient été appelés par leur supérieur, Ricardo, afin d'intervenir contre ces invocations qui mettaient les alentours sans dessus-dessous. Ils avaient décidé de passer par les sous-terrains qui menaient aux hangars, car il existait un raccourcis pour aller à la salle de réception, mais le risque d'arriver trop tard était grand.

    Soudain ils sentirent une présence derrière. Ou plutôt deux.

    La première bondit vers eux pour les attaquer. Et s'arrêta pile devant elle, perdant l'équilibre l'espace d'une seconde, alertée par la seconde personne.

     

    - Monsieur Eman ! s'exclama Yoru, ahuri. Jenna, Lowan ! Que faites-vous ici ?

     

    Thelis ne répondit pas tout de suite, lorgnant sur les kunaïs avec lesquels il avait bien failli faire connaissance. Ils appartenaient à une étrange jeune fille, blonde, aux deux longues couettes basses qui émergeaient du reste de ses cheveux mi-longs, et aux yeux vairons. Il eut un mouvement de recul en la reconnaissant, mais la jeune fille se méprit sur sa réaction.

     

    - Désolée, s'excusa-t-elle. J'ai failli vous attaquer, heureusement que Yoru a réagi à temps.

    - Les nerfs qui lâchent, plaisanta Yoru. Alors ?

    - Et toi ? demanda Jenna sans répondre.

    - On va rejoindre les hangars. Donc ?

    - Bien, on va faire un bout de chemin ensemble, fit Lowan.

    - J'aime quand on ne me répond pas, maugréa Yoru. Entre Lya et vous …

     

    Jenna pouffa malgré la situation et s'excusa. Elle annonça qu'ils leur expliqueraient sur le chemin.

     

    - Notre supérieur nous a appelés en renfort, avant que les communications ne coupent, dit Thelis dès qu'ils se remirent en mouvement. La réception a été attaquée.

     

    Puis il continua pour lui-même :

     

    - L'orbe avait réagi, mais je ne pensais pas que la situation tournerait ainsi …

    - L'orbe ? releva Yoru.

     

    Thelis parut ennuyé que le jeune homme ait entendu, mais il répondit tout de même :

     

    - Tu vois la mission pour laquelle tu m'as escorté ?

    - Oui, vous deviez acheminer quelque chose à Megalomesembria. Cette chose, c'était un orbe ?

    - Exactement. Tu connais Cosmo Entelecheia ? Eh bien, il y a quelques dizaines d'années, nous avions mis au point un orbe capable de détecter leur présence. Mais depuis la victoire d'il y a vingt ans, nos supérieurs l'ont laissé à l'entrepôt de Vairocana, certains qu'il ne servirait plus.

     

    Thelis s'aperçut que la jeune amie de Yoru le regardait avec un mélange de curiosité et de méfiance.

     

    - Ne t'inquiète pas. Nous ne comptons pas arrêter l'ala alba. Et même si nous en avions reçu l'ordre …

    - Nous avons une dette envers ce jeune homme, compléta Lowan avec un sourire en désignant Yoru.

    - D'ailleurs, tu ne nous a pas présentés, Yoru, lança Jenna, une lueur malicieuse dans ses yeux. Aurais-tu une petite amie dont tu nous a caché l'existence ?

     

    Lya s'aperçut en rougissant qu'ils se tenaient la main depuis le début, inconsciemment. Elle acquiesça avec force bégaiement.

     

    - C'était donc toi ! s'exclama Thelis d'un ton amusé.

    - Ce n'est pas le moment … protesta Lya.

    - Tu as raison, affirma l'homme, presque penaud.

     

    Il avancèrent quelques minutes, jusqu'à ce que Thelis annonce qu'ils se séparaient. Ils devaient remonter vers la salle de réception.

     

    - Jeune fille, dit-il avant de partir. Peut-être as-tu le potentiel pour menacer les plans de Cosmo Entelecheia. Mais seule, cela ne fonctionnera pas. Tu devras être sûre d'avoir des alliés puissants.

    - Ce n'est pas a moi que vous devez dire ça, démentit Lya avec un pauvre sourire. Je ne suis pas à la tête de l'ala alba et Negi est bien plus fort que moi. Si quelqu'un peut ébranler nos ennemis, c'est lui. Mais je ferai passer le message …

     


    ***
     

    Yue regarda sans comprendre son amie s'effriter entre ses bras en une pluie de pétales blancs. Comment était-ce possible ? Elles avaient été touchées, toutes les deux. À l'abdomen. Alors pourquoi en réchappait-elle ? Pourquoi ne se désintégrait-elle pas ? Malgré ses larmes et sa détresse, elle ne pouvait pas s'empêcher de réfléchir, de tenter de comprendre.

    La déléguée était une citoyenne du monde magique. Et elle … Un déclic se fit dans sa tête.

    Soudain, un monstre attaqua. Elle se releva en hurlant de rage et de désespoir. Et se jeta au combat, enragée.

     

    - Arrête, Colette ! Recule ! hurla Yue en transperçant l'ombre démoniaque de son épée de chevalier.

     

     

    ***

     

     

    Le groupe de Negi sortit enfin des bâtiments, et arriva sur une large place.

     

    - Lya et Yoru doivent être plus loin, constata Kû. Mais en tout cas, ils ont dû faire leur travail. Pas d'ennemis en vue … ça va, Negi ?

    - Oui … ça doit aller, de toute façon, répondit le jeune magicien, non sans respirer avec peine.

    - Alors dépêchons-nous. Le passage au sous-sol doit se trouver au bout de cette place.

     

    Negi acquiesça silencieusement et se tourna vers Chisame.

     

    - Allons-y, Chisame … Chisame ?

     

    La jeune fille était blanche comme un linge. Elle tenait entre ses mains le diarium ejus, l'artefact de Nodoka, et avait profité de la pause pour lire ses quelques pages, qui contenaient les pensées de Kurt Gödel. Et visiblement, ce qu'elle y avait découvert était effrayant …

     

    - Negi … tu devrais lire ça … murmura Chisame comme si elle venait de s'éveiller, en lui tendant le livre.

     

    Le garçon lut les quelques lignes. Effaré.

    Il allait émettre un commentaire, quand soudain retentit un vacarme de verre brisé. Negi comprit qu'une dimension artificielle venait d'être réduite à néant, et son contenu libéré, lorsque Rakan apparut de nulle part et s'écrasa violemment au sol, mal en point. Ses membres étaient cachés et protégés par d'énormes morceaux d'armure, et étrangement, son corps émettait une fumée blanche, légère, d'où s'échappaient de temps en temps d'incongrus pétales blancs.

    Un autre combattant apparut immédiatement, une dizaine d'épaisses aiguilles en métal longues d'un mètre lévitant derrière lui. Negi le reconnut sans peine, bien que, comme lui, la personne en question ait une apparence vieillie de quatre ou cinq années.

     

    - Fate ?!

     

    Contrairement à Rakan, l'Averruncus de la Terre n'avait aucune blessure. Oui, le jeune homme maîtrisait, ou plutôt, infligeait à Rakan, l'épéiste de l'ala rubra et rival de Nagi, une sérieuse correction, sans la moindre égratignure !

    L'artefact de Rakan fit apparaître une dizaine de lames qui volèrent à l'encontre de Fate. À un mètre de lui, elles s'écrasèrent comme du beurre et disparurent. Rakan invoqua une gigantesque épée.

    Il n'eut pas plus de résultat.

     

    - Résister à ce point … commenta Fate. C'est admirable. Vous savez pourtant que la différence entre nos forces est trop importante, et que je possède un avantage indiscutable … Pourquoi ? Pourquoi faire tout cela ?

    - Monsieur Rakan ! s'exclama Negi, horrifié.

     

    Mais le gladiateur lui intima de ne pas bouger et d'observer. Il fit disparaître l'armure de son bras droit, et la remplaça par un gigantesque poing d'acier.

    Imperturbable, Fate continuait à discourir :

     

    - Vous connaissez pourtant la vérité de ce monde … Je ne comprends pas, même en sachant cela, vous continuez à vous battre … D'autres se sont écroulés, pourtant. Vous êtes le seul. Vous savez tout, depuis vingt ans. Alors pourquoi continuez-vous, avec une telle désinvolture ?

    - Tu n'as pas compris ? répliqua Rakan avec un sourire provocateur. Je pensais que tu étais plus intelligent. La vérité ? Ça n'a rien à voir avec moi, elle ne m'intéresse pas !

    - Dans ce cas, vous n'avez plus qu'à périr consumé par cette vérité. L'issue du combat est claire.

     

    Une centaine de pieux de métal apparurent avec les autres et fondirent vers Rakan. Il les évita sans problème, tandis que Negi abritait ses deux amies avec sa magie. Soudain, Rakan passa derrière Fate, et s'engagea dans un assaut impitoyable. Il finit par abattre son poing gigantesque sur Fate, l'écrasant au sol avec une violence inouïe. Il libéra une dernière salve de ki, laquelle détruisit le sol sur plusieurs mètres.

    Une épaisse fumée s'en dégagea, et la poussière de roche se souleva, obstruant la vue.

     

    - Il a vaincu Fate, non ?! s'exclama Kû, ahurie.

    - Monsieur Rakan ! appela Negi.

     

    La poussière finit par se dissiper, et Rakan apparut bientôt. L'étrange fumée blanche qui se dégageait de lui continuait de plus belle. Negi retint une exclamation horrifiée : Rakan disparaissait, peu à peu ! Ses deux bras s'étaient déjà pulvérisés en pétales blancs …

     

    - Eh bien, finalement … on dirait que tout était bien écrit, c'est la fin … Petit, fit Rakan en s'adressant à Negi. J'aurais aimé terminer le ménage, au nom de ma génération, mais … à partir de maintenant, ce sera à toi de t'en occuper.

    - Monsieur … Rakan ?

    - Désolé, gamin … Mais bon, si c'est toi, ce doit être possible …

     

    Et il disparut. Pulvérisé, tandis que le vent soulevait et éparpillait ces pétales blancs de mauvais augure, qui prédisaient la fin d'une existence.

     

    - MONSIEUR RAKAN !!! hurla Negi, désespéré.

     

    Il regarda sans comprendre l'endroit où son ancien mentor s'était tenu, à peine quelques secondes auparavant. C'était impossible, n'est-ce pas ? Mourir comme ça, emporté par des pétales d'un blanc si pur, pulvérisé sans aucune trace !

    Fate se releva, indemne, ce qui horrifia Kû. La jeune combattante savait bien qu'il était impossible de revenir sain et sauf d'un combat contre ce monstre de puissance qu'avait été Rakan. C'était tout simplement inconcevable.

    Malheureusement, Negi perdit le contrôle, envahi par sa peine. Sa magia erebea ne rencontra aucune résistance, et le transforma vite en un démon noir, pourvu de griffes et d'une queue reptiliennes. Sous cette forme, il était incontrôlable. Incontrôlable, et vindicatif.

    Il se précipita à l'encontre de Fate, malgré les appels de Chisame.

    Pourtant, quelque chose l'arrêta, ramenant en lui une part d'humanité. Quelque chose d'invisible.

     

    - Eh bien … cet homme n'aura cessé de m'étonner … jusqu'à la fin, commenta Fate en disparaissant. Negi, nous nous affronterons plus tard …

     

    Negi voulut l'en empêcher. Encore une fois, il s'arrêta. Une voix venait de s'élever dans les airs :

     

    - Tu ne peux rien faire pour l'instant.

    - Monsieur Rakan ?! C'est vous ?! s'exclama-t-il, ahuri, en reconnaissant la voix.

     

    Rakan réapparut dans une volée de pétales. Ce n'était pas un vrai corps, en chair et en os … en cela, il se rapprochait de Sayo. Un pur esprit. Oui, l'esprit de Rakan s'adressait à Negi. Par la force de sa volonté, il avait réussi à revenir.

     

    - On dirait que tu as découvert la vérité sur ce monde … tu comprends bien qu'ils ont réussi à mettre la main sur un pouvoir lié à ce secret. C'est pour ça que je n'étais pas de taille. Maintenant, vous êtes les seuls … à pouvoir les arrêter ! Mais rassure-toi … je ne te demande pas de porter un tel fardeau. Juste de prendre soin d'Asuna. Si Cosmo Entelecheia possède le pouvoir du créateur, c'est que la véritable petite princesse est entre leurs mains.

     

    Negi laissa échapper un cri de surprise après cette déclaration, mais Rakan, qui n'avait pas assez de temps, ne s'expliqua pas. Il s'adressa seulement à Chisame de veiller à ce que Negi perde le contrôle le moins possible. Parce que c'était elle qui le comprenait au mieux.

     

    - Ah, et dites à la petite Lya qu'elle a du boulot …

     

    Il s'évapora à nouveau. Et cette fois-ci, Negi sentait bien que Rakan avait disparu pour toujours. Seule sa voix retentit encore quelques secondes.

     

    - Va de l'avant … et ne regarde pas en arrière. Le monde sourit … à ceux qui regardent droit devant.

    - C'est une blague … murmura Chisame en s'effondrant au sol, en larmes.

     

    Cela ne lui ressemblait pas … Cet idiot, mourir comme ça … elle ne le comprenait pas. Lui qui arrivait toujours à s'en sortir … Pourquoi devait-il finalement abandonner ?

     

     


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