• Chapitre 52 : Créé

     

    Cette soirée serait la dernière que l'ala alba passerait à Ostia. L'équipe partirait et vaincrait, retournant à Mahora, ou serait vaincue. Mais elle quitterait la ville suspendue dans les airs, quelle que soit l'issue de leur combat contre Cosmo Entelecheia.

    Aussi, quelques membres partirent faire leurs adieux à ceux qui les avaient aidés et qui séjournaient à Ostia. Nodoka rejoignit l'équipe de chasseurs de trésors qui l'avait recueillie : Craig et Chris, les deux hommes de l'équipe, et Aisha et Lin, les deux semi-humaines. Makie et Yûna, elles, dirent adieu à Johnny, un homme d'une trentaine d'années, qui les avait conduites à bord de son Fly Manta, un vaisseau en forme de … raie manta. Oui, effectivement, toute la faune marine était représentée dans le ciel ! Ako, Natsumi et Akira allèrent rendre visite à l'une de leurs anciens maîtres, une semi-humaine ourse nommée Kumama, qui les avait très bien traitées, et Negi, lui, retrouva Tôsaka.

    Tous mesuraient la dangerosité de ce qu'ils s'apprêtaient à accomplir. Affronter Cosmo Entelecheia, libérer leur camarade, Anya, tout en découvrant pourquoi Chachamaru avait détecté le signal d'un badge supplémentaire, et, pour finir, rentrer à Mahora en utilisant un vieux port-portail tout à fait interdit d'usage. C'était presque irréalisable pour des collégiens comme eux. La moitié d'entre eux ne combattaient pas, il y avait encore moins de magiciens. Mais pourtant ils savaient qu'ils devaient le faire, et ils le feraient.

     

    Negi était très vite retourné dans la petite auberge qui leur servait de repaire, tenue par un ami de Tôsaka. Perturbé par l'invitation de Gödel, il réfléchissait dans une pièce pratiquement vide, dont l'un des murs était décoré par une carte du monde magique. Natsumi la regardait attentivement, tandis que Kôtarô s'ennuyait dans un coin.

    Il vit Lya s'approcher doucement, l'air un peu inquiète. Déjà prête, dans sa robe beige et bleue, elle ne semblait pas avoir le cœur à s'amuser avec les autres 3-A et à profiter de leurs derniers moments de paix. Elle semblait vouloir lui parler.

    Mais leur attention fut distraite par Natsumi, qui n'avait pas vu la jeune fille.

     

    - C'est bizarre, plus je regarde cette carte, plus je me dis qu'elle ressemble à celle de Mars, dit-elle, pensive.

     

    Ce constat mit Negi dans tous ses états. Il la pria de répéter, sous prétexte que ce qu'elle venait de lui dire lui rappelait quelque chose. La rousse, un peu surprise, s'exécuta, avant de pointer un endroit à l'est de Megalomesembria, qui, selon elle, était similaire à la Valles marineris de Mars. C'étaient des connaissances qu'elle avait obtenues de Chizuru, sa meilleure amie, férue d'astronomie. Les ressemblances ne s'arrêtaient pas là : la région de Hellas, qui présentait des points communs avec le vaste bassin de Hellas Planitia ou encore des noms de lieux identiques.

    La plus grosse partie de l'ala alba, dont ses nouveaux membres, Xyn et Ren, arriva sur ces faits et appris la nouvelle avec stupéfaction. L'idée avait fait son petit bout de chemin chez tout ceux qui avaient entendu Natsumi. Et une seule conclusion en avait été tirée. Le Mundus magicus semblait vraiment être une copie de Mars. En fait, il fallait envisager qu'elle soit même Mars ! Tout collait : la topographie, les noms de certains lieux, les deux lunes qui éclairaient le ciel nocturne de Mars – Phobos et Deimos.

     

    - Attendez, on ne peut quand même pas dire qu'on est sur Mars ? demanda Chisame, toujours terre-à-terre, tandis que la moitié des filles s'excitaient dans un coin avec Haruna.

    - Non, répondit Nodoka. Il semblerait que ce monde soit dans un plan alternatif à celui de notre monde d'origine.

     

    S'en suivit une longue explication à laquelle Lya ne comprit pas tout – Xyn non plus, ce qui la rassura. Mais, selon Nodoka qui avait cru bon de synthétiser à la fin, voyant sa camarade perdue, pour avoir un monde dans un univers alternatif, il fallait un lieu « catalyseur » dans le monde de départ, de même taille exactement. C'était Mars qui jouait ce rôle, et qui servait d'ancrage au Mundus magicus.

    Negi, visiblement dans son propre monde, commença à murmurer une espèce de litanie de mots d'où s'échappaient des bribes de phrases, comme « un monde fabriqué », « princesse du crépuscule, « magicien du commencement », ou encore quelque chose à propos des « mondes artificiels » et de leur « effondrement ». C'était incompréhensible et légèrement flippant. Pire que Lya au réveil.

    Setsuna et Konoka s'en aperçurent et voulurent savoir ce qu'il marmonnait. À ces mots, il sembla se réveiller. Lya en profita pour se rapprocher, rendue elle aussi perplexe par cette histoire de Mars … Mars. Le mot fit « tilt » dans sa tête, et elle se demanda comment elle n'avait pas pu y penser y penser. Negi avait, quelques minutes auparavant, fait le même rapprochement.

     

    - Setsuna, Lya, quand je vous parle de Mars, ça ne vous dit rien ?

    - Si, répondit la magicienne de glace. Bien sûr, j'aurais dû y penser plus tôt.

    - Vous parlez de Chao, n'est-ce pas ? continua l'épéiste pour elles deux. Elle disait être martienne et venir de cent ans dans le futur.

    - Tout semble lié, confirma Negi. Chao, ce monde, mes parents … J'ai le sentiment qu'il ne nous manque plus qu'une pièce pour comprendre.

    - Pour comprendre quoi ? s'étonna Lya.

    - Pour comprendre les raisons pour lesquelles nos parents ont été forcés de se battre, pour comprendre le motif de leurs ennemis et donc des nôtres.

     

    Sans doute pour réfléchir aux indices que Chao leur avait laissés, Negi demanda aux quelques unes qui l'avaient le mieux connue de le suivre pour discuter.

    Lya resta, pensive. Mais ces derniers mots commencèrent à résonner dans sa tête, en boucle. « Les raisons pour lesquelles nos parents ont été forcés de se battre ». Lya ignorait pourquoi, mais ces mots produisaient un tel effet que ses oreilles bourdonnaient, et soudain, Negi, ainsi que tout le reste, disparut de son champ de vision. Sa marque crépita doucement. La jeune magicienne sentit son rythme cardiaque accélérer en même temps que la peur venait ; sa dernière vision remontait à son sauvetage et à la vision d'Alsia mourante. Elle avait peur, très peur de revivre une autre expérience similaire. Elle gémit, terrifiée à l'idée d'un nouveau saut dans le passé. Qu'allait-elle découvrir ?

    Lya ouvrit les yeux. Elle se trouvait dans son corps d'enfant, chez elle. La scène, à en juger par son âge, devait se dérouler autour de ses trois ans. La petite magicienne était recroquevillée par terre, dans l'herbe, devant sa maison, une petite baguette magique serrée dans ses mains d'enfants, comme pour se donner du courage. Elle tremblait, au bord des larmes.

    Soudain, elle entendit une voix, qui lui fit lever la tête. Une voix fatiguée, exténuée même, mais pleine d’entrain qui se voulait rassurante.

     

    - Lya !

    - Ayanna ! cria la petite en écorchant le nom de son maître de son articulation d'enfant.

     

    Lya sauta dans les bras d'Arianna, la faisant tomber au sol, tant la jeune fille était épuisée. La magicienne de foudre trouva la force d'éclater de rire et la serra affectueusment dans ses bras. Derrière elle, trois personnes arrivaient, émergeant du tunnel qui perçait le flanc de montagne.

     

    - Doucement, ma chérie, la rabroua gentiment une voix masculine.

    - Papa !

     

    Ses cheveux d'un blond cendré sale étaient désordonnés, son manteau de magicien cachait son T-Shirt déchiré par endroits, mais la fatigue qui voilait ses yeux verts était mêlée à du bonheur, celui de revoir sa fille. Mitsuki semblait elle aussi épuisée, et cachait de son mieux ses vêtements en lambeaux pour ne pas inquiéter la fillette. Elle portait quelque chose lové dans des langes au creux de ses bras.

    Alsia se rapprocha elle aussi, pour aider Arianna à se relever. Alsia était bien la seule à ne pas être blessée, et pour cause ; la jeune et énigmatique magicienne était la seule dont les capacités offensives étaient loin d'être à la hauteur. Son utilité au combat se trouvait plutôt dans ses étranges pouvoirs auxquels Lya ne comprenait pas, et qui servaient à l'arrière. D'ailleurs le rôle d'Arianna avait certainement été de veiller en partie sur elle.

    Les quatre magiciens rentraient d'un épuisant raid contre leurs ennemis. Quels ennemis ? La petite l'ignorait, elle était bien trop jeune pour le comprendre ou être mise au courant. La Lya actuelle, elle, était maintenant en mesure de savoir qu'il s'agissait de Cosmo Entelecheia.

     

    - Mais … fit la petite d'un ton triste et effrayé. Pou'quoi1 vous devez vous batt'e ?

     

    Mitsuki s'agenouilla, attendrie.

     

    - Je sais bien que c'est difficile à comprendre à ton âge. Mais nous avons tout simplement encore de l'espoir pour ce monde, contrairement à nos ennemis. Il mérite encore d'être protégé, et il faut quelqu'un pour le faire.

    - Nous pensons que ce monde peut encore être sauvé, approuva Arianna en caressant affectueusement les cheveux de sa jeune élève. Et avec lui, ceux qui semblent abandonnés par leur destin. Comme cet enfant.

     

    Elle désigna ce que Mitsuki portait dans ses bras. Lya pencha la tête sur le côté, comme pour dire qu'elle ne comprenait pas ces paroles sibyllines, mais elle se rapprocha encore de sa mère et s'intéressa à ce qu'elle portait contre elle. Dans les langes se trouvaient un enfant, un poupon même, aux grands yeux bleu azur curieux. Quelques cheveux noirs émergeaient de son crâne, et le petit gazouilla de bonheur en essayant d'attraper les mèches blondes de Lya.

     

    - C'est qui ?

    - Un enfant que nous avons trouvez chez nos ennemis. Nous ne pouvions pas le laisser entre leurs mains …

    - Ze vais êt'e g'ande sœur ? s'exclama la petite, ravie, tout en soustrayant ses cheveux aux jeux du poupon.

     

    Mitsuki secoua la tête, navrée.

     

    - Il ne passera que quelques jours avec nous. Nos ennemis chercheraient à le reprendre, c'est trop dangereux, et ce garçon a le droit de vivre dans l'innocence. Mieux vaut qu'il ne sache tout de sa naissance que quand il sera assez grand. Dès que nous serons prêts à repartir, papa et moi irons le confier à une famille japonaise dans le Mundus vetus. Ce sont des amis de ma famille, et nos ennemis ne penseront jamais à aller le trouver là-bas.

     

    Lya, comme à son habitude, ne comprit pas tout, mais elle fut déçue d'apprendre qu'elle resterait fille unique pour le moment. Elle était la plus jeune ici, Arianna avait déjà dix-sept ans, et la petite n'avait pas d'amis de son âge …

     

    Lya ouvrit soudainement les yeux en entendant son prénom. Natsumi la soutenait par les épaules, et quelques visages inquiets la regardaient. Negi était déjà revenu de sa discussion avec les autres.

     

    - Je suis restée comme ça combien de temps ? murmura-t-elle.

    - Oh, pas longtemps, la rassura Natsumi. Mais une dizaine de minutes quand même. Tu nous as fait peur ! Tu semblais terrifiée.

     

    Lya sourit en pensant à sa quasi crise de panique. Elle n'avait eu qu'une vision inoffensive. Mais elle se sentit tout de même émue en réalisant que c'était la première fois qu'elle se souvenait de ses parents. Puis soudain, elle se figea. La petite qu'elle était à l'époque ne savait pas compter, ou alors c'était elle, au choix … Arianna ne devait pas avoir dix-sept ans à l'époque, mais vingt-et-un ! Le problème, c'est qu'elle ne les faisait clairement pas. Dans son rêve, la jeune femme semblait à peine sortir de l'adolescence.

    Elle fut interrompue dans ses pensées par ses amis, qui semblaient toujours aussi inquiets. Elle esquissa un sourire et se força à penser à son problème immédiat, à savoir Yoru. La jeune magicienne attendit le reste de l'ala alba, dont le jeune homme, qui finissaient de se préparer, puis l'équipe, accompagnée par Rakan, se dirigea vers le palais de Kurt Gödel.

     

     

    ***

     

     

    Yoru, toujours aussi changé depuis les derniers jours, rechignait à venir au bal. Il avait peur d'avoir perdu ses capacités de combat en même temps que sa concentration et son moral, et pourtant il en aurait besoin après la fête, et même pendant si son instinct ne le trompait pas.

    Il tâcha d'éviter Lya. Elle avait beau tout faire pour lui remonter le moral, il avait peur de lui donner de faux espoirs, en montrant des sentiments envers elle qu'il ne pouvait pas avoir. Mais c'était difficile, puisque l'ala alba se déplaçait en entier ce soir-là.

    Au début, il s'en sortait plus ou moins bien. Mais à un moment – ils arrivaient au palais – il fut bien obligé de se retourner, car les 3-A traînaient en papotant. Il posa par inadvertance les yeux sur sa dulcinée.

    Et là, Kotarô éclata de rire. Subjugué, Yoru ouvrait et fermait la bouche tel le poisson rouge. Visiblement, il essayait d'émettre des sons, sans grand succès. Pour la première fois, il se rendait compte à quel point son âme-sœur était magnifique dans sa robe beige et bleue, le regard timide et embarrassé, comme si elle ne se sentait pas à sa place.

    La jeune fille se rendit compte de son trouble, et elle sourit légèrement, rougissante. Mais, consciente que ce n'était pas le moment de parler, elle détourna le regard, et ce fut la seule espèce d'échange qu'ils eurent jusqu'à l'ouverture du bal.

     

     

    ***

     

     

    Les yeux de Lya parcoururent la grande salle, avant de se poser sur ses équipiers de l'ala alba, éparpillés. Rakan n'était pas là, il avait déclaré de façon moyennement délicate qu'il allait aux toilettes et que ça durerait un moment, mais il ne revenait pas. La jeune fille en avait déduit que les bals n'étaient pas sa tasse de thé et qu'il préférait rester à l'écart, tout en se montrant vigilant. Mais même s'ils devaient rester sur leurs gardes, Lya se sentait en relative sécurité, du moins tant que Gödel n'avait pas parlé avec Negi. Les jeunes du Mundus magicus avaient donc l'occasion de se relaxer un tout petit peu …

    Mais pas Lya. Elle était trop préoccupée par ce qu'elle avait appris sur Yoru. Celui-ci s'était d'ailleurs encore isolé on ne savait où, mais Lya sentait qu'il n'était pas bien loin.
    La jeune fille soupira. Peut-être était-il temps d'avoir une petite discussion avec le jeune homme, une discussion qu'elle repoussait depuis déjà trop longtemps. Elle se concentra, et chercha cette énergie qui la rassurait tant.

    Tout en marchant, elle réfléchissait à ce qu'elle avait lu dans le journal de Nodoka. Kurt Gödel avait eu une telle façon de l'amener ! Et ce soir, elle n'était pas certaine de savoir comment l'annoncer à Yoru. Alors que ses pensées divaguaient, elle rencontra Negi. Le pauvre était comme qui dirait poursuivi par une trentaine de jeunes filles aux yeux énamourées, qui demandaient une danse … Il avait accepté de venir sous son apparence plus âgée, celle du gladiateur, et il n'était pas déçu … enfin, façon de parler !

     

    - Sauve-moi, marmonna-t-il pour que personne ne l'entende.

    - Désolée, j'ai quelque chose à faire, s'excusa Lya en riant.

    - Merci ça fait toujours plaisir… Au fait, tu ne voulais pas me parler, tout à l'heure ? Avant ta vision ?

    - C'est bon, j'ai trouvé la réponse dans mon rêve, répondit-elle en souriant, reconnaissante. Et d'une certaine façon, ce sont tes mots qui l'ont provoqué …

     

    Negi la dévisagea, un peu perplexe. « Nous pensons que ce monde peut encore être sauvé. Et avec lui, ceux qui semblent abandonnés par leur destin. Comme cet enfant ». Lya ignorait le sens de ces paroles sibyllines, mais elle avait la sensation qu'elles s'appliquaient aussi à Yoru. Son cas semblait désespéré, mais elle avait le sentiment que ce monde, du moins à l'époque, était dans un état semblable. Il pouvait être sauvé. Elle ne se l'expliquait pas. Elle le sentait, c'était tout. Et elle voulait croire en les paroles de sa mère et d'Arianna.

     

    - Ah, et … murmura-t-elle, d'un air complice. Si tu veux échapper à tes prétendantes, accorde ta première danse à Asuna, par exemple.

    - J'y pensais …

     

    Elle continua son chemin vers Yoru, et du coin de l’œil, elle vit que Negi mettait en place son conseil, sous les yeux dépités des jeunes filles de l'assistance. Bientôt, il disparut de son champ de vision, tandis qu'elle montait à l'étage.

    La première phrase qu'elle avait lue dans le journal de Nodoka l'avait profondément choquée. Mais elle savait bien que ce n'était pas la vérité. Ou du moins, que c'était à Yoru de choisir sa voie, et qu'il n'emprunterait pas celle pour laquelle il était dans ce monde. « Ce garçon est … l'ennemi de l'ala rubra ».

    Malgré elle, la jeune magicienne sourit. Le gouverneur se trompait, et il l'ignorait à quel point.

     

     

    ***

     

     

    Yoru, accoudé à la rambarde d'une terrasse, observait distraitement les quelques nuages accrochés aux tours des bâtiments d'Ostia. Seul, il ressassait ses peurs les plus profondes. Au fond de lui, il savait bien qu'il n'avait pas d'âme, et craignait la réaction de Lya. Sans se vanter, il savait qu'il avait été l'un des seuls à savoir la rassurer quant à son passé. S'effondrerait-elle en apprenant que les sentiments que le jeune homme nourrissait à son égard étaient factices ?

     

    - Yoru ? fit une voix douce derrière lui.

     

    Son cœur bondit dans sa poitrine quand il reconnut la voix de l'être aimé. Il n'osa pas se retourner, et baissa la tête. Après ce qu'il s'était passé, Yoru ne se sentait pas prêt à affronter son regard.

    Voyant qu'il ne réagissait pas, Lya s'approcha de lui et s'appuya sur la rambarde elle aussi.

     

    - Yoru, il faut qu'on parle.

     

     

    ***

     

     

    Pendant ce temps, sur un des toits non loin du palais, deux hommes se tenaient face à face. L'un était blond, cachait une énorme musculature derrière son complet, qui faisait étrange sur lui. Jack Rakan. L'autre, fin, vêtu d'un complet argenté qui lui donné un air distingué, et qui s'accordait avec ses cheveux argentés.

     

    - Nous avons vaincu le premier Averruncus pendant la guerre, fit Rakan. Nagi s'est occupé du second il y a dix ans. Cela fait de toi le troisième, n'est-ce pas ? Tertium, l'Averruncus de la terre.

    - Ne parlez pas de moi ainsi, je vous prie. Mon nom est Fate.

    - Ah oui, c'est vrai ! s'exclama Rakan d'un ton jovial, comme s'il cherchait à faire enrager son adversaire – manœuvre vouée à l'échec. Joli nom, d'ailleurs. Et l'autre … Skoll, c'est ça ? Il n'est pas là ?

     

    Fate ne répondit pas. Il se préparait à bondir. Mais il n'en fit rien. Cinq filles, ses partenaires, apparurent derrière lui. Elles voulaient combattre Rakan elles-mêmes, la nekomimi Koyomi et la demi-dragonne Tamaki ayant vécu une certaine humiliation contre cette montagne de muscles perverse.

    Les jeunes filles furent vaincues, sans grande surprise.

     

    - Tu sais quoi ? fit Rakan en s'adressant à Fate. Tu m'as toujours paru plus humain que tes semblables. Comme si tu n'étais pas une simple poupée de ton créateur, contrairement à ce que tu revendiques. Me battre contre toi sera divertissant.

     

     

    ***

     

    - Yoru, il faut qu'on parle.

    - Je sais ce que tu vas me dire ... j'ai beau ne pas être magicien, je sais bien ce que veut dire un l'échec d'un pactio, soupira le jeune homme. Je n'ai pas d...

    - Théoriquement, peut-être, le coupa Lya, qui ne supportait pas l'idée qu'il le dise lui-même. Mais je n'en suis pas certaine. En fait, j'ai découvert quelque chose sur tes origines …

    - Pardon ? fit Yoru en relevant la tête un moment, étonné.

    - Ça ne va pas te plaire.

    - Vas-y, soupira le jeune homme pour l'énième fois, je ne suis plus à ça près …

     

    Lya marqua une pause, ne sachant comment lui annoncer son passé.

     

    - En fait, ta naissance ... ne s'est pas déroulée tout à fait normalement. Tu ... tu n'es pas le frère de Keichi.

    - Quoi ?! Mais alors mes parents ... !

    - Laisse-moi te raconter toute l'histoire, le supplia Lya sans répondre directement, parce qu'elle avait encore du mal à reconnaître les faits. Tu sais, je ne connais pas les détails, et je ne comprends pas tout mais ...

    - Vas-y quand même.

    - Eh bien … Cosmo Entelecheia prévoyait de repasser à l'attaque sur le long terme, après la défaite contre l'ala rubra, mais l'échec risquait de se reproduire. Alors, ils ont voulu essayer quelque chose. Je ne comprends pas encore pourquoi, et j'espère l'apprendre assez vite. Tu sais que les Averruncus ont été créés par leur maître ? Celui que Nagi a vaincu ?

    - C'est ce que j'ai cru comprendre, répondit le jeune homme dans un souffle, voyant où elle voulait venir.

    - Il y a quinze ans, sur un principe légèrement différent des Averruncus, Cosmo Entelecheia a créé un être … un humain, au stade de nouveau-né, contrairement aux Averruncus. Un enfant qui grandirait comme un humain et mettrait ses capacités au service de l'organisation. Tu sais que le ki et la magie s'opposent, et généralement, se gênent, sauf en cas d'une extrême maîtrise. Et bien, pour optimiser ses capacités, ils ont fait en sorte de nullifier son potentiel magique et l'ont doté...

    - D'une réserve de ki gigantesque, compléta Yoru, horrifié.

     

     

     

     

     

     

     

     

    _____________________________

     

    1 Dur dur d'imiter la diction d'un enfant … trop jeune, Lya a tendance à « zapper » les /r/

     

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    Voilà, avec beaucoup de retard, le chapitre 52 ... Je suis désolée, mais malheureusement les prochains traîneront aussi, en effet, si je suis parvenue à en écrire d'avance, quelques erreurs se sont glissées dans le 54 et les deux chapitres suivants allant ensemble (les trois en fait, mais le 55 n'est pas commencé), je ne sais pas encore si les corrections affecteront le 53 aussi. De plus je vais en Irlande pour trois semaines, et, même si j'aurai peut-être le temps d'écrire un peu pendant ces trois semaines, je ne sais pas si ce sera suffisant ni même si je pourrai publier ...


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