• Chapitre 1.5 : Un voyage normal ... enfin presque

     

    Le lendemain matin, Lya se leva vers dix heures. Kaede était déjà partie et les jumelles dormaient. C'était un soulagement. Elle aimait, parfois, être seule et se perdre dans ses pensées. De cette façon, elle s'échappait de cette vie, qui dans son ancienne ville devenait un enfer dès qu'elle s'approchait de quelqu'un

    Elle fit le point sur ce qui s'était passé depuis le jour de son arrivée. Puis soudain, un souvenir lui revint. Un souvenir plutôt amer … elle s'en souvenait comme si c'était hier. Le jour où Suzuha , la seule amie qu'elle avait eue, l'avait rejetée dès qu'elle avait découvert que toutes les choses étranges qui se passaient, c'était autour de Lya. Quelle idiote elle faisait ! Quand ces trucs se reproduiraient, les autres feraient la même chose, et c'était normal … Comme Suzuha, les filles seraient effrayées, elle l'éviteraient comme la peste ! Des larmes commencèrent à couler avec ce souvenir et cette peur qui revenaient, lui tordant l'estomac. Mais Fumika commençait à se réveiller, et s'assit, les yeux encore endormis.

     

    - Lya, t'es déjà levée ? Bah … bah … qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi tu pleures ?

    - C'est rien ! cria la jeune fille en courant hors de la chambre.

     

    Lya crut croiser quelques élèves dans sa course mais elles n'étaient pas de sa classe. Tant mieux. Elle ne tenait pas à ce que quelqu'un la voit comme ça.

    Sortie, elle se demanda où aller. La jeune fille ne connaissait pas encore la ville, et elle avait peur de rencontrer des camarades, ce qui ne ferait que l'embarrasser davantage. Elle décida d'aller dans la forêt et la montagne, assez proches du dortoir, pour se remettre les idées en place.

    Hantée par le souvenir de Suzuha, Lya se mit à courir jusqu'à ce qu'elle quitte la ville de Mahora. Arrivée dans la forêt, elle suivit les sentiers, sans trop regarder où elle allait. Ses larmes continuaient de couler d'elles-mêmes, et elle avait l'impression que Suzuha était partout. Derrière chaque arbre, à chaque tournant. Elle l'entendait presque murmurer à son oreille, lui dire des choses que Lya savait déjà. Où qu'elle aille, elle serait toujours seule, évitée. Elle se ferait quelques amis, comme ses colocataires, pour mieux les perdre ensuite … N'importe où, elle trouverait des gens comme Ichiro. À Mahora ou ailleurs, ce serait pareil.

    Lya était maintenant assez loin du dortoir, et chercha une clairière pour s'arrêter un peu. Clairière qu'elle trouva vite, heureusement. Lya devait réfléchir, et arrêter de pleurer. Les choses bizarres qui lui arrivaient souvent ne s'étaient pas encore manifestées. Elle ne devait donc pas y penser pour le moment. Ça risquait de lui gâcher la vie plus qu'autre chose. Mais elle n'y pouvait rien. Suzuha, qui l'avait apprivoisée pour mieux la laisser tomber, hantait chaque coin de son esprit, se faisait oublier de temps en temps, pour mieux l'assommer de chagrin.

    Tout à coup, des pas se firent entendre. Zut, quelqu'un venait ! Lya n'avait pas le temps de partir. Et elle avait la furieuse impression que si elle tombait sur quelqu'un qu'elle connaissait, ses larmes allaient recommencer à couler …

     

    - Lya, qu'est-ce que tu fais là ?

     

    La voix marqua un temps d'arrêt, comme interloquée.

     

    - Attends … Tu pleures ? fit une voix que la jeune fille ne connaissait que trop bien.

    - Kaede !? C'est toi ?

     

    Lya, ahurie, se leva et la suivit. Mais qu'est-ce que Kaede venait faire là ?! Son amie l'emmena là où elle avait mis ses affaires, dans un endroit où elles pouvaient parler à l’abri des oreilles indiscrètes. Puis elle répondit à sa question, à savoir pourquoi elle était là.

     

    - Ah bon, tu t'entraîne au ninjutsu ici tous les week-ends ?! s'exclama Lya, ébahie.

    - Oui. Je peux compter sur toi pour garder ça secret ? demanda Kaede.

    - Bien sûr ! Attends … Tu es vraiment une ninja ?!

    - Pas tout à fait, je suis encore en phase d'entraînement … Au fait, pourquoi tu pleurais ?

     

    Ben tiens … Kaede ne perdait pas le nord !

     

    - Euh …

    - Bah, c'est pas grave si tu ne veux pas le dire.

     

    Les deux jeunes filles furent interrompues par le portable de Kaede qui sonna. Les jumelles devaient commencer à se poser des questions quant à son départ précipité. Pendant ce temps, Lya réfléchit rapidement. Était-ce comme Kaede le disait ? Ne voulait-elle pas le dire ? Ou était-elle simplement paralysée par la peur ? Évidemment, elle avait peur du rejet ! Oh oui, Suzuha était un souvenir cuisant ! Mais Lya pouvait-elle continuer à se terrer, dans la peur que des évènements étranges se produisent à nouveau ? Elle avait le sentiment que non. Elle avait besoin de se confier. Cependant, elle hésitait vraiment.

     

    - Hein ? Lya ? demanda Kaede au téléphone. Oui, elle est avec moi. Oui, on rentre en fin d'après-midi. À ce soir.

    - Euh, je crois que je suis partie un peu trop vite, dit la jeune fille un peu embarrassée.

    - C'est vrai, mais ce n'est pas grave, ça peut arriver à tout le monde. Mais, dis-moi, j'aimerais juste savoir si tu vas bien.

    - Oui, ça va, ne t'inquiète pas …

     

    Lya ne pouvait bien sûr pas lui dire directement qu'elle avait peur d'être isolée, puisque ça risquait surtout de la lancer dans des explications qu'elle n'était pas certaine de vouloir donner. Elle opta donc pour autre chose. D'aussi peu efficace, à vrai dire.

     

    - Dis-moi, demanda-t-elle soudainement, si une de tes amies commençait à agir bizarrement, qu'est-ce que tu ferait ?

    - Agir bizarrement ? Que veux-tu dire ?

    - Euh … si des choses apparaissaient autour d'elle …

    - Je sais pas trop. Mais je suppose que j'essaierais de savoir ce qui se passerait. Pourquoi ?

    - Ah ? Euh … pourquoi ? Pour savoir !

    - Il y a bien une raison pour laquelle tu me demandes ça.

     

    Lya soupira – pour la énième fois depuis le début de la journée – en songeant qu'elle n'y couperait pas. En même temps, elle l'avait un peu cherchée, cette situation. Maintenant qu'elle était lancée, elle devrait raconter ce qu'elle souhaitait pourtant garder secret. La collégienne respira un bon coup, puis elle se mit à décrire ses problèmes et ses inquiétudes. Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle eut l'impression que tous ses soucis disparaissaient comme un sac qu'elle vidait.

    Cependant, quand Lya arriva à la fin de son récit, elle ressentit tout de même la peur qui revenait au grand galop. Qu'allait dire Kaede ? Et si son amie l'évitait ? Et si la classe l'isolait, ne l'acceptait pas ? Que ferait-elle ?

    Kaede, elle, avait écouté avec étonnement l'étrange récit de sa colocataire. Cela lui faisait penser à autre chose … une chose à laquelle elle avait assisté il y a peu, et qui lui avait fait prendre conscience que son monde n'était peut-être pas exactement comme elle se le représentait. D'ailleurs, alors que Lya finissait de parler, elle aurait juré avoir senti la température chuter légèrement, la faisant frissonner. Mais elle se voulut rassurante

     

    - Et donc, tu crois qu'on va te fuir pour ça ? releva la ninja, surprenant Lya.

    - Ben justement, je ne veux pas ! Mais vu que c'est ce qui s'est passé depuis toujours … J'ai peur de vivre à nouveau la même chose qu'avec Suzuha. Ça me hante …

    - Alors, je vais te dire tout de suite : ça ne risque pas d'arriver.

    - Comment tu sais ce qui va se passer ? s'étonna Lya.

    - Tu dis que c'est parce que tu sembles bizarre aux autres ? Eh bien Chachamaru est un robot et notre professeur principal est un garçon de dix ans. Tu as déjà vu ça ? C'est pas tout à fait normal, répondit la grande fille, ironique. Au contraire, si tu n'es vraiment pas ordinaire, alors tu as tout à fait ta place dans cette classe !

     

    Aaaah ! C'était donc ça, ces étranges antennes qu'arborait Chachamaru ! Bon, d'accord, après réflexion c'était pas faux. Lya se mit à penser qu'elle avait beaucoup de chance, tout d'un coup. Le directeur de Mahora l'avait mise pile dans la classe qui lui convenait le mieux ! Et, en poussant encore plus loin, la chambre que mademoiselle Shizuna lui avait choisie était parfaite, puisque Kaede, sa colocataire, avait réussi à la rassurer en un temps record.

    C'est donc apaisée et sereine que Lya rentra au dortoir en compagnie de son amie. Dans son esprit, il n'y avait plus que le lendemain, le grand jour du départ que tout le monde attendait. Suzuha se faisait gentiment oublier, et son souvenir n'était pas près de revenir. Du moins elle l'espérait.

     

     

    ***

     

    DRIINNNNNG ! Et c'était reparti … c'était incroyable de voir à quel point un pauvre réveil pouvait se montrer si irritant. Lya en avait marre de se réveiller en sursaut, à la fin ! Comme deux jours auparavant, les jumelles se levèrent en grognant, et Kaede était déjà debout. La jeune fille ne savait pas comment son amie faisait. Elle devait avoir un truc, c'était sûr ! Qui sait, peut-être était-ce l'habitude, avec l'entraînement ?

    Bon, Lya devait peut-être arrêter ce fichu réveil avant qu'il ne sonne à nouveau, ce serait mieux. Alors, récapitulation. Elle devait se lever et s'habiller. Ensuite, elle et ses colocataires petit-déjeunaient, puis rejoignaient tout le monde à la gare. Bon, bah, y avait plus qu'à le faire.

     

    - Bonjour... dit Lya, en baillant comme deux jours plus tôt.

     

    Les autres lui répondirent avec entrain, surtout les jumelles, excitées comme des puces. On aurait dit des piles électriques ! Arf, elles étaient bruyantes dès le matin, celles-là …

    Enfin, Lya ne pouvait pas se moquer : elle aussi avait hâte d'y être. Ce que lui avait dit Kaede la veille l'avait vraiment rassurée, alors elle avait l'intention de profiter le plus possible de ce voyage. Elle comptait bien apprendre à connaître ses camarades, échanger avec elle, et éloigner le souvenir de Suzuha pour de bon.

    Une demie-heure plus tard, elles étaient à la gare. Il y avait beaucoup de monde, car une autre classe partait aussi. Autant dire que les quais étaient bondés !

    Negi essayait de mettre un peu d'ordre dans tout ce bazar et donna les consignes, tout comme mademoiselle Shizuna, monsieur Seruhiko et monsieur Nita, qui accompagnaient aussi. Au plus grand dépit de Lya, qui avait vraiment du mal avec ce dernier …

     

    - Que chaque classe forme 6 groupes avec un responsable par groupe ! s'exclama Negi dans tout ce tumulte.

    - Kaede, je peux venir ? demanda Lya, ne connaissant pas encore toutes ses camarades.

    - Bien sûr.

     

    Il ne restait plus qu'à voir avec qui elles allaient aller. Elles rejoignirent cinq élèves, mais Lya ne se souvenait plus de leurs prénoms … si un jour elle les avait sus. Elle reconnaissait bien les deux chinoises de la classe, mais c'était tout.

     

    - Kaede, tu viens ? Oh, Lya, tu veux venir aussi ? lança l'une d'elle.

    - Euh... ou...oui ! Par contre les prénoms c'est pas encore ça, désolée …

    - Pas de problème, moi c'est Chao ! Là, il y a Kû-Fei, Misora, Satsuki et Satomi, répondit la même élève en désignant une après une ses camarades.

     

    Ah, la fameuse Misora ! Maintenant, elle voyait bien qui c'était. La rouquine arborait un sourire malicieux : oui, cette fille-là était bien capable de suivre les jumelles dans leurs facéties ! Satsuki était légèrement enrobée, mais adorable, paisible. Sa douceur se retrouvait dans ses prunelles noisette et elle portait ses cheveux noirs en deux couettes, un peu comme Fûka. Enfin, Satomi portait de grosses lunettes devant ses yeux noirs, et avait tressé ses cheveux de chaque côté de sa nuque. Kaede lui expliqua que c'était Chao, aidée de Satomi, qui avait créé Chachamaru.

    Après les présentations, elles entrèrent dans le train qui venait d'arriver. Lya s'assit automatiquement à côté de Kaede, devant une petite table en face de deux autres places où s'assirent Tchao et Kû-Fei. Les quatre filles commencèrent à parler de tout et de rien, du voyage, de leur classe … Quand, de façon tout à fait imprévue, le sujet dériva sur leur nouvelle camarade. Qui jeta un coup d'œil mal assuré à Kaede. Cette dernière lui répondit par un sourire et un clin d'œil. Assez facile à interpréter comme message : « arrête de stresser pour rien ». Bah bien sûr ! Elle aurait bien aimé voir la ninja à sa place, pour voir comment elle s'en sortirait ! Mais Lya décida de lui faire confiance. Elle raconta son passé.

     

    - C'est vrai ?! demanda Kû-Fei, ahurie, une fois que la jeune fille se fut tue.

    - Oui …

    - T'inquiète, on n'est pas comme ça ! la rassura Tchao.

    - Qu'est-ce que je disait ? fit Kaede à Lya en riant.

    - Qu'est-ce que tu veux dire ? questionna la chinoise blonde.

    - Rien, c'est juste que j'y ai eu le droit avant et qu'elle avait peur de raconter ça.

     

    L'intéressée s'apprêtait à répliquer quand elle entendit un cri venant de l'avant du train. Les quatre amies se levèrent toutes en même temps et s'aperçurent que … il y avait des grenouilles ! Mais d'où elles sortaient ?! Il y en avait des dizaines ! Elles commencèrent toutes à essayer de les attraper quand Lya s'aperçut que son professeur avait l'air de réfléchir au lieu de faire quelque chose et que … euh ... bon, pas de temps à perdre pour chercher son nom, une fille avec des cheveux noirs regroupés en une queue vers la gauche se tenait à l'écart.

    Tout le wagon se mit à bondir après les batraciens dans un ensemble assez ridicule. Une chose était à retenir : des 3-A sautant comme des grenouilles en essayant d'attraper des grenouilles, avaient l'air aussi gracieuses qu'une trentaine d'éléphants montés sur ressorts dans un petit magasin de porcelaine.

    Après un long moment de folie, toutes les grenouilles furent attrapées.

     

    - 108 grenouilles ! Enfin ! lança Kû-Fei, épuisée.

    - Euh … ! lança une fille nommée Makie.

    - Va chercher les filles du club sanitaire ! Ayaka, fais passer un appel d'urgence ! ordonna Negi.

    - Euh … on va avoir un petit problème parce que le club sanitaire est dans les pommes aussi ! répondit Asuna.

     

    En effet, elle tenait dans ses bras une fille évanouie, avec des cheveux courts et gris-argenté. C'était la seule membre du club sanitaire de la classe ? Son nom lui revint en mémoire : Ako.

    Juste après cet … évènement, Lya, perturbée, surprit une discussion entre la déléguée Ayaka, Asuna et Konoka.

     

    - Asuna, Konoka ! Setsuna a disparu, dit-elle.

    - Quoi ?! s'exclama Asuna.

    - Disparu ? demanda Konoka, inquiète.

     

    Ah oui, la fille que Lya avait vue quelques instants plus tôt, aux cheveux noirs, s'appelait Setsuna. Cette dernière avait l'air étrange, elle aussi. Cependant, elle revint vite, comme si de rien n'était.

    Lya commençait à s'inquiéter sérieusement. Les événements qui avaient fait sa triste réputation par le passé ne ressemblaient pas à une invasion de grenouilles, enfin … sa présence avait-elle pu provoquer ce qui venait de se passer ?

    Heureusement, le voyage finit sans autre incident et la classe arriva à Kyoto.

     

    - Que tout le monde prépare ses affaires ! lança le professeur

    - Déjà ? s'exclama une élève.

    - Ça a été vite ! lança une autre.

     

    Les élèves étaient enthousiastes à la mode 3-A, autrement dit : le niveau de décibels dépassait largement le niveau raisonnable. Et Lya faisait partie du nombre, même si elle se montrait un peu plus réservée et silencieuse. Elle n'était jamais allée à Kyoto, et n'avait jamais profité d'un voyage scolaire.

    Setsuna, elle, avait encore une expression étrange vissée sur le visage et fixait étrangement Negi comme si c'était une grenade ambulante. Elle se baladait constamment avec un objet long entouré dans du tissu. Lya se découvrit une curiosité maladive, mais se retint d'aborder sa camarade. Ce n'était pas ses affaires et Setsuna n'avait pas l'air commode.

     

    - Ok, tout le monde dehors ! s'exclama le petit professeur, aussi enthousiaste que les autres.

    - YEEEEEEEAAAAAAAAAAAH !!!!!!!!!!!!!

     

    La visite de Kyoto commença. C'était merveilleux ! Lya n'avait jamais vu autant de temples d'un coup, et l'ancienne capitale était d'un beauté à couper le souffle.

    Tout se passa bien jusqu'à ce que la classe arrive à la cascade Otawa. Elle était composée de trois jets d'eau et on disait que boire à chacun de ces trois jets apportait la santé, la réussite professionnelle et un bon mariage. Voyant comment étaient certaines des filles avec le petit professeur, Lya devina immédiatement qu'une bonne dizaine allait se jeter sur le troisiè...

     

    - Le troisième est pour moi ! lancèrent Ayaka et compagnie.

     

    … me jet. C'était couru d'avance.

    Beaucoup en prirent … et en reprirent. Une odeur que Lya connaissait chatouilla ses narines, dérangeante … qu'est-ce que c'était ? Elle n'arrivait pas à se le rappeler, mais une chose était sûre, elle n'aimait pas cette odeur.

    Soudain, elle vit ses camarades s'écrouler par terre. On aurait dit qu'elles étaient ivres mortes ! Lya identifia immédiatement l'odeur : du … saké. L'eau du troisième jet avait été remplacée par du saké, et les filles n'y avaient vu que du feu. Et maintenant, une dizaine d'élèves, dont les jumelles, gisait sur le sol, complètement saoules. Oh oh, si un des adultes voyait ça, elles étaient mal barrées … En parlant du loup, les trois accompagnateurs pointèrent le bout de leur nez. Ben tiens … ils n'auraient pas pu attendre un peu ?

     

    - Oh, M.Nita, M.Seruhiko ! s'exclama Asuna, un chouïa affolée.

    - Qu'est-ce qui se passe ici, Negi ? demanda mademoiselle Shizuna.

    - Rien ! Rien du tout ! répondit-il, lui aussi se demandant ce qu'ils allaient faire.

    - Une partie du groupe est fatiguée et se repose un peu … lança Yue, en désespoir de cause.

    - On va les conduire au bus et les ramener à l'auberge !

     

    Yue n'était pas bien grande, grosso modo de la taille de Negi, peut-être un peu plus grande. Deux larges queues rassemblaient la quasi totalité de ses cheveux violets – décidément – sauf deux tresses attachées par des grelots qui encadraient son visage. Yue était toujours avec Nodoka et Haruna, ses meilleurs amies, et faisait apparemment partie du club de philosophie. Sauf que là, elle n'avait pas l'air très crédible …

    Allez savoir pourquoi, ils mordirent à l'hameçon comme une bonne grosse bande de niais. Du coup, la classe entière rejoignit l'auberge.

     

    - T'as assuré, glissa Lya à Yue. Même si je dois t'avouer que je n'y croyais pas …

    - Oh, moi non plus, c'est sortit tout seul, sourit la jeune philosophe.

     

    Elles aidèrent rapidement celles qui étaient saoules à se coucher. Heureusement, personne dans le groupe de Lya n'avait bu … Kaede avait l'air plutôt perplexe, Satomi bricolait quelque chose dans un coin. Chao et Kû-Fei, éternelles meilleures amies, discutaient arts martiaux ; apparemment elles faisaient partie d'un club de sport de combat. La conversation tourna nourriture lorsque Satsuki se joignit à elle : Satsuki avait une réputation de véritable cordon bleu, et de ce qu'elle entendait, Lya était très curieuse de goûter à ses plats. Mais malheureusement, la nouvelle n'avait pas la tête à deviser sur des plats, aussi bons soient-ils : elle se demandait si sa poisse ne revenait pas au grand galop, et le souvenir de Suzuha commença à remonter. Elle le chassa d'un geste de la main et s'intéressa à l'organisation.

    Les enseignants étaient les premiers à se laver. Ce qui laissait le temps à la jeune fille de se remettre de ses émotions et de penser à autre chose que du sake et des grenouilles … ben quoi ? Elle n'aimait pas les batraciens ! C'est vrai, ça saute partout, c'est visqueux …

    Finalement, tout le monde se coucha tôt. Bon, d'accord, un tiers des élèves étant déjà sur le carreau, ce n'était pas plus étonnant que ça. Toujours est-il que Lya avait un drôle de pressentiment, depuis les grenouilles et cette histoire de saké. Pressentiment qui n'allait pas s'arranger …

     

     

    ***

     

     

    - Lya, c'est l'heure ! s'exclama une voix.

    - Mmh, encore cinq minutes ! gémit la jeune fille.

    - Ben ça va pas être possible, on doit se préparer pour la visite.

    - Hein, quoi ? Oh, c'est toi, Kû-Fei...

    - Hahaha, t'es vraiment pas du matin ! s'exclama la chinoise. Au fait, tu peux m'appeler Kû, comme tout le monde !

     

    Le petit groupe commença donc la visite de Nara. Comme la veille, Lya en eut plein les yeux. Elle ne vit même pas le temps passer, et la seule chose qui leur annonça qu'il était deux heures, c'était le ventre de Kû qui réclamait ferme.

     

    - Tu es déjà partie en voyage de classe ? s'enquit Satsuki.

    - Jamais ! C'est la première fois, et c'est génial, s'extasia la nouvelle.

    - C'est vrai que Kyoto, ce n'est pas n'importe où. D'habitude, on part à Hawaï, alors ça nous change un peu.

    - C'est quoi, le programme de demain ?

    - C'est journée libre.

     

    L'après-midi passa à une vitesse folle, à l'image du matin. La tête de Lya bourdonnaient d'images et de sons, elle avait vu des tas de monuments, de curiosités. Quand elle rentra en compagnie de son groupe, elle était tout à fait lessivée, ce qui en fin de compte ne changeait pas des masses de d'habitude. Elle avait juste plus de courbatures qu'à l'accoutumée.

    Elle avait donc prévu de se coucher tôt, ce qui n'était pas tout à fait le programme de ses camarades. Leur première soirée ayant été gâchée par le saké, la majeure partie de la 3-A avait l'intention de se défouler sur Negi… une histoire de course au baiser, ou quelque chose comme ça … Mais bon, comme elles ne pouvaient pas faire de bruit à cause de M.Nita, Lya s'en fichait complètement, elle ce qu'elle voulait c'était dormir.

     

     

    ***

     

     

    - Aaaaah, j'ai ENFIN réussi à me lever tout seule … fit Lya en baillant, le regard dans le vague.

    - Waaah, c'est exceptionnel ! s'exclama Kû hilare, observant son amie qui avait du mal à avoir les deux yeux ouverts en même temps.

    - Mais … arrête de te moquer de moi, c'est pas gentil ! s'amusa néanmoins la jeune fille.

    - Mais tellement vrai ! lança Kaede qui devait apparemment aimer la taquiner.

     

    Lya choisit de ne pas répliquer. Après ce réveil, qui, avouons-le, commençait à devenir répétitif, elle finit par s'intéresser au programme, se souvenant enfin que la journée était libre et donc que rien n'était prévu.

     

    - Vous allez faire quoi, aujourd'hui ? demanda-t-elle.

    - On pense visiter les alentours de Kyoto. Tu veux venir ?

    - Ben oui, je ne sais pas quoi faire.

     

    Bon, eh bien le programme était là, il n'y avait plus qu'à s'y mettre. Comme la veille, Lya ne fit que des découvertes, n'étant jamais allée dans cette région. Le nombre de temples était impressionnant, et les filles ne purent en visiter qu'une infime partie. Elles mangèrent dans une petite auberge, la préférant aux restaurants bondés où on ne pouvait plus s'entendre parler. Là, au moins, elles pouvaient être en toute tranquillité … quoique, avec les 3-A, tranquille, c'était vite dit.

     

    La journée passa en un éclair. Elles ne s'étaient pas arrêtées très souvent dans la journée et, en fin de compte, étaient entrées dans pas mal de boutiques … le porte-monnaie avait bien évidemment pas mal servi.

    Lya partit ranger ses emplettes dans la chambre, puis retourna dans le salon avec pour objectif de se laisser tomber dans un fauteuil et de ne plus en bouger pour un moment. Mais ce fut un objectif – pourtant simple – qu'elle ne put atteindre, à cause de sa curiosité … parce qu'elle avait entendu la conversation entre Kaede et … quelqu'un au téléphone. De loin, ça avait l'air d'une conversation anodine, mais on aurait dit dans l'attitude de Kaede qu'elle essayait de calmer son interlocuteur. Kû et une autre fille, Mana, s'approchèrent d'elle. Enfin, la ninja raccrocha.

     

    - Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Mana.

    - Je ne sais pas, je n'ai pas tout compris. Yue a des problèmes, elle était avec Kazumi, le p'tit Negi et d'autres. Selon elle, il se passe des choses bizarres,et elle dit qu'elle a besoin d'aide. Il faudrait y aller.

     

    Lya s'en désintéressa de suite. Comment pourrait-t-elle être utile ? Elle avait toujours importuné tous ceux qui s'était trouvés près d'elle. Dans une situation comme celle-là, la meilleure solution semblait être de ne rien dire et de rester à l'auberge : elle n'avait pas spécialement envie de jouer au boulet.

    Puis un déclic se forma dans sa tête. Son amie avait prononcé le mot « bizarre ». Rien que ce mot lui fit penser à elle. Est-ce que le problème de Yue était lié à Lya ? Pire encore, c'était peut-être à cause d'elle que ça arrivait ! La jeune fille ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. Malgré elle, elle s'approcha de ses trois camarades et s'adressa directement à sa colocataire

     

    - Des choses bizarres ? Tu crois que ça a un rapport avec moi, Kaede ? demanda-t-elle d'une toute petite voix, surprenant les trois filles qui croyaient être les seules à en parler.

     

    Les regards des trois filles se posa en même temps sur elle, ce qui l'impressionna, elle qui n'en avait pas l'habitude. Elle se sentit rougir, embarrassée. Mais elle se reprit.

     

    - J'ai entendu votre conversation et j'en suis désolée, mais je ne pouvais pas attendre sans rien dire.

    - Un rapport avec elle ? Qu'est-ce qu'elle veut dire ? demanda Mana, ne faisant pas partie de celles qui étaient au courant du passé de Lya.

     

    La fille aux cheveux noirs fut superbement ignorée par les autres, qui se concentraient davantage sur la question posée par Lya.

     

    - Je ne pense pas, mais même si c'était le cas, pourquoi veux-tu venir ?

    - Je suis sûre de pouvoir apprendre des choses sur moi ! Et puis, bon … si c'est de ma faute, j'aimerais bien essayer d'arranger les choses.

    - Si c'est le cas, on ne peut pas vraiment dire non, réfléchit Kaede.

     

    Lya poussa un soupir de soulagement. Elle avait persuadé ses amies de l'emmener, le plus dur était maintenant de comprendre ce qui se passait. Son cœur battait la chamade, un peu à cause de l'appréhension, mais aussi à cause de l'excitation.

     

    - Je ne comprends pas du tout, quelqu'un peut m'expliquer ? tenta vainement Mana.

    - On t'expliquera plus tard, on n'a pas vraiment le temps.

     

    Et c'est comme ça que Lya se retrouva dans le train, le soir, à courir après les évènements étranges qu'elle avait passé sa vie à essayer d'éviter … Ironique. Et bien loin de l'objectif qu'elle s'était fixé.


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