•  Le lendemain, Lya se rendit au collège en compagnie de Kaede et des jumelles. Ce matin-là commençaient les préparatifs pour la fête, et la 3-A avait choisi de faire une maison hantée. La classe était encombrée de planches, de décors, de pots de peinture et d'outils.

    Lya et plusieurs de ses camarades rangeaient dans un coin de la pièce le matériel dont elles n'avaient pas immédiatement besoin. L'apprentie magicienne s’acquittait de sa tâche machinalement, l'esprit complètement ailleurs. Ce qui ne la changeait pas trop par rapport à la veille, en fait.

    Une main se posa sur son épaule, et elle sursauta. Elle laissa échapper un soupir de soulagement. Ce n'était que Satsuki, elle ne la mettrait pas dans l'embarras. Quoique.

     

    - Tu sembles ailleurs, commença-t-elle.

     

    Pour une raison inexplicable, la collégienne blonde rougit, l'espace d'un instant. Lya ravala le « tu as trouvé ça toute seule ? » ironique qui avait failli franchir ses lèvres, et choisit plutôt une réponse plus banale.

     

    - Je sais, répondit-elle, complètement désabusée. Fumika me l'a fait remarqué. Hier.

     

    Son amie, devant cette réponse qui ne risquait pas vraiment de faire avancer la discussion, n'alla pas par quatre chemins. Elle dit ce qu'elle avait à l'esprit, en une seule phrase.

     

    - Moi, j'ai l'impression que tu es amoureuse de Negi, comme à peu près la moitié de la classe.

    - Satsuki, tu délires, là … Je suis pas amoureuse de Negi, non mais n'importe quoi !!! et puis quoi, encore ?!

     

    Ah ben si, elle pouvait l'embarrasser.

    Satsuki vit tout de suite que son amie était sincère. Alors elle proposa autre chose. De pas très différent, en fait.

     

    - Et de Yoru, l'un des garçons avec qui Chao, Ku et toi parliez ?

    - Ha ha … impossible, répondit-elle, terminant la conversation.

     

    Elle s'éloigna chercher d'autres planches à ranger, complètement rouge comme une pivoine. Bien … elle allait ranger des panneaux de bois, au moins elle pourrait se cacher avec … le temps que son visage retrouve sa couleur normale. Amoureuse … maaaaaais oui, c'est ça ! Et la suite, ce sera quoi, hein ?!

    Malheureusement – pour elle – Lya se retrouva en face Fumika et Fûka, et la deuxième s'était sûrement elle aussi rendue compte de quelque chose, depuis la veille. Sentant les questions poindre, Lya décida de parler la première. Et de dire tout ce qu'il fallait, tout de suite. Autant éviter une conversation de trois minutes et trente-six secondes – précisément ! – ça l'arrangerait.

     

    - Oui, je sais, je suis rouge. Oui, j'ai l'air d'être amoureuse. Non, je ne le suis pas !

    - D'accord … si tu le dis ! répliquèrent en chœur les deux jumelles en s'en allant, mortes de rires.

     

    Lya repartit elle aussi en vitesse dans le coin où elle rangeait les planches, puis la sonnerie retentit. Sauvée par le gong, pensa Lya.

    Elle fila vers la cafétéria comme si elle avait le feu aux fesses, passant par les toilettes pour se passer un peu d'eau fraîche sur la tête. Ce qui eut le mérite de lui faire retrouver sa couleur d'origine, et donc de lui éviter l'embarras.

    Ce dont elle ne se doutait pas, c'était qu'une certaine personne vivait exactement la même chose au collège pour garçons … c'est dire, le hasard faisait bien les choses, quand même …

     

    ***

     

    Le soir, la classe se réunit pour continuer les préparations. La 3-A était énergique, comme à son habitude, et plusieurs d'entre elles testaient les costumes, quand Lya ressentit des frissons dans le bas du dos. Elle se redressa, méfiante. Quand ça lui arrivait, c'était qu'il y avait une menace. Mais quel danger pouvait-il y avoir dans le collège.

    Elle scruta tous les recoins, aussi bien avec ses yeux qu'avec sa magie, mais ne trouva rien. Soudain, une aura blanche apparut derrière Fûka et Makie. La silhouette passa du blanc au noir, puis se précisa. On aurait dit une fille. Elle avait de longs cheveux blancs, des yeux rouges et une mine sinistre. Un esprit ! Mais que faisait un esprit dans la salle, hein ?! Elle dégageait une aura froide et sombre. La panique s'empara de la classe. Lya se mis en position de contre-attaque , le cœur battant … avant de s'apercevoir que c'était absurde. Elle doutait fortement que le ninjutsu puisse faire quelque chose contre un fantôme, quand même ! Et la magie était à éviter.

    Mais l'apparition sembla dire quelque chose et disparut. Tout le monde quitta la classe en catastrophe et rejoignit les chambres, où le sommeil fut difficile à trouver.

    Le lendemain, la classe se regroupa dans le hall de l'école, en compagnie d'autres élèves. L'évènement de la veille avait déjà fait le tour des élèves, à cause d'une grande affiche et d'une photo du fantôme. Rien à dire, elle était toujours aussi effrayante.

    Kazumi s'approcha de Lya, et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Celle-ci laissa échapper un « Quoaaaaaa ? » et observa son amie, complètement ahurie. La journaliste partit, laissant la collégienne abasourdie.

    Puis Lya se rendit dans la salle de classe. Yue avisa son air surpris et la rejoignit.

     

    - Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda-t-elle, curieuse.

    - Oh, rien … une sombre histoire de ghostsbusters … fit-elle, encore étonnée par la folie de celles qui avaient organisé ce qui se passerait au soir, c'est-à-dire une grosse partie de la 3-A.

    - J'avoue ne pas comprendre, là.

    - Bah, tu comprendras en temps et en heure, termina Lya en voyant Negi entrer.

     

    Les préparatifs continuèrent jusqu'à l'heure des clubs et jusqu'à l'entraînement de Lya, consacré à la magie. Malgré la terreur de certaines, comme les jumelles, la classe convint de se retrouver le soir. Yue comprit enfin ce que son amie magicienne avait voulu dire. Haruna, Makie, Yuna, Kazumi et Sakurako avaient formé une équipe de … ghostsbusters … et tenaient chacune un « fusil purificateur d'âme ». Personnellement, Lya avait de gros doute sur l'utilité de ces choses.

    Kazumi fit appel à Nodoka pour déchiffrer les pensées du fantôme, qui devait s'appeler Sayo Aisaka, selon la journaliste. Il s'agissait d'une élève morte en 1940. C'est à partir de là que la situation dégénéra. Le dessin de l'artefact de Nodoka montrait une tête sinistre et menaçante. Et puis, quand quelqu'un vous dit « toi aussi … ensembles … par ici … amusons-nous … amies … contente … », comme c'était écrit sur le journal, vous n'avez peut-être pas spécialement envie de le suivre … C'était à peu près le sentiment général. L'image ne fit que renforcer l'idée que Sayo était maléfique.

    Tout le monde était paniqué, mais ça empira quand l'esprit décida de faire voler les tables et les chaises … c'était un peu difficile de suivre la défunte, tout de même … Un instant elle voulait être leur amie, et l'instant d'après elle leur balançait des chaises à la figure … comment dire … c'était pas très logique ! Ensuite, elle posséda Yuna et écrivit « go-kai-des »* en lettres de sang sur les fenêtres. Franchement, quelque chose ne tournait pas rond avec ce fantôme …

    Heureusement, Setsuna et Mana, qui manquaient à l'appel, arrivèrent et prirent en chasse la prit en chasse. Enfin, pour le « heureusement », rien n'était sûr … Kazumi avait réussi à prendre une photo de la défunte. Elle pleurait, poursuivie par Setsuna et Mana. Ce n'est qu'à cet instant que Lya comprit ce qu'il s'était passé. Go-kai-des signifiait un malentendu par rapport au journal, et le reste était de la maladresse de la part de Sayo et de l'incompréhension de la part des autres. Simplement, l'épisode des chaises et des tables était encore inexpliqué … S'il y avait un sens, c'était un peu tordu, non ?

    Negi sortit de la classe suivit de près par Kazumi. Une fois dans le couloir, ils montèrent sur le bâton du magicien et rattrapèrent Setsuna et Mana. Lya, Asuna et Konoka les rejoignirent elles aussi. Il était temps, parce que Mana avait failli tuer le fantôme – mouahahaha ! – et compte tenu de la situation, c'était plutôt moyen.

    Finalement, Sayo disparut l'âme en paix … enfin, c'est ce que croyaient Negi, Asuna, Konoka et Kazumi. En vérité, elle avait juste réapparu trois mètres plus loin. Finalement, le petit groupe partit rassurer les autres qui ne savaient pas ce qu'il s'était passé.

     

    * Go-kai-des : « cinq fois mort », ou « c'est un malentendu », comme vous voulez …

     

    ***

     

    Heureusement pour Lya, les quinze jours suivants furent plus calmes. Ou plutôt, personne ne chercha à explorer son cœur et aucun fantôme ne réapparut. Mais cette période ne fut si reposante que ça. Comme ce laps de temps ne suffisait pas, les deux derniers jours avant la fête, l'ensemble de la 3-A se rassembla la nuit pour continuer la maison hantée. Avec M. Nita surveillant les couloirs à ce moment. Super ! En plus, elles avaient besoin des marteaux. En fait, le plus drôle – ironique ! – consistait à enfoncer des clous dans les planches de bois avec leurs outils sans que le professeur ne les entende. Très, très pratique.

    Malgré ces quelques heures passées à travailler au lieu de dormir, Lya arriva à ses entraînements – à peu près – en forme. Heureusement, car Arianna lui enseignait depuis quelques temps des sorts et des techniques qui requerraient toute son attention, comme le nivis casus. Être fatiguée pendant cette période était donc une mauvaise idée.

    L'après-midi suivant la première nuit, Ayaka, dans un grand moment de sagesse, décréta une longue pause d'une heure et demi. Celles qui voulaient rentraient, les autres restaient. N'ayant pas vraiment le temps de faire grand chose pendant ce temps, Lya s'assit à une table et y posa la tête. Sans s'en rendre compte, elle sombra dans un lourd sommeil. Son rêve fut à nouveau des plus réels … ça faisait longtemps, tiens …

     

     

    Lya se trouvait maintenant dans une grande oasis, à l'ombre d'une végétation plutôt dense l'abritant du soleil. Elle aperçut, sans grande surprise, la petite fille d'environ sept ans qu'elle voyait souvent dans ses visions et qui était sa copie conforme, sauf pour l'âge. La collégienne avait d'ailleurs fini par vraiment penser que c'était elle quelques années auparavant.

    Ce qui l'étonna davantage, c'est de voir une jeune femme ayant la vingtaine, de longs cheveux noirs et des yeux d'un bleu profond, qu'elle ne connaissait que trop bien. Arianna ! Celle-ci avait l'air d'avoir dix ans de moins que celle que Lya connaissait.

     

    - Tu viens ? fit Arianna d'une voix enjouée. Allons parfaire tes clones !

    - Oui ! répondit la petite, sur le même ton.

     

    Toutes deux s'éloignèrent, laissant Lya réintégrer la réalité.

     

    Elle se réveilla en sursaut. Asuna l'observait, curieuse.

     

    - Pourquoi t'as sursauté ? demanda son amie.

    - Il reste combien de temps avant qu'on reprenne ?

    - Quinze minutes. Tu n'as toujours pas répondu à ma question, fit Asuna, intriguée.

    - Ah ? Euh … pour rien.

     

    Elle prétexta vouloir passer de l'eau sur sa figure, voulant en vérité ne pas se perdre dans d'inutiles explications.

    Ce rêve, s'il était reflétait vraiment la réalité, ne lui apprenait seulement qu'elle avait peut-être connu Arianna. Rien n'était sûr, puisque Lya n'avait aucun moyen de vérifier la véracité de ces songes. Mais … elle plissa les yeux. Il y avait tout de même un problème. La petite Lya semblait avoir six ou sept ans de moins que celle du présent. Pourtant, son entraîneuse paraissait avoir perdu au moins une dizaine d'années, si ce n'est plus … comment expliquer cette différence ? Elle décida d'en parler à Arianna. Celle-ci pourrait lui dire si elles s'étaient connues, et si oui, elle serait certainement en mesure de l'éclairer sur ce point.

    Lya arrêta d'y penser, et sortit rapidement. Elle rejoignit la salle de classe pour découvrir que, même en venant elle aussi d'arriver, Ayaka semblait hystérique à cause du peu de temps avant la fête.

    Puis vint le moment que Lya attendait depuis la pause. Elle prit la petite navette, qui la conduisit quelques rues plus loin. Elle sortit de Mahora et s'engagea sur la petite route qui menait chez Arianna.

    La jeune fille arriva rapidement devant la porte de son entraîneuse. Celle-ci lui ouvrit.

     

    - Entre, dit-elle, souriante.

    - Dis, Arianna, commença Lya alors qu'elles prenaient le couloir vers le jardin, j'aimerais savoir quelque chose.

    - Qu'y a-t-il ?

    - En fait, ça risque de prendre du temps …

     

    La jeune femme réfléchit un instant, puis lui annonça que Lya avait assez progressé pour rater une séance, ou du moins une partie. Elle la fit entrer dans le salon, et l'invita à s'asseoir. La pièce était assez grande, comportant une table, peu de chaises – Arianna vivait seule et avait rarement des invités – quelques armoires et le canapé sur lequel elles étaient assises.

     

    - Alors, que voulais-tu me demander, Lya ?

    - Eh bien … depuis maintenant quelques semaines, je fais des rêves étranges qui paraissent vraiment réels … j'ai également des visions de temps en temps.

     

    Arianna tressaillit à ces mots. Il y avait deux raisons possibles. Soit elle pensait que son élève était folle, ce qui était peu probable. Autre hypothèse plus vraisemblable, elle devait savoir quelque chose. Curieuse, Lya poursuivit son récit, guettant les réactions de la jeune femme. Elle lui raconta l'étrange similitude entre elle et la petite fille qui apparaissait toujours dans ses visions, et lui résuma celles dont on pouvait tirer quelque chose. Mais elle gardait le meilleur pour la fin.

     

    - Donc, pour récapituler, dit Arianna en apparence calme, tu fais des rêves dans lesquels tu te vois petite, et ça parle souvent de magie et de ki, c'est ça ?

    - Oui. Et je ne t'ai pas tout dit. Ça m'est arrivé de nouveau tout à l'heure, et là, devine qui est apparue ?

    - Vas-y, dis-moi, demanda la magicienne, tendue malgré elle.

    - Toi.

     

    Cette fois, ce ne fut pas qu'un simple tressaillement. Arianna eut un sursaut très visible, malgré tous ses efforts pour le cacher.

     

    - Tu sais quelque chose ? continua Lya, curieuse de la réponse.

    - Non, répondit-elle le regard fuyant. Ce doit être un simple rêve, qui te semble juste un peu plus réel.

     

    Lya fit mine d'être déçue. Elle était tiraillée entre sa volonté d'en savoir plus, et celle de ne pas indisposer la jeune femme. Si jamais ses rêves se vérifiaient, d'une façon ou d'une autre, elle pourrait toujours lui demander à nouveau. Ou trouver un autre moyen de découvrir la vérité, au choix.

     

    ***

     

    Le lendemain – après une dernière nuit de travail – les 3-A réussirent avec soulagement à terminer la maison hantée. La veille du festival. C'était juste !

    Lya sortit de la salle de classe littéralement transformée. Elle atteignit la place devant le collège et se dirigea vers l'arrêt de navette pour se rendre à son entraînement, comme chaque après-midi après les cours. Elle s'arrêta, surprise. Arianna descendit du mini-bus et jeta un regard circulaire sur les lieux. Lya lui fit de grands gestes de la main, attirant son attention.

     

    - Que fais-tu là ? demanda la collégienne, une fois qu'Arianna l'eut rejointe.

    - J'ai reçu un appel du principal. Il voudrait que je vienne à une réunion. Si possible, il voudrait aussi que tu y participes.

    - Moi ? Mais pourquoi ?

    - Va savoir, répondit la jeune femme, mais ça concerne les magiciens.

     

    Elles se rendirent donc sous l'Arbre Monde, où se passait la réunion. Une barrière magique avait été érigée autour de la place pour repousser les passants. Sur place, Lya découvrit avec stupeur que Yoru s'y trouvait également, à côté de Kotaro. Que faisait-il dans une réunion de magiciens ? Elle alla se placer à côté du frère de Keiichi. Durant les quinze jours précédant la fête, ils s'étaient souvent rencontrés au Chao Bao Zi, et la timidité qu'elle avait en sa compagnie avait fini par disparaître.

    Ses pensées furent interrompues par l'arrivée de Negi. Après quelques présentations, le principal prit la parole. La réunion avait pour sujet la légende de l'Arbre Monde. Cet arbre et six places autour de lui rassemblait une grande quantité de magie et la relâchait tous les vingt-deux ans, lors de la fête de Mahora. Ce pouvoir, disait-on, avait la capacité d'exaucer certains vœux. Le problème résidait en la nature du souhait et surtout du taux de réussite. En fait, les déclarations d'amour étaient nombreuse, et étaient exaucées à 120 % ! De quoi manipuler l'esprit de gens pas forcément amoureux … comme le principal le soulignait, c'était vraiment à éviter. Le but était donc de faire des rondes pour éviter les confessions devant l'Arbre Monde et dans les six places à risques.

    Soudain, une des élèves en magie prit la parole.

     

    - Quelqu'un nous observe.

     

    Un des professeurs réagit en claquant des doigts, et envoya une vague magique, détruisant une sorte de robot espion. Des élèves les surveillaient. De mieux en mieux, se surprit à penser Lya. Au début, elle pensait qu'ils devraient empêcher les confessions sans dévoiler leur magie. En fait, ils devaient empêcher les confessions sans dévoiler leur magie tout en évitant des robots espions furtifs. Il y avait mieux, tout de même, comme programme. Surtout pour un festival.

    Le principal leur rappela une dernière fois leur mission, puis termina la réunion. Des passants revenaient, signe que le sort de répulsion avait été levé. Lya partit avec Yoru, étant libre jusqu'au lendemain : Arianna avait annulé l'entraînement pour que son apprentie se détende avant le festival, et les rondes ne commenceraient que le jour suivant. En plus, les jumelles ayant à faire quelque chose de tout à fait non identifié avec Misora, les quatre colocataires avaient prévu de manger tard, ce qui l'arrangeait.

     

    - Dis Yoru, tu es magicien ? Tu ne me l'avais pas dit, commença-t-elle.

    - Non. Et je te signale que je n'avais aucun moyen de savoir que tu pratiques toi-même la magie. Donc je ne pouvais rien te dire à ce sujet.

    - Pas faux … qu'est-ce tu faisais là alors ?

     

    Yoru lui raconta la chance qu'il avait eue. Deux ans auparavant, il avait découvert un magicien. Ce dernier avait failli lui effacer la mémoire, mais s'était arrêté au dernier moment, pour une raison inexplicable. À la place, il lui avait demandé de garder le secret. Très rapidement, les professeurs de magie se sont aperçus de cet accord et ont voulu à leur tour lui faire oublier leur existence. Le magicien découvert par Yoru avait fait des pieds et des mains pour éviter ça et avait négocié avec ses collègues. Yoru devraient les aider à conserver le secret, et en retour, il gardait sa mémoire des évènements magiques.

    La conversation dériva ensuite sur de nombreux sujets, jusqu'au soir. Lya sourit. Elle n'avait jamais parlé avec lui aussi longtemps. Elle aimait discuter avec ce garçon, toujours calme par rapport à la majorité des membres de son club de kenpô. Ils étaient devenus de bons amis, et il lui était arrivé de se confier à Yoru lorsqu'elle avait des problèmes, lequel avait toujours eu vite fait de l'apaiser.

    Lorsque la nuit tomba, il sembla soudain plus nerveux. Lya annonça qu'elle devrait bientôt rentrer au dortoir. Ils se séparèrent, mais à peine avait-elle fait quelques mètres qu'il l'appela et la rejoignit.

     

    - Dis, ça te dirait de regarder la parade du deuxième soir avec moi ? demanda-t-il, en apparence calme.

    - Oui, si tu veux, répondit-elle, souriante.

     

    Elle se dépêcha de rentrer, car le couvre-feu approchait à grande vitesse. Dans la chambre, Fûka et Fumika venaient de rentrer, Lya n'était donc pas du tout en retard. Ça l'arrangeait, elle n'aimait pas faire attendre les gens.

    Elles mangèrent, puis se couchèrent rapidement. Le festival commençait le lendemain à dix heures, et Lya voulait voir le plus possible de choses.

     

    ***

     

    À des lieues de Mahora, la veille du festival, une sonnerie retentit dans un bureau. Une femme décrocha le téléphone. Le bureau était très ordonné, ce qui démontrait l'organisation de la magicienne travaillant dans l'école de magie.

     

    - Allo ? commença-t-elle.

     

    Donnette McGuinness n'avait pas besoin de s'encombrer de formalités. Son interlocuteur, le principal de l'école Mahora, était un vieil ami du magicien dont elle était la partenaire, le directeur de l'école de magie de Merdiana.

     

    - Très bien, et vous ? … Oui … Ah, la fête de Mahora ? … Bien … Vous aimeriez des renforts ? … Malheureusement, nous avons besoin ici de tous nos professeurs. Par contre, une stagiaire d'ici pourrait éventuellement intervenir. C'est peu, par rapport à ce que vous aimeriez, mais c'est tout ce que je peux faire. J'en parlerait au directeur … Oui … de rien.

     

    Elle raccrocha. Elle se leva et sortit de son bureau, se rendant dans la pièce contiguë. Mlle McGuinness trouva comme elle l'espérait son maître, le directeur de Merdiana.

     

    - Monsieur, le directeur de Mahora aurait besoin d'aide.

    - Explique-toi, fit-il en haussant un sourcil.

    - Cette année, il semble qu'il aura des problèmes, à cause de certains élèves. Et en raison de perturbations atmosphériques, l'illumination de l'Arbre Monde se produira cette année, et non pas l'année prochaine comme nous le pensions. Il aurait besoin de renforts. Je lui ai répondu qu'on avait besoin de nos professeurs ici, mais qu'il serait éventuellement possible qu'on envoie notre stagiaire. Je suis sûre qu'elle s'en sortira très bien.

    - Va en parler à Illonya, s'il-te-plaît. Ensuite, rappelle Konoemon et donne lui la réponse.

    - Bien.

     

    La jeune femme quitta le bureau, puis le grand bâtiment de l'école. Elle se rendit juste en face, dans le dortoir des élèves de l'école. Cette année-là, une stagiaire de l'école de Lordania, en Norvège, était arrivée à Merdiana pour son stage. Elle se prénommait Illonya. La jeune magicienne devait aider Mlle McGuinness dans les cours qu'elle donnait.

    La professeure monta les escaliers du bâtiment et frappa à une porte.

     

    - Qui est-ce ? demanda une voix de l'autre côté.

    - C'est Mlle McGuinness. Je peux entrer ?

    - Oh, bien sûr !

     

    La jeune femme entra. Elle trouva Illonya assise sur son lit, à réviser des sorts. La stagiaire avait rassemblé, comme toujours, ses cheveux bruns en un début de chignon se terminant par une queue. Dans ses yeux noisette pétillait une certaine malice.

    Donnette prit une chaise et s'assit devant elle, puis lui raconta la raison de sa venue.

     

    - Donc, si je comprends bien, vous souhaiteriez que je parte au Japon pour aider les magiciens là-bas ?

    - Oui. Tu veux bien ?

    - Bien sûr !

    - Alors, ça veut dire qu’Illonya et moi allons encore prendre l'avion ? fit une voix exaspérée.

     

    Celle qui venait de parler était une chatte tabby* de couleur crème. C'était une chatte-fée, comme Camo était une hermine-fée. C'était aussi le familier d'Illonya. La minette sortit du panier, dans lequel elle avait commencé sa sieste interrompue par Mlle McGuinness, et sauta sur les genoux de sa maîtresse.

     

    - Pourquoi tu dis ça, Shelly ? demanda Illonya.

    - Ça se voit que c'est pas toi qui voyage dans la cale ! C'est si ennuyant !

    - Ah oui, c'est vrai …

    - Non, mais c'est pas grave, ajouta Shelly. C'est juste un mauvais moment à passer.

    - D'accord. Quand devons-nous partir ? demanda Illonya en se tournant vers la professeure.

    - Demain matin, pour trois jours. En fait, non. Le mieux, si tu es prête à temps, serait de partir ce soir. À cause du décalage horaire et de la durée du voyage, tu vas arriver le premier jour de la fête, mais le soir. Si tu pars demain, tu n'arriveras que le deuxième jour. Après, tu fais comme tu peux.

     

    Sur ce, la jeune femme quitta la chambre, laissant sa stagiaire préparer ses affaires. Elle s'occupa plutôt de d'acheter le billet d'avion. Heureusement, en cette période, peu de gens partaient du Pays de Galles pour le Japon. Il y aurait encore des places, même pour un départ aussi précipité.

     

    * tabby ou tigré

    ***

     

    - Bonjour, Lya !

     

    La journée venait de commencer pour les quatre colocataires. Une demie-heure plus tard commencerait le festival, et Lya venait de se lever. Elle se prépara, puis sortit avec les filles. À peine fut-elle dehors lorsqu'elle reçut un appel du principal. Elle s'éloigna du petit groupe pour pouvoir répondre tranquillement, car il s'agissait sûrement de magie dont il voulait parler.

     

    - Allo … Monsieur le principal ? Que voulez-vous ? … Oui … Une magicienne va arriver ? … Vous voulez que j'aille la chercher à l'aéroport ? Bien sûr. Au revoir !

     

    Bon, apparemment, une dénommée Illonya était censée arriver en fin de soirée. Lya croyait comprendre pourquoi c'était à elle de venir la chercher. Les professeurs de magie étaient certainement trop occupés, comme Negi.

    Bref, elle rejoignit les trois filles qui l'attendaient et elles firent le tour de quelques stands, jusqu'à ce que ce soit à leur tour d'aider à animer la maison hantée.

    Elles montèrent dans la salle de classe, enfilèrent les déguisements pour l’attraction puis rentrèrent dans l'attraction pour se placer. Il y avait trois parcours, mais elles étaient toutes les quatre dans celui d'Akira, qui était censé être le plus effrayant.

    Lya se sépara des trois autres à l'intersection où elles devaient intervenir, et se cacha plus loin. Curieusement, le premier client à arriver fut Negi, ayant choisi le parcours d'Akira. Le petit professeur avait vu le directeur, Natsumi et Ako, c'était maintenant au tour de Lya. Elle pouvait faire deux choses. Soit le client était un magicien, et Akira pensant que c'était des effets spéciaux, Lya pouvait s'éclater, soit le client était normal et elle préférait faire comme ses camarades. La jeune magicienne créa un clone, qu'elle envoya à la rencontre de son amie et de Negi.

     

    - … Nous risquons même de mourir, terminait Akira, effrayant Negi.

    - Akira, cria la fausse Lya, la situation s'envenime avec les esprits ! C'est pire que ce que nous avons imag …

     

    À ce moment, la vraie Lya envoya un kunaï sur son clone, qu'elle avait créé faible exprès et qui disparut, purement et simplement. Calme, Negi aurait facilement décelé le stratagème, mais paniqué comme il était, il ne prit pas la peine de réfléchir. À partir du moment où Akira fit semblant d'être décapitée, Lya eut l'impression que le garçon vivait l'enfer. À moitié pliée de rire – silencieusement – elle eut pitié pour lui. Il sortit en courant, hurlant de terreur.

    Les clients s'enchaînèrent, mais Lya n'eut pas l'occasion de s'amuser avec ses clones de nouveau. Dommage, elle aimait bien ce petit tour qui était maintenant si simple pour elle. Des roulements eurent lieu trois heures après, au moment de manger. Des filles ayant déjà prit leur déjeuner les remplacèrent et Lya, Kaede et les jumelles eurent le reste de leur journée libre.

    Elles mangèrent dans un petit restaurent bondé. Pendant la fête, il était inutile de chercher une auberge au calme. Même les plus petites enseignes étaient envahies par les clients.

     

    C'était là que ça devenait drôle. Enfin, dans le sens ironique du terme. Lya se sépara des trois filles après qu'elles avaient mangé des glaces – eh oui, dans une certaine mesure, les jumelles arrivaient à faire faire à Kaede ce qu'elles voulaient – et partit de son côté. Elle avait, à trois heures de l'après-midi, ses rondes à faire autour de l'Arbre Monde. Elle se demandait d'ailleurs toujours pourquoi elle avait été conviée à la réunion. Mais bon, c'était comme ça, elle devait faire avec.

    Bref, elle passa trois petites heures sympathiques à tourner autour d'un arbre, grand d'accord mais un arbre quand même, un appareil détecteur de confessions à la main. Elle utilisa le plus vente, que Negi lui avait conseillé pour ses rondes, lui permettant de faire voler un chapeau, ou n'importe quel objet de petite taille pour pousser les tourtereaux en dehors de la zone.

    À un moment, Lya repéra Mana et le petit professeur. La technique de Mana était plus … directe … que celle des deux magiciens. Elle endormait à chaque fois l'un des deux amoureux avec une balle anesthésiante. Un peu brutal, quand même. Ce fut quand même utile lors d'une Neruton party*, où de nombreux collégiens allaient faire leurs déclarations. Mana donna pour prétexte le tournage d'un film, juste après avoir attaqué tout le monde en trois secondes chrono. Pour tout dire, la tireuse réserva le même sort au garçon qu'elle aimait et qui allait lui déclarer son amour.

    Soudain, le détecteur à confessions émit un bip sonore. Il restait un seul couple. Lya décida de leur épargner la méthode Mana, le coup du film lui ayant donné une idée. Elle s'élança pendant que Negi persuadait la tireuse de le laisser agir à sa place, et s'adressa aux deux tourtereaux. Ils ne tenaient rien à faire voler, mais il restait une autre solution.

     

    - Euh … excusez-moi, dit-elle avant que le garçon ne déclare sa flamme, mais vous êtes sur le tournage d'un film … Pourriez-vous vous décaler de quelques mètres, en pas des escaliers, s'il-vous-plaît ?

    - Quel film ? fit la fille qui n'avait rien remarqué.

     

    Lya leur pointa du doigt sa camarade, le magicien et la demi-douzaine de gens étalés par terre, comme si elle ne savait pas ce qu'elle venait d'interrompre. Ils acceptèrent, et le collégien reprit sa déclaration en bas des escaliers, en dehors de la zone dangereuse.

    Les deux autres rejoignirent la jeune fille.

     

    - Qu'est-ce que tu leur as dit ? demanda Mana, curieuse.

    - Qu'on tournait un film et qu'ils étaient sur la scène. Tu sais, sans vouloir t'offenser, je trouve tes façons de faire … un peu … expéditives.

     

    La tireuse répondit par un haussement d'épaules. Le petit groupe se sépara. Negi et Mana avaient fini leur ronde, contrairement à Lya qui avait une petite demie-heure devant elle. Mais bon, la jeune fille blonde n'était plus à ça près. Elle repartit donc seule, à tourner autour de la même place. C'était lassant, à la fin !

    Elle utilisait un vente pour la énième fois quand Chao apparut dans son dos. Ce fut une apparition courte, mais elle ne laissa pas Lya indifférente.

     

    - Alors, tu t'amuses bien ? demanda-t-elle.

    - On va dire ça comme ça, répondit Lya qui ne pouvait pas lui dire pourquoi elle était lassée de tourner autour d'un arbre.

    - Un petit conseil, profites-en le plus possible, Lya Aemilia

     

    Le dernier mot fut prononcé si bas que personne à part sa destinataire n'aurait pu l'entendre. Sur ce, Chao disparut, laissant son amie plantée là, ahurie. Lya se reprit – ou du moins elle arrêta de d'ouvrir la bouche comme un poisson hors de l'eau – et pensa au dernier mot de la chinoise. Aemilia … qu'est-ce que ça pouvait vouloir dire ? Chao l'avait prononcé comme un nom de famille ou un titre. Pourtant, le nom de Lya était Aoki, et d'aussi loin qu'elle se souvienne, personne ne lui avait donné de titre à Mahora. En plus, là, comme ça, elle ne voyait pas du tout quelle signification ce mot pouvait avoir, mais lui semblait pourtant familier… Bref, le seul truc que ça changeait, c'était le bor... bazar dans sa tête. Maintenant, ses rêves se battaient avec « Aemilia » pour le squattage de son esprit.

     

    * réunion de couples.

     

    ***

     

    Une heure plus tard, Lya rejoignit le temple Tatsumiya. Elle avait promis à Negi et d'autres de venir regarder les éliminatoires du tournoi, et Kaede venait de la prévenir du changement de lieu. C'était de l'autre côté de la ville. Et la jeune magicienne était super contente – façon de parler – parce que l'aéroport où elle devait accueillir la dénommée Illonya après les préliminaires était lui aussi loin du temple. Vraiment pratique.

    Elle repéra Konoka, Fumika et Fûka dans les gradins, et les rejoignit. Juste après, Yoru vint s'asseoir à côté de Lya.

     

    - Alors, c'est décidé, tu ne participes pas ? fit Lya pour engager la conversation.

    - Non. Et toi, tu ne voulais vraiment pas essayer ?

    - Pfff, tu rigoles ? s'exclama-t-elle en riant. Mon niveau est trop bas pour ce genre de choses.

     

    En fait, elle n'en avait aucune idée, ayant été capable de faire des choses alors qu'elle était censée ne pas pouvoir les faire. Quand elle avait lancé sept flèches avec une aria courte, elle avait été un peu surprise, tout de même. Mais bon, Lya était quasiment sûre de ne pas pouvoir tenir tête aux combattants qui participaient.

    Kazumi apparut comme présentatrice, introduisant l'organisateur du tournoi. Mais … mais … nom d'un … Chao apparut sur le ring, pendant que la journaliste l'annonçait ! La chinoise expliqua les règles malgré la surprise générale. Le plus surprenant était qu'elle parla de Nagi, disant qu'il avait participé à ce tournoi vingt-cinq ans auparavant ... Les préliminaires se déroulaient en forme de Battle royal, avec vingt personnes dans chacun des huit groupes, et deux participants seulement étaient sélectionnés pour le lendemain.

    Lya ne fut pas trop surprise par les combats, par rapport à d'autres. Elle ne connaissait pas trop le niveau de Negi, mais elle avait bien prévu que Ku et les autres se qualifieraient sans trop de problèmes. Le petit professeur réussit lui aussi après quelques prises de kung-fu. Il était d'ailleurs très drôle pour Lya de voir la tête des gros balourds que Negi envoyait valser.

    Dans le registre des scènes … originales, les spectateurs eurent le droit à un petit concours interne de clones. Dès que Kaede utilisa des clones pour se défaire de quatre adversaires en même temps, Kotaro l'imita sous prétexte qu'il n'allait pas se laisser faire. En fait, il s'était désigné une autre rivale que Negi. Les deux ninjas augmentèrent progressivement le nombre de clones sans se préoccuper de leurs adversaires jusqu'à ce que Kotaro s'arrête en râlant, sept corps étant sa limite, contre douze pour Kaede. Bref, ce n'était pas le genre de scènes qu'on trouvait dans un combat.

    En fait, les plus surpris étaient ceux qui ne connaissaient pas les vainqueurs. Trouver deux gamins de dix ans et une bande de collégiennes parmi les sélectionnés devait être surprenant.

    Lya, Yoru et les trois filles allèrent féliciter leurs amis, brièvement pour Lya. Elle n'était pas encore en retard pour l'arrivée de la nouvelle magicienne, mais c'était ce qui se passerait si elle ne se mettait pas en route assez vite. Kaede ayant accepté de l'accompagner, Lya ne se rendit pas à l'aéroport seule. Lorsqu'elles gagnèrent l'aérodrome, l'avion venait d'arriver et les passagers récupéraient leurs bagages. Illonya n'étant pas censée les reconnaître et vice versa, Lya portait un gros panneau avec « Illonya » écrit dessus. Ça lui faisait bizarre de porter cette pancarte alors que personne d'autre ne le faisait, mais c'était indispensable.

    Soudain, une jeune fille les rejoignit. Elle devait avoir onze ans, pas plus. Ses cheveux attachés en début de chignon puis en queue étaient châtains et ses yeux noisette reflétaient son inquiétude de se retrouver dans un pays qu'elle ne connaissait pas et en compagnie de gens qu'elle n'avait jamais vus. Elle était accompagnée d'une chatte tabby crème qui la suivait en toute liberté.

     

    - Est-ce toi, Illonya ? demanda Lya.

    - Euh … oui. Qui êtes-vous ? s'étonna la nouvelle-venue. Ne devait-il pas y avoir un magicien nommé Negi ?

    - Il est trop occupé … désolée. Nous sommes venues à sa place. Je m'appelle Lya, et voici Kaede. Enchantée !

     

    Illonya haussa les sourcils en entendant son prénom mais ne dit rien. Elle aurait sa réponse en temps et en heure.

     

    - Bienvenue à Mahora, ajouta la ninja.

     

    Les trois filles repartirent vers le dortoir. Sur la mezzanine de Lya, il restait encore de la place pour un matelas, il avait donc été décidé que la stagiaire dormirait chez elles. Subsistait le problème de langue. Illonya ne parlait pas japonais, le seul moyen pour se comprendre était l'anglais. Et, petit rappel, Kaede était surnommée « baka blue »1. Elle avait beau pouvoir inventer de bonnes stratégies en combat … les langues, c'était pas ça. Ce fut la nouvelle magicienne qui trouva la meilleure solution. Elle avait emporté un livre de sorts, et elle avait déjà lu une incantation qui permettait d'être compris et de comprendre les autres. L'excuse pour les jumelles risquait d'être un peu bancale – comment leur expliquer qu'elles comprendraient leur invitée sans que celle-ci parle japonais ? – mais c'était difficile de trouver mieux.

    Les deux collégiennes les menèrent, elle et son familier Shelly, jusqu'à la chambre où elle fit la connaissance des jumelles, pendant que le matelas était installé. Finalement, après avoir mangé, la nouvelle-venue s'endormit vite à cause du voyage, tandis que les quatre colocataires se rendirent à la fête du premier soir. Elles n'étaient pas censées rentrer tard à cause du tournoi qui démarrait à huit heures – quelle idée, franchement ! – mais elles pouvaient bien s'amuser un peu !

    Au programme, plusieurs jeux et concours entre 3-A. Bientôt, leurs activités gagnèrent d'autres classes, mais certaines élèves restèrent fidèles à elles-même, comme Chisame avec son ordinateur et Evangeline qui … en fait n'était pas venue du tout. Bref, comme vous vous en doutez, et comme dans à peu près toutes les fêtes avec les 3-A, il était difficile de s'ennuyer.

    Tout de même, quand l'une des collégiennes de cette classe sortit l'un des concours les plus idiots dont Lya ait jamais entendu parler, celle-ci faillit s'éloigner comme si elle faisait face à des folles (comment ? Vous êtes sûrs, elles sont vraiment folles ?), complètement désabusée.

     

    - Hey, s'exclama la fille (dont on ne donnera pas le nom pour sauvegarder son intégrité), si on faisait le concours de celle qui chante Sakura Sakura 2 à l'envers en sautant à cloche pieds et en faisant un milk shake à la myrtille le plus vite ?

    - Je veux pas doucher ton enthousiasme, mais comment tu comptes faire ça ? demanda Lya, sarcastique.

    - Ben … tu sautes à cloche pieds, tu fais un milk shake à la myrtille et …

    - Et je chante Sakura Sakura à l'envers. Ça j'avais compris. Mais montre moi comment tu fais … je vais pas dire que je suis partante si tu réussis, parce que je ne suis pas folle, mais tu me diras quand tu l’auras fait.

     

    La fille en question dut reconnaître que c'était pas une aussi bonne idée que ça, et la fête continua sans concours débile. Enfin, pas autant. De toute façon, les colocataires de Lya et elle rentrèrent vite, à cause du lendemain.

    Lya mis plus de temps à sombrer dans le sommeil que ses trois amies. Il y avait quelque chose, un pressentiment, qui l'empêchait de dormir quand elle pensait au lendemain. Peut-être était-ce à cause du tournoi de ses amis ?

     

    1 à noter qu'elle avait dit « Bienvenue à Mahora » en anglais parfait … en même temps c'était pas très difficile. Surtout en se préparant à l'avance.

    2 Chanson pour enfants très populaire au Japon (traduction : Cerisiers cerisiers)


    votre commentaire
  •      - mmh ...

    - Ah, t'es reveillée, Lya ? s'exclama Fumika, un peu trop fort pour Lya.

    - Oh s'il te plaît, laisse moi émerger … on est dimanche après tout … gémit la paresseuse.

     

    La 3-A était de retour à Mahora, après un voyage plus qu'étrange – enfin plus pour certains que pour d'autres. Lya, elle, ne savait quoi en penser. Cependant, après un réveil qui reprenait un peu ses habitudes, la jeune fille avait l'impression que ces évènements n'étaient qu'un simple rêve.

     

    - Dis donc, tu te lèves tard ! lança Fûka.

    - Hein ? Pourquoi, il est quelle heu...Hein ?! Midi et demAÏE !!!

     

    Étant sur sa mezzanine, ce qu'elle avait un peu tendance à oublier, Lya venait de se cogner la tête contre le plafond.

    Bon ben ça c'était fait … elle qui avait l'intention de passer du temps ce matin-là avec Asuna ou Setsuna, avec qui elle était plus proche qu'avant, c'était raté.

    Alors que les jumelles partaient s'amuser avec Negi qui, en passant, n'en savait rien du tout, Lya en profita pour demander un gros service à Kaede.

    En effet, la jeune fille souhaitait apprendre la magie, au cas où elle aurait encore des problèmes, mais elle voulait pouvoir se défendre autrement, ça pouvait toujours être utile … dans un monde où le secret de la magie devait être gardé. Alors elle avait décidé de s'entraîner au ninjutsu avec Kaede, si bien sûr elle était d'accord.

     

    - Hum, Kaede, euh … je peux te demander un gros service ? commença Lya, ne sachant pas comment le demander.

    - Qu'est-ce-qu'il y a ? demanda l'étudiante, intriguée.

    - Je voulais savoir si … tu voulais bien m'apprendre le ninjutsu … si ça ne te dérange pas, bien sûr ! J'ai peur qu'il y ai d'autres problèmes …

    - Tu ne voulais pas apprendre la magie ? s'étonna Kaede.

    - Si, mais comme ça doit rester secret, je voudrais pouvoir réagir autrement qu'avec ça … et puis ton style de combat me plaît …

    - Après, si ça te gêne pas de faire ça pendant le week-end, alors je peux le faire. Mais tu sais, je suis moi-même en phase d'entraînement …

    - Ça veut dire que tu veux bien ?! Merci !! s'écria la jeune fille sans vraiment prendre en compte la dernière phrase.

     

    Voilà une bonne chose de faite. Mais il fallait encore qu'elle voit pour que Negi lui apprenne la magie … et elle voyait pas comment c'était possible avec son emploi du temps de prof. Pour dire la vérité, si lui-même avait le temps de s'entraîner, c'est qu'il avait de la chance.

    Lya décida de laisser ça de côté et de lui demander le lendemain après les cours, pour pas le déranger … surtout qu'il avait sûrement fort à faire avec les jumelles.

    Comme la jeune fille n'avait strictement rien à faire, elle resta dans sa chambre tout l'après-midi. Les jumelles étant revenues, elle n'avait pas vraiment de quoi s'ennuyer.

     

    Le lendemain, elle réussit enfin à se lever à l'heure, une première pour un jour de classe. La journée se passa comme d'habitude : crises de fou rire avec les gaffes de Negi, bien sûr les leçons qui n'avaient rien d'extraordinaire, et puis ze vampire Evangeline qui roupillait tranquillement à côté de sa voisine de classe. À la fin des cours, Negi fit un truc un peu … euh … un peu maladroit, qui fit croire à à peu près la moitié de la classe qu'il était amoureux de .

     

    - Voilà, vous pouvez y aller ! Ah, Ku-Fei, j'aimerai te parler … en privé, ce sera mieux, sur la place de l'arbre monde.

     

    Et voilà, ça c'était fait ! Lya sortit en vitesse de la classe, pour éviter d'être prise dans le débat «quoi ?! Negi est amoureux de Ku-Fei ?!». Elle n'était pas vraiment intéressée, surtout par un ''scoop'' qui, connaissant les bourdes de Negi, n'était pas fondé du tout.

    Cependant elle avait envie d'observer la réaction des autres lorsque Negi irait parler à Ku. Parce que vu la classe où la jeune fille était tombée, ses camarades allaient se regrouper là-bas pour observer les faux amoureux. Alors quand elles sortirent de la classe, Lya les suivit vers l'Arbre Monde, gigantesque arbre au centre de Mahora.

    Tout à coup, Asuna, Konoka et Setsuna rejoignirent le professeur et son élève, et les invitèrent à aller jouer au bowling, soulignant que la jeune épéiste n'y était jamais allée. Du coup, Ayaka sortit des buissons où toutes les observatrices s'étaient réfugiées, prétextant qu'il fallait en avoir le cœur net concernant la pseudo-relation amoureuse. La déléguée demanda à rejoindre le petit groupe, et bientôt tout le monde les suivirent.

    Et à partir de ce moment, la jeune fille fut complètement scotchée par l'experte en kenpô. À la stupéfaction générale, Ku ne fit pas une seule erreur : elle enchaîna strike sur strike !

    Ce qui eut l'effet d'énerver considérablement Ayaka, qui lui lança un défi de bowling, même si ce n'était pas très logique de sa part. Makie s'y joignit, et même le timide rat de bibliothèque1 participa au challenge. Lya faillit avoir une crise de fou rire en voyant la tête de la déléguée, qui bien sûr avait perdu contre la chinoise. Elle le maîtrisa, ne voulant pas ce mettre à dos la déléguée.

    Et la spectatrice de tout ce gros bazar ne regretta pas d'être venue. Mais alors pas du tout. Fallait voir la classe quand les filles découvrirent que Negi voulait simplement demander à Ku de lui enseigner le kenpô ! À ce moment, Lya dut partir en quatrième vitesse pour éviter son fou rire qui revenait au grand galop et qui aurait vite fait d'attirer l'attention sur elle.

    N'empêche que pour faire ce genre de bourde, Negi était très fort. Très, très fort. Lya eut l'impression qu'elle n'allait vraiment pas s'ennuyer cette année. Mais alors, pas du tout.

     

    1 Surnom de Nodoka

    ***

     

    Le lendemain, Kaede et Lya partirent s'entraîner tôt. Vers 7 heures du matin, le samedi, pour être précise. Raison pour laquelle Lya avait l'air dans le pâté, et bien profondément. Mais bon, elle était impatiente donc elle émergea assez vite. Après une petite demie-heure, elles étaient arrivées dans un coin où personne ne les embêterait, et le camp était installé.

    À ce moment, l'entraînement proprement dit put commencer.

     

    - L'important, c'est de trouver ton ki. C'est ce que tu dois faire en premier, commença Kaede.

    - Le ki ? Qu'est-ce-que c'est ?

    - C'est une sorte d'énergie qu'on a en nous. On peut faire beaucoup de chose si on maîtrise bien le ki.

    - Euh...d'accord.

     

    Eh ben c'était bien plus difficile que ça en avait l'air, hein. Kaede lui avait expliqué comment on faisait mais après trois heures … toujours rien. Elles décidèrent d'une pause afin d'aller chercher à manger : des poissons péchés à l'endroit même, et des champignons, des herbes comestibles … et c'était bon. Et puis la ninja l'avait beaucoup surprise avec sa pêche au kunaï. Eh oui, elle embrochait des poissons à distance avec ça !

    Elles mangèrent puis reprirent l'entraînement. Une fois encore, Lya n'y arriva pas. Elle avait beau essayer, ré-essayer et re-ré-essayer, rien n'y faisait. Elle commençait à se décourager quand elle sentit … quelque chose. Elle n'arrivait pas à savoir ce que c'était, mais … ce n'était pas désagréable. Au contraire, Lya ressentait une douce chaleur en elle. Elle ouvrit les yeux et laissa échapper une exclamation de surprise. Ses mains ainsi que ses avants-bras étaient parcourus par une lueur blanche. Elle tourna la tête vers Kaede, pas encore sûre de ce qui se passait. Elle fut rassurée par le sourire de la jeune fille, qui lui indiquait ainsi qu'elle avait réussi. Lya soupira de soulagement, heureuse d'avoir enfin réussi cette première étape, qui, petit rappel, lui donnait du fil à retordre depuis le matin.

    Ayant fini l'entraînement pour la journée, elles se couchèrent dans la petite tente. Même s'il était de petite taille, l'abri était relativement confortable, et Lya trouva le sommeil sans problème malgré la journée qui s'annonçait.

     

    Le lendemain, alors que Lya essayait désespérément d'émerger, Kaede lui expliqua ce qu'elles allaient faire. Après le petit échauffement qui, soyons francs, avait aussi pour but de réveiller la jeune fille, Lya devrait vérifier qu'elle arrivait encore à accéder à son ki. La ninja voulait ensuite apprendre à son amie les bases du shukushi.

     

    - Le shukushi ? C'est pas la même chose que le quick move ?

    - Oh, tu connais ? s'étonna la ninja.

    - C'est ce que Kotarô utilisait, non ? demanda Lya.

    - Il y a une différence entre les deux : le quick move se base sur les jambes seulement, et il est possible de le remarquer. Le shukushi force à se rapprocher du sol en utilisant le centre de gravité, et on s'élance sans gestes qui pourraient trahir une attaque. Enfin, même si tu sembles déjà le savoir, tous deux servent à se déplacer à une importante vitesse, et portent sur environ sept mètres. De l'extérieur, quand c'est bien maîtrisé, ça peut presque ressembler à une téléportation, pour quelqu'un qui n'en connait pas le mécanisme.

     

    Elle devait donc baisser son centre de gravité … ben c'était pas facile non plus … Juste avant midi, elle réussit enfin à s'élancer … pour se réceptionner avec très peu de grâce et un peu n'importe comment … non en fait elle ne se réceptionna pas du tout, elle se cassa la figure purement et simplement.

    Encouragées par ce premier essai – bien que l'atterrissage laissait à désirer – elles continuèrent une bonne partie de la journée, qui fut essentiellement composée de réceptions ratées et de cassages de figure mémorables. Les essais à l'entraînement du shukushi …

     

    - Bah, c'est pas grave, on y arrive jamais du premier coup, de toute façon. Et puis tu progresses déjà bien, la rassura Kaede.

     

    Elles rentrèrent avant qu'il ne fasse noir. Kaede observait tranquillement son amie. « Ce n'est pas normal », pensa-t-elle. « Elle ne devrait pas apprendre aussi vite. L'entraînement du ki prend des années, et pourtant elle a réussi en une journée … même si elle a rencontré pas mal de problèmes. ». La grande fille n'était pas inquiète mais, intriguée, ça, oui, elle l'était.

    Pendant ce temps, Lya, inconsciente des pensées de son amie, marchait joyeusement, pleine de vie. Elle devait bien compenser : étant dans le vague le matin, il fallait qu'elle soit bien réveillée le soir … c'était logique. Quoique, c'était une excuse bidon.

    Arrivées, elles mangèrent puis se mirent au lit rapidement, puisque les cours reprenaient tôt le lendemain.

    Lya dormait donc profondément lorsqu'un rêve s'imposa à elle … un rêve comme elle n'en avait jamais fait …

     

    Elle entendait des voix. Elle voyait, aussi. Un peu. Pas assez pour discerner quoique ce soit avec précision. Tout d'un coup, un vent violent souffla ; et son ouïe se précisa, sans pour autant que sa vue n'augmente.

     

    - Tu vois, c'est comme ça qu'il faut faire, expliqua une voix de femme. Tu comprends ?

    - Oui ! s'exclama une petite fille.

     

    Lorsque Lya se réveilla, elle ne comprit tout d'abord pas ce qui s'était passé. Puis, n'ayant rien vu dans son rêve, elle tenta d'analyser ce qu'elle y avait entendu. Tout lui paraissait étrangement familier, depuis la bourrasque jusqu'à la voix de l'enfant qui devait avoir dans les quatre ans ; et ce rêve semblait si réel ! Un moment absurde, Lya se demanda si ça ne pouvait pas être un élément de son passé … puis secoua la tête devant son idée débile. Keiji lui en aurait parlé, et puis de toute façon il l'avait recueillie quand elle avait trois ans. C'était impossible …

     

    ***

     

    - C'est tout pour aujourd'hui !

     

    Negi ferma son livre et le rangea dans son sac. Il venait, comme chaque jour, d'annoncer la fin des cours.

    Lya soupira. Le cours n'était pas très difficile à suivre, mais bon, avoir un vampire comme voisine de classe n'aidait pas tellement à se concentrer ! Elle se leva et regagna le dortoir.

    Asuna et Konoka la rejoignirent sur le chemin, et elles parlèrent de tout et de rien, dont le voyage qui était encore bien présent dans leurs esprits. La ville, comme chaque jour, était bourdonnante d'activité. Ça et là, des enfants jouaient, les gens achetaient, parlaient, criaient … Lya commençait d'ailleurs à beaucoup apprécier cette grande cité vibrante et pleine de bruits qui ressemblait à son ancienne ville comme le jour ressemblait à la nuit. La petite commune où elle avait vécu était si morne !

    Les trois collégiennes arrivèrent à l'entrée de l'internat. Elles parcouraient rapidement l'entrée qui contenait tout le courrier des étudiantes quand Konoka s'arrêta.

     

    - Lya, tu sais que tu as une lettre ?

    - Hein ? Laisse moi voir …

    - Oui, ben on va peut-être pas rester plantées dans l'entrée ! râla Asuna, voulant vraiment commencer un après-midi normal – de son point de vue – c'est-à-dire s'affaler sur son lit en oubliant le travail.

     

    À la demande de Konoka, Lya les accompagna jusqu'à leur chambre et resta avec elles pour un moment. La collégienne blonde jeta un coup d’œil à l'enveloppe qu'elle tenait dans ses mains. C'était une lettre de son frère. Il prenait des nouvelles et lui racontait quelques anecdotes qui s'étaient produites depuis son départ. Lya lut le début de la lettre à haute voix, mais garda le reste pour elle, jusqu'à ce que Keiji parle des anciens camarade de sa sœur.

     

    - Oh, la bande d'Ichiro1 s'est calmée ! s'amusa la jeune fille en repensant à leur dernière fuite.

    - C'est qui ? demanda Asuna, passée en mode ''serpillère abandonnée sur un lit''.

     

    Lya leur raconta alors tout ce qui lui était arrivé. Elle énuméra les nombreux accrochages avec ses camarades, et parla surtout du petit groupe qui avait été particulièrement virulent … avant d'abandonner et de fuir comme s'ils avaient eu un psychopathe aux fesses. Ce qu'ils devaient certainement penser, d'ailleurs. Puis elle leur parla de tout ce qui suscitait cette peur, c'est-à-dire ses yeux – l'un bleu l'autre gris – et sa magie.

    Petit à petit, ses deux amies posèrent des questions sur des choses plus anciennes, et Lya se vit obligée de leur raconter qu'elle avait eu un accident à la suite duquel elle avait perdu la mémoire.

    - Et tes parents sont morts ? s'affligea Konoka.

    - Oui et je vis avec Keiji depuis que j'ai …

     

    Lya ne put terminer sa phrase. Quelque chose, une idée, un doute, s’immisçait dans son esprit. Et plus elle parlait de la période de ses huit ans, de son adoption à trois ans, plus cette chose s'imposait. La collégienne ne savait pas pourquoi, mais elle avait maintenant l'impression que quelque chose ne tournait pas rond dans son histoire. Que quelque chose lui était caché.

    Puis elle s'aperçut qu'elle n'entendait plus beaucoup ses amies. Avant qu'elle n'ait eu le temps de prendre la parole, tout devint noir. Elle crut qu'elle était tombée dans les pommes. Ce n'était pourtant pas très désagréable, mais Lya ressentait une certaine angoisse … avant de s'apercevoir que ce n'était pas possible. On ne pouvait pas tomber dans les pommes et rester consciente en même temps, c'était un vrai paradoxe !

    Enfin, tout se précisa. La scène s'éclaira vivement et Lya put de nouveau entendre tous les bruits, mais ce n'était pas les deux collégiennes qu'elle voyait. La sensation qu'elle éprouvait lui fit comprendre qu'elle n'était pas dans la réalité. La jeune fille se rendit compte que ce qu'elle ressentait, elle le connaissait déjà. C'était la même chose que dans son rêve ! Ce rêve qu'elle avait fait après son premier entraînement … Le mot lui vint instantanément : une vision.

     

    Une petite fille blonde âgée d'environ sept ou huit ans se tenait devant elle, à une vingtaine de mètres, la tête baissée. Elle se trouvait en face d'une jeune femme, qui la regardait avec une tendresse non dissimulée. Lya essaya de se rapprocher. Sa vision semblait être une véritable scène, où elle pouvait bouger, agir comme elle l'entendait, mais elle aurait pu faire autant de bruit qu'elle le voulait que jamais les deux personnes ne l'auraient entendue.

    Puis la petite prit une longue inspiration et releva la tête, les larmes au yeux. Lya eut un mouvement de recul en l'observant. Son œil gauche était bleu, et le droit était gris … exactement comme elle ! Son visage enfantin baigné de larmes était d'une ressemblance frappante avec celui de la collégienne … cette vision n'était peut-être pas l'imagination de Lya, contrairement à ce qu'elle pensait.

    L'enfant prit la parole, sa voix brisée montrant sa tristesse. Elle semblait sur le point de faire une importante décision, certainement douloureuse.

     

    - Quand ?

    - Dans quatre ans, répondit la jeune femme.

     

    Puis cette dernière fit un geste, murmura des paroles incompréhensibles. La scène devint éblouissante, puis passa à l'obscurité complète.

     

    - Lya ? Lya ?

     

    La jeune fille ouvrit brutalement les yeux, ramenée par la voix insistante qui l'appelait. Asuna et Konoka l'observaient, plus curieuses depuis qu'elle était revenue à elle.

     

    - Dis, ça t'arrive souvent de t'endormir debout ? demanda Asuna.

    - Je ne suis pas debout, je suis assise. Et non, si ça répond à ta question.

    - roooh, c'est pareil !

     

    En effet, Lya était restée assise sur le lit, comme elle l'était depuis qu'elle était entrée dans la chambre.

    Puis elle se leva, sortit de la pièce en prétextant le travail. Elle entra dans la chambre qu'elle occupait avec Kaede et les jumelles, puis s'appuya contre la porte et secoua la tête d'un air exaspéré. Depuis quand avait-elle des visions comme ça ? Elle se sentait étrangement nostalgique après …

     

     

     

     

     

    1 Oui oui, c'est bien ceux qui se sont attaqués à Lya et qui ont détalé après ! Épisode qui a d'ailleurs bien fait marrer les autres collégiens …

     

    ***

     

    Deux petites semaines après son premier rêve, Lya finit par se dire que ces visions reflétaient vraiment la réalité. Car ces songes, qu'elle soit endormie ou pas, étaient devenus récurrents, même s'ils n'étaient pas tous aussi précis que le jour où elle avait reçu la lettre de son frère. Et, quoi qu'elle en dise, ils lui étaient étrangement trop familiers pour être le fruit de son imagination. Le vendredi, après les derniers cours, La collégienne partit dans un coin tranquille pour réfléchir, comme elle en avait l'habitude quand quelque chose n'allait pas.

     

    - Bon, supposons que ce soit vraiment ce que j'ai vécu … qu'est-ce que je peux en tirer d'intéressant ? À part que … à part que quoi d'ailleurs ? Hein ?! Ça m'avance pas vraiment ! AAAAAAAAAAAAAAAAARRRGGGHH !!!!! JE COMPRENDS RIEN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    - Euh … Lya ? fit une voix derrière elle.

     

    La jeune fille sursauta. Elle n'avait pas attendu Asuna qui s'était approchée dans son dos. Son amie était apparemment un peu étonnée par son monologue assez bruyant. Et elle n'était pas seule. La collégienne rousse était accompagnée par Konoka et Setsuna, qui ne se quittaient pratiquement plus depuis le voyage scolaire.

     

    - Ben dis donc, je t'avais jamais vue comme ça ! lança Asuna, se remettant de sa surprise.

    - Moi non plus, en fait, répondit Lya.

     

    En fait, c'était la première fois que ça lui arrivait. Vu qu'avant tout le monde la remarquait, elle évitait d'attirer encore plus l'attention. Donc elle s'abstenait de crier partout comme une folle.

     

    - Changement de sujet ! D'après Kazumi et Paru, Ayaka a invité Negi sur une île paradisiaque pour la golden week ! Tu viens avec nous ? demanda Konoka.

    - Ben oui, de toute façon, je suis sûre que toute la classe va y aller et j'ai pas vraiment envie de passer le golden week toute seule, répondit-elle. Et puis une île comme ça, ça me tente pas mal.

     

    Coooool, enfin de quoi se changer les idées, pensa Lya. Ça faisait déjà un petit moment qu'elle attendait une occasion comme ça. À vrai dire, elle avait complètement oublié cette semaine de vacances.

     

    Voilà comment elle se retrouva deux jours plus tard à la plage, à siroter une limonade en toute tranquilli...

    SPLAAAAAATCH !!!!

     

    - Allez, viens ! cria Fûka qui venait de l'asperger (alors qu'elle ne demandait rien à personne).

    - L'eau est super bonne ! lança sa sœur.

     

    Lya allait les rejoindre et faire semblant de leur courir après pour l'avoir arrosée quand elle vit Asuna tournant le dos à Negi. Pour une raison inexplicable, le collégienne faisait la tête au magicien. Du coup, Lya se dirigea vers le groupe Konoka/Setsuna/Asuna pour voir de quoi il retournait, mais renonça bien vite quand elle vit la tête de cette dernière.

    Les jumelles chatouillant Natsumi quelques dizaines de mètres plus moins, Lya partit faire une partie de volley avec Ako, Makie, Sakurako, Madoka et Ku. Elle souhaitait, si possible, éviter de subir le même sort que Natsumi, et dans ce cas aller voir les jumelles était … une très mauvaise idée.

    L'équipe de Lya menait haut la main, quand Chizuru vint chercher Ku dont elle avait besoin pour faire «quelque chose». Curieuse, Lya décida de les suivre. Bien sûr elle ne comprit pas pourquoi ses deux amies récupérèrent un requin empaillé. S'apercevant que Chizuru l'observait, elle s'écarta un peu. La jeune fille préférait ne pas être mise à contribution pour un plan dont elle ignorait tout. Elle les suivit jusqu'au rivage, puis laissèrent Ku là. Précision utile, Lya ne savait toujours pas ce que les deux filles voulaient faire. Chizuru l'emmena jusqu'à un endroit dégagé.

     

    - D'ici, on pourra tout voir, annonça la grande fille.

    - Au risque de me répéter, qu'est-ce-qu'on fait ? Non parce que je ne sait pas du tout ce qu'on est sensées regarder, hein ! En fait, je ne vois pas grand chose, à part Negi qui nage tout seul.

    - Tu vas voir ! lança Chizuru pour toute réponse.

     

    Setsuna, Ayaka et Asuna les rejoignirent, juste au moment où des ailerons de requins commençaient à apparaître autour de Negi …

    Si Lya n'avait pas vu avec l'animal empaillé, elle n'aurait sans doute pas réalisé ce qui se passait. Elle se tourna vers Asuna – qui sauta à l'eau – puis regarda Chizuru avec un air interrogateur. Qui lui répondit par un petit signe de tête. OK, ça faisait partie d'un plan pour réconcilier Negi et son élève. Mais bon, c'était un plan idiot, parce que quand Asuna découvrirait la vérité … elle se vengerait sur Negi. D'ailleurs, celui-ci ne devait pas vraiment au courant, connaissant la manie de ses élèves à tout décider pour lui …

    Elle sortit de ses réflexions pour voir la collégienne faire apparaître une … gigantesque épée au lieu de l'éventail habituel ?! Mais pourquoi une épée ?! Ce n'était pas censé être son artefact ! Waaah, elle n'y va pas de main morte, pensa Lya alors qu'Asuna séparait les eaux en deux avec son artefact. En envoyant les pseudo-requins voir ailleurs si elle y était, et de préférence dans le sable.

     

    - Que … fit-elle en voyant Ku et Natsumi à côté d'un requin empaillé et d'un autre en peluche. Qu'est-ce-que ça veut dire ?

    - C'est rien, Asuna, c'était juste pour que vous vous réconciliez et … répondit la déléguée en vitesse devant l'expression furieuse d'Asuna.

    - Espèce de sale morveux ! Tu m'as foutu la trouille avec ta blague à deux balles ! Je me suis vraiment inquiétée pour toi … crétin ! lança cette dernière à Negi.

     

    Lya reprit ce qu'elle pensait sur ce plan. Elle avait raison. Asuna s'en prit à Negi, qui s'en sortit finalement avec une jolie bosse sur la tête. Sans bien sûr s'être réconcilié avec la jeune fille. Et la collégienne … pleurait en partant ? Lya paria tout à coup qu'Asuna allait tout de même pardonner Negi … puis partit précipitamment. Elle n'avait pas spécialement envie que Chizuru invente autre chose où sa participation serait requise.

     

    ***

     

    Lya se baladait tranquillement – enfin ! – sur la plage, quand elle aperçut Yue et Nodoka sur un ponton, qui parlaient avec leur professeur. Persuadée que ce serait plus calme là-bas, la jeune fille les rejoignit. Le petit groupe parlait de la magie, ce qui intéressait beaucoup plus Lya qu'une attaque de faux requins.

     

    - Est-ce que c'est possible pour nous d'apprendre la magie ? demanda Yue.

    - Hein ?! Euh … c'est pas impossible, répondit Negi.

    - Alors on est prêtes !

    - Mais enfin, c'est trop dangereux ! Pour vous comme pour Asuna ! s'écria-t-il. Euh … Lya ? Pourquoi tu me regarde comme ça ?

     

    Là, devant son expression, Lya avait juste envie de l'embêter. Elle réprima un rire et lui répondit.

     

    - Ben ce serait bien qu'on apprenne la magie ! Ça a l'air passionnant !

    - Lya, tu vas pas t'y mettre toi aussi ?!

    - Eh si ! s'amusa la jeune fille.

     

    À partir de là, tout partit en cacahuète, et la conversation recommença sur un sujet beaucoup plus instable …

     

    - Et, monsieur Negi, commença Yue sans prendre en compte l'intervention de Lya, j'aimerais beaucoup passer un pactio avec vous !

    - Comment ?!

    - Eh bien oui, ça donne une importante puissance magique !

     

    En l'espace de quelques secondes, Negi devint tout rouge. Il avait vraiment l'air d'être embarrassé … ce qui était compréhensible, vu la nature de la discussion. Yue ne devait pas être très informée sur le sujet, à voir comment elle l'abordait. Si elle savait qu'il fallait embrasser le magicien pour faire un pactio, elle n'aurait pas posé la question.

     

    - Coucou ! De quoi vous parlez, tous les quatre ?

    - WAAAAAH !!!!!! s'écria Lya. Oh … c'est toi, Kazumi …

    - Ben alors, je te fais si peur que ça ? demanda-t-elle, morte de rire.

    - Quand tu sors de l'eau, derrière mon dos, sans prévenir personne, oui ! Je m'attends pas forcément à ce que quelqu'un apparaisse en cachette alors que je suis sur un ponton !

     

    Lya regarda la collégienne avec des yeux mi-amusés, mi-découragés. La reporter – elle s'en était aperçue en lisant le petit journal du collège – se payait sa tête. Puis Kazumi se tourna vers camo, le seul à pouvoir parler de leur conversation sans gêne … cette hermine perverse ! Car si Lya était arrivée au collège peu de temps auparavant, elle avait appris à connaître certaines personnes, dont cet obsédé. D'ailleurs elle ne savait pas trop comment l'éviter, celui-là, et ses réactions étaient difficiles à prévoir.

     

    - Yue veut faire un pactio avec Negi, répondit-il avec une mine réjouie.

    - Ben c'est bien, elle super Yue ! s'exclama Kazumi. Il y a des chance pour que son artefact soit des plus intéressants ! Et puis, je voudrais bien en faire un aussi. Tu ne veux pas essayer, Negi ?

     

    Puis Kazumi s'avança vers Nodoka – qui ne disait pas grand chose – et Yue, qui visiblement ne comprenaient pas grand-chose à la confusion de Negi. La reporter se pencha vers Yue avec un large sourire puis lui chuchota quelque chose. Cette dernière marmonna quelque chose d'assez incompréhensible. Kazumi dut vouloir l'ennuyer bien profondément car elle demanda à Yue si elle allait embrasser Negi pour faire un pactio. Celle-ci commença à gesticuler comme une folle devant le rat de bibliothèque, qui n'assimilait pas encore très bien ce qui se passait. Elle aussi devait ignorer le fonctionnement d'un pactio.

    Puis Konoka et Setsuna arrivèrent en courant. Heureusement qu'il n'y avait pas d'oreilles indiscrètes pour écouter parce que Konoka enchaîna en demandant à Negi s'il n'y avait pas d'autre solution pour le pactio que le baiser. En le criant haut et fort pour que tout le monde présent sur le petit ponton puisse entendre. Elle expliqua brièvement qu'elle voulait devenir magicienne et que Setsuna devienne sa partenaire.

     

    - Mais bon, c'est une fille, donc on cherche une autre façon pour faire un pactio. Si non, tant pis, on fera avec, termina Konoka.

     

    Mais bon, à ce moment, personne ou presque ne l'écoutait. Yue essayait désespérément d'expliquer à Nodoka qu'elle ne voulait pas embrasser Negi, Kazumi s'amusait à dire à Setsuna que plus ou moins tout le monde s'amusait à faire des pactios, et Camo échafaudait des plans concernant une équipe avec les partenaires potentielles du petit magicien. Autant dire que Lya avait un gros bazar sous les yeux. Elle en profita pour poser une question à Camo.

     

    - Dis, pourquoi Asuna a-t-elle invoqué une épée au lieu de son éventail ?

    - En fait, c'est son véritable artefact, celui qui figure sur la carte. Mais il peut arriver qu'au début, l'artefact invoqué soit plus faible que l'original.

     

    Puis il prit le temps de réfléchir, à propos de son plan sur toutes les partenaires possibles et imaginable pour Negi.

     

    - Mais c'est sûr, sans Asuna, ça risque pas de fonctionner … dis, tu voudrais pas faire un pactio, miss ?

    - Dans tes rêves, l'obsédé ! répliqua vertement Lya.

    - Asuna ?! J'avais oublié, faut que je la trouve ! s'exclama Negi.

     

    Le petit prof partit en courant et tout le petit groupe se dispersa pour rentrer dans les chambres. Lya, en rentrant, s'aperçut que sa chambre était contigüe à celle de Negi et risqua un œil à travers la fenêtre. Le magicien n'était pas encore revenu de chez Asuna.

    Lya mangea rapidement, se lava, puis se mit au lit sans tarder. Elle repensa à Camo. Un pactio, non mais et puis quoi, encore ?! Mais l'hermine, en partant avec Negi, lui avait jeté un regard éloquent. L'obsédé de service allait la bassiner avec ça jusqu'à ce qu'elle accepte. Et étant donné qu'elle n'en avait pas l'intention, il allait l'embêter encore longtemps …


    votre commentaire
  •  

    Dans le train, le paysage défilait sous les yeux de Lya, songeuse.

    Un doute s'était profondément installé dans l'esprit de la jeune fille. Et il devait être bien au chaud, sur un fauteuil, devant un bon film avec pop-corn à volonté, parce qu'il ne semblait pas vouloir débarrasser le plancher de son esprit. Autour d'elle se déroulaient toujours des choses étranges. Kaede avait essayait de la persuader du contraire, mais n'était-ce vraiment pas de sa faute ? Est-ce-que Yue et ses camarades vivaient tout ça simplement à cause de sa présence parmi lles ? C'était tout à fait possible, le passé de Lya lui semblait si surnaturel parfois … Si c'était le cas, que ferait-elle ?

    Lorsque Lya exposa le problème à ses amies, elle eu le droit à un tas de visages surpris … enfin, trois plutôt. Si la situation n'était pas si inquiétante pour elle, la collégienne aurait certainement ri. Mais elle s'attendait par contre à ce que les trois filles … pardon, les deux, parce que Mana n'y comprenait rien … donc, revenons à sa pensée. Elle s'attendait à ce que les deux filles qui connaissaient son histoire soient d'accord avec elle. Pourtant, Kû rappliqua que ça ne pouvait pas être ça. Non, tout au plus y avait-il un rapport entre les faits et Lya, mais en aucun cas ce ne pouvait être de sa faute. Et la chinoise était tout à fait approuvée par Kaede.

    Il ne restait plus qu'à expliquer ce qui se passait à Mana. Lya allait le faire, mais Kû la devança et raconta l'histoire en quelques mots. Elles n'eurent pas vraiment le temps de parler de tout ça, heureusement puisque Lya en avait marre de répéter la même chose à chaque fois, et elles furent de toute façon interrompues car elles étaient arrivées.

     

    - Voilà. Selon Yue, il faut s'enfoncer un peu plus dans la forêt, dit Kaede.

     

    Elles se mirent donc en route. Tout à coup, une petite question se faufila dans l'esprit : Mais … comment pouvaient-elles aider Yue ? Seule Kaede suivait un entraînement … non ? Et Lya n'avait jamais vu le niveau sa camarade. Donc qu'allaient-elles faire ?

    Elles avançaient, avançaient … que de la forêt à perte de vue. Aucun repère vraiment visible permettant de retrouver les autres. D'ailleurs, savaient-elles vraiment où Yue et les autres s trouvaient ? Pourtant, les trois filles qu'accompagnait Lya semblaient n'avoir aucun doute quant à leur destination.

    Et une petite demie-heure plus tard, elles arrivèrent dans une grande clairière, avec un important point d'eau entourant un rocher. Ça, c'était encore à peu près normal. Ce qui l'était moins, c'était la petite centaine de … monstres … trucs … qui encerclaient Asuna et Setsuna. La rouquine brandissait un gros éventail de métal, tandis que Setsuna se défendait avec grâce à l'aide d'un long sabre.

     

    - Euh, c'est quoi, ça ? demanda Lya en désignant du doigt les créatures.

    - Aucune idée, mais ils ont l'air forts, on va s'éclater ! s'exclama Kû.

    - Hein ???

     

    Lya se tourna vers la chinoise avec des yeux écarquillés. Mais elle était complètement folle ! Comment ça, elles allaient s'éclater ?! Kaede, quant à elle, semblait vouloir attendre avant d'agir et d'aider leurs deux camarades. Elle semblait chercher quelqu'un où quelque chose.

     

    - Le p'tit Negi n'est pas avec elles. Mana, Kû, vous pourriez aider les filles ? Je vais voir s'il n'a pas d'ennuis, annonça-t-elle quand elle eut fini d'observer la scène.

    - Pas de problème ! s'exclama la chinoise.

    - Euh … et moi ? demanda Lya qui ne savait pas du tout quoi faire dans cette situation.

    - Je pense que ce serait mieux de venir avec moi. Tu ne sais pas te battre, n'est-ce pas ? Et puis, ici, tu ne devrais pas découvrir grand chose sur toi …

     

    Kaede avait terminé sa phrase par un clin d’œil … d'accord, elle savait quelque chose. C'était plein de sens, ce genre de petit signal … Mais la ninja n'avait pas l'air de vouloir lui dévoiler quoi que ce soit sur elles.

    Quoi qu'il en soit, elles contournèrent la clairière. Kaede semblait encore une fois savoir où elle allait. Lya, elle, tournait la tête dans tous les sens à la recherche des repères de son amie, puis abandonna puisqu'elle ne trouvait rien. La nouvelle s'intéressa donc à un sujet de conversation qui la taraudait depuis quelques minutes.

     

    - Dis, Kaede …

    - Mmh ?

    - Est-ce que par hasard, tu saurais quelque chose sur moi ?

     

    La ninja ne répondit pas immédiatement. Elle semblait prendre le temps de choisir ses mots.

     

    - Disons que j'ai quelques doutes, éluda-t-elle enfin. Mais je n'ai rien de sûr.

    - Et … commença la jeune fille, sans pouvoir finir.

     

     

    Soudain, quelque chose surgit à pleine vitesse à la droite des deux filles et percuta Lya, la coupant dans sa phrase. Celle-ci et la chose en question tombèrent toutes les deux. La jeune fille, qui n'avait encore rien dit ni rien fait à personne, semblait tout de même assez surprise de se retrouver par terre ; puis elle reconnut ce qui l'avait heurtée.

     

    - Y… Yue ? Tu vas bien ?

    - Je crois … Lya ? qu'est-ce que tu fais là ? demanda l'intéressée.

    - C'est une longue histoire. Tu sais où est le p'tit Negi ? intervint Kaede.

    - Pas du tout, je ne sais même pas ce qu'il se passe !

     

    Bon, ben au moins ça avait le mérite d'être clair. Comme ça, il n'y avait plus qu'une solution. Chercher leur enseignant dans cette … immense forêt. Sans aucun indice. Vraiment super comme programme ! Parfait pour perdre le temps que personne là-bas n'avait … Lya allait vraiment finir par perdre la tête. Cette histoire tournait en du vrai n'importe quoi ! Pourtant, Kaede, elle semblait s'y retrouver. Elle était bien la seule.

     

    - Je crois savoir où il est, annonça-t-elle.

    - Vraiment ?! s'étonna Lya.

    - À peu près, précisa la ninja, un petit sourire au lèvres.

    - D'accord, je rêve, là … Bientôt, je vais me réveiller, tranquillement, à l'auberge … oui, tout à fait … rien n'est réel !

     

    Puis elle avisa ses deux amies, qui l'observaient maintenant comme deux parfaites ahuries, qui l'écoutaient raconter des trucs stupides qu'elle-même ne croyait pas. Lya fit la grimace.

     

    - Ben, quoi ? J'ai bien le droit d'essayer de me rassurer !

    - Bien sûr mais je ne suis pas vraiment convaincue que ça marche, répondit Yue.

    - … pas faux …

     

    Elles continuèrent dans la direction que suivait maintenant la ninja, qui paraissait de plus en plus sûre de son « à peu près ». Lya, elle, commençait à sentir un picotement, ou une sorte de frisson dans le bas du dos. C'était la première fois qu'elle ressentait ça. Pourtant, elle avait la sensation que ça venait de l'air … ou quelque chose comme ça. Sans savoir ce que c'était exactement, la jeune fille était mal à l'aise, sentait comme une tension, et en plus elle avait une impression de déjà-vu … ce qui était pourtant tout à fait impossible.

    Puis soudain, Kaede s'arrêta net et se retourna vers ses deux camarades. Elle leur fit signe de se cacher, puis son attention se porta de nouveau sur la clairière devant les trois filles. Lya comprit lorsqu'elle vit ce qui se passait là-bas. Negi avait en face de lui un gars aux cheveux noirs. Ce dernier était vêtu entièrement en noir et avait … euh … des oreilles de chien ? Il semblait provoquer le petit enseignant. Celui-ci, apparemment, ne répondait pas. Mais ce n'était que temporaire. Les paroles de son opposant finirent par l'atteindre et les deux garçons commencèrent à s'approcher l'un de l'autre.

    Lya se retourna vers Kaede. Celle-ci arborait – encore – un petit sourire assez énigmatique. Un mouvement flou eut vite fait d'attirer l'attention de la jeune fille sur la clairière. En un instant, un énorme shuriken avait atterri entre les deux combattants. Puis, une silhouette se plaça devant le garçon aux cheveux noirs. Lequel vola dix mètres plus loin. Et la silhouette en question était … une seconde Kaede ! Lya leva les yeux au ciel. Son amie se baladait avec un shuriken plus grand qu'elle et elle se dédoublait. Tout à fait normal. La jeune fille secoua la tête, exaspérée. Elle arrivait encore à s'étonner dans ce monde de fous. Les deux garçons aussi, apparemment.

    La ninja fit signe à Yue et Lya de sortir.

     

    - Tu perds le contrôles et tu oublies la situation générale … Tu manques de sang froid, p'tit Negi … commenta la ninja.

    - Mais qu'est-ce que vous faites ici, vous trois ?

    - Je n'arrive pas trop tard ? demanda-t-elle, changeant de sujet.

    - Mais … Je … Euh ?!

    - Je comprend que ça te perturbe, mais on verra ça plus tard, si tu veux bien...C'est l'heure d'agir, et non de réfléchir.

     

    Après cet échange – assez confus pour le petit professeur – elle le poussa afin de le faire réagir et de le faire partir. Apparemment, Kaede avait compris que Negi avait quelque chose à faire ailleurs. Sauf que l'autre, il n'avait pas l'air d'accord et se lança à sa poursuite. C'était sans compter Kaede, qui lança deux Kûnaïs devant lui pour l'arrêter. Ce qui eut pour effet de l'énerver encore plus.

     

    - Dis donc, la grande asperge ! Tu m'agace ! Tu crois que ça m'amuse de taper sur une fille ?

    - Kotarô, n'est-ce pas ? J'admets que tu est un rival digne de Negi, dit-elle en se tournant vers son nouvel opposant. Tu sembles doué … mais laisse tes principes de côté et lâche-toi ! Tu pourrais être étonné de voir ce qu'une fille peut faire. Je m'appelle Kaede Nagase, et je viens de Kôga …

     

    Lya songea qu'il valait être mieux du côté de la ninja. Une quinzaine d'autres Kaede venait d'apparaître alors qu'elle terminait sa phrase … la jeune fille n'aurait pas voulu être à la place de Kotarô … La ninja semblait toujours aussi calme et apaisée, affichait un petit sourire qui ne la quittait que rarement, mais elle semblait aussi bien menaçante.

    Le combat était alors à peine engagé que Kaede changea de place en une seconde, on aurait presque dit une téléportation. Lya en avait déjà entendu parlé … un quick move. Kotarô fit de même et créa des bêtes noires qui ressemblaient à des chiens composés d'ombre.

    D'accord d'accord. Des grenouilles, des monstres, un garçon aux oreilles de chien, un shuriken géant, des Kaede partout, et maintenant … des chiens d'ombres qui tenaient plus du loup que du Yorkshire nain. Mais bien sûr ! Lya nageait en plein délire.

    Les deux opposants étaient trop rapides, et elle ne vit plus rien de très clair avant un moment. Ils s'attaquaient, s'évitaient, déviaient les attaques de l'autre … le combat qui se déroulait sous les yeux Lya et de Yue appartenait clairement au surnaturel.

    Tout d'un coup, un des ''chiens'' plongea sur Kaede, qui le dévia. Celui-ci continua sa route … droit sur Yue et Lya ! Celle-ci songea que c'était mal barré. Elle ferma les yeux, mis ses bras devant son visage, attendant le choc, mais les rouvrit aussitôt. Un mur de glace dissipa l'ombre puis disparut aussi vite qu'il était venu … le plus étonnant était que cette chose semblait avoir provenu de Lya ! Et en plus, dans son esprit, elle avait entendu des paroles étranges qu'elle ne comprenait pas …

    Passé la surprise générale, le combat reprit, mais il se solda rapidement par la victoire de Kaede.

     

    - Euh, Kaede, « je suis encore en phase d'entraînement », c'est bien ça, ce que t'as dit la dernière fois ? demanda Lya. J'ai pas mal entendu ?

    - Bah non, t'as pas mal entendu, ne t'inquiète pas. Bien vu, le mur de glace ! Mais si tu me l'avais dit plus tôt …

    - Si je ne te l'ai pas dit, Kaede, c'est que j'ai une bonne raison ! Je ne le savais pas ! C'était quoi d'ailleurs ?

    - Regardez ! C'est quoi, ça ? les interrompit Yue.

     

    Elle pointait son doigt vers une colonne de lumière qui n'avait rien de naturel, et à l'intérieur se tenait une énorme silhouette. On aurait vaguement dit un corps gigantesque à quatre bras. Les trois filles et Kotarô restaient là sans comprendre lorsque la chose fut frappée par une sorte de rayon qui ne lui fit ni chaud ni froid. S'en suivirent quelques explosions qui eurent le même effet. Après plusieurs minutes, la silhouette immense commença à geler puis explosa.

     

    - J'ai pas tout compris, là … est-ce que quelqu'un sait ce qui s'est passé ? osa Lya.

    - Pas du tout, mais on dirait que tout le monde s'en est bien sorti ! répondit Kaede.

    - J'aimerais bien savoir d'où tu sors ça, mais si tu le dis … et Kû et Mana ?

    - Je ne m'inquiète pas pour elles, elles sont douées. Allons plutôt voir si tout le monde va bien.

     

    Elles se dirigèrent donc vers l'endroit où s'était tenue quelques instants plus tôt l'énorme silhouette. Soudain, Kaede s'arrêta.

     

    - Qu'est-ce qui se passe ? demanda Lya.

    - Je ne sais pas mais ça ne me dit rien qui vaille.

     

    Lya regarda dans la même direction que son amie et vit en effet un petit groupe de personnes. À bien y regarder, on aurait dit qu'elles étaient toutes rassemblées autour de quelqu'un allongé par terre. Non, ce n'était pas possible … ça ne pouvait pas avoir tourné comme ça … ça ne pouvait pas être …

     

    - Ce n'est quand même pas … ! s'exclama Lya.

    - On devrait y aller ! s'écria Kaede, pour une fois inquiète. Je sais pas ce qui se passe, mais ça a l'air grave !

     

    Ils repartirent en courant vers le petit groupe. Après une trentaine de mètres, il purent clairement voir la scène … leur professeur avait l'air d'avoir perdu conscience ! Curieusement, il avait le bras droit transformé en pierre. Autour de lui se trouvaient Asuna, Chachamaru et Evangeline, et Mana, Kû, Setsuna et Konoka arrivaient également en courant.

     

    - Qu'est-ce qui se passe ?!

    - La force de résistance magique de monsieur Negi est trop entamée, expliqua le robot, et le sort de pétrification le gagne peu à peu !

    - Sort de pétrification ?! glapit Lya, affolée. On peut y faire quelque chose, non ?!

     

    C'était la panique totale. En même temps, c'était compréhensible dans une situation pareille. Entre autres, Evangeline disait qu'elle n'était pas douée avec les sorts de guérison … ce qui ne les avançait pas à grand chose. Puis Setsuna intervint.

     

    - Mademoiselle Konoka …

    - Compris ! Asuna, je peux faire un pactio avec Negi ? demanda l'intéressée. Merci à toutes … Setsuna m'a expliqué beaucoup de choses. Vous êtes toutes venues à mon secours … Peut-être est-ce la seule chose que je peux faire en retour …

    - Ouais, ça peut marcher ! On a vu que Konoka avait des pouvoirs de guérison !

     

    Eh ? Mais celui qui venait de parler … c'était une hermine ? Ben voyons ! Et qu'est-ce que c'était encore qu'un pactio ? Lya en eut vite un aperçu. Pendant qu'elle réfléchissait, une chaude lumière apparut, en provenance d'une sorte de dessin sur le sol.

    Konoka, ses longs cheveux bruns flottant doucement autour de sa taille, s'approcha alors de du garçon, s'agenouilla à ses côtés et … l'embrassa ! La lumière se fit plus vive puis disparut totalement et Negi se réveilla, toute trace de pétrification disparue. A ce rythme-là, vraiment plus rien ne finirait par étonner Lya.

    La nouvelle, voyant que le garçon se réveillait, osa poser la question.

     

    - Dites … qu'est-ce que c'est, ce … pactio ?

     

    Ce fut l'hermine qui lui expliqua.

     

    - C'est une sorte de contrat magique entre deux âmes, avec un maître et un partenaire. Negi a maintenant trois partenaires : Asuna, Setsuna et Konoka ! s'exclama-t-il. Ça rend le partenaire plus résistant si le magicien lui donne de son énergie, et lui donne un artefact, un objet magique. De plus, deux cartes apparaissent, une pour chacun, et celle du partenaire contient son artefact. Comme tu viens de le voir, un pactio se scelle par un baiser !

     

    Lya regarda d'un air ahuri les trois filles qui au passage avaient une belle couleur pivoine.

    Asuna fit apparaître son artefact, une sorte de gros éventail de fer, et des dagues apparurent autour de Setsuna en lévitant. Konoka, elle, avait deux éventails, plus petits, qui semblaient avoir le pouvoir de guérir.

     

    - Il sert à annuler la magie, précisa Asuna en désignant son arme.

     

    Puis l'hermine se tourna vers Negi, et pointa Lya de sa patte.

     

    - Negi, c'est qui celle-là ?

    - C'est de Lya que tu parles, Camo ?

    - Oui, je sens quelque chose autour d'elle.

     

    Comment ça, il sentait quelque chose autour d'elle ?

     

    - Lya, tu crois qu'il parle de ce qui t'es arrivé tout à l'heure ? intervint Yue.

    - Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda le dénommé Camo.

    - Elle a failli se faire toucher par un de mes inugami quand un truc l'a protégée.

    - Un mur de glace, précisa Lya.

    - Alors c'est certainement qu'elle a un potentiel magique assez grand et qu'elle s'en est servie inconsciemment pour se protéger, comme Konoka au village du cinéma, expliqua l'hermine.

     

    Lya ne voyait pas trop ce que Konoka et le village du cinéma venaient faire là, mais sa camarade avait certainement utilisé sans le savoir son pouvoir curatif. Mais ce n'était pas vraiment ça qui intéressait la jeune fille.

     

    - Potentiel … magique ? Alors c'était vraiment de la magie ?

    - Tu pensais que c'était quoi ? railla Evangeline.

    - Ben qu'est-ce que tu veux que j'en sache ? Toi aussi, tu es une magicienne ?

    - En fait, Evangeline est une vampire … précisa Asuna.

    - Quoi ?! Ma voisine de classe est une vampire ?

     

    Génial, si Asuna voulait lui faire peur, c'était réussi ! Une vampire comme voisine de classe ! Elle aurait tout vu !

    Puis Kû changea de sujet. Vu l'heure, c'était à peu près normal.

     

    - Si on rentrait ?

    - C'est vrai, il est tard, vous devriez venir avec nous au lieu d'aller à l'auberge, proposa Setsuna.

    - Oui, chez moi ! Au siège de l'association de magie du Kansai, précisa Konoka.

    - C'est ok pour moi, je commence à fatiguer, là … fit Lya en baillant.

     

    Elle suivit les autres, encore toute bouleversée de ce qu'elle venait d'apprendre. Ici, les gens faisaient de la magie … Camo, l'hermine, la corrigea en lui expliquant qu'ici, seuls Negi, Evangeline et Konoka étaient magiciens. Et probablement Lya. Kotarô s'en approchait mais ne faisait pas de magie : il utilisait une autre énergie, le ki, tout comme Kaede, Setsuna ou Kû.

    Malgré sa tension, lorsqu'elle se coucha sur son futon et posa la tête sur l'oreiller, elle s'endormit comme une masse.

     

     

    ***

     

     

    Quelle heure était-il ? Lya n'en avait pas la moindre idée, mais ça faisait un moment qu'elle était levée. Elle avait vraiment besoin de réfléchir dehors. Alors, elle pourrait faire de la magie ? Les vampires existaient réellement ? Et puis, elle n'y avait pas trop pensé au début, mais c'était quoi, les ombres que Kotarô utilisait et nommait inugami ? Tant de questions …

     

    - Tiens, tu es déjà levée ? D'habitude, tu dors encore à cette heure.

    - Ah, tu es là ? Tu m'as fais peur, Kaede ! Au fait, tu avais l'air au courant pour la magie, hier … Camo m'a dit que tu n'étais pas magicienne, alors comment tu connais tous ces secrets ?

    - Oh, crois-moi, je n'y connais rien ! Mais si je suis au courant, c'est qu'un jour, le p'tit Negi a fait la même chose que toi.

    - Hein ?

    - Il s'est enfuit dans la montagne, sauf que lui, il s'est perdu … on s'est entraînés ensemble puis le lendemain il est parti. Il croyait que je dormais dans la tente, mais je l'ai vu s'envoler sur son bâton.

    - S'envoler ? Dis … tu crois que je peux vraiment maîtriser la magie ? fit Lya pour changer de sujet. Ça me paraît si étrange …

    - Bah, qui sait ! Tu pourrais essayer.

     

    Mmh … pas faux. De toute façon, ça ne lui coûtait rien de le faire. Si jamais ils s'étaient tous trompés à son sujet, alors tant pis.

     

    - En tout cas, ça explique ton passé, non ? fit une autre voix derrière son dos.

    - Mais vous vous êtes liguées pour me faire peur, c'est pas possible autrement ! Et pour répondre à ta question, Kû, pas totalement. Je suis sûre que c'est la première fois que ça vient de moi. Ce qui se passait avant, j'ai la certitude que ça venait de l'extérieur. Sauf peut-être une fois contre la bande d'Ichiro.

    - Ça t'arrivait souvent ? demanda Kaede.

    - Euh, oui, assez, pourquoi ?

    - Tu as remarqué, rien ne s'est passé depuis que tu es arrivée à Mahora.

    - Mais c'est vrai, ça ! Quoique, les grenouilles …

    - Non, ça c'était un coup des ennemis de Konoka, apparemment, répliqua Kaede.

     

    Maintenant qu'elle le disait, il ne s'était rien passé depuis que Lya était arrivée au campus … en comptant le voyage, ça allait faire une petite semaine. Mais ça ne servait à rien de trop penser à ça, elle verrait bien. De toute façon, avec le temps, l'explication viendrait.

    Pourtant, Kaede eut l'air perplexe, l'espace d'un instant.

     

    - Qu'est-ce qu'il y a ? s'étonna Lya.

    - Rien, je pensais à autre chose. Je ne veux pas t'affoler, mais il faut bien que je te le dise : je crois qu'en fait, il s'est bel et bien produit quelque chose, mais c'était très léger. Tu sais, quand tu m'as raconté ton passé dans la forêt de Mahora … Je t'ai sentie plutôt triste et au moment où tu as parlé de cette Suzuha, vers la fin, la température a chuté. Mais juste quelques secondes.

    - Je ne l'ai pas senti, pourtant, murmura Lya.

    - Eh, les filles, on y va ! les appela Mana.

    - Ok, on arrive.

     

    Lorsqu'elles rejoignirent les autres en tentant de paraître naturelles, une nouvelle étonnante les attendait. Les substituts magiques envoyés par le père de Konoka, pour que personne ne remarque leur absence, mettaient l'auberge dans un désordre impossible ! Remarque, c'était peut-être une chance pour Mana, Kaede, Kû et Lya, car peut être qu'à part le reste de leurs groupes, personne n'avait remarqué leur absence avec le bazar. Parce que elles, elles n'avaient pas de clones à l'hôtel. Quoique ça paraissait improbable comme idée.

    Lorsqu'elles rentrèrent enfin à l'auberge, elles rejoignirent de suite leurs groupes. A peine arrivées dans la chambre, Tchao sauta sur Kû en la bombardant de questions et finit par l'attaquer avec sa ''machine à nikuman''.

     

    - C'est quoi le bug, Kaede ? Pourquoi il n'y a que Kû ? Quoique je suis bien contente de ne pas me faire sauter dessus.

    - Oh, ça ? Kû est la meilleure amie de Tchao, répondit-elle en mangeant un nikuman, mais elle est aussi devenue son ''cobaye'' pour ses inventions … ça doit finir par être instinctif. C'est pour ça que Kû déteste automatiquement la plupart des créations de Tchao.

    - Ah, je vois …

     

    Lya continuait à regarder les deux amies, complètement effarée, quand elle vit un flash … et Kazumi, une rousse aux cheveux attachés en épis par une pince, les regardait, morte de rire, avant de s'enfuir avec son appareil photo. C'est pas vrai, il fallait toujours qu'on prenne Lya en photo juste au moment ou elle faisait une tête complètement stupide et ridicule ! Faut voir le bon côté des choses, ça lui ferait un souvenir … et ça venait de dissiper ses inquiétudes. Elle pourchassa Kazumi, membre du club de journalisme, en riant.

     


    votre commentaire
  •  

    Lya entrait donc dans le collège Mahora, et attendit dans une salle à côté d'un bureau. Elle espérait que sa relation avec ses futurs camarades serait meilleure. Pourtant, sa raison lui disait que non, qu'elle était simplement différente de tous, et que jamais vraiment elle n'aurait d'amis à qui se confier. Elle tremblait malgré elle en pensant à cette perspective.

    Pourquoi était-elle si différente ?

     

    - Viens. Le directeur veut te voir, dit une femme qui venait la chercher.

    - Ou...oui, répondit Lya

    - Allons, ne sois pas si tendue. Le directeur n'est pas méchant, tu verras.

    - D'ac...d'accord.

     

    La personne qui venait chercher Lya était une jeune femme blonde. Mademoiselle Shizuna n'était pas très vieille, peut-être avait-elle la trentaine.

    Elle expliqua à Lya comment se passait la vie dans le campus. Le collège de Mahora était un collège de filles, et se trouvait dans une citée étudiante gigantesque du même nom. On y trouvait de la maternelle jusqu'à l'université, et il y avait tout ce dont les étudiant avaient besoin. À partir du collège, la pension était obligatoire. Lya allait donc se retrouver dans un dortoir, avec des colocataires, ce qui était loin de la rassurer. Soit elle avait de la chance et elle deviendrait plus sociable, soit elle vivrait un enfer.

    Quelques minutes plus tard, elles arrivèrent devant une grande porte en bois aux lourdes poignées de métal.

     

    - C'est là. Tu vas enfin savoir dans quelle classe tu seras. Je ne sais pas non plus, précisa mademoiselle Shizuna, avec un sourire qui se voulait rassurant.

     

    Elles entrèrent dans le grand bureau. Le directeur, d'apparence vieux bien que Lya soit incapable de lui donner un âge, lui sembla tout de suite très sympathique. Il arborait une longue barbe blanche, portait ses cheveux en une queue de cheval à l'arrière de son crâne, lequel avait d'ailleurs une forme bizarre : il était ovale. Ses lobs d'oreilles, à force de soutenir de lourds cercles dorés, s'étaient allongés vers le bas. Mais malgré son étrange physique, le directeur arborait une expression tendre et avenante.

     

    - Bienvenue à Mahora, Lya. J'espère que tu seras heureuse ici. Tu seras dans la 3-A, annonça le directeur sans plus de cérémonie.

    - Lya, tu es timide, non ? demanda mademoiselle Shizuna avec un petit sourire qui ne présageait rien de bon.

    - Euh … c'est que … bredouilla l'intéressée.

    - Alors je comprends ce choix...

     

    Mais enfin, que voulait-elle dire par là ?! Surtout avec ce petit sourire énigmatique …

    Lya et la jeune femme se dirigèrent ensuite vers la salle de classe. Elles s'arrêtèrent devant une porte de bois coulissante d'où on pouvait entendre '' Aujourd'hui, je vous présente une nouvelle camarade. Je compte sur vous pour l'aider à s'intégrer !'' et tout un tas de réactions … bruyantes … dues à cette annonce. Et déjà, un premier truc qui clochait dans la nouvelle vie de Lya : on aurait dit la voix d'un enfant. Pas commun, ce genre d'annonce étant habituellement faite par un professeur. Surtout que Mahora était un collège pour fille, et que le propriétaire de la voix, un jeune garçon, n'avait rien à faire là.

     

    - Une dernière chose, Lya : je crois que tu vas être surprise par ton prof principal …

    - Qu'est-ce que vous voulez dire ?

    - Tu verras …

     

    Elle ouvrit la porte et le silence revint. La première chose que Lya vit était la personne derrière le bureau et qui était normalement son prof principal. Sauf que la personne en question était un jeune garçon d'une dizaine d'année, un rouquin aux yeux noisette. Des mèches plus foncées s'échappaient du reste de ses cheveux, et le tout était retenu par un élastique au niveau de sa nuque. Le professeur ne devait pas être là, mais alors, que faisait un garçon dans une classe de filles ?

     

    - M. Negi, voici la nouvelle élève, Aoki Lya, dit la jeune femme.

    - Donc, je vous présente votre nouvelle camarade. Soyez gentilles avec elle, je compte sur vous, comme je vous l'ai dit, annonça le dénommé Negi.

    - Oui !!!! répondirent toutes les élèves avec un niveau de décibels nettement au-dessus de la moyenne.

    - Lya, tu peux le voir il n'y a pas beaucoup de place... Va à côté d'Evangeline, au fond de la classe.

     

    À ce moment, Lya comprit ce que voulait dire la jeune femme. Son prof principal était un enfant moins âgé qu'elle ? La jeune fille suivit le regard de Negi et vit une de ses jeunes camarades. Elle avait même l'air très jeune pour une collégienne. Elle était blonde avec des cheveux très longs, assez petite et regardait la nouvelle fixement. C'était la première fois que quelqu'un semblait étrange à Lya. Pourquoi ? Aucun idée. Peut-être à cause de l'éclat de ses bleus et envoûtants, qui l'intriguaient ? Enfin d'habitude, c'était plutôt ce qu'elle pensait d'elle.

    La journée passa très vite. Mais ce fut l'occasion pour Lya de découvrir ses nouvelles camarades. Cette classe, n'ayons pas peur des mots, constituaient … une belle bande de folles. De tarées. De tout ce que vous voulez, mais ce n'était pas une classe normale. Déjà, une dizaine d'entre elles, au bas mot, était dingue de leur petit professeur, à commencer par Ayaka, la déléguée de classe, blonde et plutôt riche, si Lya avait tout compris des propos d'Asuna. Celle-ci, une rouquine aux cheveux rassemblés en deux couettes décorées de petites cloches, était la rivale attitrée d'Ayaka, son éternelle partenaire de dispute, mais peut-être aussi sa grande amie, malgré les apparences. Enfin ce n'était qu'une spéculation de la part de Lya. Ce qui perturbait un peu la jeune fille, c'étaient les yeux d'Asuna. Maintenant, elle comprenait un peu l'effet qu'elle-même avait sur Ichiro et sa bande : cette étrange fascination de découvrir des yeux vairons. En effet, l’œil gauche de la rouquine, comme celui de Lya, était bleu, mais d'un bleu un peu plus pâle. L'autre, le droit, était vert.

    Quelques élèves étaient taciturnes, comme Evangeline, sa voisine de classe, qui passait son temps à dormir pendant les cours ; ou une grande fille à la peau mate et aux longs cheveux noirs comme la nuit … Mana, si elle se souvenait bien. Ou encore une autre de ses camarades, Chachamaru, plutôt grande, arborant des cheveux d'un vert improbable, des espèces d'antennes métalliques par-dessus ses oreilles – un nouveau look ? – et qui était assise devant Lya. Mais la majorité d'entre elles étaient quand même intenable …

     

    À la sonnerie, Lya fut cernée par une trentaine d'élèves surexcitées, et ce fut apparemment le moment que son cerveau choisit pour arrêter de fonctionner. Elle ne comprenait plus rien à ce qu'il se passait. Une demi-tonne de question lui tombait dessus, achevant d'assommer ses pauvres neurones, jusqu'à ce qu'une voix d'adulte arrête ce brouhaha : mademoiselle Shizuna était revenue chercher Lya, et avait réussi à calmer les filles, contrairement au jeune Negi.

    La jeune femme venait chercher Lya pour l'amener dans sa nouvelle chambre. Elle appela trois filles nommées Kaede, Fûka et Fumika.

    La première était très grande, elle faisait probablement dans les un mètre quatre-vingt, et on aurait dit qu'elle gardait toujours les yeux fermés, tant ils étaient bridés, mais Lya crut en apercevoir la couleur verte. Ses cheveux, entre le châtain et le gris, aux étonnants reflets verts, étaient coupés courts un peu au-dessus de l'épaule, mais de cette tignasse s'échappait une longue queue qui descendait jusqu'à ses mollets. Comme les deux queues de Lya, tiens ! Les deux autres étaient des jumelles plus petites que Lya, et on pouvait dire qu'elles étaient … euh … dynamiques. Comme le reste de la classe, d'ailleurs. Leurs cheveux d'un rose perturbant étaient le seul moyen de les reconnaître. Fûka les rassemblait en deux couettes sur les côtés, tandis qu'ils formaient des chignons chez Fumika.

     

    - Vous avez besoin de nous, mademoiselle Shizuna ? demanda Kaede.

    - Oui, le directeur veut que vous hébergiez Lya.

    - Oui, super ! On va s'éclater ! lancèrent les jumelles.

    - Je vous laisse, j'ai du travail. Aidez la à s'installer !

    - Pas de problème. Viens, on va te montrer où c'est, fit la plus grande, Kaede.

    - Me… merci.

     

    Ses trois nouvelles colocataires la conduisirent jusqu'aux dortoirs et lui ouvrirent la porte. Leur chambre était grande et comportait tout ce qu'il fallait, avec deux pièces annexes : une salle de bain et une cuisine. Il y avait une mezzanine au-dessus d'un dressing, sur laquelle il n'y avait rien, à part un matelas, une petite table et des étagères vides accrochées au mur. Au centre de la pièce trônait une table, et à côté de la mezzanine se dressaient deux lits superposés, et un troisième sommier juste à côté.

     

    - A la base, on était censées être quatre, mais Chisame vit seule dans une autre chambre. C'est pour ça que c'est vide. Cette mezzanine ne te dérange pas ? demanda Kaede

    - Non, c'est parfait, merci.

     

    Le soir arriva vite. Elles avaient passé toute la fin d'après-midi à ranger les affaires de Lya, et quand elles avaient fini, c'était déjà l'heure de manger.

     

    - Mmh...on a pas vraiment le temps de faire à manger...Je vais aller chercher quelque chose pas très loin. Je reviens dans pas longtemps, faites connaissance un peu plus en attendant, proposa Kaede.

     

    Elle sortit et les jumelles s'approchèrent de Lya. Fumika engagea la conversation … ou Fûka … aarrrrgghhhhh, celle avec les couettes, na ! Comme le redoutait la nouvelle élève, la question à venir était plutôt tabou … mais bon, c'était prévisible.

     

    - Alors, t'es pas trop triste d'avoir quitté tes anciennes amies ?

    - En fait, je n'avais aucune amie, avoua Lya en baissant la voix à cause de ces souvenirs douloureux. Je n'ai pas réussi à m'intégrer.

    - Oh, pardon …

    - Tu ne pouvais pas savoir, c'est rien. Dites, la 3-A est toujours aussi dynamique ? fit-elle pour changer de sujet.

    - Oui ! Certaines plus que d'autres. Par exemple, Evangeline, ta voisine de classe, est nettement plus calme que nous, dit Fumika.

    - Moui, ça j'avais remarqué ! s'amusa Lya.

    - Ah, au fait, en parlant de gens calmes … Kaede n'est pas là le weekend, ajouta Fûka.

    - Pourquoi ? Et comment vous faites ?

    - Pourquoi, c'est un secret. Mais en général, elle nous laisse des trucs à réchauffer, ou alors on se fait inviter chez Misora, répondit Fumika.

    - Ah …

     

     

    Alors Kaede n'était pas là le week-end … zut, elle était plutôt sympa, comme les jumelles. Mais apr contre, Lya ne voyait pas du tout qui était Misora, mais c'était une élève de la classe. Les jumelles entreprirent de la décrire : c'était une jeune rousse aux cheveux courts et en épis, et malgré sa fonction de nonne à l'église de Mahora, elle faisait régulièrement les quatre cent coups avec les jumelles.

    Quelques minutes après, leur colocataire rentra.

     

    - C'est prêt. Au fait, j'ai rencontré le p'tit Negi, lança Kaede à la cantonade. Il m'a dit des trucs intéressants.

    - Qu'est-ce-qu'il t'a dit ? demanda Fûka.

    - Quelque chose ! s'amusa la jeune fille. Mais je serai là samedi. Je ne partirai que dimanche matin et je reviendrai en fin d'après-midi.

    - Wouah, ça va être court pour toi ! Ça doit être important, alors.

    - On peut dire ça, oui.

     

    Le reste du repas passa vite. Lorsqu'elle alla se coucher, Lya avait l'impression qu'elle venait de se faire des amies. Cela dit, rien de bizarre n'était encore arrivé … donc c'était encore à peu près normal.

     

     

    ***

     

     

    - Lya, c'est l'heure de se lever, fit une voix.

    - Mmh, c'est qui, il est quelle heure ?

    - Ben c'est Kaede, et je te signale qu'on a cours.

    - Ah oui, mince c'est vrai !!! s'exclama Lya tout d'un coup en s’asseyant tel un ressort. Il n'est pas trop tard j'espère ?!

    - Non, j'avais prévu que tu ne te lèverais pas très tôt.

    - Euh … c'est quoi le sous-entendu ?

     

    Lya fit la moue. Kaede se marrait bien, il était évident qu'elle se payait sa tête et elle ne cherchait pas du tout à le cacher. En même temps, la nouvelle avait l'air … comment dire … franchement dans le pâté, et n'importe qui aurait bien rigolé devant la tête qu'elle faisait. De toute façon, Lya n'était jamais fraîche le matin … Ignorant son amie hilare, elle se prépara en vitesse, oubliant qu'elle n'était pas si en retard que ça.

    Arrivées, les quatre amies s'assirent à leurs places respectives. La nouvelle observa sa classe. C'était pas croyable…c'était le matin et toutes étaient en super forme ! La porte s'ouvrit sur deux filles, Asuna et une dont Lya ne connaissait pas le nom, arrivées juste à l'heure avec monsieur Negi. Ça l'étonnait encore que cet enfant soit leur prof principal. Enfin, avec tout ce qu'elle avait vécu, elle n'allait plus être surprise très longtemps.

     

    - J'ai une grande annonce à faire, s'exclama leur professeur, pour le moins excité. Lundi, toute la classe partira en voyage quelques jours à Kyoto !

    - Ouaaaaaaiiiiiiiiis !!!!!!!!!!!!!!!

    - Ce n'est pas dans très longtemps, alors faites attention à être prêtes le plus vite possible ! Sur ce, commençons le cours.

     

    Ouch, les tympans de Lya venaient de prendre un sale coup ! Elle l'avait pas vu venir, ça. La jeune fille ne savait pas que c'était ça, les cris de joie de la 3-A. C'était assez percutant … leur professeur avait l'air d'être habitué. Depuis combien de temps était-il là, au juste ?

    Les heures de cours passèrent à une vitesse folle, et Lya vit se succéder différents professeurs, comme monsieur Seruhiko, un homme d'une trentaine d'années qui enseignait les mathématiques, et monsieur Nita, professeur de Japonais, que Lya n'aimait pas trop : c'était un vieil homme strict et aigri. Negi, que la jeune fille ne pouvait pas se résoudre à appeler « monsieur »

     

    - On va chez Misora pour s'amuser ! lancèrent les jumelles, lorsque la classe quitta la salle après le dernier cours.

     

    Kaede lança un « Ok ! » jovial, puis continua vers leur chambre avec Lya.

     

    - Ce que t'a dit Negi, c'était cette histoire de voyage ? demanda Lya une fois les deux sœurs parties.

    - Oui. Au fait, Lya, je suis désolée, mais à part cette fois pour pouvoir me préparer, je suis absente le week-end.

    - Je sais, les jumelles me l'on dit. Elle m'ont aussi dit que c'est un secret et qu'elles ne peuvent pas me le dire. Au fait, en parlant de Kyoto, je ne sais pas trop quoi acheter … C'est mon premier voyage de classe, dit Lya quelque peu ennuyée.

    - Tu pourrais venir avec les jumelles et moi. Mais les connaissant, je suis sûre que Misa, Madoka et Sakurako vont te demander de …

    - Lya, tu viens t'acheter des trucs avec nous, demain ? Le samedi, on n'a pas cours ! crièrent trois filles de sa classe en lui sautant dessus.

    - … venir avec elles, finit Kaede.

    - Euh, oui …

     

    Les trois filles, ayant obtenu leur réponse, repartirent comme elles étaient arrivées. C'est-à-dire...comme une tempête.

     

    - Mais du coup, tu ne pourras te préparer que samedi, ça va être court, reprit Lya quand elle fut remise de sa surprise. T'auras besoin d'aide ?

    - Merci, c'est gentil, je te demanderai si j'ai besoin mais ça devrait aller, répondit Kaede.

     

    Le reste de la journée fut plutôt calme, vu que les jumelles n'avaient pas été là et avaient dîné chez Misora. Elles étaient sympathiques … mais très folles.

    Le lendemain serait une longue journée mais elle décida de tout faire le samedi, comme Kaede. Comme ça, elle serait tranquille la veille du départ. Et c'est sur cette pensée ressemblant à un petit bout d'organisation – Lya était parfois peu organisée – qu'elle s'endormit.

     

     

    ***

     

     

    DDRRIIINNNNG ! Oh, fichu réveil ! Ah apparemment, les jumelles pensaient comme Lya … Il n'y avait que Kaede qui n'avait pas été réveillée en sursaut, étant donné qu'elle était déjà levée. D'ailleurs, celle-ci avait l'air de bien rigoler devant les têtes de ses trois amies. Dire qu'elle avaient toutes décidé de se lever tôt pour se préparer et qu'elles avaient donc réglé ce rév...

    DDRRIIINNNNG !

     

    - Oh, c'est bon, je me lève ! Arrête de sonner, stupide réveil ! lança Lya au réveil qui ne risquait pas de lui répondre.

     

    Finalement, vu qu'il était trop loin pour elle, ce fut Kaede qui l'arrêta.

     

    - Merci, Kaede, je crois que mes tympans n'auraient pas résisté une troisième fois, soupira Lya

    - Oui c'est sûr … et dire qu'il faut se lever … renchérit Fumika en baillant

     

    Lya se leva et s'habilla tout en pensant à la folle journée qui s'annonçait. Misa, Madoka et Sakurako voulaient absolument qu'elle vienne faire du shopping avec elles. Et dire qu'elle les connaissait à peine ! Bah, fallait voire le bon côté des choses, ça lui permettrait de se faire des amies.

     

    - Lya, je crois que tu ne vas pas t'ennuyer, aujourd'hui ! lança Kaede en souriant devant la tête de son amie.

    - On va bien s'amuser ! renchérit Fumika, toute fatigue envolée.

    - En fait, Sakurako, Madoka et Misa veulent que Lya les accompagne, expliqua Kaede.

    - Ça veut dire qu'elle ne sera pas avec nous ? Dommage ! déplora Fûka.

     

    Puis quelqu'un toqua à la porte. Lya se demandait qui c'était … quoique, elle avait déjà sa petite idée sur la question.

     

    - C'est nous ! s'exclamèrent les trois intéressées.

    - Ah, ben en parlant d'elles, les voilà. Entrez, c'est ouvert ! leur lança Kaede.

    - Salut, t'es prête ? demanda Sakurako.

    - Oui ! Bon, ben j'y vais ! A toute à l'heure ! dit Lya.

     

    Lya prit le temps de détailler ses camarades. Sakurako, la plus énergique, avait des yeux entre le rouge et l'ambre, et les cheveux blond vénitien, arrangés en deux couettes sur les côtés, et deux petites tresses au niveau de la nuque. Misa, en revanche, laissait tomber ses cheveux en une longue cascade entre rose et violette – décidément certaines étaient originales … – et dans ses prunelles, de la même couleur, brillait une certaine malice. Enfin, Madoka était légèrement moins féminine, avait coupé ses cheveux noirs en un carré assez court, mais ses yeux sombres étincelaient comme ceux de ses deux amies : on y décelait de la joie de vivre et un grain de folie, comme chez beaucoup de 3-A.

    Les quatre filles s'éloignèrent des dortoirs, jusqu'à une rue pleine de magasins. Là, elles rencontrèrent plein de filles de la 3-A : par exemple une chinoise blonde très énergique, nommée Kû-Fei, accompagnée de... euh … Chao Linshen, l'autre chinoise de la classe, aux cheveux noirs rassemblés en deux chignons, desquels s'échappaient deux tresses. Tous ces prénoms étaient nouveaux pour Lya et elle n'était pas sûre d'elle, mais elle reconnaissait tout de même quelques unes de ses camarades.

     

    - Salut ! Tiens, vous êtes avec Lya ? Ça ne m'étonne pas de vous ! lança Chao, joviale.

     

    Il y en eut beaucoup d'autres, et comme Chao, elles ne s'étonnèrent pas de voir leur nouvelle camarade avec Misa, Madoka et Sakurako plutôt qu'avec les jumelles et Kaede. Les trois amies, qui officiaient dans un club de pom-pom girls, venaient naturellement vers les autres, et leur forme éblouissante était contagieuse.

    Pendant une heure ou deux, les trois pom-pom girls lui firent essayer pleins de tenues et finirent par se décider, à sa place. Puis les quatre collégiennes allèrent voir du côté des valises et des sacs, afin d'avoir tout ce qu'il fallait pour le voyage. Lya avait déjà sa valise, mais celles de ses camarades étaient abîmées et il lui fallait un sac, le dernier n'ayant pas survécu à la bande d'Ichiro.

     

    Vers midi et demi, les quatre amies décidèrent de manger au restaurant : le shopping les avait bien eues ! Il était un peu tard pour manger au dortoir.

     

    - Kaede et les jumelles ne t'attendent pas ? finit par demander Sakurako.

    - Non, elles se doutaient qu'on aurait pas fini à temps.

    - Ça se voit qu'elles nous connaissent ! lança Madoka en riant.

    - Peut-être, mais il faut qu'on se dépêche, Lya m'a dit qu'elle se préparait aujourd'hui, objecta Misa.

     

    Lya confirma en hochant de la tête, tout en essayant de se motiver pour ce qui l'attendait.

     

    - Pourquoi tu te prépares aujourd'hui ? demanda la pom-pom girl aux cheveux blond vénitien.

    - Eh bien, comme ça je serai tranquille dimanche. Et je ne serai pas pressée en finissant mes bagages en urgence. Comme j'ai parfois tendance à être stressée …

    - Ah, je vois. C'est pas bête !

     

    Les jeunes filles finirent par rentrer. Elles n'avaient plus rien à acheter, et c'était tant mieux, car quand elles étaient parties du restaurant, il était environ deux heures – elles avaient pris leur temps pour manger ! – et le temps de rentrer, il serait bien trois heures. En plus, il y avait beaucoup de monde dans les transports et ce n'était pas toujours évident de ne pas rater les mini-bus. Mahora était une cité étudiante pleine de vie …

     

    - À plus, prépare-toi bien ! lança Misa.

     

    Eh bien ! Lya avait vu juste, car il était trois heures cinq quand elle se retrouva devant sa chambre. Elle rentra, mais il n'y avait personne, ce qui l'étonna. Kaede n'était-elle pas censée rester pour la journée ? Et les jumelles, où étaient-elles ?

     

    - Ah, tu est rentrée ! fit une voix derrière son dos.

    - Ah, les jumelles ! s'écria Lya, en sursautant. Vous m'avez fait peur ! Où vous étiez ? Et où est Kaede ?

    - On était passées chez Misora et Kaede est partie rendre quelque chose que Kû lui avait prêté.

    - D'accord … je vais faire ma valise, soupira Lya, pas motivée pour un sou.

     

    Bon, c'était parti pour de longues préparations ! Elle croyait naïvement que ce serait rapide. Elle se trompait. Car une heure et demie après, elle n'avait pas du tout fini … elle ne savait pas trop quoi emmener, et comme elle passait pas mal de temps à y réfléchir, elle n'avançait pas des masses …

    Superbe, elle eut tout à coup le sentiment qu'elle n'allait pas faire grand-chose d'autre de a journée … Et comme si cela ne suffisait pas, Kaede était rentrée depuis longtemps, elle avait commencé à se préparer bien après Lya, et elle avait fini … pfff, c'était décourageant. La jeune fille décida tout à coup de prendre une pause.

    Après cinq minutes, Lya recommença, et c'était fou de voir qu'elle avançait bien plus vite après une simple pause. Une heure plus tard, la jeune fille avait fini. Enfin ! Elle pouvait souffler. Elle décida tout de même d'aider les jumelles. Il faut dire qu'elles arrêtaient pas de dire n'importe quoi et elles n'avançaient pas.

    La journée se finit sans que Lya n'ait eu le temps de faire autre chose, mais c'était prévisible.

     

    - Tu fais quoi demain ? s'enquit tout à coup Fumika.

    - Je ne sais pas mais je crois que je vais un peu flemmarder … je n'ai pas eu le temps de souffler depuis que je suis arrivée !

     

    Après, Lya décida de se coucher tôt, elle était crevée … Maintenant la jeune fille le savait : elle détestait faire ses valises …


    5 commentaires
  •  

    - Tu veux quoi, toi ?! Dégage ! On veut pas de toi ! cria Ichiro.

     

    C'était maintenant ce que Lya entendait très souvent, pour ne pas dire tous les jours. Tous ceux qu'elle connaissait – à l'exception de son grand frère qui l'avait élevée – avaient peur d'elle et la fuyaient. La jeune fille se rapprochait d'un groupe et c'était systématiquement ce qu'on lui lançait, alors qu'elle ne demandait rien. Ichiro, un de ses camarades de classe, n'échappait pas à la règle. Même les professeurs de son collège n'étaient pas rassurés... Lya était peut-être l'élève la plus connue de son école tellement elle était crainte.

    Il y avait quelques raisons à cela, mais la première était un peu idiote, puisqu'elle était basée sur son apparence.

    Lya Aoki avait bientôt 14 ans, et faisait partie de la 3-F. Ça, ça allait encore. Mais ses yeux, première chose un peu étrange chez elle, étaient vairons, l'un bleu et l'autre gris. Ses cheveux n'étaient pas tout à fait banals, mais elle se préférait comme ça : deux longues mèches encadraient son visage, le reste lui arrivait aux épaules, sauf deux queues très longues descendant jusqu’à ses genoux. Un peu bizarre aux yeux des autres, surtout son regard, mais ça ne suffisait pas à faire peur. Elle, elle trouvait ça débile. Elle est née comme ça et puis c'est tout.

    L'autre raison était déjà plus valable, mais la collégienne n'y était pour rien. Autour d'elle se déroulaient des choses étranges, des évènements presque surnaturels, tout à fait non-identifiables. C'était d'ailleurs pour cette raison que la seule amie qu'elle avait eue – à peine 1 mois, très long ! – l'avait laissée tomber. Mais elle se souvenait aussi du jour où ça – parce que la jeune fille ne savait toujours pas ce que c'était – l'avait sauvée.

     

    Flash-back

     

    Lya rentrait, comme tous les soirs après les cours. Elle soupira. Son prof de sport ne les avait pas ménagés et elle avait mal partout.

    Elle se rendit compte que tout le monde la regardait avec méfiance. Elle soupira une seconde fois puis se décida à faire un détour pour éviter tout le monde. Elle changea de rue et prit un chemin mal éclairé.

    La jeune fille marchait depuis déjà un moment, pressant le pas pour sortir au plus vite de cette rue qui n'était, faut dire ce qui est, pas franchement accueillante. Elle était presque arrivée, lorsqu'elle s'arrêta net. Elle entendait des bruits de pas, qui venaient de derrière elle. Elle était suivie. L'espace d'un instant absurde, elle se demanda qui pouvait bien la suivre, elle que tout le monde évitait.

    Lya secoua la tête pour chasser cette question totalement idiote et inutile, puis reprit son sérieux. Elle se retourna, le cœur battant. Et elle fut tout à fait surprise de découvrir la bande d'Ichiro à une dizaine de mètres d'elle. Ben quoi ? C'était un record ! Dix mètres ! Enfin … chacun de ses aimables camarades avait un sympathique petit couteau à la main …

    Soudain, le plus proche d'eux tous fondit sur elle. Lya crut un moment que c'était fini pour elle. Mais rien ne venait et elle ouvrit un œil. Puis ouvrit l'autre avec stupeur. Une violente bourrasque repoussait ses opposants effrayés ! Elle fut encore plus surprise – quoique – lorsqu'elle s'aperçut que le vent en question venait d'elle !

    Le petit groupe détala comme une bande de lapins et laissa seule la jeune fille effarée. Puis elle redevint maître d'elle même et cessa de trembler comme une feuille. Enfin, elle soupira une dernière fois. Encore une histoire qui allait faire le tour du collège … Mais le bon côté des choses c'est que plus personne ne se risquerait à l'attaquer …

     

    fin

     

    Depuis, Lya était traitée comme une pestiférée. Ce qui, en soi, ne changeait pas grand-chose à sa situation. Elle comptait donc beaucoup sur son frère pour l'aider à repousser sa solitude.

    Car la seule famille de Lya était Keiji, son frère d'adoption de 26 ans : les parents de la jeune fille étaient décédés, ou plutôt avaient disparu et tout le monde les avait décrétés morts, apparemment quand elle avait quatre ans.

    Apparemment, car elle avait un gros blanc jusqu'à ses huit ans. Keiji disait qu'elle avait été renversée par une voiture et que suite au choc elle avait perdu la mémoire.

    Heureusement, Keiji – qui était certainement le seul à l'aimer – avait un bon travail qui leur permettait de bien vivre. Certains voisins les aidaient aussi à payer ce dont ils avaient besoin. Enfin … de loin … et surtout quand Lya n'était pas dans un périmètre de … disons … cinquante mètres.

    Un soir, alors qu'elle venait de rentrer, son frère l'appela.

     

    - J'ai encore eu des échos de ton collège. Tu es sûre de ne pas vouloir changer ? J'ai repéré le site d'un établissement qui a l'air pas mal.

    - Ah bon ? Tu peux me montrer ? demanda-t-elle.

    - Tiens, regarde.

     

    La jeune fille tourna la tête pour regarder la page du site sur l'ordinateur. C'était un internat, dans une citée universitaire. L'idée de se retrouver loin de son frère ne lui plaisait pas, mais c'était en même temps sa seule chance d'être acceptée par d'autres que lui, et ce n'était qu'à une heure de route. Après réflexion, ce n'était pas si mal. Elle choisit pourtant de réfléchir encore un peu avant de choisir d'aller au collège Mahora, puisque c'était comme ça qu'il s'appelait. À certains moments, elle détestait ce réflexe de réfléchir. Et elle regretta de ne pas avoir dit oui tout de suite.

    Parce que le lendemain fut encore plus horrible que les journées habituelles. À croire que tout le monde s'était ligué pour qu'elle change d'établissement. Ce qui était peut-être le cas.

    Elle décida d'aller à Mahora. Elle en avait assez de voir cet idiot d'Ichiro et sa bande... ses professeurs... les collègues de son frère... les … tout le monde, en fait. À part Keiji, bien sûr.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique