• Chapitre 37 : Conclusion désastreuse

     

    - Suano ! s'écria Lya, sans pouvoir cacher son inquiétude.

    - Alors c'était toi qui les avais prévenus, grogna Gira.

     

    Le bras droit d'Ukyo ne réagit pas, taciturne. La lueur sadique et malsaine qui brillait parfois dans ses yeux couleur métal avait disparu, pour laisser place à un regard froid et inexpressif. Son dernier échec devait franchement lui casser les pieds, et il avait certainement envie d'en finir au plus vite.

    Soudain, alors que Lya guettait son ennemi et se préparait à un combat qu'elle n'était pas sûre du tout de gagner, même avec l'aide de Gira, elle sentit un mouvement derrière son dos. Elle para vivement et s'éloigna, détaillant son nouvel adversaire au passage. Dans les vingt-cinq ans, l'homme portait ses étranges cheveux argentés aux reflets bleus jusqu'aux épaules, et avait d'intrigants yeux dorés.

    « Bah bien sûr, Suano ne suffisait pas ! », ragea la jeune fille, cernée.

     

    - Qu'est-ce qu'Ukyo veut à Lya ? gronda Gira, son visage arborant un masque de haine pure.

    - Eh bien, tu ne l'appelles plus « maître » ? ironisa l'inconnu, nettement plus jovial que Suano.

    - Suano, répond-moi ! s'écria Gira, reprenant brutalement sa forme démoniaque.

     

    Sa voix tremblait de fureur contenue, son corps parsemé de petits éclairs, tandis que ses yeux brillaient de rage, et ses pupilles fendues de démone ne faisaient que souligner sa colère. Lya était presque effrayée par son alliée, mais Suano restait de marbre, nullement impressionné.

     

    - Tu n'as pas besoin de savoir. J'ai toujours pensé que tu étais un rebut, qu'il faudrait éliminer au plus vite. Le maître semble s'en être enfin aperçu.

     

    Gira tressauta, piquée au vif. Avant de faire un louable effort pour se calmer. Le bras droit d'Ukyo cherchait certainement à lui faire perdre le contrôle en la provoquant, elle devait absolument rester froide. La démone avait quelqu'un à protéger, pour la première fois de sa vie. Lya était blessée, elle n'avait pas le droit de se laisser aller.

    Soudain, Suano fondit sur Gira, signal de l'attaque. L'inconnu, lui, se précipita sur Lya. Aussitôt, une violente bourrasque déstabilisa la jeune magicienne, qui faillit perdre l'équilibre à cause de sa cuisse blessée. Elle résista vaillamment, se défendit d'un coup de pied grâce à une barrière de glace, et lui lança des flèches du même élément. Son adversaire les dévia sans problème avec grâce à un sort de vent. Lya se rappela un instant les paroles de Katsu : « il avait aussi le vent pour élément, mais à un tel niveau … il m'a battu à plate couture. J'ai cru voir ma fin arriver, mais bizarrement, il m'a dit de rentrer. Il avait un message pour toi … c'est terrible … », puis il avait ajouté : « C'est Arianna … il l'a vaincue … ». La jeune fille comprit aussitôt dans quel pétrin elle s'était fourrée. Elle était face à l'homme qui avait vaincu son maître et Katsu ! La jeune magicienne ressentit aussitôt une grande colère, mais se contint. Comme Gira, elle aurait besoin de toute sa tête pour l'affronter. Même si elle était certaine de perdre, elle allait mettre toutes les chances de son côté, et sa fierté l'empêchait de se laisser faire sans se battre.

    Suano, lui, affrontait Gira et ne semblait pas faiblir. Les sorts de foudre pleuvaient sur lui, mais il les évitait ou les parait avec facilité. La démone, elle non plus, ne s'essoufflait pas, alimentée par sa colère et la nécessité d'en finir au plus vite. Elle aussi avait compris qui était l'adversaire de Lya, et savait bien que dans son état, la jeune japonaise ne pourrait pas faire grand-chose.

    Mais contre toute attente, Lya résistait assez bien. Sa blessure la faisait souffrir, elle sentait l'entaille pulser, elle haletait, mais elle refusait d'abandonner maintenant. Tout en esquivant, elle invoqua un nivis casus, qui n'eut pas beaucoup d'effet, puis un marteau d'Aquilon, qui se heurta aux mêmes défenses. Puis elle recommença à incanter.

     

    - Glacies et lux alas rubras protegant !

     

    L'inconnu asséna un coup de son talon sur sa gauche, elle para de justesse avec son avant bras, puis le repoussa violemment.

     

    - Veniant spiritus glaciales luces …

     

    Comprenant ce qu'elle voulait faire, son adversaire voulut l'en empêcher. Il feinta, passa ses défenses et l'envoya valser contre un arbre. Mais elle ne s'arrêta pas d'incanter, et fondit sur lui, malgré la douleur du coup que venait de prendre son dos.

     

    - Cum fulguris lucis flet tempestas nivalis !

     

    Elle réussit à attraper le bras de l'inconnu et à le bloquer.

     

    - Nivis tempestas lucis !!! hurla-t-elle alors que son ennemi tentait de se défaire de l'étreinte.

     

    La tempête, lancée à bout portant, projeta l'homme au loin, provoqua une énorme explosion et interrompit même un court instant le combat de Gira et Suano, alors que celui-ci prenait l'avantage. Et Lya s'effondra, sa cuisse refusant de la porter plus longtemps. Mais au moins, elle avait vaincu son adversaire. Gira n'avait plus qu'à s'occuper du cas de Suano, en espérant qu'il ne soit pas trop fort.

    Enfin, c'est ce que la jeune fille, encore consciente, croyait. Mais elle vit, malgré sa vision trouble, une silhouette apparaître à travers la fumée. L'homme, à peine blessé, se rapprochait d'elle à pas lents, savourant sa victoire. Un mince filet de sang coulait le long de son épaule, seule trace laissée par la tempête de Lya.

    Il la ramassa, alors qu'elle n'avait plus la force de se débattre, et l'assomma plus ou moins douloureusement, une lueur de joie malsaine dans ses yeux dorés.

    Pendant ce temps, Suano menait la vie dure à son adversaire. Gira comprit qu'il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Elle n'avait plus la force de faire appel à ses techniques démoniaques les plus puissantes, ne pourrait pas vaincre et Suano, et l'autre. Malheureusement, il ne lui restait plus qu'une solution. Battre en retraite. En espérant que Lya survive jusqu'à ce que la démone puisse lui porter secours.

     

     

    ***

     

     

    Yoru, Illonya et l'équipage du "Great Paru", nom donné au vaisseau poisson rouge, ne savaient rien de ce qui s'était joué quelques heures plus tôt à des milliers de kilomètres d'eux. Ils volaient joyeusement dans le ciel azuré – enfin, joyeusement, ça dépendait. Haruna, Kazumi, Sayo et Kû avaient leur pêche habituelle, Illonya avait retrouvé la forme après une bonne nuit de sommeil, et Yoru discutait avec les autres, tentant de ne pas penser à l'absence de Lya.

    Ils se dirigeaient à présent vers Phoenicus en passant par Megalomesembria. Il restait à retrouver Yue, Nodoka, Anya, Camo, Lya, et plus problématiques parce que sans badges, les jumelles. Et puis Gira, aussi, mais aux dernières nouvelles, la démone était avec Lya.

    Ils arrivèrent à Phoenicus dans la soirée, après une certaine accélération. Cela faisait vraiment bizarre à Illonya, qui justement en venait. C'était là qu'elle avait découvert sa malédiction. D'ailleurs, elle hésitait à en parler à Yoru. Elle était tiraillée entre le besoin de se confier – et puis elle savait que Yoru garderait le secret – et la peur de sa réaction. Après tout, elle craignait que la prophétie ne l'amène à combattre Lya, et le jeune homme risquait de ne pas être très content, voire de devoir choisir entre son amie et sa dulcinée, dilemme que personne n'aimerait avoir à assumer. Non, elle n'en parlerait pas.

     

    Le lendemain, ils se dirigèrent vers Zephyria.

     

    - J'ai repéré un badge !

     

    Ils se précipitèrent tous tête la première sur le pont, Yoru en tête. Ça aurait pu devenir un gag, si seulement la situation n'était pas si sérieuse ...

    Ils eurent du mal à trouver le détenteur de la petite ailette blanche, car le signal menait dans des sommets enneigés, presque en pleine tempête. Mais il s'agissait de Camo, qui avait retrouvé le bâton de Negi et qui se tenait à l'abri de la neige, frigorifié.

    La petite équipe le ramena dans le vaisseau, puis reprit la route.

     

    ***

     

    Gira s'appuya sur un tronc, haletante. Elle devait aller encore plus loin. Rester consciente. Si elle était tuée maintenant, Lya n'aurait plus aucune chance de survivre. Et Gira mourrait sans savoir la vérité sur sa famille. Pendant longtemps elle n'avait pas voulu savoir, comme si elle en avait peur. Mais la quête de vérité de Lya l'avait comme réveillée. Elle ne pouvait pas rester sans savoir, ce n'était pas possible. Elle devait persévérer.

    La démone serra dans son poing un petit objet, ramassé pendant sa fuite. Le badge ala alba de Lya, tombé pendant le combat. Et dans sa poche se trouvait la photo d'Arianna, l'inconnue et la jeune fille, trouvée dans la maison de celle-ci.

    Les seuls objets que Lya avait laissés derrière elle avant d'être enlevée.

    Gira reprit son souffle quelques secondes et vérifia ses blessures. Celles-ci commençaient déjà à cicatriser, grâce à sa nature de démone, mais l'intense course qu'elle leur imposait ne facilitait pas le processus de guérison. Tant pis. Elle devait aller aussi loin que possible afin de reprendre des forces dans une relative sécurité.

    Elle vola, aussi vite et discrètement que possible. Longtemps. Elle avait arrêté de compter les heures à partir de la troisième, mais ça faisait bien longtemps que tous ses muscles criaient grâce. La démone finit par s'écrouler dans une clairière, au crépuscule, haletante.

    Il lui restait assez de magie pour placer des sorts d'alarme, ce qu'elle fit. Au moins, personne ne la trouverait par hasard.

    Gira s'endormit immédiatement après dans un sommeil sans rêves, duquel elle émergea deux ou trois heures seulement plus tard, presque aussi épuisée qu'avant. Mais au moins, sa magie était en partie revenue.

    Elle avisa le badge de l'ala alba, resté dans sa main depuis sa fuite. Il était légèrement abîmé, et quelque chose attira immédiatement son attention. Quelque chose dépassait. Quelque chose qui ressemblait vachement à un bout de puce électronique qui émergeait du badge.

    Une idée vint germer dans son cerveau. Tous les membres de l'ala alba possédaient ce badge. Et parmi eux se trouvait un robot, selon Lya. Alors si elle avait de la chance … la démone fit sortit de son sac un petit appareil, qui lui permettait de détecter tout appareil électro-magique et de le faire réagir par impulsions. Elle le mit en marche, et en effet, elle détectait un signal émis par le badge.

    Réfléchir. Elle devait réfléchir. Lya et elle avaient rendez-vous à Ostia avec le reste de l'ala alba. Donc elle pouvait imaginer que certains des compagnons de Lya y soient. Elle était à environ mille kilomètres d'Ostia. Si elle amplifiait la sensibilité de son détecteur, elle pourrait sans problème atteindre des badges à Ostia.

    Elle se concentra, puis projeta sa magie vers son appareil. Puis elle dirigea les recherches de son appareil à l'est, vers la grande ville. À son grand soulagement, quelques signaux identiques à celui du badge de Lya furent détectés ! La chance ne l'avait donc pas complètement abandonnée.

    Gira brancha à son appareil l'équivalent magique d'un téléphone – l'espèce d'écran dont se servait Thelis – et activa le système de son détecteur, qui servait à faire réagir les appareils détectés. Avec un peu de chance, le robot réagirait et établirait la communication …

     

    ***

     

    Negi se massait les tempes en pestant. En face de lui, Kotaro avait entamé un pétage de plombs en frappant le mur de son poing, et Chisame sentait venir un beau mal de crâne en perspective.
    Tout s'était à peu près bien passé depuis que l'ala alba avait été séparée. Bon, d'accord, Natsumi, Akira et Ako étaient devenues esclaves, devant rembourser une dette astronomique. Mais ils y travaillaient, ça allait s'arranger.

    Arrivé dans une forêt en compagnie de Chachamaru, Negi avait rapidement rejoint Chisame et Kotaro, et cela grâce à Chachamaru, qui pouvait détecter les ondes émises par les badges de l'ala alba sur un rayon de mille kilomètres. Ils avaient débouché dans la ville de Granicus, y avaient trouvé Kazumi, toujours accompagnée de Sayo. Mais après recherches, ils avaient appris qu'Ako était tombée malade, et Akira et Natsumi n'avaient eu d'autre choix pour la sauver que de compter sur un al-iksir extrêmement cher, qu'elles devaient rembourser. Elles étaient donc devenues esclaves. Negi y avait trouvé une solution. Participer avec Kotaro à un tournoi, et le gagner, car le prix couvrait tout juste la dette.

    Ce tournoi se déroulait à Ostia, un mois et demi plus tard, alors il fut convenu qu'ils feraient d'abord des combats à Granicus avant, pour gagner un peu d'argent et d'expérience. Restait le problème d'être reconnu par les autorités. Negi l'avait réglé grâce à des pilules données par Evangeline, qui modifiaient l'âge, les faisant paraître cinq ans plus jeunes ou plus âgés. Negi et Kotaro avaient donc commencé à combattre en tant que gladiateurs, sous la forme d'adolescents de quinze ans.

    Mais il avait fallu donner des pseudonymes. Kotaro avait choisi Kojirô Ôgami, et Negi avait eu l'idée de devenir très célèbre en prenant le nom de son père. Cela avait fonctionné, et à peine quelques jours plus tard, ils avaient reçu une lettre de Setsuna et Asuna, disant être à la recherche de Konoka.

    Negi et Kotaro enchaînaient les victoires, étaient partis pour Ostia, et avaient même eu des nouvelles de Makie et Yûna, qui n'avaient pas de badge. De plus, Chachamaru, Kazumi et Sayo avaient entamé un tour du monde pour retrouver tout le monde, le seul gros problème restant était de retrouver les jumelles, Illonya, Shelly et la fille qui accompagnait le groupe de la Norvège, qui n'avaient pas de badge.

    Bref, tout s'était à peu près bien passé.

    Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi la chance les quittait-elle ? Pourquoi avait il fallu que des chasseurs de prime trouvent Lya et la fille aux cheveux roses dénommée Gira, et que deux autres combattants débarquent pour mettre tout le monde d'accord et pour finir d'achever Gira et Lya, enlevant cette dernière ?


     

    - On doit intervenir ! s'écria Kotaro, hors de lui. Elle a besoin d'aide, qui sait ce qu'il va lui arriver ?!

    - Oï, doucement, Kota, le tempéra Chisame. On ne sait pas qui sont ces personnes, ni où ils l'ont emmenée.

    - C'est vrai, continua Negi, et ça s'est passé à quelques centaines de kilomètres d'ici.

    - Alors quoi ?!  On reste ici, sans rien faire ?! Avec ta magia erebea, tu pourrais tous les latter !

    - Je n'ai jamais dit ça ! Dis que je ne fais rien, tant que tu y es !

    - C'est exactement ce que je dis ! On doit réagir, maintenant, sinon ce sera trop tard !!!

     

    Chisame, que ce duo commençait à exaspérer au plus haut point, sortit deux ananas de ses dernières courses, interrompues par la nouvelle de la capture de Lya. En effet, les deux kidnappeurs avaient fait diffuser la vidéo de l'attaque, en pleine ville, et avaient revendiqué être de Ragnarök, une première pour cette organisation qui s'évertuait à rester discrète, malgré la terreur qu'elle entretenait de temps en temps.

     

    - Vous ... allez ... VOUS CALMER, BANDE D'ABRUTIS SUREXCITÉS ?! s'écria-t-elle en leur balançant ses ananas à la figure.

     

    Ils s'arrêtèrent, stupéfaits. Negi, parce que Chisame l'avait déjà attaqué comme ça et ne pensait pas qu'elle recommencerait aussi vite, et Kotaro ... tout simplement parce qu'il ne s'était encore jamais pris d'ananas sur le coin de la figure. L'ananas, lui, ne savait pas s'il préférait être mangé, voir des dents déchiqueter sa chair, et voir son jus être aspiré jusqu'à la dernière goutte ... ou être utilisé comme arme pour arrêter deux abrutis en pleine dispute. Là, tout ce qu'il voulait, c'était de retourner à sa vie auprès de frangin ananas et sœurette ananas ... où il finirait par être mangé, avec ou sans sa famille. Mouais, de toute façon ses perspectives de carrière étaient assez limitées, autant qu'il finisse en arme de destruction massive. Ce serait plus original ...

     

    - Bon, maintenant, vous allez m'écouter, leur intima Chisame. Qu'est-ce qu'on peut faire ? Pas grand-chose. C'est vrai qu'avec sa magia erebea, Negi pourrait les vaincre. Et ça nous servirait à quoi ? On ne sait pas où ils l'ont emmenée. On ne sait même pas où a eu lieu l'enlèvement exactement. Par contre, ce qu'on peut faire, c'est tenter de contacter l'équipe partie à la recherche des autres. Leur demander de chercher son badge. Et de là, on pourra envoyer Negi.

    - Et comment on les prévient ? fit Kotaro, sarcastique.

    - Ça j'en sais rien, faut qu'on y réfléchisse. Mais nous enguirlander ne changera rien à la situation, au contraire.

    - Et cette Gira ? se demanda Negi après un moment de réflexion.

    - De quoi, Gira ? À quoi pense-tu ? l'interrogea Chisame.

    - Peut-être qu'elle sait quelque chose. En tout cas, quand je me repasse l'enregistrement, c'est ce que je me dis. Donc si on arrive à la contacter, ou qu'elle nous contacte d'elle-même ... connaissant Lya, elle a dû lui parler de nous.

     

    Ils réfléchirent à cette option, mais ça leur paraissait difficilement réalisable. Negi allait proposer autre chose quand son badge vibra étrangement dans le fond de sa poche.

     

     

    ***

     

     

    - Que fait Xyn ? demanda Theodora, rentrant dans ses appartements à Ostia après un rendez-vous officiel.

    - Je ne sais pas, répondit Fumika en haussant les épaules. Elle reste dans sa chambre, roulée en boule sur son lit, et elle ne veut pas parler.

    - Elle qui était toute contente de venir à Ostia ... renchérit sa soeur.

    - Je crois que je sais ce qu'elle a, affirma Ren.

    - Moi aussi, fit la princesse après un moment de réflexion.

     

    Les jumelles eurent le même haussement de sourcil, surprises. Cela aurait peut-être fait rire Theodora, si seulement la situation était moins grave.

     

    - Vous n'avez pas vu les infos, c'est ça ? soupira Ren.

     

    Il sortit l'équivalent d'un smartphone en version magique, et leur montra la vidéo.

     

    - Lya a été enlevée, conclut la princesse de Hellas. Je crois tout simplement que Xyn a peur pour sa sœur.

    - Mais ça ne rime à rien, s'énerva Ren. Qu'est-ce que Ragnarök lui veut ? Qu'est-ce que cette fille peut avoir de si capital pour eux ?

     

    Les jumelles ne répliquèrent rien, sous le choc.

     

    - Moi, je sais ... soupira la princesse, la mine sombre.

     

    Mais ils ne purent lui arracher aucun indice. Elle refusa tout simplement de parler, même à Ren qui était son protégé depuis plusieurs années. Theodora évoqua vaguement une ancienne promesse qui l'empêchait de parler, puis resta silencieuse.

    Ils se dirigèrent vers la chambre de Xyn, dans l'idée de rassurer la jeune fille. Ils furent donc très surpris de la voir sortir d'elle-même.

     

    - Theodora, commença-t-elle, penses-tu que ma grande sœur a une chance de revenir ?

     

    La princesse ouvrit la bouche, mais Xyn l'interrompit.

     

    - Honnêtement, je veux dire. Ne cherche pas à mentir pour me préserver.

    - Tu me connais mal, jeune fille, répliqua Theodora avec un pauvre sourire. Franchement, je n'en sais rien, Xyn. D'une certaine façon, elle a toujours eu une chance incroyable, Ragnarök a eu beaucoup de mal à lui mettre la main dessus. Peut-être qu'elle réussira à s'échapper. Pour l'instant ils ont besoin d'elle, mais c'est justement ce qui me fait peur.

    - Qui sait ce qu'ils pourraient lui faire ? compléta Xyn en murmurant.

     

    Elle inspira longuement. Puis serra quelque chose dans sa main et les dépassa, se dirigeant vers un petit jardin privé.

     

    - Attends ! s'exclama Ren en la rattrapant. Qu'est-ce que tu comptes faire ?!

    - Je vais m'entraîner.

     

    Theodora eut à nouveau un pauvre sourire, et pausa sa main sur l'épaule de Ren.

     

    - Reste avec les jumelles, lui demanda-t-elle. Je m'en occupe.

     

    Arrivée dans le jardin privé, Xyn ouvrit sa main et contempla une petite clé, qui soudainement grandit, longue d'une quinzaine de centimètres. Le principal était constitué d'un métal argenté, et deux lamelles de ce métal s'enroulaient autour d'une sphère bleue en suspension au bout de la clé. Theodora lui avait raconté un jour que sa sœur possédait un bâton, forgé en même temps et sur le même modèle.

    Cette clé et ce bâton étaient tout ce qui symbolisait leur lien naissant, lien qui ne demandait qu'à éclater au grand jour. Lien qui était menacé. Lien qu'elle devait protéger. C'était tout ce qu'elle pouvait faire. Protéger.

    Xyn s'assit en tailleurs, ferma les yeux et sa clé lévita presque aussitôt au dessus de ses paumes. Vu de l'extérieur, a priori, il ne se passait rien. Faux. Les changements étaient seulement invisibles. Peu à peu s'érigèrent plusieurs barrières sphériques. D'abord autour de la petite magicienne, puis atour d'autre objets, d'arbres, dans le vide. Elle faisait bouger ses protections. Les renforçait. Les affaiblissait. Les étendait. Les construisait autour d'oiseaux, suivait leur vol.

    C'était ce qu'elle était. Lya était une mage guerrière.

    Xyn était une mage protectrice.

     

    - Alors, que comptes-tu faire ? demanda doucement Theodora dès qu'elle eut fini.

    - Je ne suis pas si naïve. Je sais que dans l'immédiat je ne peux rien faire pour elle. C'est pour ça que je m'entraîne. Parce que quand elle reviendra, je la rencontrerai enfin. Et je ferai tout pour l'aider. Ma magie servira enfin à quelque chose.

     

    Le sous-entendu dans sa voix était clair. « Je t'en prie. Ne me retiens pas. ». Et Theodora hocha la tête d'un air entendu.

     

    _ _ _ _ _ 

    désolée pour le retard que j'ai pris, mais pas de connexion internet pendant une semaine, c'est fatal pour la publication ... Le 38 viendra bien plus vite que n'est venu le 37 ! J'en profite pour rappeler que je n'ai toujours aucun avis sur les résumés de chapitres ( ou au moins d'arcs ), donc si vous voulez, le sondage est ici !


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