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« Mais qu'est-ce que c'est que ce monstre ? » se demandait Illonya, sidérée, dans les gradins de l'arène. La finale, opposant Negi et Kotarô sous leur formes d'adolescents, et Rakan et son équipier Kagetarô, avait commencé depuis un certain moment. Negi s'était montré excellent, révélant ses cartes maîtresses les unes après les autres, dominant Rakan. Negi, à l'insu total du reste de l'ala alba, avait formé un pactio avec Théodora, et l'artefact qu'il avait obtenu s'était montré très utile au début : le jeune magicien était capable de copier tous ceux de ses autres partenaires. Illonya avait même vu dans les yeux de Lya briller une certaine fierté quand son magister avait brièvement utilisé son Kunaï continens magicam.
Puis grâce à son absorption des milles éclairs avec sa magia erebea, Negi avait, contre toute attente, pris immédiatement l'avantage en devenant foudre, technique qu'il avait appelée Raiten Taisô. Rakan avait dû encaisser tous les coups du garçon, jusqu'à sa puissante tempête de foudre à bout portant.
Et pourtant, Rakan s'était relevé. Avant d'éclater d'un rire fou, au milieu de l'arène. Les spectateurs l'observèrent dans un silence stupéfait, pendant quelques secondes. Puis la masse de muscle s'immobilisa soudainement.
- Cette aura … murmura Lya, stupéfaite. Son ki est énorme ! Yoru, tu crois que …
Mais sa phrase mourut sur sur ses lèvres. Évidemment … Elle avait du mal à s'y habituer. Depuis leur pactio raté de la vieille, elle n'avait vu le jeune homme que dans le Great Paru, et elle avait bien senti que ce n'était pas le moment de parler. Et, si Yoru regardait bien la finale, il avait choisi de s'isoler. Oh, elle savait où il était, elle connaissait son énergie, cette énergie si rassurante et chaleureuse, par cœur, et sa perception d'aura lui permettait de garder un œil sur lui. Mais son soudain mutisme l'inquiétait. Elle soupira et tenta de chasser ses soucis. Pour le moment, il valait mieux pour sa santé mentale de regarder cette finale, et de se concentrer sur les mouvements des quatre adversaires.
Très vite, la tendance s'inversa entre Negi et Rakan. Même sous sa forme de foudre, Negi ne parvenait plus à rivaliser avec le combattant de l'ala rubra. Ses mouvements, pour ce dernier, semblaient faciles à prévoir, et malgré sa rapidité, le jeune magicien s'affaiblissait sous les coups du rival de son père, secondes par secondes.
Et ce qui devait arriver arriva. Negi, épuisé, s'écroula au sol, et sa semi-inconscience ne lui permettait plus de maintenir le Raiten Taisô. Au même moment, Kotarô, qui affrontait l'équipier de Rakan, subit le même sort et s'effondra à côté de son ami et rival. Kagetarô n'était pas à sous-estimer, lui non plus.
La démone qui arbitrait avait commencé à compter les secondes, et en était déjà à dix. L'équipe serait disqualifiée à vingt secondes d'inconscience …
***
Yoru regardait le match avec intérêt sur les écrans géants, depuis une tour proche du stade. Il vit Negi s'écrouler, mais il ne s'inquiétait pas : il savait bien que celui-ci se relèverait. Il eut un pauvre sourire : il ne pouvait s'empêcher de se comparer au jeune magicien. Ce dernier ne savait pas abandonner, et refusait l'erreur. Poussé à l'extrême, c'était peut-être un défaut, mais pour l'instant, ce trait de caractère avait permis à Negi de continuer à se battre. Mais les derniers événements montraient que Yoru, lui, ne savait pas aller de l'avant. Contrairement à Negi. Il avait soutenu Lya un nombre incalculable de fois depuis qu'il l'avait rencontrée, mais maintenant qu'il se trouvait dans un état semblable, il était incapable d'en sortir par lui-même. Tout ce qu'il savait faire, c'était se morfondre, finalement.
Il se doutait que ses sentiments n'avaient rien de réel, n'ayant pas d'âme. Et pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir de la tendresse, même factice, pour Lya. Elle devait être inquiète, en ce moment, vu l'état de Negi. Il se souvint de la première fois qu'elle avait assisté à une situation semblable, pendant le festival de Mahora. Elle tremblait, et il l'avait prise dans ses bras, pour la toute première fois, essayant de la réconfortée. Elle était encore très timide et très peu assurée, à l'époque. Mais la jeune fille pris de l'assurance, depuis. Un peu. Suffisamment pour qu'elle ne ferme pas les yeux cette fois-ci, et qu'elle n'ait pas besoin de lui pour la rassurer.
***
- Negi … murmura Lya en tremblant. Tu peux te relever … tu l'as déjà fait …
Elle gardait en tête le tournoi de Mahora, pendant lequel Negi avait passé un sale quart d'heure contre le professeur Takahata. Mais il avait fini par se relever. La jeune fille voulait croire que le jeune magicien en serait capable, ce jour-là encore.
Et Lya avait raison d'y croire. Negi, malgré ses blessures sérieuses, se redressa, tant bien que mal. Il fut suivi par Kotarô, dont le corps d'homme-loup guérissait très rapidement. Negi sembla murmurer quelque chose à son équipier. Les deux jeunes retrouvaient leur détermination, et Lya voulut y croire. Tout n'était pas perdu, se disait-elle.
Kotarô bondit en avant, tandis que son équipier se mettait à incanter. Aussitôt, Kagetarô invoqua une centaine de lances de ténèbres qui fondirent sur le jeune inumimi. Celui-ci disparut derrière les traits obscurs. Mais il réapparut très vite. Sain et sauf, sous la forme d'une énorme loup noir, l'épée d'Asuna entre ses crocs. Negi lui avait confié son précieux artefact … l'épée avait annulé la magie du sort sans aucune difficulté. Lya comprit très vite que le but de Kotarô était de gagner du temps. D'un bond surpuissant, le loup bondit sur Kagetarô, et l'empala sur l'épée, contre le mur. Mais Kagetarô étant ce qu'il était … un puissant mage de l'ombre dont on n'était même pas sûr qu'il était humain … cela devait tout juste l'empêcher de se libérer, grâce à l'annulation magique de l'épée. En observant ses réactions, il était même difficile de croire qu'il sentait la douleur, ce qui fit frissonner Illonya. Cela faisait presque peur à voir …
Mais pendant ce temps, Rakan se mit en tête de s'approcher de Negi. Lequel était au beau milieu d'une incantation visiblement difficile puisqu'il n'osait pas bouger. Kotarô se précipita pour le protéger. Sous sa forme de loup, il possédait une énorme quantité de ki – peut-être autant que Yoru dont c'était pourtant la particularité – et il parvint à retenir Rakan plus d'une trentaine de secondes. Se servant de sa longue queue extensible comme d'un fouet, projetant de rapide projectiles noirs à l'aide de sa gueule, ripostant avec ses pattes antérieures, le loup défendait Negi coûte que coûte. Mais il était surmené. Kotarô s'écroula, reprenant sa forme humaine au bout de ces trente secondes, son corps constellé de blessures dues à Rakan.
Et Negi venait tout juste de finir. La contre-attaque commençait.
- Mais … murmura Lya. C'est son Raiten taisô ? À quoi pense-t-il ? Ça n'a pas marché contre Rakan …
- Je crois que c'est différent, répliqua Illonya. Tu as remarqué ? Quand il fait un complexio, donc quand il absorbe un sort, le sort se concentre au-dessus de sa paume sous la forme d'un tourbillon, mais là, il y avait deux tourbillons, un pour chaque main.
- Un pour chaque main, vas-y, précise, au cas-où je ne sais pas compter jusqu'à deux … Tu veux dire qu'il a fait un … comment dirait-on … un duplex complexio ?
- C'est ça. Il a absorbé deux fois les mille éclairs !
- Mais pourquoi ? s'étonna la magie de glace. Ça ne peut pas le rendre deux fois plus rapide …
- Je crois avoir compris. Le complexio simple n'induit qu'une transformation corporelle. Pas mentale. Tu me suis ?
- Attends, tu veux dire que Negi ne pouvait pas suivre … sa propre vitesse ? Qu'il ne pouvait pas changer de direction si Rakan parvenait à l'intercepter, tout simplement parce que son temps de réaction était trop long par rapport à sa vitesse de déplacement ?
- Exact. Et puis, Rakan a été capable de savoir par où Negi arrivait parce qu'il produit des streamers. J'en ai vu quelques uns.
- C'est quoi ? demanda soudainement Fumika à sa gauche, qui ne comprenait rien.
- Des espèces de décharges, de petits éclairs, je ne sais pas comment dire autrement … répondit Lya. Et les streamers se trouvent là où l'éclair va frapper. Et comme Rakan est extrêmement expérimenté, il a compris où Negi arrivait. Mais, Illonya, je ne vois pas où tu veux en venir avec ce duplex complexio.
Illonya ne répondit pas tout de suite, réfléchissant à la façon dont elle allait l'expliquer.
- Bon, ce n'est qu'une hypothèse, mais, imagine un peu que le second complexio n'affecte pas son corps.
- Logiquement, ce serait son esprit. Si j'ai bien compris, tu es en train de me dire que cette version du Raiten Taisô lui permet d'adapter ses réactions à sa vitesse ?
- Je pense que c'est l'explication la plus probable. Maintenant, Rakan ne peut plus prédire tout à fait ses mouvements, car même si Negi produit toujours des streamers, il peut changer de direction à volonté et à temps.
Tout en reportant son attention sur le match, Lya ne pouvait s'empêcher d'admirer Negi. Elle-même, elle avait créé, sur la base de quelques rares et vagues légendes, une incantation qu'elle avait eu du mal à maîtriser. Alors voir que le petit magicien avait accompli cela, avec une magie aussi dangereuse que la magia erebea, sans pouvoir la tester dans un vrai combat autre que contre Rakan ; cela la sidérait. Et visiblement, elle n'était pas la seule ! Illonya, comme pendant le festival de Mahora, le regardait avec des étoiles plein les yeux : elle ne le voyait plus seulement comme le fils de Thousand Master, mais comme un véritable génie.
- C'est admirable, fit une voix à ses côtés.
Lya crut que son cerveau lui jouait des tours. Ça y était, la 3-A lui manquait tellement qu'elle entendait la voix de Misora ! Elle tourna la tête, et la première chose que son cerveau assimila, ce fut les mines désabusées d'Asuna et des autres. Puis enfin, elle comprit que Misora était vraiment là, juste à côté d'Illonya ! D'ailleurs, étant donnée la réaction de ses camarades, leur amie avait déjà signalé sa présence, mais absorbée par sa discussion avec la jeune norvégienne, Lya ne l'avait pas remarquée. Et Misora n'était pas seule : la jeune religieuse de la 3-A était accompagnée par Kokone, une enfant d'une dizaine d'années qui ne la quittait jamais, et que Lya avait déjà vue parmi les magiciens de Mahora, ainsi que par Takane et Mei, deux magiciennes elles aussi sous les ordres du directeur.
C'était bien joli, tout ça, sauf qu'elles étaient censées être au Japon !
- Laisse tomber, Lya, soupira Asuna, elles sont venues pour passer leurs vacances et sont bloquées ici.
- Mais au fait, vous n'êtes pas recherchées, par hasard ? fit semblant de demander Misora, l'air moqueuse.
- Oublie ça, et occupe-toi du match, ça recommence ! rétorqua Asuna.
Lya pouffa, amusée. Elle savait bien que Misora ne faisait que les taquiner, surtout que l'apparence actuelle des jeunes filles – c'est-à-dire celle d'enfants d'une dizaine d'années – incitait à faire la blague. Mais elle redevint sérieuse, et se remit à observer avec attention le match de Negi. Celui-ci touchait à sa fin, elle le sentait, et pourtant aucun des deux adversaires restants ne semblait céder.
- Grande sœur … tu arrives à suivre ses mouvements ? demanda Xyn, à sa gauche.
- Non, pas du tout. Il est trop rapide, et il change très peu de place. On dirait qu'il a choisi le combat rapproché … Comme ça, Rakan a encore moins de temps pour riposter. C'est risqué, mais c'est bien vu.
Mais soudain, les deux adversaires s'arrêtèrent, à deux mètres l'un de l'autre. Negi haletait, mais en face de lui, Rakan restait fidèle à lui-même et à sa réputation : presque indemne. Le jeune magicien avait peut-être pour lui une rapidité inégalée, mais le corps de son adversaire, renforcé par son ki monstrueux, profitait d'une résistance hors normes.
Negi s'éloigna rapidement. Mais Rakan resta sur place. Ou plutôt, il fut bloqué sur place, les pieds enfoncés dans une étrange masse noire, qui semblait faite entièrement d'ombre. À quelques mètres, Kotarô, bien que mal en point, s'était redressé, le bras tendu vers la chose en question.
- Je croyais que Kotarô ne faisait pas de magie, s'exclama Xyn, abasourdie.
- Et il n'en fait pas, lui expliqua sa sœur. Mais étant un inumimi, son ki est un peu différent du nôtre, et lui permet de maîtriser des techniques propres aux siens, des techniques qui contrôlent l'ombre. Par exemple Kotarô peut se déplacer d'un endroit à l'autre en traversant deux ombres. Et les inugamis qu'il invoque … je te laisse deviner de quoi il sont faits.
Negi incanta quelques secondes, et de la foudre vint entourer ses deux mains, prenant à droite la forme d'une lance, et à gauche, d'une énorme ... boule ? … d'électricité. Les deux fusionnèrent, et évoluèrent en une gigantesque lance de foudre vibrante de magie. Rakan ne chercha pas à s'échapper, évidemment. Il se contenta de concentrer son ki, à une telle densité que son énergie semblait tournoyer autour de lui sur plusieurs mètres.
Un duel basé sur la puissance pure. Negi, théoriquement, perdait l'avantage qu'il avait si difficilement obtenu, mais Lya se doutait bien que le jeune garçon était bien trop intelligent pour ça. Il devait avoir une idée derrière la tête.
Rakan projeta son ki, avec une telle violence que le sol était littéralement arraché sur son passage. Mais le jeune magicien de foudre n'envoya pas sa lance. Par contre, un immense cercle magique brilla sous ses pieds. Lya ne connaissait pas ce type de cercle, elle se doutait bien qu'il s'agissait là d'une autre création de son magister. Elle chercha à analyser le cercle, Arianna lui ayant appris quelques bases.
- Un cercle … d'absorption magique ?! glapit-elle, ahurie.
Et visiblement, elle était loin d'être la seule à avoir compris : Illonya aussi, ainsi que Mei et Takane. Negi comptait absorber le ki de Rakan et s'en servir contre lui ! Et il avait prévu tout cela dès le début : il avait dessiné ce cercle pendant son premier assaut, avec son Raiten Taisô incomplet. Sa lance disparut, et Lya reconnut l'effet d'une incantation à retardement : le jeune garçon s'en servirait plus tard.
Il se lança dans un assaut effréné. Puis libéra l'énergie qu'il venait d'absorber, et l'utilisa en un seul coup. Negi, seul, ne pouvait ébranler Rakan, mais face à la force du petit magicien additionnée à sa propre puissance, le rival de Nagi risquait de le sentir passer !
Ce coup passé, Negi reprit son assaut, ne laissant aucune seconde de répit à son adversaire. Puis il ouvrit la main droite. Et libéra sa lance, la projetant sur son adversaire.
***
Illonya regarda, profondément heureuse pour la première fois depuis longtemps, Negi qui enlevait le collier d'esclave d'Ako. La dette de ses trois camarades n'était plus, remboursée par le butin du tournoi. Oh, Negi n'avait pas gagné à proprement parler, puisqu'en définitive aucun des deux adversaire n'avait cédé : leur combat s'était terminé en match nul. Après la lance de Negi, Rakan avait fini par se relever, et n'ayant plus d'énergie, les deux opposants avaient fini à mains nues, pratiquement morts de rire. C'est dire s'ils s'étaient bien amusés …
Chacun avait empoché la moitié de l'argent. Mais le soir-même, alors que l'ala alba, à part les membres en missions, s'était réunie pour fêter cet événement, Rakan était venu, et il avait remis sa part à Negi, sous prétexte que pour lui, son jeune adversaire avait gagné au moment même où il avait utilisé son cercle d'absorption.
Oui, Illonya était heureuse, pour ses amies qui venaient de regagner leur liberté. Elle avait rangé la malédiction de Hel dans un coin de son esprit et refusait d'y penser. Elle avait décidé d'oublier ses problèmes jusqu'à la fin de la journée. Mais ce n'était pas le cas de tout le monde. La jeune norvégienne ignorait pourquoi, mais il manquait quelqu'un sur ce tableau idyllique. Yoru continuait de broyer du noir, quelque part. Et elle vit Lya, fatiguée et triste, rentrer au Great Paru avant les autres, avec sa petite sœur somnolente.
***
Le lendemain, l'ala rubra se réunit dans la pièce à vivre du Great Paru, seule salle à pouvoir tous les accueillir en même temps.
Lya scruta avec attention la grande carte dépliée sur la petite table. Kaede, Setusna, Kû, Haruna, Kazumi et Sayo étaient revenues de leur mission dans les ruines d'Ostia, et faisaient leur rapport au reste des membres, ayant cartographié toute une région de ces immenses ruines.
- C'est ici que nous devrons nous diriger pour rentrer à Mahora, expliqua Paru en pointant une de ces anciennes îles volantes, qui faisaient autrefois la splendeur du royaume de Vespertatia.
- Et là ? demanda Lya, curieuse.
Elle posa son doigt sur une autre île plus au sud, marquée d'une flèche et d'un point d'exclamation, qui avait retenu son attention.
- Chachamaru a repéré les signaux de deux badges de l'ala alba, répondit la dessinatrice.
Son annonce plongea la petite assemblée dans la stupeur. Il ne manquait que deux d'entre eux : Yue et Anya !
- Mais il y a de grandes chances qu'elles soient captives, continua la mangaka, d'un air sombre.
- J'ai envoyé Sayo en reconnaissance, précisa Kazumi, mais je lui ai dit de rentrer dès qu'elle a vu deux des partenaires de Fate qui rentraient dans un vieux bâtiment. C'est de là que venait le signal.
- Bien, fit Negi. La priorité est de rentrer sains et saufs, et au grand complet. Nous nous porterons à leur secours puis nous rentrerons directement dans notre monde, en tentant d'éviter l'affrontement au maximum. L'opération commencera dans trente heures ! conclut-il d'une voix forte et déterminée.
L'ala alba poussa comme un cri de guerre, à la sauce 3-A, c'est à dire avec un niveau de décibels nettement au-dessus de la moyenne, puis se dispersa.
Lya, préférant prendre l'air, choisit de suivre Negi, qui voulait passer voir Ricardo après sa victoire, pour le remercier. Mais au moment de partir, elle vit un membre de l'ala alba quitter la salle commune pour se diriger vers les cabines. Plus précisément, un membre à la tignasse noire et aux grands yeux bleus empreints de tristesse. Lya se sentit légèrement agacée : le jeune homme fuyait la compagnie depuis ce fichu pactio raté ! « Toi, tu ne m'échapperas pas plus longtemps ! », songea-t-elle. Mais en même temps, elle le comprenait plutôt bien. Elle savait ce que cela faisait, d'ignorer qui, non, ce que l'on est.
Yoru, la réunion terminée, décida de retourner dans la cabine qu'il partageait avec Lya, Illonya, leurs familiers et Gira. Il n'avait pas envie de se mêler aux autres membres pour le moment, toujours aussi bouleversé par les derniers événements.
Soudain, il sursauta, sentant une main se refermer sur son poignet, dans une étreinte douce mais ferme.
- Tu devrais sortir, ça te ferait du bien, murmura à son oreille une voix qu'il ne connaissait que trop bien.
- Hum ... Pas ... pas maintenant, balbutia Yoru, visiblement pris au dépourvu.
- Oh que si, répliqua Lya en levant les yeux au ciel.
Elle rejoignit Negi, avec à sa suite un Yoru dépité. En passant, le jeune homme jeta un regard paniqué à Kotarô.
- Ne me regarde pas comme ça, mec, s'amusa le jeune homme-loup en haussant les épaules. Ta petite amie est impitoyable, j'peux rien faire pour toi !
- Ben tiens, pourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas ? marmonna Yoru pour lui-même.
- Oh, ça va bien, ce n'est pas si terrible que ça, d'être avec moi, si ? fit Lya, avec un de ses sourires dont elle avait le secret.
Il se sentit fondre, avant de se ressaisir. Avait-il encore le droit de se comporter comme cela avec elle ? Après tout, il avait appris deux jours auparavant qu'il n'avait pas d'âme, donc, pas de sentiments. Ce qu'il éprouvait n'était certainement qu'une illusion. Ne risquait-il pas de briser Lya lorsqu'elle le comprendrait ?
La jeune fille dut se rendre compte qu'il sombrait à nouveau dans la détresse, car elle l'embrassa brièvement, ce que d'habitude elle ne faisait jamais en public. Yoru sembla plus serein, et il suivit même de bon cœur Negi, Asuna, Nodoka et Lya à travers les rues d'Ostia.
Le petit groupe marcha quelques minutes, déguisé, à l'aide des fameuses lunettes créatrices d'illusions. Mais soudain, Nodoka s'arrêta, stupéfaite et les larmes aux yeux. Les autres suivirent son regard, et la virent se jeter dans les bras d'une jeune fille de son âge, aux longs cheveux violets attachés en deux queues et décorés de grelots pour les deux mèches à l'avant, et qui portait l'uniforme des étudiantes d'Ariadne.
- Yue ! s'exclama Nodoka, pleurant de joie.
C'était à peine si la collégienne remarquait l'autre jeune fille qui accompagnait Yue : une grande blonde portant le même uniforme, aux cheveux coiffés en deux couettes et à la peau mate, arborant de longues oreilles d'elfe et une queue canine, qui semblait stupéfaite par l'arrivée de cinq inconnus qui se précipitaient vers son amie.
- On était persuadés que tu étais prisonnière dans les ruines ! s'exclama Asuna.
Mais Yue eut une réaction bien différente de ce à quoi ils s'attendaient.
- Qui êtes vous ?
Et la situation dégénéra. Deux autres filles arrivèrent : une jeune fille aux courts cheveux blond-vert, aux oreilles et à la queue de chien ; et une jeune humaine brune aux cheveux coupés au carré et ornés d'une fleurs. Les lunettes des fugitifs cessèrent de fonctionner, dévoilant leur véritable apparence, et un des étudiantes prévint Yue et les autres.
Alors, la magicienne à la peau mate s'en prit à Nodoka, utilisant un sort de confinement destinés aux fugitifs. Negi brisa le sort, mais les autres passèrent à l'attaque. Le jeune garçon les repoussa le moins violemment qu'il put, mais les étudiantes d'Ariadne ne décoléraient pas et comptaient bien capturer leurs cibles.
Lya et Yoru restaient en retrait, pour le moment. Ils avaient conscience de leur rôle de renfort et attendaient que Negi leur fasse signe, car s'ils agissaient, ils risquaient d'envenimer la situation. Alors, ils se contenaient de vérifier que le reste des troupes d'Ariadne n'était pas en train de les encercler discrètement.
C'est alors que Negi prit une décision, que Lya devina immédiatement. Il allait utiliser un exarmatio, mais étant donnée sa puissance actuelle, les armes de leurs assaillantes ne seraient pas les seules choses à s'envoler … du genre qu'ils risquaient de se retrouver avec peu de vêtements à l'arrivée. Elle rougit légèrement en imaginant la scène, et s'empressa de les en protéger, Yoru et elle, avec un deflexio doublé d'un glacialis paries. Malheureusement, elle n'eut pas le temps de donner un coup de main à Nodoka et Asuna …
- Tu regardes, je te massacre … marmonna Lya à l'intention de Yoru, qui rougit soudainement et se détourna vers une statue, la trouvant tout de suite plus intéressante.
Quelques minutes plus tard, après un passage à la cabine d'essayage pour certaines, et une belle bosse pour Negi de la part d'Asuna, le calme était plus ou moins revenu, et tous étaient réunis à la table d'un café. Les filles d'Ariadne avaient accepté de discuter. Les jeunes de l'ala alba s'étaient mis en tête de prouver que Yue appartenait bien à leur équipe, ce qui n'était pas une mince affaire puisque la jeune fille était amnésique. Lya, pleine de compassion, sachant ce que son amie vivait, entreprit de faire remonter quelques souvenirs à l'aide de Nodoka, mais rien n'y faisait.
La seule preuve que Negi était la carte du pactio qu'il avait formé avec Yue. Car si c'était vraiment elle, comme il n'en doutait pas, elle serait capable d'entendre sa voix par télépathie. Visiblement, cela fonctionnait, car Yue, qui était amoureuse de Negi, comme Nodoka, tourna rouge pivoine d'un seul coup. La connaissant, Negi devait avoir dit quelque chose du genre « tu as beaucoup progressé » ou « je suis heureux de te retrouver », voire les deux en même temps. Et malgré l'amnésie, les sentiments étaient certainement restés.
Negi expliqua ensuite à Yue que celle-ci venait du monde ancien. Et la collégienne, intelligente, déduisit l'identité de son interlocuteur : Negi Springfield, le fils de Thousand Master. Immédiatement, Emily Sevensheep, la fille à la peau mate, qui était plutôt sur les nerfs, sembla se calmer, et regarder Negi avec des yeux admiratif, limite enamourés en fait. Elle devait être l'une des innombrables fans de Nagi Springfield … Lya faillit ajouter qu'elle était la fille d'Andrew Aemilia, qui, elle s'en rendait compte jour après jour, était très connu et populaire lui aussi – comme Rakan et Eishun, par exemple – juste pour voir comment Emily réagirait, mais elle n'avait pas envie d'attirer l'attention sur elle.
Le problème, c'était que quelqu'un les avait remarqués. Pas en tant que rejetons de l'ala rubra, mais en tant que fugitifs. Le gouverneur d'Ostia.
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Voilà, j'ai enfin posté ce chapitre ! Le prochain devrait moins tarder, étant donné qu'il est presque terminé ...
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Voici un dessin d'Andrew ! J'ai hésité entre faire cette version et coloriser la version papier, mais je me suis décidée pour la version numérique, sachant que Mitsuki viendra elle aussi, en numérique ^^Il s'agit d'Andrew tel que Lya l'a vu dans les flash-backs de l'ala rubra, pendant la guerre, à sa rencontre avec Mitsuki, donc vers ses dix-huit ans.
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Voici un dessin de Lya, fait par Usagi-chan, habillée comme Erza dans sa robe de Yuen (vu qu'il s'agit d'un de mes personnages préférés de Fairy Tail) ! Merci la g... euh ... nee-chan !
2 commentaires -
Je me suis aussi mise aux AMVs, donc voici l'un d'eux (le dernier que j'ai fait, dont je ne suis pas entièrement satisfaite, mais c'est le meilleur pour le moment). Les images sont de negima (trèèèès, très étonnant, hein ?), il s'agit de l'Anime final, et la musique, d'Utawarerumono !
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Parfois, dans la vie, il y a des ratés. Des choses qui surviennent, comme ça, sans prévenir, et bouleversent une existence, tel le ciel qui s'écroulerait sur une vie innocente. Et quand cela arrive, il n'existe qu'un seul moyen de continuer à vivre. Se battre. Aller de l'avant. Peu importe la douleur et le désespoir. Accepter la réalité, accepter ses faiblesses. Et les surmonter. Abandonner, perdre courage, se voiler la face, c'est perdre face à ce destin qui se joue de nous.
Mais parfois, perdre semble la solution la plus facile. La moins douloureuse.
***
Gira bondit, esquiva des flèches de glace, et incanta.
- Pro Ragnarök … Qu'un éclair de ciel vide d'orage te fauche ! Hache foudroyante !
Lya ramena son bras droit devant elle dans un mouvement circulaire, à l'horizontale. Alors que le sort de foudre n'était plus qu'à deux mètres d'elle, un arc de glace vint se placer devant elle et la protégea. D'un quick move, elle se rapprocha de la démone, arma de ki sa jambe droite et l'abattit au flanc de Gira. Bien sûr, elle s'attendait à ce que son amie bloque son attaque, et effectivement, l'offensive ne porta pas. Mais un autre arc passa deux mètres derrière la démone. Lya esquiva la contre-attaque, pivota pour se donner plus de force, et visa le dos de son adversaire avec son genou. Là encore, elle échoua. Gira se retourna, et Lya ne peut esquiver que grâce à ses réflexes, qui lui ordonnèrent de se baisser au dernier moment. Puis elle bondit juste après l'offensive, se retrouvant au-dessus de la démone. Elle se servit de son poids pour abattre son pied sur son adversaire, qui para de justesse.
Gira décida de mettre de la distance entre elles, elle faillit reculer mais ses sens l'avertirent que plusieurs arc de glaces successifs, peu espacé et fusant dans toutes les directions, fruits des nombreux pivots et esquives de sa protégée, barraient la route. Les deux adversaires étaient maintenant totalement cernées par ce qui ressemblait à des arabesques de glaces. La démone sourit à l'idée que son amie ait enfin acquis un style bien à elle. Elle était devenue une élémentale, qui virevoltait, dans une danse mortelle dans laquelle chaque geste était important et servait à dresser son labyrinthe de glace, duquel l'adversaire ne devait jamais ressortir.
Puis son sourire se transforma, et devint une expression marquée, peut-être pour la première fois, par la volonté de défi. Elle avait vu Lya progresser, et ça lui donnait envie de la tester, de passer à la vitesse supérieure, et de voir jusqu'où sa protégée arriverait à la surprendre.
- Prépare-toi … murmura la démone, un sourire enthousiaste collé sur le visage.
L'espace d'un instant, elle sembla se draper d'ombre. Ses ailes et sa queue émergèrent du bas de son dos, tandis que des cornes apparaissaient hors de sa chevelure. La démone était de sortie.
Lya remarqua la transformation avec un sourire crispé, l'air de penser « zut ! ». Elle appela à elle son artefact.
- Glacies et lux alas rubras protegant …
Gira fondit sur elle, et Lya esquiva de justesse. La démone ne s'arrêta pas, et fonça tout droit. Elle bondit au dernier moment, et se servit de la glace pour faire demi-tour. « Glacialis paries », pensa la magicienne de glace, et une barrière vint la protéger. Gira s'appuya sur ce bouclier pour passer au-dessus de son adversaire. Elle avisa un arc de glace qui passait au-dessus à quelques mètres, l'utilisa pour changer de direction, et fondit sur Lya depuis le ciel.
Lya roula sur le côté, puis lança son kunaï aux pieds de Gira.
- Nivis casus !
Le sort explosa, masquant la quasi totalité du labyrinthe de glace, et les deux adversaires avec. Cela ne servait pas à grand-chose, contre Gira. Sauf dans un cas. La neige et la poussière se dissipèrent, et deux Lya en émergèrent. Deux Lya, de puissance égale. Gira ignorait donc laquelle était la vraie et laquelle était le clone.
Gira tendit le bras, aussitôt un tir de magie démoniaque fusa vers l'une des deux, tandis que la démone s'occupait personnellement de la deuxième. La magie démoniaque disparut, mais sa cible était toujours là, protégée par une barrière de glace. En contre-partie, la présence magique de la Lya qu'affrontait Gira au corps à corps avait considérablement baissé. La démone feinta d'esquiver et para un coup, contre-attaqua d'un coup de pied armé de magie, et repoussa son adversaire, qui ne l'intéressait plus. Elle bondit soudainement vers la vraie Lya, celle qui s'était protégée.
Et avant même qu'elle ait pu porter un coup, sa cible se volatilisa et quelque chose percuta son dos, l'envoyant contre un arc du labyrinthe.
- Je ne compte pas te laisser utiliser mon labyrinthe de glace plus longtemps ! s'exclama Lya avec un air mi-enthousiaste, mi-déterminé.
Gira se releva et s'envola ; Lya était déjà derrière elle. Elle se retourna et avança sa main, et sentit dans le même temps quelque chose frôler sa tête. Son adversaire était devant elle, sa main entourée de ki à deux centimètres de son visage, tandis que ses griffes pointaient vers la gorge de Lya, debout sur son bâton. Elles restèrent dans cette position quelques secondes, immobiles et respirant à peine.
- Hin, joli ! Je crois bien qu'on est à égalité, aujourd'hui, dit finalement Gira.
Elles se détendirent et se posèrent. Lya posa sa main contre un arc de glace et commanda au labyrinthe de disparaître. La glace fondit en un instant. Pendant ce temps-là, la démone commentait leur entraînement.
- Bravo pour ta stratégie, je n'y ai vu que du feu, la complimenta Gira. Protéger ton clone et cacher ton aura pour que je confonde vos rôles … J'ai cru que tu avais rappelé une partie de l'énergie de ton clone pour pouvoir te protéger.
- C'était le but, confirma Lya. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour te leurrer.
- Eh bien, c'était bien vu.
Elles rejoignirent Seras, qui les complimenta et leur donna quelques conseils sur leur maîtrise de la magie. C'était le quinzième jour d'entraînement, et Lya avait beaucoup progressé, ce que la magicienne d'Ariadne leur fit remarquer. La jeune fille avait totalement assimilé la magie élémentale, et devait maintenant se perfectionner. La directrice s'apprêtait à leur proposer une pause, quand Lya intervint :
- Excusez-moi, madame Seras, mais j'aimerais vous demander votre avis sur quelque chose … C'est par rapport aux recherches que j'ai faites avant-hier. Je me demandais … s'il était capable de modifier un sort et de le rendre plus complet.
- Tu veux modifier le glacialis labyrinthus ? s'étonna Seras.
- J'ai découvert quelque chose d'intéressant, et je suis sûre que je peux aller beaucoup plus loin ! s'exclama Lya, son ton laissant transparaître sa soif de progresser.
- Allons en parler autour de boissons rafraîchissantes alors. Tes projets m'intéressent grandement.
Elles s'assirent au kiosque sur la plage, et Lya sortit le livre que Seras lui avait prêté. Elle l'ouvrit directement à la dernière page du chapitres sur les élémentaux.
- Voici ce que je veux faire.
***
Xyn vivait probablement les jours les plus heureux de sa courte vie. Chaque jour, elle apprenait à connaître sa chère grande sœur, ainsi que les amis de celle-ci. Sa détermination n'en était que plus grande. Malgré le danger qui les attendait dehors, et même si elle quittait la sécurité rassurante du palais, elle avait maintenant à portée de ses mains un bonheur qu'elle voulait protéger plus que tout.
Le soir, les deux sœurs comparaient leur journées. Lya adorait ce nouvel entraînement, même si de temps en temps, quand elles en parlaient, la détresse et le chagrin semblait voiler ses yeux. Sa sœur le lui avait expliqué : l'absence d'Arianna lui pesait, et ce plus que jamais pendant les entraînements. Et, l'espace de quelques secondes, une lueur de rage brillait au fond du regard de Lya. Ragnarök paierait. Cher.
Lorsque Xyn ne pratiquait pas avec ses sorts de protection, elle observait les entraînements des autres. L'observation, pour cet art qu'était sa magie, était indispensable, et elle tentait de s'habituer à suivre les mouvements de ces combattants, plus particulièrement Lya et Gira, les plus rapides ou presque. Parce que Negi, sous sa forme de foudre, ce n'était même pas la peine d'essayer.
Sa grande sœur tâchait d'améliorer sa technique, et labyrinthe de glace était en passe de redevenir la technique qu'il était, plusieurs siècles auparavant. Lya avait découvert que les élémentaux pouvaient aller bien plus loin que ce qu'elle faisait, et s'employait à recréer, à partir de quasi rien, une incantation oubliée. Vu comme c'était parti, l'aria ne reprendrait jamais sa forme initiale, disparue à jamais, mais Lya était plus motivée que jamais ; et bientôt elle aurait sa propre incantation originale, car la jeune magicienne s'apprêtait à fusionner deux des sorts élémentaux de glace qui avaient jamais existé.
Seras s'était montrée très intéressée, et lui avait montré comment créer un sort. Lya commençait à faire quelques essais, qui s'avéraient peu à peu encourageants. Il restait une dizaine de jours sur les trente qu'ils avaient à la base, dix jours pour maîtriser cette technique et devenir plus rapide et insaisissable qu'elle ne le serait jamais. Et, si possible, rivaliser avec Skoll. Non, qui sait, peut-être l'emporter.
***
Lya s'assit sur le sable blanc, seule sur la plage. Enfin presque, Kyura gambadant un peu plus loin. C'était le dernier jour, Seras s'était montrée satisfaite et avait arrêté les séances la veille au soir. Kotarô s'entraînait avec Ricardo plusieurs centaines de mètres plus loin, et Negi avait décidé de s'exercer dans un autre espace magique : le parchemin de la magia erebea d'Evangeline. Il avait beaucoup plus de temps à disposition, mais l'entraînement ne pouvait y être que spirituel et non physique … Lya n'avait pas compris mais se doutait qu'elle aurait la réponse quelques heures plus tard, lorsque la finale avec Rakan débuterait.
Yoru vint la trouver et s'assit à ses côtés, et la serra tout contre lui. Le sourire que la jeune fille lui adressa le fit fondre, et la voyant de si bonne humeur, il hésita presque à relancer le sujet tabou. Mais Lya avait placé en lui une confiance inébranlable, et ce depuis qu'il lui avait promis de l'aider, pendant le tournoi de Mahora. Il se devait d'être sincère.
- Hum … Lya ?
- Oui ?
- Faut qu'on parle.
La jeune fille le dévisagea, curieuse. Elle ne put s'empêcher de penser qu'il était vachement mignon quand il arborait cette expression sérieuse … puis chassa cette idée de sa tête. Ce n'était pas tellement le moment !
- Je sais que tu n'aimes pas parler de ça, mais … J'ai découvert quelque chose dans le film de Rakan.
- Ah ?
- J'ai juste mis un moment à m'en rendre compte parce que tout ça s'est passé il y a vingt ans … et j'hésitais à t'en parler, mais je crois que je n'ai pas le droit de le garder pour moi plus longtemps.
- Vas-y, tu sais bien que tu peux tout me dire … Même si c'est dur, j'essaierai de l'accepter, comme quand tu m'as conseillé de tourner la page sur Alsia.
- Voilà … Je t'ai parlé d'un magicien, que j'ai surpris en train de faire de la magie, tu t'en souviens n'est-ce pas ? fit le jeune homme.
- Celui qui a tout fait pour que tu en conserves le souvenir, contre l'avis des autres magiciens ?
- Oui. Je ne sais pas trop comment te l'annoncer … Notre rencontre remonte à il y a deux ans, et je ne l'ai pas revu depuis, mais je m'en souviens comme si c'était hier.
- Et alors, quel est le rapport avec Rakan et son film ? demanda Lya, qui mine de rien commençait à angoisser devant l'expression hésitante de Yoru, et qui ne voyait pas où il voulait en venir.
- J'en suis certain, ce magicien, Lya, c'était … c'était Andrew. Ton père.
Le cœur de Lya rata un battement, et le temps sembla se figer. Son regard stupéfait et confus croisa celui de Yoru à la recherche d'une explication à cet événement incompréhensible.
- Tu … Tu as rencontré … mon père ?
- Oui. Lya, je te connais par cœur, je sais comment tu réfléchis, mais moi, je crois qu'il existe encore une chance pour que tes parents soient en vie. En tout cas, ton père l'était il y a deux ans.
La jeune fille sentit alors quelque chose faire pression sur sa poitrine, qui la tailladait de l'intérieur. Elle porta une main à son cœur, comme pour tenter de résister à cette chose. Une chose minuscule, mais qui grandissait peu à peu, contre laquelle elle se battait depuis des semaines. Elle avait tenté de s'en protéger, dressant autour de son cœur cette barrière qu'était son pessimisme, ce faux pessimisme qui ne parvenait plus à la tromper. Elle se mentait à elle-même depuis des semaines, et ce mensonge s'effondrait de lui-même au fil du temps, détruit par ce sentiment qu'elle n'arrivait plus à ignorer, à contenir. L'espoir.
Yoru la vit baisser la tête, ses cheveux blonds tombant en cascade dorée devant ses yeux, et porter la main à sa poitrine, comme pour lutter contre un poids qui l'empêchait de respirer. Elle tremblait, surmenée par ses sentiments.
- L-Lya … Je suis désolé, je ne voulais pas … je … balbutia-t-il en posant sa main sur l'épaule de la jeune fille.
Soudain, elle cessa de trembler. Elle leva la tête et esquissa un pauvre sourire.
- Tu n'as rien à te reprocher. Au contraire. Grâce à toi, j'ai compris. Je n'ai plus le droit de me mentir à moi-même. Il serait temps que j'arrête de fuir, et que je regarde les choses en face. Que j'assume mes vrais sentiments.
Yoru sembla soulagé de ce changement de comportement. Il lui rendit son sourire, un sourire chaleureux, qui l'encourageait, comme pour approuver sa décision. Mais il sentit que ce n'était pas fini. Alors le jeune homme attendit la suite patiemment.
- Yoru. Je l'ai compris, je ne pourrai plus jamais renier l'espoir. J'ose croire que mes parents sont en vie quelque part, et je compte les retrouver, que ça leur plaise ou non. Je sais que sous ses airs résignés, ma sœur pense exactement la même chose. Et je refuse de rester séparée d'eux sous prétexte que je ne suis pas suffisamment puissante pour résister à Ragnarök.
- On leur montrera, continua Yoru, sachant exactement ce qu'elle ressentait. Quand on les retrouvera, on leur montrera que tu es devenue forte. Et que tu n'es pas seule.
Un silence complice s'installa entre les jeunes gens, seulement interrompu par le bruit des vagues qui s'échouaient sur le sable.
- Dis … murmura Lya, rompant le silence. Je …
- Vas-y, mon cœur. Si tu as quelque chose à me dire, n'hésite pas.
- Tu as dit qu'on leur ferait voir, que je n'étais pas seule.
Yoru hocha la tête, l'encourageant de ses yeux attendris à poursuivre sa pensée.
- Seule, je sais que je ne pourrai rien faire. Alors, Yoru, accepterais-tu de conclure un pactio avec moi ? De m'aider à retrouver mon passé et mes parents, en tant que mon minister magi ?
Le jeune garçon marqua un temps d'arrêt, pris de court. Ce n'était pas tellement qu'il était surpris par sa volonté, après tout il se doutait bien qu'elle avait tenté d'aborder le sujet plusieurs fois, mais qu'ils avaient toujours été dérangés, et lui-même avait voulu en parler, plusieurs fois. Cependant, il ne s'attendait pas à ce que la conversation débouche sur un pactio.
Yoru sourit, ses yeux emplis de sa volonté de la protéger envers et contre tout. Il la prit soudainement dans ses bras, et il lui chuchota quelques mots au creux de l'oreille.
- Bien sûr, Lya. Tu es bien la seule à me rendre assez dingue pour pouvoir devenir ma magistra magi.
Pour seule réponse, un sourire extatique se dessina sur le visage de Lya, tandis que la jeune fille appelait par télépathie son familier. Kyura, qui avait fini par s'endormir un peu plus loin, arriva au petit trot en entendant l'appel de sa magicienne, et comprit seule ce que les deux jeunes attendaient d'elle. La netsugi retint le « Enfin ! » désabusé qui ne demandait qu'à sortir, et dessina au sol le cercle de pactio.
C'était la première fois qu'elle avait l'occasion d'utiliser cette magie, alors elle procéda prudemment pour ne faire aucune erreur, prenant son temps. Mais ça ne dérangeait personne : les deux adolescents étaient trop occupés à se regarder d'un air complice, faisant fondre les derniers neurones l'un de l'autre. « Bah, se dit Kyura, selon Camo, le suicide collectif des neurones n'affecte pas un pactio en mal, ça aide même à créer une ambiance plutôt favorable ». Les propos de l'hermine avaient rendu la netsugi perplexe, mais elle en avait déduit que le pactio était une magie qui devait être exécutée sans que les futurs partenaires réfléchissent trop. Ça n'allait pas être dur.
Lorsque le cercle fut terminé, et que la lueur violette illumina la plage et les deux collégiens, Lya et Yoru échangèrent un regard complice et empreint de bonheur, puis, toujours assis sur le sable fin, ils s'approchèrent leur visage l'un de l'autre. Ils fermèrent les yeux, s'emplissant de cette énergie chaleureuse que dégageait le pactio, tandis que leur lèvres s'approchaient et se touchaient, délicatement, tendrement.
La lueur devint plus vive. Tout se passait normalement. Jusqu'à ce que la magie du pactio, étrangement, semble devenir folle. Le cercle sous les deux jeunes fluctua brusquement, la lumière disparut sans crier gare, et les deux amants furent violemment séparés. Lya se releva en crispant sa main sur son cœur, le souffle court.
- Qu'est-ce que j'ai fait ? s'affola Kyura en scrutant le sol, où devait se trouver le cercle. J'ai mal géré le sort ? J'ai dû rater quelque chose ! C'est pas possible autrement !
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? murmura Yoru, sous le choc.
- Quelque chose a mis fin prématurément au pactio ! s'exclama la netsugi, confuse. J'ai dû faire une erreur !
- N-Non, balbutia Lya. Tu … Tu l'as exécuté à … la perfection. C'était la exactement la même chose … qu'avec Negi. Et pourtant …
Le pactio créait un lien magique, indéfectible, entre deux partenaires, en mêlant une partie de leurs auras, de leur énergie, qu'elle tienne de la magie ou du ki. Et pourtant, son énergie avait brutalement réintégré son corps, tel un boomerang, lui coupant le souffle l'espace de quelques secondes.
- Mais … pourquoi ?
Ils connaissaient tous les trois la réponse à cette question. Il existait une condition sine qua non qui régissait le pactio. Condition qui n'était pas remplie.
Yoru serra le poing, luttant contre l'évidence. Qui pourtant était bien là. Une évidence qui l'étouffait, le meurtrissait, l'anéantissait. Mais une évidence, irréfutable.
L'un d'eux n'avait pas d'âme. Et ce n'était pas Lya.
Parfois, dans la vie, il y a des ratés. Des choses qui surviennent, comme ça, sans prévenir, et bouleversent une existence, tel le ciel qui s'écroulerait sur une vie innocente. Et quand cela arrive, il n'existe qu'un seul moyen de continuer à vivre. Se battre. Aller de l'avant. Peu importe la douleur et le désespoir. Accepter la réalité, accepter ses faiblesses. Et les surmonter. Abandonner, perdre courage, se voiler la face, c'est perdre face à ce destin qui se joue de nous.
Mais parfois, perdre semble la solution la plus facile. La moins douloureuse.
Lya resta là, hébétée ; Yoru se leva, l'air hagard. Leurs regards ne se croisèrent pas, et il s'éloigna, seul, dans le crépuscule.
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Et bam ! 'fin, vous je ne sais pas, mais c'est ce que j'ai pensé en finissant ce chapitre ^^ Bon, je vous l'avoue, je devais être en train de péter un cable en mon fort intérieur (j'arrivais pas à l'écrire, ce f... point de vue !) d'où les pensées extrêmement philosophiques de Kyura, qui ne devaient ab-so-lu-ment pas être là xD Et puis ça devenait mièvre à la fin, même moi, je me suis dit, bon, ça va, là, ça fait trois mois qu'ils se regardent comme ça, ça devient répétitif ! (Bon, ça m'empêchera pas de recommencer à l'avenir mais voilà, c'était ma réflexion du soir ... la seule, hein, parce que faut pas trop m'en demander ! Et ça ne m'a pas du tout empêchée de sourire niaisement à quelques unes de leurs répliques ...)
Bref, tout ça pour vous dire que je vous fait des fins en queue de poisson, désolée, c'est tout à fait fait exprès xD entre la technique de Lya, qu'on ne connaît qu'à moitié et cette histoire de Yoru qui n'a pas d'âmes, ce chapitre peut paraître un peu bizarre mais vous aurez en réponse en temps et en heure ... Enfin surtout quand les chapitres suivants seront publiés, donc pour le "en temps et en heure", euh ... c'est pas dit encore, vu que je n'ai avancé que de trois phrases et demi --"
Ah, oui, aussi ... (dites donc je suis bavarde ce soir ...) j'ai sciemment centré ce chapitre sur Lya et Xyn (enfin, j'ai sciemment laissé ce chapitre comme ça, surtout ...), pour ne pas trop me disperser, mais je n'oublie pas Illonya et les autres, loin de là !
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